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Portrait de Chine (12), Hu Mi, chauffeur à Lanzhou

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Vous souvenez-vous de mon dernier voyage en Chine, du côté de Lanzhou ?
Nous avions fait la route de Lanzhou à Xiahe avec un chauffeur de taxi, avec qui j’avais bien accroché. Les trois heures de route avaient semblé moins longues… et il avait accepté que je l’interviewe !

Qui es-tu ?
Je m’appelle Hu Mi, j’ai 31 ans, je suis de Lanzhou. Mes parents sont aussi d’ici.

As-tu déjà eu envie de partir d’ici pour une autre ville ?
Oui, je me suis déjà dit que ce serait bien, pour le travail surtout… mais c’est trop difficile, surtout pour trouver un endroit où vivre…

Pourquoi as-tu choisi d’être taxi ? as-tu fait des études pour cela ?
J’ai été pendant 8 ou 10 ans à l’école. Et après j’ai suivi deux ans de formation pour être taxi. Je fais ce métier pour gagner ma vie, et aussi car mon père était taxi, lui aussi. J’ai commencé à travailler à 18 ans, et à 21 ans je me suis mis à mon compte.

Comment se passent tes journées ?
Je travaille tous les jours, entre huit et dix heures par jour. Je gagne entre 3.000 et 4.000 rmb par mois.

Es-tu marié, as-tu des enfants ?
Je suis marié et j’ai un garçon de deux ans ! j’ai connu ma femme par le travail : je conduisais pour ses parents. Elle est professeur d’anglais. Elle m’a appris quelques mots, comme ça je peux parler si j’ai des clients étrangers.

Que penses-tu de ta vie ?
Je trouve qu’elle est plutôt bien. Je peux faire des économies. Quand j’ai de l’argent je fais un peu plus de choses, quand j’en ai moins, j’en fais moins…

As-tu un rêve ?
J’aimerai avoir une grande maison… un travail toujours régulier et je souhaite que mon enfant aille bien. C’est ça, mon rêve ! J’aimerai que mon fils puisse étudier, qu’il ait un bon travail… c’est tout : plus on a de grandes attentes, plus la chute est dure…

Quel message souhaites-tu passer aux personnes qui lisent ce blog ?
Mener au mieux votre propre vie…

Retrouvez les précédents Portraits de Chine : Juanjuan, Abby, Catherine, Woody, Wang Qing, Ye Shilan, Tony ,Yani, Tian Jingyang, Rosalyn et Zhou Xiao Liang.

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Portrait de Chine (11), Zhou, le cordonnier

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Nous rencontrons aujourd’hui le cordonnier du coin de ma rue : son visage ouvert et souriant m’a donné envie de l’interviewer la dernière fois que je lui ai amené des chaussures à réparer. Je ne m’étais pas trompée : il a des choses à partager…


Qui es-tu ?

Je m’appelle Zhou Xiao Liang, je viens d’un petit village du Zhejiang.

Quand et pourquoi es-tu venu à Shanghai ?
Je suis venu en 1998, pour faire du commerce. Avant j’étais paysan et je ne gagnais pas beaucoup d’argent… je suis venu pour ça. Maintenant je vis seul.

As-tu une femme et des enfants ?
Oui, j’ai deux enfants : une fille de 19 ans et un garçon de 14 ans, ils vont à l’école dans le Zhejiang. Au début, je suis venue avec ma femme et mes enfants à Shanghai, mais c’était trop compliqué pour l’éducation, leur école n’était pas bien. Et finalement, le niveau était meilleur pour eux chez nous, donc ils sont repartis tous les trois.

Tu les vois souvent ?
On se voit tous les deux ou trois mois. Ma femme vient de temps en temps, et là, par exemple, je rentre pour le Nouvel An Chinois.

Tu penses rester longtemps à Shanghai ?
Non, je veux revenir dans le Zhejiang, les conditions de vie sont meilleures là-bas, ici c’est pollué…

Tu gagnes beaucoup d’argent ?
Pas tant que ça : je gagne 4.000 yuans par mois, parfois 5.000. Ma femme gagne 2.500 yuans : la différence n’est pas si grande. Avant c’était vraiment intéressant de travailler à Shanghai, maintenant ça l’est moins.

