Il est temps pour moi de partager quelques nouvelles en ces pages. J’ai le choix entre deux anniversaires : les douze bougies de ce blog de voyages (déjà !) ou l’année écoulée depuis que notre quotidien a basculé…
Pour l’anniversaire de blog, je passe mon tour, vous pourrez jeter un œil aux précédentes rétrospectives, pour mes dix ou onze ans d’écriture en ces colonnes par exemple.
Je souhaite par contre revenir sur cette dernière année des plus particulières.
Virus, maladie, mort, crise, incertitude, confinement : les mots qui rythment notre quotidien sont mortifères et anxiogènes.
J’ai vécu la même année que chacun, emplie de secousses, d’effrois et traumatismes. J’ai eu le Covid, dans une version assez ennuyeuse pour me toucher plusieurs semaines. Je suis passée par des émotions difficiles – le fameux trio peur colère tristesse, vu et revu sous tous ses angles. Et pourtant, si l’on me donnait le choix, je ne voudrais pas échanger cette année… laissez-moi vous raconter pour quelles raisons !
Je vous l’ai soufflé ici ou là, mais je pourrais le résumer ainsi : cette dernière année, j’ai passé beaucoup de (bon) temps avec mes enfants, j’ai décidé de me réinvestir dans mon couple et j’ai choisi de me consacrer à ma plus grande passion : l’écriture. Tout cela aurait-il été possible en temps normal ? je ne le crois pas. Si certains, faute d’avoir vu émerger le monde d’après, se languissent du monde d’avant, ce n’est pas le cas pour moi.
Dans mon « monde d’avant », je passais de longues journées à courir d’impératifs professionnels en rendez-vous personnels, les instituteurs voyaient plus mes fils que moi chaque semaine, mon couple était un chantier auquel je n’étais pas sûre de vouloir me consacrer et je n’écrivais pratiquement plus depuis deux ans.
Puis il y a eu cette pause forcée. Cette décélération inouïe inattendue inespérée. Cette confrontation à nos choix de vie.
Le premier confinement a agi comme une loupe sur chacun des aspects de notre existence – vie sentimentale, familiale, professionnelle, spirituelle, tout a été confronté au plus fort des principes de réalité : se retrouver en huis-clos avec soi-même.
Si le 1er mars 2020, on m’avait dit où j’en serai une année plus tard, je ne l’aurais jamais cru ou je me serais peut-être demandé si un miracle moderne (gagner au loto ?) était advenu. Car je vis depuis des semaines une des meilleures versions de ma propre vie. La situation inédite que nous traversons depuis douze mois a agi comme un catalyseur… pour le meilleur !
J’étais déjà en chemin, mais cette période m’a permis d’apprendre à mieux m’écouter et à écouter mon cœur en toutes circonstances. Cette parenthèse inédite m’a permis de me mettre en suspens de moi-même, et a laissé émerger toutes les parties de mon être. Ce qui en a résulté ? Un désir de vivre dans l’amour et la joie ! Plus que jamais je ressens pourquoi je suis en vie, au service de quoi je veux mettre ma force de vie, et non pas en dépit quoi je veux rester en vie. Ces derniers temps, on a tellement parlé de ce qui était essentiel et de ce qui ne l’était pas… pas à pas, j’ai replacé l’essentiel au cœur de ma vie, comme le résume si bien cette phrase (de Confucius je crois) glanée dans un excellent podcast : « Vis comme en mourant tu voudrais avoir vécu. »
Trois choses majeures ont changé : j’ai réinvesti mon couple et ma famille, j’ai réalisé à quel point l’écriture était fondamentale pour moi, j’ai reconnecté avec ma vie spirituelle.
