Catégorie : Voyaaages !

Portrait de Chine (3): rencontre avec Catherine

Pour ce troisième portrait de Chine, ce n’est pas un Chinois qui a bien voulu répondre à mes questions, mais Catherine, journaliste française, qui côtoie la Chine depuis plus de 20 ans. Son histoire avec la Chine et son regard sur les Chinois m’ont tout de suite plu, et je voulais partager cette rencontre ici:

Qui es-tu ?

Je suis une aventurière, au sens noble du terme. Le goût de l’inconnu, se laisser surprendre. Mes modèles : les grands explorateurs, les découvreurs du 19ème siècle, Albert Londres (l’aventurier- journaliste).

Peux-tu me raconter ta première rencontre avec la Chine ?

Le déclic, c’est la lecture d’un livre d’Alexandra David-Neel sur sa traversée de la Chine, en 1937, de Pékin à Lhassa. J’ai commencé par prendre des cours particuliers de chinois. C’était en 1986, j’avais du temps libre et  le goût des langues. J’ai appris le chinois à l’oreille, je n’ai jamais réussi à l’écrire ni à le lire.

En email hidden; JavaScript is required, j’ai pris une année sabbatique. Le choix de la Chine s’est imposé à moi. Après m’être initiée  à cette  langue, il me paraissait logique de vouloir connaitre la civilisation chinoise. J’ai préparé mon voyage pendant 3 mois. A l’époque, je travaillais pour la radio, je pensais que je pourrais faire des reportages sur la Chine, de manière approfondie, des sujets magazine.

Je suis arrivée en janvier email hidden; JavaScript is required à Pékin. J’ai été tout de suite accueillie par la famille de mon professeur de chinois en France, la famille Wu. Elle m’a hébergée dans l’appartement du fils. C’était une « hutong », une cour à l’ancienne, où habitaient plusieurs familles dans de toutes petites pièces. Je partageais un robinet d’eau dans la cour,  il n’y avait ni toilettes, ni salle de bain. Je chauffais la pièce principale avec un poêle à charbon. C’était l’hiver, il faisait très froid, je n’ai pas tenu longtemps ! Par la suite, j’ai déménagé une douzaine de fois. La famille Wu m’a toujours assistée, conseillée, c’était mon ancrage à Pékin.

Comment as-tu vécu les fameux événements de email hidden; JavaScript is required ?

Les premières manifestations d’étudiants ont commencé mi avril, email hidden; JavaScript is required. La place est vite devenue un lieu de débat, de email hidden; JavaScript is required En mai, les jeunes ont décidé de faire une grève de la faim. Ils étaient exaltés, passionnés, ils semblaient n’avoir peur de rien. Les étudiants  d’autres villes chinoises sont arrivés par centaines à Pékin: ils prenaient le train sans payer ! La place a pris les allures de campement permanent, avec ses bâches en plastique, sa distribution d’eau, ses jeunes qui passaient la nuit à la belle étoile…

As-tu senti que la répression allait arriver ?

A force d’aller tous les jours sur la place, je me suis laissé emporter par l’enthousiasme général. Les jeunes, malgré leurs revendications excessives et naïves, étaient considérés par une partie de la population, comme des héros. Le discours politique était  peu structuré chez l’étudiant de base, ils faisaient confiance à leurs leaders. Les slogans concernaient  la lutte email hidden; JavaScript is required, le désir de davantage de démocratie. La email hidden; JavaScript is required a été instituée le 20 mai, les militaires ont tenté d’entrer dans la ville mais ils ont été repoussés de manière pacifiste par la population. Le 30 mai, les étudiants des Beaux Arts érigent sur la place, une Déesse de la Démocratie qui rappelle la statue de la liberté à New-York.

Et comment le reste de la population a ressenti ce printemps?

Je me souviens très bien d’une email hidden; JavaScript is required au mois de mai à Pékin. Un million de personnes ont défilé dans les rues. Etudiants, ouvriers, employés. Les habitants, au passage des manifestants, applaudissaient depuis les fenêtres des immeubles ! Une partie de la  population de Pékin a soutenu le mouvement de manière active en montant par exemple des barricades à partir du 1er juin pour empêcher l’arrivée des email hidden; JavaScript is required jusqu’à la place !