Aimes-tu ton travail ?
Que je l’aime ou pas, je n’ai pas le choix… en plus c’est pas bon pour la santé de travailler ici avec ces machines toute la journée. J’ai 45 ans, je ne pense pas travailler encore très longtemps, même pas cinq ans…

Quel serait ton rêve ?
Ce qui compte, c’est que j’ai plus de revenus, peu m’importe si je travaille beaucoup…

Que penses-tu de Shanghai ?
Ça va encore. C’est mieux qu’avant. En 1998, les conditions étaient vraiment dures pour les paysans venus en ville, maintenant ça va mieux. Il y a beaucoup de paysans qui vivent et travaillent à Shanghai, des millions…

Et que penses-tu de la société chinoise d’aujourd’hui ?
La société chinoise n’existe pas encore, elle est en train de se créer. La Chine se développe, c’est mieux qu’avant. Mais les gens, le petit peuple comme moi (le fameux Lao Bai Xing 老百姓), ne profitent pas de ce développement, de cette abondance. La richesse n’est pas pour eux… Ce n’est plus le « socialisme » comme au temps de Mao. Malgré ce qu’a dit Deng Xiaoping, la richesse ne s’est pas encore propagée jusqu’au petit peuple

Que dirais-tu aux Français qui ne connaissent pas la Chine ?
Venez voir par vous-même, la Chine, venez voir Shanghai… on est un pays avec de nombreuses nationalités, il faut venir.
Il faut du temps pour que le pays se développe. Ça ira mieux un jour, mais maintenant c’est encore dur pour nous. Il termine sur ces phrases, mais avec un grand sourire…

Et si vous voulez faire marcher son petit commerce, allez lui rendre visite: il est situé sur Wulumuqi Bei lu, entre la Yan’an lu et Nanjing lu !

Retrouvez les précédents Portraits de Chine : Juanjuan, Abby, Catherine, Woody, Wang Qing, Ye Shilan, Tony ,Yani, Tian Jingyang et Rosalyn.

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Portrait de Chine (10), Rosalyn

Aujourd’hui, c’est Rosalyn que nous rencontrons. Rosalyn n’a jamais mis un pied en France, mais elle parle un très bon français.
Vous pouvez en juger par vous-même en écoutant l’interview originale, réalisée une fois n’est pas coutume dans la langue de Molière, en cliquant ici:
partie 1 et partie 2.

Et pour ceux qui préfèreraient la version écrite, voici l’habituelle retranscription:

Peux-tu te présenter?
Je m’appelle Rosalyn. Je suis merchandiser, je suis une fille très simple, je suis la fille de ma famille. Je suis née et j’ai grandi à Shanghai, je suis Shanghaïenne, j’ai 27 ans.

Tu parles vraiment bien français, peux-tu nous dire comment tu as décidé d’apprendre le français ?

C’est par hasard. Au début j’ai appris le français comme langue secondaire : je faisais un diplôme d’anglais, l’anglais c’est ma première langue étrangère, mais ce n’était pas mon première diplôme, avant j’ai étudié le droit. Pour mon second diplôme d’anglais, j’ai du apprendre une seconde langue, j’ai choisi le français, car c’était assez proche de l’anglais.

Le fait de parler français a changé quelque chose dans ta vie ?
Grâce au français j’ai toujours travaillé pour des sociétés françaises. J’ai travaillé dans leur bureau d’achat d’un grand distributeur français. Je m’y suis retrouvée par hasard.
Après mes études, j’étais un peu perdue, car il y avait beaucoup d’étudiants qui avaient fini leurs études à Shanghai, du coup c’était dur de trouver un boulot. Finalement j’ai trouvé un boulot basique dans une société française, mais je ne parlais qu’anglais. Je faisais de l’administratif. Au bout d’un an, j’ai eu l’opportunité de faire des affaires, et donc je suis devenu merchandiser. A partir de ce moment-là, j’ai bien amélioré mon français grâce à mon manager français.

Je sais que tu n’as pas encore été en France, mais peux-tu me dire quelle image tu as de la France et des Français ?
Au départ, la France pour moi est un pays romantique, comme pense beaucoup de monde ici. Petit à petit j’ai commencé à connaitre mieux les Français et ce pays, et je trouve que c’est intéressant, la France ressemble à la Chine, il y a beaucoup de choses en commun. Les deux pays ont une histoire longue, et une culture propre, avec la littérature et les arts, etc.…. Dans la vie je trouve que les Français sont fiers, mais heureusement, la plupart des Français que je connais sont jeunes, on a de bonnes relations. Beaucoup de Français âgés, ne parlent pas anglais parlent que français, c’est un exemple typique.

Changeons de sujet : comment te vois-tu dans dix ans ?
En fait, comme je te disais, je suis une fille très simple, avec l’âge, je préfère une vie simple. Du coup dans dix ans, je serai avec la famille, avec mon mari, peut-être les enfants, avec ma maman. N’importe où : en Chine ou dans un autre pays, ça je ne sais pas les deux sont possibles, toujours avec la famille !