Cela a été possible car je n’ai jamais autant écouté mon cœur. Je l’écoute littéralement pendant mes méditations, et je le laisse me guider pour mes choix de vie. Le plus significatif d’entre eux a été ce changement dont je vous parlais le mois dernier : j’ai décidé de consacrer ma vie à l’écriture. La décision a été prise mi-octobre et cinq mois plus tard, je ne cesse de me réjouir d’avoir osé. A ce propos, la vie m’a réservé encore des surprises : je n’écris pas au quotidien sur ce à quoi je m’attendais, mais l’écriture reste l’une des plus grandes certitudes. Un projet inattendu est en cours, je vous en reparlerai prochainement.
L’écoute de mon cœur me mène surtout vers une plus grande spiritualité. Je n’ai jamais autant médité que ces derniers temps. Je m’assois matin et soir sur mon coussin de méditation et renoue avec la pratique vipassana. J’ai aussi trouvé une immense inspiration à l’endroit où je m’y attendais le moins : sur Instagram ! Moi qui ai longtemps freiné pour rejoindre ce réseau social où les mots ont peu de place, je le fréquente aujourd’hui pour des séances de yoga et de méditation en direct. Nous sommes séparées, mais connectées. Chacune chez soi, mais ensemble. Lili Barbery m’accompagne beaucoup, tout comme Catherine Saurat-Pavard. Je ressens une immense gratitude envers ces superbes et généreuses personnes…
Ma pratique spirituelle ne se limite pas à ces minutes, assise en silence ou connectée sur Instagram. Je mesure aujourd’hui à quel point elle infuse chaque parcelle de mon être, chaque aspect de ma vie. J’ai renoué avec ma foi. Un temps catholique, longtemps assoupie, elle est aujourd’hui bien vivante. Qu’on parle de Dieu, d’Allah, de l’Univers ou de la Source, c’est pour moi la même chose, il s’agit d’une force d’amour infinie qui dépasse tout et qui se trouve en chacune et chacun de nous. Je la sens pulser en moi au quotidien.
Cette spiritualité m’aide au quotidien. J’ai toujours de nombreux défauts, mais j’arrive à m’observer bien plus rapidement, surtout dans les situations difficiles, et à ne pas être dans la réactivité permanente, comme je l’ai longtemps été. Ma relation avec mon conjoint et mes enfants en a été transformée. Ma vie n’est pas un long fleuve tranquille pour autant mais bien des eaux troubles ont été apaisées. Ma pratique de l’écriture même a changé. Plus centrée, plus précise, je suis plus proche de moi-même dans les mots choisis.
La route n’est évidemment pas terminée, mais c’est justement car il y aura certainement encore des coups durs que c’est nécessaire de célébrer la joie procurée par le chemin parcouru. C’est aussi car on enferme nos imaginaires dans des récits toujours plus négatifs que je partage aujourd’hui ces douze derniers mois qui furent les miens…
Pour finir, voici quelques-uns de mes plaisirs quotidiens ou réguliers, que je m’offre sans aucune modération.
*Je n’ai jamais autant acheté de livres et de fleurs que ces derniers mois. Deux de mes plus grands refuges pour garder bon moral : m’immerger dans un bon roman et observer comment les fleurs profitent de mes plages de lecture ou d’écriture pour se tourner vers la lumière !
*J’écris, vous vous en doutez bien, et je continue à écrire pour le plus plaisir d’écrire, sans aucun enjeu ou objectif de partage ou de publication. Vous souvenez-vous de l’idée « 10 Minutes » dont je vous ai parlé ? J’ai continué ce journal de bord pour le pur amour de l’art, et il dépasse les 70.000 mots !