Comment as-tu vécu cette fameuse nuit du email hidden; JavaScript is required ?

En début de soirée, j’ai assisté à l’arrivée d’un email hidden; JavaScript is required, finalement immobilisé par une foule très dense. Je suis revenue à mon hôtel informer ma rédaction et envoyer mon témoignage en France. J’ai mis  plusieurs heures avant d’obtenir la communication téléphonique. Lorsque j’ai voulu revenir sur la place, vers 4 heures du matin, tous les accès étaient déjà contrôlés par les email hidden; JavaScript is required. Je n’étais pas présente au moment où l’armée a délogé les étudiants mais j’ai entendu les coups de feu et vu les premiers blessés sortir de la place sur des brancards.

Tu ne pensais pas que le mouvement des étudiants allait se terminer ainsi ?

La email hidden; JavaScript is required avait été instaurée le 20 mai, j’avais bien senti la menace se rapprocher mais je partageais le quotidien des étudiants, j’étais portée par leur élan. Je n’avais aucune information sur les discussions au sommet du pouvoir. Une seule personne a tenté de calmer mon enthousiasme avant le email hidden; JavaScript is required. Le patriarche de la famille Wu. Avec l’expérience de ses 70 ans, ce vieux monsieur, membre du parti communiste, observait  les événements avec scepticisme. Il ne croyait pas que des étudiants puissent faire tomber le régime. Il connaissait la Chine mieux que moi !

Et après ? quelle a été l’ambiance à Pékin ?

C’est comme si  la cocotte-minute s’était refermée d’un coup. Black-out total sur le sujet … Plus personne ne voulait  parler aux étrangers. Mes amis m’ont tous demandé : pourquoi tu restes à Pékin? Comme journaliste, j’ai eu quelques difficultés à travailler. Je me rappelle avoir interrogé en juillet un étudiant de Shanghai sur sa participation au mouvement de email hidden; JavaScript is required. Il a accepté de me répondre , mais  en pédalant à vélo pendant 30 minutes  dans la ville pour que le vent couvre notre conversation… Le email hidden; JavaScript is required a tout repris en main: email hidden; JavaScript is required des meneurs, publication de listes de personnes recherchées, séances d’email hidden; JavaScript is required pour les étudiants qui s’étaient laissés entrainer email hidden; JavaScript is required, envoi des étudiants de quatrième année à la campagne… Le mouvement  a été qualifié de «email hidden; JavaScript is required». La propagande a duré des mois. Malgré tout,  je n’ai pas voulu quitter la Chine. Je suis restée jusqu’en novembre. Puisque plus rien ne me retenait à Pékin, j’en ai profité pour explorer quelques provinces chinoises où je me suis aperçue que la connaissance des événements de la email hidden; JavaScript is required était très partielle.

La suite très bientôt !

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La fête des Bateaux-Dragon

La fête des Bateaux-Dragon ou duān wǔ jíe (端午節) est une fête chinoise, elle a lieu le 5 du 5ème mois lunaire – cette année, aujourd’hui, le 16 juin. L’occasion de vous parler de cette fête traditionnelle de Chine autour de laquelle existe beaucoup de légendes – et qui permet d’avoir un jour férié de plus depuis 2008, chose moins fréquente ici qu’en France !

L’origine de cette fête a plusieurs versions, parmi lesquelles, honorer la mémoire de Qu Yuan est la plus connue, c’est par exemple l’explication que m’a donnée l’une des mes collègues. Qu Yuan était ministre du royaume Chu,  à l’époque des Royaumes Combattants (475-211 av. J.-C.), il était aussi un poète patriote. Face à la pression du royaume de Qin, il proposa de faire prospérer le pays et de renforcer les forces militaires afin de résister à la menace de ce royaume. Mais sa proposition fut refusée, Qu Yuan fut destitué de ses fonctions et expulsé. En exil, il composa plusieurs poèmes sur le sort de la nation et du peuple. Lorsque l’armée du royaume de Qin s’empara de la capitale de Chu, Qu Yan écrivit son dernier poème et se suicida le 5 du 5ème mois lunaire en se jetant dans le fleuve Miluo.