Et si tu avais un rêve, ce serait quoi ?
Je ne sais pas comment dire, quand j’étais petite j’avais des rêves, comme ça, comme ça… Mais avec l’âge, je trouve que parler de rêves pour moi, c’est un peu trop grand. Plutôt qu’un rêve, j’ai des espoirs. Des espoirs, pour ma maman, la bonne santé, pour les parents de mon futur mari aussi. Et pour nous, le couple, j’espère qu’on aura une vie calme, tranquille, et heureuse. Très simple.

Si tu avais un message pour les lecteurs de ce blog qui ne connaissent pas la Chine ?
Je sais que tu as posé cette question aux autres personnes interviewées. Je voudrai leur dire : la Chine est un pays avec la culture, avec beaucoup de monde différent,  ce pays est très très grand. Du coup si vous ne connaissez pas ce pays, il faut connaitre d’abord, après essayer de comprendre et après juger. Les gens sont différents, comme dans n’importe quel pays. Par exemple à Shanghai on a des gens qui gagnent beaucoup d’argent, d’autres qui ne sont pas gentils, mais les gens sont différents. On ne peut pas dire ce groupe de gens sont blablabla, on ne peut pas généraliser…

En tant que Shanghaienne qui a toujours vécu ici, que penses-tu de Shanghai ?
Shanghai est très différente de celle que j’ai connue quand j’étais petite. Il y avait moins de monde, il n’y avait pratiquement que des Shanghaiens. Maintenant Shanghai est bien, mais c’est une ville internationale.
On ne peut pas juger les Shanghaiens comme ça, comme je disais, chaque personne est différente. On ne peut pas juger avant de connaître. C’est mon point de vue, personnel.
J’espère que plus de monde pourra connaitre la Chine et Shanghai.

Retrouvez les précédents Portraits de Chine JuanjuanAbbyCatherineWoodyWang QingYe Shilan, Tony ,Yani,Tian Jingyang.

 

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Portrait de Chine (9), « mon » super masseur (avec le son en bonus)

Vous savez à quel point j’affectionne les massages chinois… depuis plusieurs mois, je ne me fais plus masser que par un seul jeune homme, un des meilleurs masseurs qui m’a été donné d’essayer. Du coup, des liens se sont créés : je le vois au moins toutes les deux semaines… C’est donc lui que nous découvrons aujourd’hui. Il n’est pas très bavard, mais j’ai beaucoup apprécié le soin qu’il a pris pour choisir les mots justes.

Et je vous propose pour la première fois d’écouter une interview dans son intégralité!
Je suis équipée depuis peu d’un dictaphone : si vous parlez ou apprenez le chinois, ou juste pour le plaisir des oreilles, vous pouvez écouter l’intégralité de l’interview originale en deux parties – et soyez indulgents avec mon bel accent français s’il vous plait… cliquez par ici pour écouter
la première partie de l’entretien et par là pour la seconde.

Qui es-tu ?

Je m’appelle Tian Jingyang, j’ai 22 ans. Je viens du Henan, de Luoyang.

Quand es-tu venu à Shanghai ? et pourquoi ?
Je suis venu en juin 2009, pour voir comment c’était ici. Je suis venu avec quatre ou cinq camarades de classe.

Comment as-tu trouvé ce travail ? savais-tu masser avant de venir ?
Je connaissais le patron, alors il m’a embauché.
Je savais déjà masser: j’ai étudié les massages dans un institut spécialisé, dans ma région. J’ai étudié pendant trois ans.

Pourquoi as-tu choisi d’être masseur ?
Pas facile cette question… Pour gagner de l’argent, pour gagner ma vie. Et aussi pour la technique. J’aime beaucoup ce métier. C’est fatiguant parfois mais c’est aussi enrichissant humainement de faire ce travail…
J’étais déjà masseur avant de partir, j’ai commencé en 2008 (il avait donc 19 ans). Un an plus tard, je suis parti à Shanghai.

Que penses-tu de Shanghai ?
Je trouve que c’est une très grande ville. Et après avoir commencé à travailler, j’ai trouvé que c’était un rythme très soutenu ici, c’est une ville très animée… j’aime beaucoup Shanghai.

Et où habites-tu ?
Je vis dans un dortoir. On est six personnes, les chambres font environ 20m². C’est notre patron qui prend en charge ce logement.

Peux-tu me dire quel est ton salaire ? pour quels horaires ?
Entre 3.000 et 4.000 rmb. Je dois travailler chaque jour, entre onze et douze heures par jour. J’ai environ quatre à six personnes à masser chaque jour. Et plus je masse de personnes, plus je touche d’argent.

