Voyager à l’intérieur, ou comment résister à la peur avec joie
Sep 04, 2020 Le Chemin 4

Je vous en ai déjà parlé en ces colonnes, je suis sur un chemin depuis plusieurs mois, chemin de plusieurs moi(s), un chemin vers la spiritualité, vers le calme intérieur, je ne sais comment le nommer, mais un chemin vers une meilleure connaissance de moi, c’est certain.
Ce chemin a été intensifié par cette si surprenante année 2020. J’avais vu passer ce dessin d’Aman Dalal sur les réseaux sociaux et il illustre d’un trait d’humour ce qui s’est passé en moi : « If you can’t go outside, go inside » (Si vous ne pouvez aller à l’extérieur, allez à l’intérieur).

C’est vraiment là ce que je ressens. J’ai passé près de deux décennies à voyager à l’extérieur. Ce blog en est l’une des heureuses conséquences et j’ai narré ici en long et en large quelques-unes des belles découvertes et rencontres que mes pérégrinations m’ont apportées. Je le vois aujourd’hui, le voyage intérieur que j’ai entrepris me permet également de sacrées découvertes et déjà une rencontre, celle de moi-même sans fard ni masque.
Les voyages traditionnels m’ont permis de connaître une infime partie des diversités et des beautés de notre monde, cette connaissance empirique m’a aidé à ancrer en moi tant de choses : l’humilité face à l’infini, le respect devant les splendeurs et la complexité de notre Terre, la prise de conscience de mes privilèges, l’envie de protéger et défendre ce si bel écrin qui nous est servi sur un plateau depuis notre naissance… Ces mêmes voyages m’ont aussi permis bien des rencontres. Tant de visages, tant de regards, tant d’espoirs, tant de fierté, tant de beauté, tant de doutes, de peurs, de colères parfois aussi. Une humanité unique et plurielle à la fois. Le pire ou le plus beau de l’humanité ici sur le pas de ma porte, comme à l’autre bout du monde. Ces visages, croisés pour une seconde ou plusieurs semaines, m’ont avant tout permis de comprendre et ressentir ce qui nous unit, quels que soient les langue, culture ou coutume que j’ai pu croiser sur ma route. Je pensais que les voyages qui m’avaient tant appris ne pouvaient être que géographiques.
Il y a plus de neuf ans, j’ai renommé ce blog au retour de ma vie en Chine et j’ai inscrit cette phrase en sous-titre : « Si la beauté est dans l’œil de celui qui regarde, le voyage est dans l’esprit de celui qui le vit ». Je ne pensais pas qu’elle serait autant d’actualité des années plus tard.
Je me retourne sur ces derniers mois, cette année passée et peut-être celle d’avant, et je le mesure : j’ai vécu ce cheminement vers moi-même avec mon œil voyageur. La curiosité a toujours été de la partie (ce blog ne porte pas ce nom par hasard !) et comme lors d’un voyage, je n’ai cessé d’observer les nouvelles facettes du monde et les personnes que je rencontrais – ce nouveau moi en devenir ou ces belles âmes qui m’ont servie de phare pour quelques instants ou de façon plus pérenne.
Je ne sais quelle conclusion tirer, si ce n’est que ce voyage intérieur est au moins aussi enrichissant que n’importe quel autre voyage.

Alors pour quelle raison vous parlé-je de tout ça en ce beau mois de septembre ?
Je prends la plume en ce jour car jamais je n’aurais cru que sourire de toutes ses dents pouvait devenir un acte de rébellion. Car je vois notre société s’enfermer un peu plus chaque jour dans la peur de l’autre. Une petite illustration parmi tant d’autres : « Confinement », « Gestes barrières », « Distanciation physique » : ces vocables anxiogènes et parfois même guerriers sont devenus notre quotidien.
Je refuse cette peur ambiante.
Je refuse de céder à la panique de l’incertitude, où la seule certitude est que pire est encore à venir.
Je fais le vœu de rester confiante en cette superbe humanité rencontrée ici ou ailleurs. De rester confiante en la Vie.
Je le sais, je le sens et le vois chaque jour : chaque être humain aspire à être heureux et à être libéré de la souffrance. Beaucoup ont juste perdu le mode d’emploi. Les peurs fondées ou artificiellement alimentées les mènent bien malgré eux aux antipodes de leur propre bonheur…

