Catégorie : Voyaaages !

Portrait de Chine : rencontre avec Juanjuan

Je commence aujourd’hui un nouveau type d’articles : je vous propose le portrait de Chinois à qui je demande de me parler de leur vie et de leurs envies, pour partager ces instantanés de vies chinoises ici avec vous.

Nous partons aujourd’hui à la rencontre de Juanjuan, une jeune barmaid. Pourquoi elle ? simplement car je l’ai rencontrée quelques heures après avoir pris la décision de faire cette série, et son dynamisme et sa gentillesse m’ont paru assez représentatifs du caractère des Chinois.

Peux-tu te présenter?

Je m’appelle Juanjuan, je viens de Kaili dans le Guizhou et j’ai 25 ans. Je suis d’une minorité ethnique, les Miao. Ma maman est morte quand j’étais jeune, et à la maison, il y a mon père, mon frère et ma sœur.

Pourquoi as-tu quitté le Guizhou ?

Je n’avais pas d’argent pour étudier, car j’ai une grande sœur qui étudiait déjà et pour deux, c’était trop cher.

En 2004, après avoir fini le lycée, une tante éloignée qui vivait à Ningbo m’a proposé de venir travailler là-bas. Depuis toujours, je suis très indépendante, car je n’ai pas eu de maman, alors je suis partie seule. C’était la première fois que je prenais le train, ça a duré 30 heures !

Quand je suis arrivée j’étais perdue, je n’avais jamais vu cette tante. Elle m’a trouvé un travail dans un pub, où je vivais également. Au début les 3 autres serveuses ne me parlaient pas, et on ne parlait pas le même dialecte, je me sentais seule. Après ça s’est bien amélioré.

Ma tante m’a conseillé de parler le plus possible avec les étrangers, de ne pas être timide. Dans ce bar, c’était la première fois que je parlai avec quelqu’un qui n’était pas chinois, j’ai eu très peur. Après je me suis habituée, et j’ai pu progresser en anglais. Les premiers mois à Ningbo n’ont pas été faciles, j’ai souffert de la chaleur, j’ai eu des problèmes de santé. Heureusement les autres serveuses me soutenaient. Et je voyais aussi souvent ma tante. Chaque mois, j’aidais ma sœur à payer ses études, et j’envoyais aussi de l’argent à mon père.

Au bout d’un an, un Américain m’a proposé de travailler pour lui. J’étais son interprète et je m’occupais aussi de ses enfants. Je vivais chez eux. Mais ça ne s’est pas très bien passé avec sa femme, elle passait son temps à critiquer la Chine. J’ai eu une nouvelle opportunité et je suis partie: un ami de cet Américain m’a proposé de travailler comme assistante dans son entreprise. Il était Australien. J’ai beaucoup appris à ses côtés, il m’a formé au travail en entreprise : à ce moment là, je ne savais même pas comment répondre au téléphone ! Je suis restée 3 ans à ses côtés.

Pourquoi es-tu partie ?

Ma tante a ouvert un pub à Shanghai avec son conjoint australien, je suis venue les aider. C’était il y a 4 mois.

Comment trouves-tu la vie à Shanghai ?

Ça n’a pas été facile au début, on a eu beaucoup de problèmes pour avoir la licence, en Chine, l’administratif, ce n’est pas simple. Et la vie à Shanghai est chère : les transports, la nourriture, tout est cher ! Les gens sont plus sympas qu’avant, quand je venais pour travailler depuis Ningbo. Mais il y en a qui ne sont vraiment pas sympas : comme je ne parle pas le dialecte de Shanghai, ils me demandent d’où je viens, et vu que le Guizhou n’est pas développé, ils me prennent de haut…

Quel est ton rêve ?

Je rêve de m’acheter une maison, à Ningbo, car Shanghai c’est trop cher, et une voiture. J’aimerai aussi voyager dans de beaux pays.

Et dans 10 ans, comment te vois-tu ?

Avec une famille, un mari que j’aime et 2 enfants !

Comment trouves-tu ta vie, ton parcours ?

Je me trouve très chanceuse : j’ai rencontré beaucoup de personnes bien qui m’ont beaucoup appris, beaucoup aidée. La vie en Chine est mieux qu’avant : on vit mieux, les salaires sont meilleurs, les transports aussi…

Qu’est-ce que tu aimerais dire aux étrangers qui liront notre entretien ?

La Chine est un beau pays, les Chinois sont très chaleureux, très amicaux, très sympas. Il y a beaucoup de solidarité ici, je ne sais pas comment c’est ailleurs, mais je pense qu’ici c’est plus important. La famille est très importante aussi. On n’oublie pas ses parents à 18 ans…

Si je gagne au loto, j’aimerai donner la moitié de mes sous aux étudiants du Guizhou. Y en a qui n’ont même pas de chaussures pour aller en cours. Il y a des problèmes de développement ici.