Que penses-tu de ta vie ?
Ma vie ?… (il rigole) En fait, je cherche une femme… Est-ce que j’aime bien ma vie ? oui, ça va… Mais vivre seul, ce n’est pas chouette tous les jours. Je cherche une fille, de chez moi pourquoi pas, mais je m’en fiche…

Quel est ton rêve ?
Un rêve, aujourd’hui ? aller à l’étranger, voir comment ça se passe là-bas. Et aller y masser…

De quoi aimerais-tu parler avec les lecteurs de ce blog qui ne connaissent pas la Chine ?
J’aimerais leur parler de médecine chinoise, c’est compliqué la médecine chinoise, c’est très profond… Il y a beaucoup de particularités en Chine, beaucoup, beaucoup. J’aimerai leur parler des Chinois, de la langue chinoise, de notre environnement. Et le plus important pour moi, c’est « l’étiquette » des Chinois…

Si vous parlez mandarin, vous noterez peut-être des différences entre la version originale et la version écrite : je préfère en général abréger mes questions et relances, et je synthétise parfois les réponses…

Retrouvez les précédents Portraits de Chine JuanjuanAbbyCatherineWoodyWang QingYe Shilan, Tony ,Yani.

 

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Portrait de Chine (8): Yani

Cette semaine, c’est Yani que nous rencontrons dans notre série de Portraits de Chine. Je ne connaissais pas Yani avant de l’interviewer, je l’ai contactée suite à la lecture de messages laissés sur le forum bonjourchine.com. Rencontre :

Qui es-tu ?
Je m’appelle Yani Li, je suis une Chinoise mariée à un Français depuis 2007. J’ai vécu en France pendant 8 ans et je vais bientôt y retourner. Je viens du Sud-ouest, Sud-ouest de la Chine et de la France.

Pourquoi es-tu partie en France ?
Pour les études, j’étudiais déjà le français avant de partir. Ça pourrait ressembler à la réalisation d’un souhait inachevé de mon grand-père : il a fait ses études dans un lycée jésuite de Kunming. Il parlait latin couramment et lisait le français. Mais en fait j’ai décidé d’apprendre le français car j’étais douée pour les langues et que je parlais déjà l’anglais…

Comment tu décrirais ton expérience en France ?
La France, et plus précisément le Sud-ouest, c’est mon deuxième pays natal. Avant de partir en France, je n’avais jamais quitté mes parents : j’avais toujours dormi chez eux. Ils sont professeurs d’université, du coup, même à la fac, je dormais chez eux. En France, pour la première fois de ma vie j’ai été toute seule, la vie était totalement différente. J’étais comme un poussin qui sortait de l’œuf… et le Béarn m’a accueillie… par hasard car c’est l’université qui a répondu la première à ma demande.

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en France ?
La manière de vivre : j’ai découvert une façon paisible de vivre… un autre rythme, par rapport à la Chine. J’ai pu aussi faire du sport et découvrir la nature. En France, on est en contact direct et intime avec la nature, en Chine, la nature est aménagée, touristique…
J’ai aussi découvert un nouveau type d’amitié. J’ai rencontré des gens prêts à m’aider, à avoir des relations sincères, à vivre une amitié plus profonde.

Pourquoi es-tu revenue en Chine ?
Je suis revenue en juin car ma mère était malade. A près avoir vécu quelques années près de la famille de mon mari, je voulais retrouver ma famille. C’était aussi une occasion de trouver un travail. A Kunming ce n’était pas possible car il n’y avait pas de travail pour mon mari, il travaille dans le domaine sportif. Moi je suis professeur de chinois et traductrice. Je faisais une thèse en France.

Qu’as-tu pensé de la Chine à ton retour ?
Le contexte était particulier car ma mère était malade. Le côté matérialiste m’a beaucoup marqué. Mon impression générale c’est que les gens font plus attention à l’argent, même dans leur travail. Ils préfèrent gagner plus d’argent qu’avoir une bonne conscience professionnelle. A l’hôpital par exemple, je pense que ça n’a pas aidé la maladie de ma mère et que c’est pour ça qu’elle est partie plus tôt. Les docteurs ne lui ont pas expliqué à quel point son état était avancé, et elle a subi une opération très lourde, qui a enrichi son chirurgien mais qui a fait empirer son état. En Chine, à chaque fois que tu changes d’hôpital tu dois refaire des tests même quand tu es faible, tout ça pour que l’hôpital s’enrichisse…

Tu penses que toute la société fonctionne comme cela ?
Quand les gens travaillent, ils pensent plus à se faire de l’argent qu’à bien faire leur travail. C’est pareil dans plein de secteurs.

