J’ai du mal à lire en ces temps confinés. Moi, qui malgré mes semaines d’antan souvent plus que remplies (de ma vie d’avant ai-je envie d’écrire), arrivais presque chaque semaine à avaler un roman, je me retrouve en panne d’envie de lire. J’ai bien des livres chez moi, qui me tendent leurs pages ouvertes, mais je n’y parviens point.
Comme je l’ai entendu à la radio un de ces jours derniers, peut-être est-ce car notre cerveau n’arrive pas à se projeter dans ce qu’il lit – par exemple quand on lit le narrateur « embrasse une amie rencontrée dans la rue », ou tel personnage « prend le train pour aller à tel endroit ». Vous voyez sans doute ce que je veux dire…
J’écoute aussi la radio avec parcimonie : moi qui suis une très grande auditrice de notre radio nationale France Inter, j’ai décidé d’être plus économe à ce propos. Mon aîné et ses cinq ans comprend tout ce qu’il s’y dit, et même quand il n’est pas là, les informations, émissions spéciales et autres flashs « alerte coronavirus » me stressent au plus haut point. Je n’écoute les informations qu’avec parcimonie, une ou deux fois par jour au maximum, je vous parlais de cela en détails dans mon article Rester chez soi – ou l’art de cultiver la joie, l’amour et la sérénité (malgré tout).
Ce vide sonore et cette absence de lectures me laissent du temps de cerveau disponible. Bien sûr ledit temps est bien occupé par mes deux petits monstres, un peu aussi par mon travail. Pour le temps qu’il reste, j’ai eu envie de choisir ce que je mettais dans mes oreilles confinées.
La littérature audio qui me touche
Mon plus beau rendez-vous sonore confiné est avec Wadji Mouawad. Tous les matins de semaine, il partage avec nous son journal de confinement en une quinzaine de minutes. Point de décompte macabre ou autre sujet glaçant ici. L’art, la mythologie, l’Histoire, des morceaux de quotidien avec ses enfants, avec son chat même, son expérience de la guerre civile au Liban… : Wadji Mouawad crée de son confinement, et nous offre de superbes moments de littérature. Même s’il n’est pas toujours optimiste ou gai, c’est apaisant et inspirant… Quand je l’écoute, je me dis souvent « l’art nous sauvera »…
Une belle découverte du moment est la page soundcloud de la Maison de la Poésie de Paris. Je n’ai malheureusement pas encore pu fréquenter ce lieu, mais je suis leurs activités sur les réseaux sociaux. Et j’ai donc découvert cette page qui rassemble les enregistrements de leurs rencontres, mais aussi des lectures d’œuvres par leur auteur ! J’ai adoré écouter « Le Complexe de la Sorcière » d’Isabelle Sorrente que je voulais justement me procurer. Je me réserve la lecture musicale de « Petit Pays » interprété par Gaël Faye lui-même, une rencontre avec mon cher Sylvain Tesson autour de « La Panthère des Neiges » ou avec le si poétique Christian Bobin.
136 titres y sont disponibles, soit des dizaines d’heures d’écoute… Je vous conseille sans modération.
Parmi les émissions de lecture que j’appréciais déjà et où je vais me réfugier de temps en temps, il y a l’excellentissime « Ca peut pas faire de mal » de Guillaume Gallienne (même si l’auteur a décidé d’arrêter l’émission cette année !) et l’émission « Feuilletons » chez France Culture. « Debout les morts » de Fred Vargas m’a accompagné par une nuit d’insomnie de début de confinement et la série sur Jack London me fait de l’œil !
Des sons aussi pour enfants
Côté enfants, en plus des histoires d’OLI ou Des histoires en musique dont je vous parlais déjà en ces colonnes, j’ai découvert le catalogue Audible qui propose notamment « Pierre et le Loup » et toute une série sur les Schtroumpfs – deux styles radicalement opposés, nous en conviendrons, mais qui ont les faveurs de mon 5 ans !
Au rayon enfants toujours, mon fils de 2 ans a eu un coup de coeur inattendu pour ce bain sonore vibratoire créé pour le confinement par Marie Milla. Une chère amie me l’a partagé et je l’ai écouté pendant que mes enfants jouaient près de moi. Depuis mon petit me réclame régulièrement « tambourrrrrrr » pour désigner ces sons méditatifs !
Quelques mots écrits (quand même)
Un seul livre imprimé a réussi à passer la barrière dressée par mon cerveau confiné : Chez Soi de l’excellente Mona Chollet, disponible gratuitement en version digitale !
Vous vous en doutez, c’est le thème plus qu’à propos qui m’a donné envie de m’y lancer.
J’en suis exactement à la moitié et je m’en régale – donc hop, petite exception au thème de cet article, je vous le conseille chaudement !
Et si de votre côté les livres papier ne vous tombent pas des mains (quelle chance!), vous pouvez trouver l’inspiration du côté des nombreuses recommandations littérature voyage derrière ce lien – Inde, Haïti, Afrique de l’Ouest… et bien d’autres inspirations qui m’ont particulièrement marquée ces derniers mois ou années !
En espérant que ces mots et ces sons vous inspirent amies lectrices et amis lecteurs, je vous souhaite à tous une bonne santé et le meilleur confinement possible !
C’est amusant, mon cerveau a un mal fou à se fixer en ce moment aussi. Je commence quelque chose, puis suis interrompue (ah les enfants, ah, internet!) et me retrouve à ne plus savoir ce que je faisais. Merci pour le lien vers le journal de Wajdi Mouawad, je file l’écouter, ses mots me bouleversent toujours, depuis que je l’ai vu au TNT dans Incendies il y a 15 ans ou presque. Belle journée!
Merci pour ton message ici Anne !
Je crois qu’on est vraiment nombreux à avoir des problèmes d’attention…
Tu sais que j’ai également découvert Wadji Mouawad avec Incendies, dans les années 2003-2004 quand j’étais étudiante à Arras. Cette pièce m’a marquée au fer rouge, et je le suis depuis de près ou de loin, et là avec son journal, c’est de très près et ça me fait un bien fou.
En toute amitié!
Merci beaucoup pour ces références inspirantes. Que j’ai aimé le livre « Petit Pays » ! Take care
Merci pour ton message ici ! Et amour entièrement partagé, vraiment !