Il y a vraiment des très riches et des très pauvres. La différence est énorme.

C’est commun à toute la Chine ?

Oui, vraiment. Je sais que c’est dur pour les pauvres, car dans ma famille, on manquait de riz quand j’étais jeune, j’ai connu la faim. Il y a beaucoup de régions très pauvres en Chine, et qui se développent moins à email hidden; JavaScript is required.

Par exemple, quand j’étais petite, on a été exproprié pour le passage d’une voie ferrée. On nous a donné 700 yuans par morceau de terrain. Deux ans plus tard on a appris que email hidden; JavaScript is required

Tu penses pouvoir changer ce genre de choses ?

Non, on n’a aucun recours car email hidden; JavaScript is required La Chine est grande, le gouvernement chinois a trop de gens à gérer ; même s’il y a des améliorations il y encore a de gros problèmes.

Penses-tu que la plupart des Chinois partagent ton point de vue ?

Oui, email hidden; JavaScript is required

Mais maintenant c’est quand même mieux qu’avant, le gouvernement fait changer les choses, il communique et veut éduquer les gens à ce propos. Et je suis fière de mon pays, et du gouvernement qu’il fait ce qu’il faut pour développer la Chine, je suis confiante en l’avenir de mon pays.

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Shanghai en images

Mini pot-pourri photographique au gré de balades touristiques avec des amis de passage…

Reconnaîtrez-vous où ont été prises ces images?

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A la recherche de la petite bête

Balade dans un marché de Shanghai un peu spécial en ce samedi matin: on l’appelle marché aux fleurs et aux oiseaux ou marché aux insectes, et comme on se doute, il y a des insectes, dont beaucoup de criquets…

… et aussi beaucoup d’oiseaux, de chatons, de lapins, souris et autres petites bêtes non identifiées !

C’est amusant de voir les petites bêtes que les Chinois prennent pour animaux de compagnie: les criquets par exemple sont élevés avec soin, nourris, gardés dans des petites cages, formés au combat ou conservés pour le plaisir de leur chant! Un Chinois nous montre avec fierté les crocs de ses petits lutteurs qu’il conserve précieusement dans des pots à yaourt.

Les oiseaux en cage sont aussi dans le top des animaux de compagnie ici. Comme vous le savez sans doute, on en voit beaucoup dans les rues. Ici, j’ai vu comment les ailes des petites bêtes étaient cousues, pour éviter toute tentative d’évasion je suppose.

Ce marché est donc un endroit plein de vie: ça chante, ça siffle, ça vole (enfin ça essaie), ça miaule, ça chante d’un côté; ça regarde, ça tripote, ça commente de l’autre. Même si comme au zoo de Shanghai, c’est un lieu où les bêtes n’ont pas l’air très joyeuses, ça reste quand même un bon endroit pour approcher certaines passions des Chinois…

En pratique: 417 Xizang Lu à Shanghai, tout près du marché aux antiquités de Dongtai Lu.

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Promenade sur le Bund

Depuis ma dernière balade sur le Bund, en septembre dernier, je n’étais pas revenu me promener sur le Bund: j’attendais que les travaux soient finis, et je préférais attendre quelques semaines après l’ouverture pour profiter de la promenade avec un peu moins de monde.

Je m’y suis donc rendue un soir de la semaine dernière, pour apprécier les couleurs du couchant. La promenade est donc très agréable, avec une partie en hauteur, où on peut profiter du fleuve en restant éloignés des voitures. Elle manque encore de verdures, mais je garde espoir que les arbres plantés poussent et la végétation s’épaississe un peu.

Par contre, pour l’aspect plus calme, c’est un raté: nous sommes à la fin du long week-end du 1er mai, et en ce mardi soir, la moitié de Shanghai semble avoir eu la même idée que nous! On apprécie quand même la vue sur Pudong, ce quartier des affaires qui ne cessent de s’étendre, vue toujours aussi agréable, et on profite de la bonne humeur ambiante: il y a beaucoup de touristes chinois, qui viennent s’émerveiller de la grandeur de cette ville hors-norme, ambiance bonne enfant garantie, il ne faut juste pas venir ici pour chercher calme ou tranquillité !