Ce n’était pas pareil avant ?
Avant on ne le sentait pas autant. Ça dépend des villes aussi. A Kunming, tout le monde sourit, à Shanghai, les gens n’ont pas l’air sympa ou accueillant…
Par rapport à la Chine, je trouve aussi que les traditions sont un point négatif. En France, on est plus libre, pas individualiste mais libre, j’ai appris à mieux aimer. En Chine, la tradition rend les rapports superficiels. Mes oncles et tantes m’ont jugée et donné beaucoup d’ordre par exemple, juste car il faut appliquer la tradition. Ils n’ont pas essayé de me comprendre ou de se mettre à ma place…

Tu es déçue par la Chine ? tu n’as rien retrouvé de positif ici ?
Pendant ces cinq mois, non ! la famille ne m’a apporté aucun soutien, rien que de la pression. Et même mes amis… c’est une des raisons pour lesquelles je voulais rentrer, mais en fait, ils ont leur vie, ils sont moins intéressés pour partager quelque chose avec toi. Mes amis chinois n’ont pas su exprimer leurs sentiments. Nos amis de France, malgré la distance, ils ont été plus présents…
Je suis aussi déçue par la qualité des services dans tous les domaines… Même pour les funérailles de ma mère, les gens ont préféré faire des choix par tradition plutôt que des choses qui auraient plu à ma mère, et les professionnels du secteur n’ont rien à faire des sentiments des proches…

Comment te vois-tu dans 10 ans ?
En France !

Tu ne penses pas revenir vivre en Chine ?
Non, seulement pour les vacances…

Quel est ton rêve ?
Si je pouvais revivre une fois, je serai joueuse de tennis professionnelle… Aujourd’hui, j’aimerais voyager le plus possible pour découvrir plus d’endroits et la nature aussi…

Quel message aimerais-tu passer aux personnes qui lisent cet entretien et ne connaissent pas la Chine ?
Il faut quand même venir voir ce pays au moins une fois : c’est un grand pays avec une culture tout à fait différente de l’Occident. Ce n’est pas un meilleur pays qu’un autre, mais c’est tout simplement différent : ça enrichit et ça aide les gens à changer de point de vue, à réfléchir…
J’ai aimé la Chine jusqu’à mes 22 ans, après j’ai préféré la France. Un pays a différentes mentalités selon différentes périodes, c’est normal que la Chine ait cette mentalité en ce moment. Quand l’économie sera plus stable, ça pourra changer. Dans quelle direction ? si on ne fait rien je ne sais pas, c’est si particulier comme pays …

Retrouvez les précédents Portraits de Chine : Juanjuan, Abby, Catherine, Woody, Wang Qing, Ye Shilan et Tony.

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Portrait de Chine (7): Tony

Aujourd’hui c’est Tony que nous rencontrons. La première personne Shanghaienne de ma série de portraits de Chine, lui aussi a beaucoup à nous dire !

Qui es-tu ?
Je suis Tony Wang. J’ai 31 ans.

D’où viens-tu ?
J’ai toujours vécu à Shanghai, je suis Shanghaien.

Quel est ton travail ? Aimes-tu ce que tu fais ?
Je suis contrôleur qualité, et oui j’aime mon travail, car j’ai de chouettes collègues…

Pourquoi es-tu devenu contrôleur qualité ?
Pour faire carrière. La qualité est une des choses les plus importantes en Chine. J’ai étudié le management de la qualité à l’université. Et je continue encore à étudier : tous les dimanches, ou presque, je suis des cours !
La qualité est vraiment importante à cause de la sécurité, si ce n’est pas bien fait, des gens pourraient être blessés.

Que penses-tu de Shanghai ?
C’est peuplé, on n’a pas assez d’air pour respirer (il rigole).
Je vais te dire quelques chose d’un peu radical : je trouve qu’il y a trop de gens des campagnes à Shanghai. Ce n’est pas que je ne les aime pas, j’ai beaucoup d’amis qui viennent des campagnes, mais une partie de ces personnes sont vraiment malhonnêtes, et avec l’augmentation de ces personnes, il y a beaucoup plus de crimes à Shanghai. Quand j’étais jeune, c’était une ville très calme, ce n’est plus le cas. C’est vraiment car il y a trop de monde. Bon ça reste assez sûr quand même, et les Shanghaiens aiment vraiment la paix…

Quels changements as-tu vu ces dernières années ?
Les transports surtout : il y a le métro maintenant, l’aéroport est plus grand, les transports se sont vraiment améliorés et sont très pratiques, même s’il y a encore pas mal de bouchons…

Et que penses-tu de la Chine ?
Gros soupir. Ce n’est pas bien. Le gogov. est inutile ; il est corrompu, il y a beaucoup d’affaires de sexe… Le gogov. ment tout le temps. Il ne montre que les bons côtés et cachent les autres aspects de la Chine. La Chine n’est pas forte. Il y a beaucoup trop de pauvres gens.
Pourtant, les Chinois sont très gentils, très accueillants, vraiment.