Je me garderais bien de vous donner quelque recette que ce soit. Je souhaite simplement partager ce témoignage : mon voyage intérieur me permet de résister à la peur. Il me permet de goûter à plus d’amour et de joie que je n’en ai jamais ressentis… Comme je vous le disais au début du confinement, en reprenant les très beaux mots de Clotilde Dusoulier : « L’antidote de la peur, c’est l’amour ».
Évidemment, je suis encore régulièrement traversée (et même dépassée) par des peurs et des émotions négatives. Mais j’arrive à les accueillir avec plus de facilité qu’auparavant, et une fois ces émotions accueillies, elles persistent bien moins. Je ne me juge plus et j’essaie de revenir le plus souvent possible au centre de moi, là où tout est instant présent et sérénité.
Ces derniers temps, je me suis permis de partager ces états d’esprit avec des amies et des connaissances. Toutes ont été réceptives, aussi je me suis dit que je pouvais partager cela plus largement. Écrire un article dans l’espace de ce blog est devenu une évidence…

Voici quelques pistes de lectures et de réflexion, de superbes trésors qui m’ont accompagnée ces dernières semaines. Qui sait, ils pourront peut-être vous inspirer, et peut-être vous permettre de lever l’ancre vers un beau voyage intérieur…

« De l’âme », de François Cheng

J’ai adoré et l’ai beaucoup offert depuis sa découverte : lumineux, ouvert sur le monde et très facile à lire, de la philosophie humaniste accessible à toutes et tous…
Ce qu’en dit la quatrième de couverture :

Votre missive contient une singulière requête : « Parlez-moi de l’âme »…
Votre phrase : « Sur le tard, je me découvre une âme », je crois l’avoir dite à maintes reprises. Mais je l’avais aussitôt étouffée, de peur de paraître ridicule. Sous votre injonction, je comprends que le temps m’est venu de relever le défi…
J’écris le mot « âme », je le prononce en moi-même, et je respire une bouffée d’air frais. Par association phonique, j’entends Aum, mot par lequel la pensée indienne désigne le souffle primordial. Instantanément, je me sens relié à ce désir initial par lequel l’univers est advenu, je retrouve au plus profond de mon être quelque chose qui s’était révélé à moi, et que j’avais depuis longtemps égaré, cet intime sentiment d’une authentique unicité et d’une possible unité.
F. C.
« Petit livre, grand livre, beau livre dense et profond. » La Croix.
« Une écriture subtile et aérée, humble et ouverte aux autres. » Télérama.

« Derniers Fragments d’un long voyage », de Christiane Singer

Une vraie claque que ce livre, sur la manière d’aborder la mort et la maladie… et donc la vie ! A peine l’avais-je terminé que j’ai commencé à le relire.
Ce qu’en dit la quatrième de couverture :

Le 1er septembre, un jeune médecin annonce à Christiane Singer qu’elle a encore six mois au plus devant elle. Le 1er mars, Christiane Singer clôt le carnet de bord de ce long voyage. 
« Le voyage – ce voyage-là du moins – est pour moi terminé. À partir de demain, mieux : à partir de cet instant, tout est neuf. Je poursuis mon chemin. Demain, comme tous les jours d’ici ou d’ailleurs, sur ce versant ou sur l’autre, est désormais mon jour de naissance. » 
« La démarche de Christiane Singer, son courage, sa générosité sont sublimes, elle le sait, le dit et c’est sans doute ce qui lui donne cette force magnifique. […] D’un lyrisme dense et cru, elle réinvente ici la mort, en fait le visage même de la vie. » Fabienne Pascaud, Télérama.
« Un testament spirituel de tout premier ordre. […] Un hymne à la joie […]. Un français étincelant, épuré jusqu’à l’os et pourtant baroque. » Astrid de Larminat, Le Figaro. 
« Un journal dans lequel la joie et l’espérance sont plus fortes que la mort. Par son écriture ardente et ses paroles toujours aimantes, Christiane Singer est parvenue à léguer un bel héritage spirituel, accessible à tous, au-delà des rites et des confessions. » La Croix.
« C’est le livre d’un maître. Nul doute que ce livre changera notre regard sur la vie et la mort. » Psychologies Magazine.
« Une leçon de courage. Et de vie. » Le Figaro Magazine.

