Alors que ces trois mois confinés ou semi-confinés se terminent pour nous lundi, avec la reprise (partielle) de l’école pour l’aîné, l’envie me prend de poser quelques lignes sur cette magie du quotidien que nous avons si souvent partagée avec nos fils de 5 et 2 ans et demi.
Bien sûr, je ne vis pas dans un monde parfait, pendant ces 100 jours collés-serrés il y a eu des frustrations, des colères, des incompréhensions, des « je vais construire ma maison dans un arbre que pour J et moi, et papa et toi, vous n’aurez pas le droit de venir », des fatigues, des cris souvent, des disputes, et même de belles morsures.
Mais il y a aussi (surtout ?) eu un enchaînement de pépites, de petits trésors du quotidien. Et ce sont eux que je souhaite partager avec vous…
Les trésors du quotidien
Voir le cadet entrer dans le langage. Il ne possédait qu’une dizaine de mots au début du confinement, et il est capable de composer de vraies phrases aujourd’hui.
Être témoin de la création du lien fraternel. Dans la difficulté parfois… J’ai d’ailleurs été tentée de leur donner de l’air chacun de leur côté, de les séparer de temps en temps l’un de l’autre. Mon mari m’a laissé faire quelques jours et m’a finalement dit que cette méthode ne lui convenait pas. « C’est maintenant que se crée le lien fraternel, et pour la vie. Ça va peut-être être compliqué parfois, mais ils vont trouver leur place dans la relation. » Et c’est en effet ce qu’il se passe. Nous essayons d’intervenir le moins souvent et c’est incroyable de voir leur relation se tisser indépendamment de nous, alors qu’ils sont si jeunes. Évidemment nous devons parfois nous interposer entre eux, mais beaucoup moins, et j’essaie d’ailleurs de travailler mon seuil de tolérance aux cris. Moins nous intervenons et plus ils arrivent à trouver leurs solutions entre eux…
Découvrir chaque jour un peu plus leur caractère, pour le pire et heureusement pour le meilleur.
Témoigner des apprentissages de l’aîné. Je le vois tester des nouveaux mots, comme hier, à propos de ses peluches « Tu vois maman, eux ce sont des félins », tout fier qu’il était d’insister sur les deux syllabes. Il venait de découvrir ce mot dans une des nombreuses histoires racontées qu’il affectionne tant. Il écrit aussi de mieux en mieux les lettres capitales, lui qui savait à peine les reconnaître il y a trois mois ! Je suis témoin de sa créativité : les jeux qu’il s’invente pour lui seul ou en compagnie de son frère, les nombreuses créations de papier et de carton réalisées pendant ces journées à la maison…
Être heureuse d’avoir tenu bon sur un principe qui me tient à cœur : le moins d’écrans possible. Ils ont été remplacés par de longs temps calmes, où les podcasts d’histoire ont tourné à plein régime.
Avoir finalement trouvé un rythme confortable – la plupart du temps – dans cet incroyable inconfort du confinement ! Aussi et c’est notable, grâce à notre chouette nounou qui a la qualité, inégalable ces temps-ci, d’être notre voisine… Les enfants y passent deux heures tous les matins en semaine, de leur côté : deux heures pour changer de murs, et côté parents : deux heures pour pouvoir télé-travailler sereinement. Grande chance d’avoir pu trouver, bien avant tout ce trouble, notre nounou parmi nos voisins, et aujourd’hui de voir nos deux familles se lier d’une sincère amitié !
La poésie et Dieu…
Intéresser l’aîné à la poésie. Cet épisode me touche tant que je souhaite vous le raconter en détails…
La scène se passe dans la cuisine. Je suis en train d’expliquer à l’enfant ce qu’est un « poète » un mot qu’il ne connaît pas encore et qu’il vient d’entendre dans une nouvelle histoire, où le héros est un « mouton poète »… Sa maîtresse nous a justement partagé il y a peu un tout premier exercice simple sur les rimes. Je me lance dans l’explication en prenant appui sur nos derniers entraînements rimés.