Penses-tu que le gogov. changera un jour ?
Je n’en suis pas sûr.
C’est pourquoi que si les gens ont un peu d’argent, ils partent en Occident…
Beaucoup de monde partage mon avis, surtout les jeunes générations. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ?
Je suis vraiment déçu par le gogov. … je pense qu’on a beaucoup à apprendre de Taïwan, ou de Hong-Kong, comment être plus éduqué, obéir aux lois… Shanghai est une grande ville, mais c’est vraiment le bazar ici !
Les Chinois ont une forte capacité à endurer, mais jusqu’à un certain point. Un jour il y aura un changement, et alors tout sera différent. Mais je pense que je ne serai plus de ce monde…
Mais bon, tout change en Chine, avec le prochain président, ce sera peut-être mieux, on ne sait jamais !

Es-tu heureux ?
Ca va… Quand j’aurai remboursé mes dettes, je serai heureux. J’ai du m’endetter auprès de la banque et de mes proches pour prendre un appartement quand je me suis marié.
Mais si après j’ai des enfants, j’aurai plus d’ennuis, car j’aurai plus de responsabilités… si j’ai un enfant, j’aurai la responsabilité de le rendre heureux, de lui payer des études à l’étranger s’il le souhaite par exemple… mes parents me poussent pas mal. Heureusement mon grand frère va être papa !
Ma vie est un peu amère, mais comme pour tout le monde !

As-tu un rêve ?
La paix dans le monde ! Je n’aime pas les disputes…
Et pour ma vie ? je n’ai plus de rêves… je ne peux pas imaginer mon futur. Trop de stress dans ma vie, trop de taxes, tout est trop cher aussi… Si j’ai un rêve : j’aimerai avoir plus d’argent pour pouvoir voyager, voyager en Occident.

Quel message passerais-tu aux lecteurs de ce blog qui ne connaissent pas la Chine ?
Les Chinois sont gentils, vraiment.
Et s’ils viennent en Chine, ils pourront nous apporter de bonnes choses, comme les bonnes manières… car les Chinois, riches surtout, peuvent vraiment être mal élevés parfois. En gros, il faudrait qu’on se respecte plus !

Retrouvez les précédents portraits de Chine : Juanjuan, Abby, Catherine, Woody, Wang Qing et Ye Shilan.

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Portrait de Chine (6): Ye Shilan

Aujourd’hui nous partons à la rencontre de Ye Shilan (叶世兰), vendeuse de thés à Shanghai. Vous souvenez vous de la Tea City dont je vous parlais il y a quelques mois? et bien j’y viens de manière quasi religieuse tous les mois, surtout depuis que j’ai bien rencontré Ye Shilan… et cette-fois ci celle qui est devenue « ma » vendeuse exclusive a accepté de se dévoiler pour nous!

Qui es-tu?

Je suis Ye Shilan. Je suis moi-même… c’est tout!

D’où es-tu?

Je viens du Fujian.

Pourquoi es-tu venue à Shanghai? à quel moment?

Je suis arrivée en 2004, j’avais 18 ans. Je suis venue à Shanghai car j’avais l’impression que c’était mieux que chez moi, je suis venue pour gagner de l’argent, comme tout le monde qui vient ici vous le dira! Je suis venue avec ma grande sœur. J’ai commencé par travailler dans une boutique d’habits à Qipu lu, je suis entrée là-bas grâce à une connaissance. Mais j’étais jeune, je sortais à peine de l’école, je ne savais pas comment faire, je vendais peu, et mon patron n’était jamais content…

En 2006, par l’intermédiaire d’un de mes cousins, j’ai rencontré mon mari; je suis alors venue travailler ici. Mon mari vient aussi du Fujian et sa famille travaille dans le thé.

En quoi consiste ton travail?

Je vends du thé toute la journée, je commence à 9h et je termine vers 20h30, sept jours sur sept. J’aime bien mon travail: c’est très ouvert, je rencontre beaucoup de gens et j’aime boire du thé. Boire du thé, ça permet d’embellir, d’avoir une belle peau, de ne pas grossir… Je suis bien occupée tous les jours, et j’ai 2 enfants, de 4 ans et 18 mois, ce n’est pas toujours facile. Ils restent dans le boutique avec leur père et leur tante (le mari tient une boutique dans le même immeuble, un peu plus loin).

