Comme vous le savez, amis lecteurs, je reviens d’un voyage en Inde. Un voyage particulier, car pour raisons professionnelles, mais qui n’en fut pas moins marquant. Cela faisait longtemps, trop sans doute, que je ne m’étais pas plongée dans un étrange ailleurs. Mais comme je l’écrivais en ces colonnes il y a quelques mois déjà, il est un temps pour chaque chose. Et profiter des rires et des premières fois de mes enfants ne peut être repousser à plus tard. Voyager, si.
Bref, je suis donc repartie sous d’autres cieux récemment. Et j’ai accompagné ce voyage de lectures que je souhaite partager avec vous ici.
3 romans pour mettre des sous-titres à son voyage en Inde
Je vous les propose par ordre de lecture, sachant que les 3 livres sont très différents, mais m’ont tout trois beaucoup touchée…
« Le Ministère du Bonheur Suprême » d’Arundhati Roy
Si vous vous intéressez à l’Inde, il y a de fortes chances que vous connaissiez Le Dieu des petits rien d’Arundhati Roy. Je l’ai lu il y a des années (il faudrait d’ailleurs que je le relise), mais c’est le dernier roman de cette auteure, paru en 2017, qui est parti dans mes valises lors de mon précédent voyage.
J’ai eu un peu de mal à « rentrer » dans ce roman, tant il est riche en personnages et en situations pour le moins inhabituelles pour le lecteur occidental. Mais une fois dedans, quel plaisir de lecture… Arundhati Roy offre une vision très riche de l’Inde contemporaine: racisme, nationalisme, incompréhensions entre plusieurs mondes qui se côtoient, rapport à la modernité, un vrai florilège pour qui s’intéresse à ce pays !
On suit Anjum, personnage central du récit, né garçon, devenu femme : c’est une hijra. Ce troisième genre, officiellement reconnu par la Cour Suprême indienne est à la fois admiré et craint. Et autour de nombreux destins se font et se défont…
J’ai beaucoup aimé ce livre…
Voici ce que nous dit la quatrième de couverture du Ministère du Bonheur Suprême :
Le Ministère du Bonheur Suprême nous emporte dans un voyage au long cours, des quartiers surpeuplés du Vieux Delhi vers la nouvelle métropole en plein essor et, au-delà, vers la Vallée du Cachemire et les forêts de l’Inde centrale, où guerre et paix sont interchangeables et où, de temps à autre, le retour à «l’ordre» est déclaré. Anjum, qui fut d’abord Aftab, déroule un tapis élimé dans un cimetière de la ville dont elle a fait son foyer. Un bébé apparaît soudain un peu après minuit sur un trottoir, couché dans un berceau de détritus. L’énigmatique S. Tilottama est une absence autant qu’une présence dans la vie des trois hommes qui l’aiment.
Cette histoire d’amour poignante et irréductible se raconte dans un murmure, dans un cri, dans les larmes et, parfois, dans un rire. Ses héros sont des êtres brisés par le monde dans lequel ils vivent, puis sauvés, réparés par l’amour et l’espoir. Aussi inflexibles que fragiles, ils ne se rendent jamais.
Ce livre magnifique et ravageur repousse les limites du roman dans sa définition et dans sa portée. Vingt ans après Le Dieu des Petits Riens, Arundhati Roy effectue un retour époustouflant à la fiction.
« Noces Indiennes » de Sharon Maas
Changement d’univers pour un roman d’un tout autre genre: Noces Indiennes de Sharon Maas. Paru en France en 2002, c’est une collègue qui me l’a fait découvrir.
On suit ici trois destins, dans trois époques et trois lieux différents, que rien ne semble relier et que finalement tout unit. Entre le Tamil Nadu (la région où j’ai justement voyagé récemment!), la Guyane Britannique et même Londres, on suit l’évolution de trois enfants, Savitri, Nat et Saroj, qui deviendront adultes avant la fin du livre.
L’histoire, autant que la manière de la présenter, est tout à fait prenante et apprend énormément sur la culture traditionnelle et sur la diaspora indiennes.
J’ai eu du mal à quitter les personnages – un vrai coup de coeur !
À Madras, Savitri, la fille du cuisinier et David, le fils du maître, jurent de s’aimer toujours en dépit de leurs parents qui veulent les séparer. Dans le Tamil Nadu, Nat quitte l’orphelinat, adopté par un médecin blanc qui l’aime et le protège de ses propres démons. En Guyane britannique, Saroj, une jeune fille rebelle, se révolte contre un père violent qui entend lui imposer un mari dont elle ne veut pas. En faisant se rencontrer ces personnages en quête d’identité, Sharon Maas tisse un magnifique et émouvant canevas dans lequel se mêlent trois époques, trois continents et trois histoires d’amour. Un grand roman indien plein de flamme et de couleurs.