Je termine en ces termes « Tu veux un secret ? Papa et moi sommes un peu poète. Papa dans ses slams – il t’expliquera ce que cela signifie quand tu lui demanderas, et moi dans mes écrits, parfois ».
« Est-ce que tu peux faire de la poésie pour moi, maman ? » me répond-il avec des yeux pleins d’étoiles. Comment refuser cette si jolie demande ?
En ce premier dimanche de juin et fête des mamans, je me suis donc élancée sur la blancheur d’une page nouvelle pour tenter la rédaction d’une poésie atteignant ce double objectif : plaire à mes oreilles et être compréhensible par les cinq printemps de l’enfant !
Mon cher enfant, tu viens d’avoir cinq ans
Et déjà tu t’intéresses
A la grande passion de ta maman,
Soyons ensemble poète en herbe et poétesse
–
Apprends à t’amuser avec les mots
« Le rhino mange un gâteau sur un vélo »
Dans ce joyeux méli-mélo
Chaque jour pour toi sera rigolo
–
Mon fils chéri
Aujourd’hui je suis ravie
De partager la langue amie
Ce trésor qu’est la poésie
Et devinez quoi ? Il a beaucoup aimé !
Des moments magiques, il y en a eu beaucoup… et le plus touchant a peut-être eu lieu cette semaine. L’aîné s’intéresse à Dieu de temps en temps. Quand il entend ce terme dans une histoire, quand j’essaie de lui expliquer l’origine des jours fériés, ou quand nous devons aborder le sujet de la mort, il est à chaque fois très intéressé. Son papa et moi sommes croyants chacun à notre manière, sans être pour autant de fervents pratiquants. Je lui parle donc de Dieu de manière ouverte, sans aucun esprit de chapelle, et lui explique qu’il y a de multiples manières d’imaginer Dieu. Et ce qui me parait le plus juste et approprié est de lui dire que Dieu est le principe de vie que l’on peut retrouver dans tout ce qui existe sur Terre. Cette semaine, la question de Dieu est revenue dans une de ses questions, alors que je lui expliquais qu’au centre de la Terre il y avait du feu: « Alors les gens se brûlent s’ils marchent là ? » « Mais personne n’y vit et personne n’y marche ! » « Pas même Dieu ? » me demande-t-il de manière impromptue. « Dieu n’a pas mal, car il n’a pas de corps comme nous, mais il est quand même présent dans cette vie-là aussi. » Là s’est arrêté notre échange.
Quelques minutes après, je sors de la pièce et l’entends répéter peu ou prou à son frère ce que je lui ai expliqué quelques semaines plus tôt « Tu sais qui c’est Dieu ? Il est très gentil, et il vit dans ton cœur et dans mon cœur »…
Cette discussion enfantine résonne encore en moi et n’a pas fini de me remplir de joie…
Adorables petites anecdotes qui sont comme des petites graines semées… J’adore “le rhino mange un gâteau sur un vélo“ ! l’image est superbement farfelue et poétique !!! Depuis 5 ans, l’âge de ma petite-fille, j’écris des petites histoires pour enfants… et je m’amuse beaucoup… s’est ajouté son petit frère il y a deux ans 1/2 et je suis aux anges ! Les personnages sont très souvent des animaux… merci pour ces histoires “vraies“ si joyeuses et réjouissantes !!
Merci Marie-Thérèse pour votre message ici !
Ah ravie de lire que vos petits-enfants ont le même âge que les miens (d’enfants hein!) – c’est sans doute pour cela que cet article vous touche d’autant plus !
Et merci aussi pour votre fidélité …
Tout à fait ! avril 2015 et février 2018…trop mimis à ces âges !…
Aaanh quand grand frère explique un truc « savant » à petit frère très très sérieusement, et que petit frère écoute très très attentivement <3 <3 Nos enfants sont géniaux, hein ?! 😉
Tellement tellement tellement !
On hâte de vous recroiser à l’occasion d’ailleurs !