Si vous suivez mes pérégrinations depuis quelques années vous savez qu’il est une boisson que j’affectionne plus que tout : le thé. J’en ai bu des dizaines de litres en Chine et en bois toujours avec autant de plaisir sur le Vieux Continent.
Mais le Mali n’est pas en reste dans l’art du thé. Les Maliens boivent beaucoup de thé, mais pas exactement comme il est bu en Asie ou en Europe, ni tout à fait comme il est bu au Maroc. Laissez-moi donc vous raconter…
La préparation du thé malien
Pour boire du thé au Mali, quelques ustensiles sont nécessaires, mais il faut aussi et surtout du temps… Comptez trente minutes au moins pour la préparation, sachant que cette durée peut sans souci s’étirer jusqu’à une heure, deux heures et peut-être trois.
Pour les ustensiles, il vous faudra deux théières, deux verres (ou trois ou quatre), du thé vert (vendu par petit paquet de 25 grammes dans toutes les boutiques de Bamako), du sucre (l’équivalent d’un verre plein), du charbon de bois et de quoi poser la théière sur le charbon.
On fera d’abord bouillir l’eau dans la première théière sur le charbon, on y ajoutera thé et sucre, on fera bouillir le tout très lentement. Ensuite, on versera le thé dans la seconde théière. On préparera le deuxième thé en ajoutant de l’eau et du sucre dans la première théière (vous me suivez ?) et on remettra cette dernière sur le charbon. On fera alors « mousser » le premier thé, en servant le thé de très très haut, puis en faisant couler le thé d’un verre à l’autre. Une fois qu’il y aura suffisamment de mousse dans les verres, on refera chauffer le premier thé dans la théière sur le charbon (l’autre théière sera mise de côté pendant quelques minutes).
Le premier thé sera ensuite prêt à être servi. Et bu. On pourra alors commencer la préparation du deuxième thé, qui suit exactement les mêmes étapes que le premier. Le deuxième thé est parfois suivi d’un troisième…
Le thé sera servi par celui qui le prépare et on servira en premier la personne que l’on respecte le plus (l’invité, la personne la plus âgée etc.). Si vous êtes invité(e) chez des amis ou en famille, il y a de bonnes chances que vous soyez toujours le premier servi, comme j’ai pu l’être pendant trois semaines ! Toutes les personnes présentes sont servies, quitte à servir une petite quantité à chacun…
Autour du thé malien
En général le thé se boit en quelques secondes, trop vite à mon goût par rapport au temps qu’il faut pour le préparer.
Avant de me rendre au Mali, j’avais déjà bu (et apprécié) du thé malien, mais je n’en avais pas perçu l’aspect social. Car là est un aspect des plus importants du thé malien. Le temps de préparation du thé est une occasion de rencontres entre amis ou en famille. On se retrouve, on papote, on plaisante autour du thé. On peut même passer des soirées entières autour des deux théières…
Le frère de M. me raconte par exemple qu’il retrouve souvent son grin les vendredis et samedis soirs pour préparer du thé. Le grin ? Avant de rédiger cet article, je pensais que ce mot s’écrivait comme « grain », il n’en est rien. Le grin désigne une bande d’amis, mais aussi un lieu de sociabilisation, d’échanges et de rencontres. Ainsi M. me parle de « son grin » pour désigner ses amis d’enfance, et son frère « retrouve son grin » quand il sort le soir. Pour revenir à notre sujet, le thé est un élément central du grin, qui s’installe alors devant la porte d’un des amis et la joyeuse bande devise toute la soirée autour du thé, en écoutant de la musique ou en jouant à un jeu de société (ci-dessous le bon vieux Monopoly)…
On ne peut pas parler du thé sans évoquer un dernier aspect social qui l’accompagne : « gratter du thé » Ka gnèdjouguouya… Mon cher mari m’a initiée à cette pratique pendant notre séjour bamakois. En France on « gratte » parfois des cigarettes, et bien au Mali on peut « gratter » du thé… Si vous passez devant une personne en train de préparer du thé et que vous voyez qu’il est sur le point d’être servi, vous pouvez tout bonnement demander à ce qu’on vous serve un verre. Et on vous le refusera rarement – d’autant plus si vous êtes un Occidental et que vous le demandez avec un sourire…
Il m’est donc arrivé de me régaler de thé préparé par des inconnus…
Très sympa cet article!! Je ne connaissais pas du tout cette coutume et cette dimension sociale m’a beaucoup plu! Ton article m’a sacrément donné envie de boire du thé au Mali!
Merci Nath!
Je ne peux que t’y encourager 🙂
Et si tu ne pars pas à Bamako de suite, tu peux peut-être aller traîner du côté de Montreuil en attendant …
Hello !
En effet, ça à l’air d’être tout un art ce thé. Nous ne savions pas que c’était une pratique aussi courante au Mali.
C’est avec plaisir que nous nominons ton blog pour le Liebster Award !
Tu peux retrouver les infos sur ce prix dans l’article suivant : http://faimdevoyages.com/actualites/liebster-award-nomination-des-blogs-voyage. Nous avons hâte de découvrir tes réponses.
Bien à toi,
Cécilia & Tim
Bonjour à vous,
merci pour votre passage ici, pour le petit mot et pour la nomination.
Malheureusement, ce ne sera pas possible pour moi, désolée 🙂
Bonne continuation à vous !
Aurélie
Pas de souci. Bonne continuation également.
Je suis revenue hier de Bamako où j’ai bien apprécié ce breuvage, même si je ne suis pas restée assez longtemps pour le gratter au hasard des rues …
Ah ah ah, la prochaine fois alors 🙂