Le plaisir d’écrire, la chance d’écrire, la liberté d’écrire.
Se laisser guider en toute confiance par sa petite voix intérieure, trouver la minuscule voie qui mène à sa voix et ne plus la lâcher, y revenir encore et encore, comme un assoiffé reviendrait à la source.
Trouver la source en soi, la source vers soi, puis y puiser ses mots. Ce sont aussi là le siège de mes maux. Utiliser cette même voie pour leur laisser la place qu’ils méritent. Leur faire face, les accueillir sans méfiance ni haine, les laisser s’exprimer, les panser pour un jour les transformer, les transcender.
Cette source serait-elle plus abondante encore car faite de maux ? des maux près de devenir des mots.
Oui je le crois. Cela ne signifie pas écrire uniquement sur les périodes dures de son existence. Mais y puiser là la force de vie, l’urgence de l’expression et la puissance du sentiment. La sensibilité aussi. Comment serait mon écriture sans ces expériences de vie ? je ne le sais et ne le saurai jamais.
Qu’il est intéressant d’essayer de se comprendre avec le plus d’honnêteté possible. On n’est probablement jamais entièrement honnête avec son passé, au moins car on le relit avec son oeil au présent. Mais être honnête dans le présent, regarder avec le plus de clarté possible les sédiments douloureux déposés au creux de soi par des expériences fuies ou enfouies. S’y pencher, et y trouver un reflet auquel on ne s’attendait pas. Ce reflet inattendu et ces sédiments oubliés sont un des moteurs, un des carburants de mon écriture d’aujourd’hui.
Peut-on alors parler de liberté d’écrire ? n’est-on pas uniquement conditionné par les expériences de son enfance, de son passé, et même de ses vies antérieures, si, comme une bonne partie de l’humanité, on croit à la réincarnation ?
Je crois en la liberté, bien qu’on ne naisse pas libre. Peut-on parler de liberté, quand on nait dans une famille violente ? dans la misère ? dans un pays en guerre ? Non, je ne crois pas à la liberté ou à l’égalité de naissance. Mais je crois que l’on peut gagner sa liberté, que l’on doit gagner sa liberté. Et même les biens-nés, ceux qui sont nés avec une « cuillère en or dans la bouche », sont peut-être ceux qui doivent lutter plus encore, aveugles qu’ils sont au conditionnement entier de leur existence.
Je souhaite gagner ma liberté par l’écriture. Qu’elles qu’aient été mes blessures et mes mauvais rendez-vous, je choisis aujourd’hui de regarder en face les sédiments, les traces, les plaies cachées, et je choisis de les accepter, de les accueillir et de les panser.
Je choisis d’accueillir toutes les parts de moi-même, je choisis de ne pas alimenter sans conscience le feu de leurs détresses, de ne pas aller m’y nourrir yeux et oreilles fermés, mais je choisis, les sens en alerte, de les accueillir, de les accepter comme part indispensable de moi-même et je choisis de laisser s’épanouir en moi et hors de moi leur force de vie, l’urgence de leur expression et la puissance de leur sentiment.
Alors oui, une fois que ce chemin a été parcouru, cette voie vers ma voix a été tracée, alors oui, je peux écrire en toute liberté…
Une fois ces lignes sur la liberté d’écrire posées, je me permets ici une grande liberté et partage un second texte très personnel… peut-être ne parlera-t-il qu’à peu d’entre vous, mais j’ose et me lance…
Ces lignes ont commencé à germer en moi en écoutant les mots de Christian Tikhomiroff, un enseignant de yoga découvert pendant le confinement. Ses mots m’ont profondément touchée, et ont éclos hier soir avec les quelques lignes ci-dessous…
Enfoncez-vous au cœur de vous-même dans une profonde immobilité mais dans un espace immense, vous êtes au centre du monde, là dans l’instant, nulle part ailleurs, en vous, qu’en vous. -Christian Tikhomiroff
Le vide et le tout.
Se sentir le centre du monde, le centre de l’immensité, le centre de tout, le centre de l’énergie du monde, au moment de la jouissance sexuelle tout comme au plus profond de la méditation…
Dans ces deux moments que tout semble opposer et qui sont finalement si proches, ressentir la source en soi, l’énergie divine et créatrice, le commencement de tout.
Dans ces deux moments de grâce, ressentir au creux de soi l’absolu : le vide et le plein, tout l’univers et l’absence de tout. Ressentir en quelques secondes l’éternité, vivre la plus grande force et la plus totale fragilité, la détermination et l’abandon, la solitude et le lien. Le vide et le tout.
Ne serait-ce pas l’expérience ultime de la poussière d’étoile que nous sommes ?
Une nouvelle catégorie
Je viens de créer une nouvelle catégorie de ce blog, intitulée « Le chemin », j’y reprendrai tous les articles personnels et moins liés au voyage rédigés récemment, ainsi que ceux écrits dans la même énergie, il y a plus longtemps déjà.
En espérant que ces articles si particuliers vous parlent, chères lectrices et chers lecteurs !
N’hésitez pas à partager votre avis à ce propos dans les commentaires !
(la première photo vient du site unsplash.com, la seconde est de mon père)
Ces propos me font penser au Yin et au Yang… vos réflexions et questionnements interpellent… cette pandémie aura un effet certain, celui de rechercher avec plus d’intensité l’harmonie et l’équilibre dans nos vies ! Despacito, comme dans la chanson…
Merci Marie-Thérèse pour votre passage en ces colonnes !
Et oui, le parallèle avec le Yin & le Yang est plus que juste …