« La réconciliation », de Lili Barbery-Coulon

Un témoignage fort et si bien écrit. L’autrice partage avec humilité et humanité son cheminement spirituel. Lili Barbery-Coulon m’inspire beaucoup ! On peut aussi la lire sur son blog.
Ce qu’en dit la quatrième de couverture :

Des années à insulter silencieusement son corps comme s’il s’agissait d’un ennemi étranger. Des années à se comparer aux autres, à se juger illégitime ou incapable. Des années à courir comme un hamster dans une roue en quête de reconnaissance et de succès. Malgré une vie professionnelle riche et bien remplie, des signes ostensibles de réussite, un mari aimant, une fille en bonne santé, une psychanalyse et diverses thérapies, l’ex-journaliste Lili Barbery-Coulon réalise fin 2015 qu’elle est en train de suffoquer. En cherchant à se réconcilier avec un corps qu’elle ne supporte plus, elle fait la découverte d’une spiritualité qu’elle n’avait jamais cultivée jusqu’alors. Sur son chemin de guérison, elle rencontre le kundalini yoga, l’alimentation en pleine conscience, la méditation et la mise à distance des pensées limitantes. De rééquilibrage alimentaire en séance d’éveils sur son tapis de yoga, elle se réoriente professionnellement et transforme profondément son état d’esprit. Un récit ponctué par des entretiens avec les personnes qui ont le plus éclairé son parcours.

Une belle citation d’Aurore Roegiers 

La vie est un jeu. La vie est une joie.
La vie est en jeu. A vous de jouer.

Une pratique qui allie corps, cœur et esprit.

Que ce soit un cours de yoga, un cours de qi-gong, de tai-chi ou de méditation, je ne peux que vous conseiller d’aligner mouvements émotions et pensées avec un professeur qui vous saura vous inspirer pour vous mettre sur la voie…

« Respire » de Gaël Faye.

Il a écrit cette chanson l’été dernier, avant « tout ça », et je trouve ses mots fort inspirés…

Une petite pensée bouddhiste chaque semaine dans vos emails

Je les reçois depuis des années et ne m’en lasse pas, les pensées de Matthieu Ricard, comme celle-ci, très en lien avec quelques-unes de mes lignes ci-dessus (Extrait résumé et adapté de Les Voies spirituelles du bonheur, Quatorzième dalaï-lama, Tenzin Gyatso)

Que les autres soient beaux ou laids, bienveillants ou cruels, ce sont tous des êtres sensibles comme nous. Et comme nous, ils veulent être heureux et ne pas souffrir, ce à quoi ils ont droit au même titre que nous. En reconnaissant que tous les êtres sont égaux dans leur aspiration et leur droit au bonheur, on éprouve à leur égard un sentiment d’empathie qui nous rapproche d’eux. En nous accoutumant à cet altruisme impartial, on finit par éprouver un sentiment de responsabilité universelle.

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4 comments on “Voyager à l’intérieur, ou comment résister à la peur avec joie

  1. Ye Lili vous êtes pleine de beauté,c’est un plaisir de vous lire et comme par hasard (qu’il n’existe d’ailleurs pas !) vous me rappeler des écrivains que j’ai appréhendé depuis longtemps un François Cheng ,une Christiane Singer et depuis peu une Aurore Rogiers.
    Merci de vous livrer avec autant de belles paroles et d’amour pour la vie.
    Paul

  2. Très beau témoignage, le voyage intérieur… Serait il tout simplement le port d’attache ? celui où l’on se pose après ces découvertes à l’extérieur pour classer les photos, les sourires, les chansons ? Celui où l’on remet un peu de couleurs sur les bosses d’un passage un peu trop escarpé, là où on remet de l’huile dans le moteur. Merci pour ce témoignage car oui, on oublie souvent de repasser par là… où tout commence, se meut et se transforme.
    Merci pour les conseils lecture François Cheng… Christiane Singer…
    Merci pour la chanson, Respire …
    Merci pour ce partage et la belle lumière qui s’est allumée en moi

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