Comment as-tu appris ton métier?

Au début je ne savais rien, je me sentais très bête. Et puis j’ai observé mon mari et sa sœur, ils m’ont formée, m’ont aidée. Deux mois plus tard ça allait mieux. J’ai aussi pas mal appris dans les livres, comme ça je peux répondre aux questions de mes clients. J’ai beaucoup de clients étrangers, j’aime bien ça, je peux échanger avec eux. S’ils ne me posent pas de questions, ce n’est pas moi qui leur en pose, mais s’ils sont ouverts, on discute pas mal. Il y beaucoup de Japonais, et pas mal de Français aussi!

Souhaites-tu rentrer un jour dans le Fujian?

Non, je préfère Shanghai, c’est plus animé, plus développé. Chez moi l’économie ne marche pas bien, la vie n’est pas géniale.

Tes parents ne sont-ils pas tristes à cette idée?

Non, ils se sont habitués… Ce sont des paysans, ils ont une vie dure, ils travaillent encore. Pour eux, mes frères et sœurs et moi on a déjà réussi, on a une vie plus facile que la leur. Mon père a surtout eu une histoire difficile: il avait 10 ans pendant la Révolution Culturelle; il a perdu sa mère très jeune, il a vraiment eu beaucoup de problèmes à ce moment là… Pour nous c’était plus facile, même si c’était aussi dur: quand j’étais petite j’aidais mes parents dans les champs. J’ai été 9 ans à l’école, mais je n’étais pas douée. Je n’ai pas bien appris l’anglais et je n’écris pas très bien le chinois non plus…

Tu envoies de l’argent à tes parents chaque mois?

Non, ils ne veulent pas de notre argent. Quand on rentre pour le Nouvel An on leur fait des cadeaux. Et puis moi, en tant que fille, je m’occupe maintenant des parents de mon mari, et mon frère s’occupe de mes parents….

Quel est ton rêve?

Gagner beaucoup d’argent! Faire de plus en plus d’affaires et acheter une maison à Shanghai. Quand j’étais plus jeune, mon rêve c’était d’être ma propre patronne, maintenant c’est fait, alors je n’ai pas d’autre rêve pour le futur (elle rigole!).

Que penses-tu de la Chine d’aujourd’hui?

La Chine ne va pas très bien… Il y a beaucoup de choses à améliorer… Même s’il y a déjà eu beaucoup de progrès… Par exemple dans mon cas ma vie est vraiment mieux qu’avant, mais tout ne va pas bien… Il y a des inégalités d’une région à l’autre, beaucoup de pauvreté, certains n’ont même pas de quoi se nourrir… je n’ai pas d’exemples précis, mais il y a beaucoup de choses à changer.

Qu’aimerais-tu dire aux lecteurs de ce blog?

La Chine se développe et s’améliore très rapidement, les progrès sont énormes: venez en Chine voir par vous-mêmes!

Si jamais vous passez par la Tea City, 天山茶成 tiānshāncháchéng au 520, Zhongshanxi Lu (près de Wuyi lu), rendez-vous au stand 1063 pour rencontrer cette jeune femme fort sympathique, et ne ratez pas le Languiren, un thé Wulong aux notes de réglisse, un régal!

Les précédents portraits de Chine se trouvent ici: Juanjuan, Abby, Catherine, Woody & Wang Qing.

 

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Portrait de Chine (5): Wang Qing

Cette semaine, nous rencontrons Wang Qing, « mon » Ayi… Pour les étrangers vivant en Chine, une Ayi est la personne qui fait le ménage chez eux et/ou garde les enfants, à la base ce terme signifie tante en chinois, mais il a bien évolué dans le jargon Laowai. Et mon ami et moi étant bien occupés par nos boulots respectifs, nous avons le luxe d’avoir une femme de ménage quelques heures par semaine.

Pour ce cinquième portrait, c’est la Chine de tout en bas que nous rencontrons. Rencontre, comme vous allez le voir, bouleversante, et qui reflète pourtant la vie de beaucoup, beaucoup de Chinois…

Qui es-tu?

Je m’appelle Wang Qing, j’ai 37 ans. Je suis Shanghaïenne depuis 3 mois (après des années dans une demi-illégalité, elle a obtenu le hukou de Shanghai, ou sorte de passeport interne à la Chine, obligatoire pour changer de lieu de vie). Mon mari est de Shanghai, je suis originaire du Jiangsu.

Pourquoi es-tu venue à Shanghai?

Je suis venue quand j’avais 15 ans. On était 5 enfants chez moi et on avait très peu d’argent. Mes parents étaient paysans. Mon père ne gagnait que 30 rmb par mois (équivalent de 3 euros). J’ai été envoyé à Shanghai avec mon grand frère.