Selon la légende, après la mort de Qu Yuan, les gens du peuple de Chu affluèrent au bord du fleuve pour lui rendre un dernier hommage et les pêcheurs conduisant leurs bateaux firent des va-et-vient dans le fleuve pour chercher sa dépouille, mais sans résultat. Pour éviter qu’il fut mangé par les poissons, on jeta alors des boulettes de riz gluant dans le fleuve. Un médecin y versa même du vin de riz pour soûler les animaux aquatiques. C’est pourquoi, la course de bateaux-dragon (une sorte de pirogue en fait) et les boulettes de riz gluant – zongzi (粽子) sont devenus les emblèmes cette fête, et les zongzi sont aujourd’hui encore beaucoup consommés en ce jour.

Une autre explication serait que la course des bateaux dragons fut une activité à la fois religieuse et divertissante née à la même période que la légende ci-dessus.

Le moment l’année où est célébrée la fête des Bateaux-Dragon marque aussi l’entrée dans les chaleurs de l’été et la saison des épidémies, et selon d’autres sources, à l’origine les courses de Bateaux-Dragon visaient à chasser les mauvais esprits et les épidémies, ainsi qu’à trouver la paix intérieure.

(sources: wikipedia, nciku & xinhua)

Quelle que soit votre version préférée, je vous souhaite à tous une joyeuse fête des Bateaux-Dragon!

端午節快乐!

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A lire : J’accuse le régime…

En rentrant en France et en discutant avec mes proches de la Chine, je me suis rendue compte que mon blog ne reflétait pas entièrement mon point de vue sur le pays. C’est un parti pris: on parle assez dans les médias traditionnels de ce qui ne va pas en Chine, pour que je fasse ici la part belle aux choses plus positives.

Mais, mais, mais… je n’en pense pas moins, et notamment du email hidden; JavaScript is required, sur lequel il y a beaucoup mais alors vraiment beaucoup à dire, sans pour autant tomber dans de « l’anti-chinois » de base. Je ne ferai pas d’analyse ici, car le sujet mériterait un blog à lui tout seul, mais je vous conseille la lecture de l’article J’accuse le email hidden; JavaScript is required du Monde, trouvé par un heureux hasard à mon retour de France. Attention, c’est loin d’être rose.

Il n’est plus en ligne, alors je l’ai scanné en deux pages – la qualité est moyenne, mais ça vaut vraiment le coup. Beaucoup de choses intéressantes sont ici dites, mieux que je ne pourrai le dire avec mes propres mots : J’accuse page 1, J’accuse page 2 (il faut ouvrir les 2 pages, et lire la page 1 comme le haut de l’article et la page 2 comme le bas).

Bonne lecture !

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Une année de vie en Chine plus tard

Que ce soit dans le public ou le privé, la mode est à la célébration des anniversaires en tout genre. J’ai fait l’impasse sur la première bougie de Vues de Chine (et oui, je suis déjà à plus de 15 mois de bloguerie), comme on le voit souvent sur la blogosphère avec le cortège de stats qui va avec; mais je me suis laissée tenter par le bilan de mon année passée en Chine.

Tant qu’il est encore temps, car j’ai déjà dépassé la date de quelques jours, voici les grandes lignes de ce petit bilan totalement personnel, gribouillées à bord de mon vol Shanghai-Paris, lors de mon premier retour (temporaire) en France:

– j’ai progressé en chinois, même si la route vers un niveau courant est encore longue, j’ai beaucoup avancé, et tant mieux car c’était un de mes principaux objectifs en partant…

– mon couple a tenu bon et n’a pas cédé face aux belles jambes et autres attraits de la Chine; loin d’être seulement cliché, cela arrive, la vie à l’étranger, et plus particulièrement encore en Asie, remet régulièrement les couples en question – jeunes couples occidentaux qui vous rendez en Chine, soyez forts !

– j’ai recréé un chez-moi à Shanghai: il a bien fallu 9 mois pour nous poser, mon homme et moi, après 6 mois passés à Changhzou ensemble et 3 mois à attendre qu’il me rejoigne à Shangai. Après 9 jours de marathon-retrouvailles famille-amis en France, on le sait: notre chez-nous est là où nos valises sont entièrement déballées, en l’occurrence, Shanghai.

– j’ai recréé un cercle de proches, pour beaucoup occidentaux mais pas français uniquement, et quand on vit à Shanghai avec ses 15000 Français, ce n’est pas si évident.