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Pourquoi je ne vous parlerai pas de l’Exposition universelle

Tenant un blog sur la Chine et vivant à Shanghai, vous vous demandez peut-être si je vis enfermée chez moi, yeux et oreilles bandés, pour ne pas encore avoir abordé le thème central qui occupe beaucoup de médias internationaux et  la blogosphère sinophile: l’Exposition Universelle de Shanghai qui a ouvert ses portes il y a 2 jours à peine…

Je vous rassure, je vis bien à Shanghai et je suis bien informée de tout cela. Mais, mais, mais, je n’ai pas encore mis les pieds sur le site de l’Expo et ne compte pas m’y rendre tout de suite. Je n’étais pas très motivée à l’idée de faire des heures de queue et d’être mêlée à des troupeaux de touristes plus ou moins policés; et quand j’ai vu les images des premiers visiteurs, ça m’a passé le peu d’envie qu’il pouvait me rester, allez lire cet article Lost Laowai et vous comprendrez – la photo ce-dessous vient de son site…

Je ne me suis pas étalée sur l’Expo non plus car je ne me sens pas vraiment concernée, pas plus que le Laobaixing, ou petit peuple chinois. Les billets d’entrée sont trop élevés pour eux, et les pékins de base de Shanghai subiront surtout les désagréments de l’expo: augmentation du coût de la vie, loyers en tête, quand ce n’est pas la destruction des logements, beaucoup beaucoup de travaux, complications pour se déplacer, « nettoyage » de la ville de ses mendiants et petits vendeurs à la sauvette… Beaucoup de changements pour donner de la face aux dirigeants de la ville et du pays, mais peu de changement en profondeur pour améliorer la qualité de la vie shanghaïenne sur le long terme. Quand on sait que le slogan de l’expo est Better city, better life, ça laisse rêveur !

Et puis surtout, si je ne parle pas vraiment de l’Exposition universelle ici, c’est que si cela vous intéresse, vous ne manquerez pas d’infos sur la toile, avec de nombreuses sources qui abordent ce thème beaucoup mieux que je ne pourrai le faire. Petite sélection des infos web à ce propos, totalement subjective; du côté de nos grands médias tout d’abord:

Beaucoup d’informations chez Le Figaro, avec le plan ci-dessus (en grand ici) et un dossier spécial à retrouver en cliquant ici. Chez le Monde, vous aurez une analyse intéressante sur la démonstration de puissance du gouvernement chinois.

Et du côté des blogueurs anglophones, qui nous donnent leurs conseils et bon plan pour visiter l’expo au mieux: en 1 jour chez China Hush et en 3 jours chez China Smack.

Enfin dans la blogosphère francophone, vous aurez des infos ici, sur le blog d’une amie consacré intégralement à l’expo, et chez Woods qui en parle pas mal également…

Pour clore ce listing, vous pourrez aussi trouver des infos sur le site officiel de l’Exposition universelle.

Quelques chiffres pour résumer l’ampleur de l’expo: des dizaines de milliards d’euros investis (jusqu’à 70 selon les estimations); 192 pays présents – soit pratiquement tous; 70 millions de visiteurs attendus.

Je vous rassure, j’ai quand même prévu d’aller traîner mes baskets (les talons sont déconseillés pour ce type de marathon) du côté de cet événement incommensurable, mais pas avant quelques semaines ou quelques mois, en espérant que le plus gros des millions des visiteurs soit passé…

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Tant que je suis dans les liens, je vous conseille la lecture de cette petite analyse du Monde, sur la place de Shanghai et de la Chine dans le monde…

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Ma rencontre avec Nicolas Sarkozy !

La vie à l’étranger permet souvent des rencontres avec des personnes de milieux étrangers au sien, que l’on n’aurait jamais sans doute créées si on était resté dans son pays d’origine…

Le dernier événement du genre a été ma rencontre avec nos Nicolas et Carla nationaux! Il y a une quinzaine de jours, le consulat de Shanghai nous a fait part de la venue de N. Sarkozy à Shanghai et de sa volonté d’inviter les résidents de Shanghai à une réception. Ne reculant jamais face à l’adversité pour partager mes expériences avec vous, je me suis donc inscrite.

Me voilà donc rendue hier au Hyatt on the Bund, un des plus beaux hôtels de Shanghai, à 14h pétantes. Notre président nous avait pourtant invités à 16h45, mais ils ont eu un peu peur au Consulat, et nous ont demandé de venir avec pratiquement 3 heures d’avance… Poireauter en tenue de soirée, sans eau, debout pendant 3 heures, y a mieux pour chauffer l’ambiance, car contrairement aux fouilles complètes devant longuement nous occuper annoncées dans trois e-mails alarmistes, nous avons passé un simple portique de sécurité en 1 minute. Summum de cette attente, à 16h30 un très peu aimable chauffeur de salle s’adresse aux 1000 compatriotes en disant que « les photos sont autorisées, mais ne mettez pas les flashs, il y a assez de lumière ici ». Mouais, y a mieux comme manière de s’adresser à une foule qui s’impatiente.