Qu’as-tu fait à ce moment-là?

J’ai été employée par un restaurant pour faire la vaisselle. Je me levais à 2 heures du matin, et me couchais à 23 heures. J’avais un salaire de 80 rmb, c’était beaucoup: le loyer ne faisait que 16 rmb; on louait une grande pièce avec mon frère. Il n’y avait rien à l’intérieur, que 2 matelas sur le sol… Après j’ai travaillé dans un restaurant dans la rue. Je me levais encore à 2 heures du matin…

A 19 ans j’ai rencontré mon mari. Lui il avait 35 ans. Il avait eu une première femme et un enfant, mais comme j’étais très pauvre, je n’avais pas le choix. C’est une tante qui me l’a présenté. Il y avait plusieurs avantages: je pouvais rester à Shanghai, et si j’avais trouvé un mari à la campagne, il aurait été plus pauvre, ç’aurait été encore plus dur, il m’aurait sans doute battue… Mon mari est bien: il ne m’offre pas de fleur ni d’habits, mais il s’occupe de moi, il me sert, m’aide à porter mes sacs. Il est très simple.

A 20 ans j’ai eu ma fille. On ne pouvait pas s’en occuper, alors à 6 mois elle est partie chez ma mère. Là-bas, il fallait moins d’argent pour l’élever. Elle buvait de la soupe de riz, mais pas de lait. Ma mère l’a élevée pendant 3 ans et ma fille est venue à Shanghai quand elle savait marcher. Elle pouvait aller à l’école. A cette époque mon salaire était de 200 rmb.

Comment as-tu changé de travail?

Une voisine m’a demandé de faire des ménages chez elle. Ça a commencé comme cela. Sa fille m’a présenté à une entreprise et j’ai continué là-bas. C’était en 2001. Il y avait aussi beaucoup d’étrangers, et c’est ainsi que j’ai travaillé avec vous les étrangers. Et puis, ça a été des amis d’amis, comme pour toi.

Comment se passent tes journées?

Je me lève encore à 3 heures du matin, je commence par 2 ou 3 heures dans l’entreprise, et puis je vais travailler chez les gens. Je me repose le samedi, et les mardi et mercredi après-midis…

Comment se passe la relation avec ta fille?

Depuis le début, ça a été dur. Je n’ai pas d’autorité sur elle: elle me dit « je ne suis pas ta fille, ce n’est pas toi qui m’a élevé »… Il n’y a pas de solution. Elle n’écoute pas son père non plus. Elle ne vient vers moi que pour de l’argent. Elle me dit que je ne comprends pas sa vie: elle connaît les ordinateurs, et nous non. On a des points de vue différents sur la vie. On est vieux pour elle. Elle est très moderne… (Beaucoup de tristesse dans sa voix). Il n’y a vraiment pas de solution…

Quel serait ton rêve?

C’est très simple: avoir ma propre maison. Pas forcément grande, mais une maison où je puisse me reposer, et que je n’ai pas besoin de payer de loyer. Là on vit à 3 dans 18m2, on paye 1500 rmb…

Je souhaiterais aussi que ma fille ait un enfant pour qu’elle comprenne ses parents. Elle a honte de nous, elle préfèrerait qu’on ait de l’argent…

Que penses-tu de la Chine d’aujourd’hui?

Quelque chose ne va pas. Il y a un problème dans les mentalités, un problème de mœurs… Les jeunes ne veulent pas ressembler à leur famille. Ils ne réfléchissent pas à leur avenir… Les changements sont trop rapides. On n’y comprend plus rien. Ce qui se faisait avant en 10 ans se fait maintenant en 1 an… Je préfèrerais que ça ailler plus lentement, qu’on ait le temps de s’adapter…

Quel message aimerais-tu passer aux lecteurs de ce blog? Aux Français qui ne connaissent pas la Chine?

(Elle réfléchit)... Merci beaucoup. Vous essayez de comprendre la Chine, vous lisez des choses. Je ne suis qu’une parmi tant d’autres. Il y a beaucoup de choses en Chine que je ne comprends pas: je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de lire. Merci beaucoup pour notre relation… de toutes les nationalités que je connais (coréen, japonais, italien…) c’est les Français que je préfère. Vous nous respectez, vous ne vous croyez pas au-dessus. Je suis très heureuse avec ma vie aujourd’hui: je vois des maisons différentes, et surtout j’aime mon travail car j’ai des contacts avec des gens différents.

Les précédents portraits de Chine se trouvent ici: Juanjuan, Abby, Catherine & Woody.

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