– je n’ai pas assez de Chinois dans mes proches, et c’est un grand regret, mais j’ai bon espoir de faire mieux les mois à venir.

– j’ai un chouette boulot, meilleur que je ne l’aurais espéré en France.

– je voyage, j’ai voyagé, je voyagerai, en Chine (Fujian, Hong-Kong, Hunan…) et en Asie (Tokyo). Là aussi la route est longue avant que je sois satisfaite…

– plus je connais la Chine et les Chinois, et plus cela me questionne: intéressant intellectuellement, parfois fatiguant au quotidien ! Mais au moins mon insatiable curiosité ne risque pas d’être assouvie !

– je continue de bloguer, et pour longtemps encore j’espère !

Ce petit inventaire vous évoque peut-être des souvenirs? N’hésitez pas à partager ici votre propre expérience, vos avis ou remarques !

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Lecture: 上海人家, Shanghai Living

On m’a récemment prêté un livre extraordinaire, un des premiers que je lis en chinois, car il est d’une part doublé d’anglais et surtout fait la part belle aux photos: 上海人家, Shanghai Living (Shanghai ren jia) de Hu Yang.

Tout a commencé en 2004 quand Hu Yang a décidé d’aller rendre visite à une centaine de familles Shanghaiennes pour voir comment elles vivaient. Pourquoi? car il trouvait que les gens avaient malheureusement perdu l’habitude de se rendre visite, d’aller les uns chez les autres, et que finalement personne ne connaissait ses voisins. Un ami étranger lui a aussi fait part de son envie d’entrer dans une maison chinoise. Il a alors voulu réaliser ce travail documentaire pour comprendre qui vit dans cette métropole internationale si attractive qu’est Shanghai.

Son travail photographique a alors commencé: il a démarché les familles qui lui paraissaient intéressantes, une à une, et a finalement photographié 500 intérieurs. De ce travail documentaire unique a été tiré une exposition et ce livre. Les photos y sont accompagnés d’un court témoignage, en chinois et en anglais, où les personnes photographiées parlent de leur vie, et de leurs conditions de vie.

Je trouve ces photos et témoignages admirables: c’est un travail documentaire donc, mais d’une grande humanité aussi. On comprend un peu mieux les Chinois, les petits bonheurs ou grandes difficultés qui remplissent leur quotidien. C’est un travail artistique fait de portraits singuliers, touchants et d’une sensibilité unique.

Morceaux choisis, extraits du site de la galerie Shanghart où l’exposition a eu lieu il y a plusieurs années, et où je n’étais malheureusement pas…

Petite coïncidence, la dernière photo est celle de Jin Xing, cette danseuse unique qui m’a tant touchée il y a quelques semaines…

A mon grand regret le livre 上海人家, Shanghai Living n’est plus édité… par chance, vous pouvez aller voir sur le site de la galerie Shanghart, toutes les photos et leurs très touchant témoignages sont encore en ligne. Elles ne le sont plus non plus…

Connaissez-vous cette œuvre de Hu Yang? qu’en pensez-vous?

Au plaisir de vous lire !

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Tourisme à Shanghai, mes incontournables…

Shanghai

Une lectrice du blog m’a récemment demandé quels étaient les endroits incontournables à visiter à Shanghai. Je lui ai suggéré une liste d’endroits, figurant dans les guides ou non, qui m’ont paru intéressants pour une première rencontre avec Shanghai, voire avec la Chine.

Je vous propose  aujourd’hui la quintessence de cette liste, remastérisée en « mes » incontournables – j’ai donc enlevé les lieux  ultra classiques que vous trouverez dans TOUS les guides, et n’ai gardé que mes coups de cœur. Forcément, j’ai déjà parlé de la plupart de ces endroits sur ce blog, donc je vous renvoie vers les liens pour plus de détails… Cette liste est totalement subjective, non exhaustive, et se modifiera sans doute avec le temps !