« L’équilibre du monde » de Rohinton Mistry
J’ai terminé ce matin même la lecture de L’équilibre du monde de Rohinton Mistry, et je ne m’en suis pas encore remise. Comme pour Noces Indiennes, j’ai eu du mal à m’arracher à la lecture, j’ai avalé les 800 pages en 3 jours, un quasi record personnel !
J’ai connu l’existence de ce roman par un heureux tweet – merci encore de la recommandation Lucie…
Un peu à l’image du premier roman cité ici, L’équilibre du monde de Rohinton Mistry est un portrait de l’Inde contemporaine. L’histoire se passe entre 1975 & 1977, quand Indira Gandhi vient de décréter l’état d’urgence. Une situation politique qui permettra les pires abominations dont sont victimes les plus basses castes de l’Inde. Pauvreté (au-delà de l’imaginable), corruption, violences (insoutenables parfois) policières et/ou inter-castes, Rohinton Mistry dresse un portrait au vitriol de la société indienne. Et le maigre équilibre qui fait que le monde tourne n’est pas forcément là où on l’attend… J’ai notamment été bluffée par la vision de l’auteur sur les mendiants de Bombay.
Là aussi un coup de coeur, que je recommande vraiment à tous ceux qui s’intéressent à l’Inde !
A travers la vie d’un seul quartier et de son petit peuple de cour des miracles habité par des personnages venus de tous horizons , Rohinton Mistry réussit une fresque bigarrée et sensible qui est tout à la fois une parabole de la condition humaine et de l’odyssée d’une nation.
Révélation de la littérature anglo-indienne en plein essor, consacré par le succès et la critique internationale, Rohinton Mistry démontre un talent romanesque digne d’un Dickens ou d’un Hugo. Scènes de tendresse, épisodes d’une drôlerie pathétique, séquences de violences et d’horreurs, problèmes politiques en arrière-plan: l’Equilibre du monde est bien plus qu’une fiction, il est un monde à lui seul.
Un roman-fleuve charriant dans ses remous tout un flot de sentiments, d’émerveillements et de révoltes, une immense saga aux vertus stimulantes et magiques.
Et vous amis lecteurs, connaissez-vous ces romans ?
M’en recommanderiez-vous d’autres sur l’Inde ?
Au plaisir de lire vos avis dans les commentaires !
Bonjour !
Je ne connaissais aucun de ces 3 titres qui vont donc rejoindre ma très très longue wishlist !
J’ai personnellement lu deux autres titres sur l’Inde :
1/ La Vie Ailleurs de Leslie Héliade
Roman qui met en scène une expatriée à Chennai ainsi que de nombreux Indiens qui gravitent autour de la personnage principale. Un roman super bien construit avec un narrateur différent pour chaque chapitre, ce qui permet d’entrer dans la vie des Indiens avec de multiples histoires personnelles qui se croisent.
2/ Planning familial de Karan Mahajan
Roman dont l’histoire se déroule à New Delhi. L’auteur expose la vie personnelle et professionnelle d’un ministre de l’Aménagement urbain. C’est l’Inde de l’élite politique qui est donc dépeinte ici. Cela donne l’occasion à l’auteur de dresser un portrait cocasse de l’Inde moderne tout en réalisant une satire des mœurs politiques dans le pays.
Merci beaucoup Carine pour ces recommandations !
Je me les note, pour la fois où l’envie d’Inde se fera à nouveau pressante 🙂
Je voulais te suggérer « les rochers de poudre d’or » de Natacha Appanah. Mais si les personnages sont indiens, c’est surtout un récit sur l’île Maurice.
De mon côté je note « Noces indiennes » même si pour le moment je veux me concentrer sur les livres déjà achetés et jamais lus.
Ah je n’ai rien contre l’Île Maurice 😉
J’y avais même rencontré quelques personnes d’origines indiennes justement (cf mes articles https://www.curieusevoyageuse.com/category/voyages/afrique/ile-maurice/ !)
Amitiés!
D’après le synopsis que vous avez fait, je penche plus pour les noces indiennes de Sharon Maas. J’aime bien ce genre de roman. Mordue de lecture comme je suis, je suis aussi capable de lire 8 pages en 3 jours, voire moins lorsque le temps me le permet. Ça va faire un certain temps je ne me suis plus adonnée à la lecture. C’est un de mes passe-temps favoris qui me manque un peu d’ailleurs.
Merci Flora pour ce mot ici !
Je l’ai beaucoup fait lire Noces Indiennes, et n’ai pas eu un seul retour négatif 🙂
Bonne lecture !