Peu importe, Nicolas Sarkozy arrive à 16h45 et nous tient 20 minutes de discours, avec toute l’énergie, l’aisance et la langue de bois diplomatie qui font de notre Président un très bon communiquant. Aucune surprise dans son discours, si ce n’est qu’à deux reprises, il a du mal à prononcer Hu Jintao, le nom du président chinois (qui devrait être prononcé « rou tin tao » en phonétique pour Français), moyen moyen…

Aux côtés du petit Nicolas: ministres, parlementaires, Alain Delon et première Dame. Cherchez l’erreur? Au delà du même aspect figé et sans expression dans le visage botoxé de ces deux dernières personnes, quelle serait la raison d’Alain Delon sur ces planches? Eh bien, il est le parrain officiel du Pavillon France à l’Expo, et donc ambassadeur temporaire de la culture française.

S’en est suivie une réception très haut de gamme avec petits fours asiatiques et Champagne à volonté, offerts par notre Président, comme il était écrit sur le beau carton d’entrée. Un sympathique retour de nos taxes en somme, chers compatriotes!

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Le dimanche à Shanghai…

…serait-ce le jour du mariage ?

Ou du moins, c’est le jour où les mariés se font photographier. Futurs jeunes mariés, pas besoin d’aller du côté de Xiamen, à Shanghai aussi certains quartiers sont dédiés aux photos de mariage en série…

Ballades dans les rues du Sud de l’ancienne concession en ce dimanche matin: du côté de Taojiang Lu, charmante ruelle qui a gardé les charmes d’antan, on se bouscule devant les façades des cafés et restaurants aux consonantes européennes.

J’aime bien le contraste de la photo ci-dessous: jeunes mariés aisés d’un côté, chiffonnier de l’autre. Comme nous, il s’est arrêté un bon moment pour observer le spectacle…

D’autres sont indifférents à cette agitation dominicale et profitent de la douceur du soleil d’une autre manière !

Que les Chinois en tenue de mariés vous intéressent ou pas, je ne peux que vous conseiller une ballade dans ce coin de Shanghai, au sud-est du croisement Fuxing Lu et Hengshan Lu !

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Hangzhou et le thé Longjing

Dimanche, il pleut averse. Notre journée ne pourra se passer en plein air et sera dédiée au thé. Hangzhou est le coeur du terroir du thé Longjing, le thé vert le plus réputé de Chine.

Ca vaut le coup que je m’arrête un peu ici: le thé Longjing fait l’objet d’un véritable culte pour les Chinois. Le thé serait idéal dégusté avec l’eau de source des Tigres Bondissants. Beaucoup de légendes entourent le thé et cette source. Mélange de contes et de réalité, ce serait sous la dynastie Qing que les théiers furent particulièrement appréciés par l’Empereur Qianlong (XVIII° siècle). Ayant eu l’occasion de déguster un thé de cette région, il en offrit quelques feuilles à sa mère gravement malade, qui guérit sur le champ! L’empereur donna à ces théiers le titre d’impérial. Aujourd’hui ces arbres continuent d’être entretenus et cultivés avec grand soin.

Quand à la source, sa légende remonte à la dynastie des Tang (IX° siècle). Des paysans auraient imploré les dieux pour avoir des pluies plus fréquentes, un bonze vit apparaître deux tigres bondissant de la forêt voisine et se faire les griffes dans le jardin du temple. Aussitôt une eau pure sortit des traces de griffes…

Je n’ai pas eu la chance de voir cette source, mais je me suis par contre arrêtée au milieu de ces fameux théiers: j’ai été très étonnée de trouver tant de champs de thé à 2 pas du centre ville. Avec l’humidité ambiante on se serait cru au fin fond d’une campagne équatoriale, plutôt fort alors qu’on se trouve dans une grande ville de Chine. Un très bon musée sur le thé est au coeur des plantations. Un musée que je recommande particulièrement aux amateurs de thé. Vous apprendrez les différents types de thé chinois, son histoire, et vous pourrez observer les objets qui y sont attachés…

…ainsi que certains thés moulés dans des formes uniques !

L’après-midi, le soleil ne s’est pas décidé à ressortir. Nous nous sommes donc arrêtés dans une maison de thé au bord du lac pour terminer ce séjour comme il se doit: en dégustant une tasse de thé avec vue sur le lac de l’Ouest!

En pratique: Musée du Thé de Chine, Longjing Lu, entrée libre de 8h30 à 17h, accessible avec le bus Y3.

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