Mes coups de coeur à Shanghai :

– passer une matinée au parc Lu Xun et observer les Chinois dans toute leur convivialité, et dans tous leurs efforts, comme ici :

Shanghai

– passer une paire d’heures à déguster du thé avant de l’acheter à la Tea City,

– réaliser la grandeur et la beauté de Shanghai en sirotant un verre au Vue Bar, si possible de nuit, avec l’une des plus belles vues sur la ville (la photo ci-dessus a été prise dans ce bar) – Edit du 18 octobre: un gros bémol sur ce lieu : le service n’est plus du tout le même et l’entrée est payante (100 rmb avec un verre inclus) – la vue est toujours aussi belle, mais c’est la seule et unique raison pour laquelle il faut venir ici.

se balader dans les rues de l’ancienne Concession, dans le Sud de la ville, par ici par exemple, vous tomberez sans doute sur ce type de sympathique façade:

Shanghai

– se délasser d’un excellent massage,

– aller se perdre dans les gratte-ciels de Pudong, et se poser pour profiter de la vue sur le Bund, s’il fait chaud en dégustant une glace Haägen Dazs en terrasse.

Après tout, au cas où un touriste en mal de guides de voyage tombe sur cet article, voici aussi une liste des lieux touristiques ultra classiques de Shanghai, dans l’ordre de mes préférés:

– promenade sur le Bund fraîchement rénové,

– visiter le Musée de Shanghai,

– passer au marché aux antiquités de la rue Dongtai Lu et au marché aux oiseaux de Xizang Lu,

– se balader dans Taikang Lu,

– monter dans la tour Jinmao du côté de Pudong,

– se perdre dans la foule de Nanjing Dong Lu et atterrir Place du peuple (essayer d’y trouver çà, ça vaut vraiment le coup), y passer le soir entre chien et loup peut être très sympa par temps clair :

– passer par Xintiandi, car même si l’ambiance est vraiment m’as-tu vu, c’est quand même très beau,

– visiter le Jardin Yu, refait version Disney Land et ultra touristique, mais qui peut donner un aperçu de la Chine d’antan – ci-dessous pendant les congés nationaux chinois…

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Portrait de Chine (2): rencontre avec Abby

Pour ce deuxième « portrait de Chine », c’est Abby que nous rencontrons. Abby est une de mes collègues avec laquelle je m’entends très bien. Entretien:
Qui es-tu?
(Elle sourit et me dit) Je réfléchis.
Quelques secondes passent.
Je suis la fille de mes parents. Je suis enfant unique, et j’ai été créée de manière unique, personne n’est comme moi. J’aime la vie, je m’aime moi-même et j’aime bien ma situation en général ! J’ai 28 ans et je viens de Tanjieng, dans le Hebei.

Qu’y faisais-tu avant de quitter la région?
J’étais traductrice, dans le domaine industriel, depuis 2 ans. C’était un travail très détendu, je travaillais peu d’heures par semaine, et il y avait peu de stress. Je travaillais avec des Canadiens.

Pourquoi es-tu venue à Shanghai? qu’es-tu venue y faire?
Mes amis proches étaient là, il y avait d’autres raisons aussi…
J’ai rapidement trouvé un travail, comme merchandiser dans un grand groupe français. Au début c’était très fatiguant, je travaillais beaucoup de 9h du matin à 22h parfois. Mais c’était intéressant, j’ai beaucoup appris. J’avais pas mal de collègues français.

Qu’as-tu appris à ce moment là sur les différences entre Français et Chinois?
Au travail, j’ai remarqué que les Français sont très précis, les Chinois sont moins organisés, font des raccourcis…
Je me suis aussi aperçue que les Français savent faire la séparation entre la vie personnelle et professionnelle. Moi à ce moment-là, je ne profitais pas de la vie, je ramenais du travail à la maison… La culture chinoise est très routinière.

Pourquoi as-tu changé de travail?
J’avais l’impression d’être un écrou au sein du grosse machine, je ne réfléchissais pas, ne me servais pas de mon cerveau. Alors je suis partie pour une autre entreprise. J’ai changé de domaine, j’ai travaillé dans l’e-commerce, encore avec des Français.
Finalement je me suis rendue compte que je préférais mon ancien domaine, et quand on m’a demandé de travailler les week-ends, j’ai voulu changer.

Tu travailles donc maintenant dans un petit bureau d’achat franco-chinois, qu’est-ce qu’il te plait dans ton travail?
J’apprécie surtout être respectée: mon travail a de la valeur. C’est le plus important. J’ai une vue d’ensemble sur ce que je fais, du début à la fin, c’est vraiment agréable.
Et puis, il y a de bonnes relations professionnelles, amicales. Je ne me sens pas stressée pour rien.