*J’écoute beaucoup de podcasts. Je ne regarde jamais la télé (trop anxiogène), peu de séries (trop chronophage) et j’écoute peu la radio – cinq à dix minutes par jour suffisent pour savoir si le monde continue à tourner. Quelques articles lus dans Mediapart chaque semaine m’aident à vérifier ce dernier point. Je me gorge par contre de podcasts, et notamment ceux qui allègent ma vision de la vie. Par ordre de préférence : Métamorphose, Dites à l’avenir que nous arrivons, Change ma vie, La poudre, Bookmakers, État de Flow, Le grand large. On y trouve de belles heures pour sortir nos pensées de l’anxiété permanente dans laquelle nous gardent souvent bien des médias traditionnels…
*Je retiens mes larmes devant le compte Instagram Merci à un inconnu – bonnes ondes 200% garanties, courez le lire si vous ne connaissez pas
*Je reviens aux choses simples et essentielles qui existaient déjà avant tout ça : je n’ai jamais autant apprécié les joues de mes fils lors de nos câlins tout comme les discussions avec mon mari, je n’ai jamais autant apprécié les escapades dans la maison familiale en Ariège, je n’ai jamais autant apprécié les cours de danse (quand il y en a), je n’ai jamais passé autant de temps dans les parcs à regarder les feuilles bouger dans le vent ou à embrasser des arbres, je n’ai jamais autant apprécié les discussions avec mes amies éloignées avec lesquelles ces temps chez-nous m’ont permis de renouer, qu’elles soient à Toulouse, à Marseille, à Albi, à Berlin ou à… Shanghai !
*J’ai peu à peu créé un cercle d’alliées avec de chouettes femmes qui partagent mes valeurs à quelques centaines de mètres de chez moi. Agnès, Charlotte, Marie-Noëlle et Sonia – ces instants partagés sont de la joie pure.
Je me réjouis de ces douze derniers mois. J’ai traversé des phases difficiles et des émotions dites négatives, mais ces difficultés m’apprennent sur moi-même. Je ressens aujourd’hui une profonde gratitude de pouvoir vivre avec cette joie et cette liberté intérieures.
Je ressens enfin chaque jour plus largement cette prise de conscience : nous vivons dans un monde interconnecté où les humains sont tous reliés. Et j’espère, chères lectrices et chers lecteurs, que vous réussissez à traverser avec le plus de lumière possible cette si étrange période. Ne laissons pas nos imaginaires dépérir : la crise, la maladie et la mort ont certes pris place dans notre quotidien, mais ils peuvent aussi être vus comme de réels moteurs pour célébrer la Vie.
Merci pour ces chouettes et généreux partages Aurélie, toujours un grand plaisir de voyager à tes côtés ; et tes photos sont magnifiques ! Beau week-end Agnès
Merci à toi pour ton passage ici !
Et bien voilà un article qui fait plaisir à lire, qui allège l’esprit et qui met de bonne humeur 🙂
Alors merci pour la bonne humeur, et ravi pour toi également.
Oh que ces mots font plaisir … surtout venant de toi ! Je te souhaite beaucoup de bonne humeur ces jours-ci !
Ouiii c’est du plaisir de te lire !!!
…des mots qui apaisent,
une vision nouvelle …
et du bonheur qui se dessine .
Merci Aurélie ,
je ressens comme toi dans tout ce cahot et ça fait du bien de le partager .
Merci Marie-Noëlle pour ton passage ici ! On est vraiment ensemble <3
Je viens de prendre une belle bouffée d’oxygène en m’égarant jusqu’ici, à force de rebondir d’un lien vers un autre… non pas que je sois au fond du trou, non, mais l’actualité est si pesante, si inquiétante que j’en viens à croire qu’il n’y a bientôt plus de place pour autre chose ! Que nenni, il y a des gens sur cette belle planète qui respirent, qui pensent et agissent, qui défendent un art de vivre qui me parle ! Ouf… je ne me plains pas sur mon sort mais j’aspire à retrouver chez d’autres enthousiasme et positivité. Je suis aquarelliste et cette merveilleuse activité m’amène à vivre de belles aventures mais j’aime aussi l’écriture ( je lis énormément). Alors, j’apprécie doublement cet article !!!
Oh mais quel plaisir de lire votre commentaire ! Mille mercis d’avoir pris le temps de le laisser, je suis touchée !
Belle lecture ici et oui, la réalité n’est pas si pire !