Maintenant, que peux-tu me dire sur les différences entre Français et Chinois?
Les Français sont directs et francs, ils ne font pas de zigzags comme les Chinois. D’ailleurs je suis plutôt semblable aux Français sur ce point.
Elle réfléchit à ma question…
Ce qui est important pour eux c’est de profiter de la vie, ils savent réaliser leurs rêves, et sont courageux. Les Chinois ont moins de rêves…

Quel est ton rêve justement?
Petite, je voulais être archéologue… Mais je n’ai pas étudié dans le bon domaine, car mes parents n’étaient pas d’accord. L’avis des parents est très important pour les Chinois. Je ne regrette pas quand même: je lis à ce propos, regarde des DVD.

Et ton rêve d’aujourd’hui quel est-il?
Voyager autour du monde avec mon amour.
Vivre dans une petite maison en bois avec mon mari, avoir le temps de lire et peindre… Je ne suis pas carriériste, pour moi la vie et l’amour sont plus importants.

Comment te vois-tu dans 10 ans?
Plus charmante ! car j’aurai plus d’expérience. Et j’espère avoir mis en œuvre les premières étapes pour réaliser mes rêves !

Que dirais-tu à un Français qui ne connait pas la Chine?
Les Chinois sont très amicaux. En Chine, on dit que « un ami qui vient de loin, c’est la meilleure des choses ».

Que penses-tu de la Chine d’aujourd’hui?
Elle est de plus en plus forte, de plus en plus influente. Les Chinois connaissent de mieux en mieux leur propre pays et le reste du monde.
Il y a beaucoup de problèmes en Chine, car il y a trop de monde. Tu as entendu parler du malade qui a tué beaucoup d’enfants en début d’année? (j’acquiesce) Ce fait a été relayé dans les médias et du coup d’autres personnes ont voulu l’imiter. Je me demande si c’est bien que les médias relaient ce genre d’information, il y a une influence négative…
Mais pour revenir à ta question, je suis très fière de mon pays, même si je sais qu’il y a beaucoup de problèmes sociaux aussi.

Qu’entends-tu par fière?
Après le tremblement de terre du Sichuan en 2008, il y a eu beaucoup d’entraide, les gens se sont sentis reliés. Il y a eu un esprit de Chine uni qui n’existait pas avant, de nationalisme.
J’étais fière des JO aussi.
Et l’an dernier, j’ai été très fière des démonstrations militaires pour les 60 ans de la Chine, je me suis sentie protégée.

Je lui fais part de mon étonnement et je lui dis alors que si on me posait la même question, je me dirai plus fière de l’histoire de mon pays que de ces dernières années, elle me répond:
Vraiment, avant 2008, j’avais l’impression que les gens étaient froids, déconnectés, cette année a permis aux Chinois de ressentir plus d’amour. Je suis aussi fière de mon pays pour ses 5000 ans d’histoire.

Elle me donne ensuite de nombreux exemples pris de différentes dynasties chinoises, et termine notre entretien par ces mots:
Intéressant cet interview, ça me permet de me poser des questions sur moi-même !

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Sinologue en herbe, ce blog est fait pour toi

Je lis tous les jours des blogs sur la Chine, un peu pour me tenir informée, et beaucoup par simple plaisir. Vous trouverez tous les blogs et sites que je lis régulièrement dans la colonne de liens en bas à droite de cette page, sous le titre Ailleurs sur la Chine.

S’il est un site que je consulte quotidiennement, ou du moins à la parution de chaque article, c’est Sinoiseries.

Pascal est un fin sinologue et traducteur; il vit avec une Chinoise, pour ce que j’ai compris de sa vie privée via son blog.

Il nous propose des articles plein de finesse et d’humour pour décoder un peu les mystères de la langue chinoise: histoires drôles, devinettes, présentation de caractères ou liste de vocabulaire plus spécifique, il aborde la langue de l’Empire du Milieu sous bien des angles.

Sinologues en herbe, en devenir ou confirmés, sinophiles et curieux de tout poil, je vous conseille plus que chaleureusement la lecture du blog Sinoiseries.

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