Sur les (décidément très bons) conseils de Matilda, concierge à l’hôtel, je me décide pour une balade en vélo pour ce troisième jour à Stockholm. Je tenais à faire une virée dans l’archipel, mais les bateaux ne fonctionnent pas tous avant mai, les programmes des visites se calent sur le rythme de la nature.
Qu’importe ! je choisis de revenir sur l’île que j’ai entrevue hier. J’avais déjà beaucoup aimé Rosendals mais aussi la balade sur la côte Nord de l’île le long de Djurgårdenbrunnsviken. Je fais le tour de Djurgården en vélo. Je ne ferai aucun halte sur les lieux touristiques, comme le parc Skansen qu’on m’a pourtant recommandé. Je préfère me laisser absorber par la nature environnante: écouter les oiseaux dans les arbres ou ceux qui survolent les eaux, regarder les nuages charger le ciel, observer la nature qui se réveille peu à peu. J’en oublie que je suis dans une capitale et ai parfois l’impression d’être dans un port d’un village de pêche.
Je pars ensuite en quête de Millesgården. Carl Milles est un des sculpteurs suédois les plus connus. Il a notamment été l’élève de Rodin. Sa maison est devenue un musée. Le chemin pour y arriver n’est pas des plus agréables: je longe un longue route droite qui se transforme en autoroute et traverse une zone industrielle. Mais, esprit fonctionnel scandinave oblige, il y a une piste cyclable jusqu’au bout. J’emprunte ensuite un long pont de bois (réservé uniquement aux piétons, vélos et train) pour atterrir sur une nouvelle île: Lidingö. Je rejoins rapidement Millesgården.
Les statues y sont superbement mis en espace. Certaines flirtent avec les nuages. Les voir dans les airs, certaines perchées sur de hauts poteaux, avec la ville, le lac et les cieux en arrière-plan est d’une douce féérie. Un endroit hors du temps, qui sort de l’ordinaire. Certaines statues sont d’inspiration gréco-romaine, d’autres chrétienne. On se sent ici aux portes du royaume des dieux. La poésie se mêle à la nature avec légèreté et gaieté.
Le studio de l’artiste me ravit. Il est des lieux inspirants et celui-ci en fait partie. Tout de blanc, de luminosité et d’apesanteur. Une arche immense de bois peint fait office de plafond. Les sculptures simples, puissantes, paraissent animées. Cet endroit a une âme. Celle de Carl Milles sans doute.
Je pédale ensuite en sens inverse. Je me décide pour une dernière pause gourmande dans la vieille ville – j’en aurais fait beaucoup ce week-end et me serais régalée de pâtisserie à la cannelle sous toutes ses formes.
Je regarde le temps s’allonger derrière ma tasse de thé. Le ciel est laiteux aujourd’hui, il est assorti à mon thé Chai. La ville est câlme en ce lundi de Pâques. Les rues de Gamla Stan sont tout de même encore sur le qui-vive pour accueillir les touristes. Et il y en a. J’ai du mal à différencier les Suédois des autres Nordiques: leurs langues sonnent pareil à mon oreille ignare, mais je pense que beaucoup des Blonds que je croise ne sont pas du cru. Je n’aurais pas rencontré beaucoup de Suédois. Seulement mes très agréables hôtesses du Scandic Hotel, avec qui j’aurai échangé d’agréables courts moments.
Pour le reste des Stockholmois, je ne pourrais que faire des suppositions. Ils ont l’air heureux, calme et d’humeur égale. Aimant la famille: ce n’est pas rare de croiser des poussettes « doubles » dans les rues de la ville. Je me sens très à l’aise ici, et même si le Suédois est toujours ravissant, aucune condescendance ou autre mépris ne se lit dans ses yeux. Mais je ne passe pas assez de temps ici pour en savoir plus sur ces gens à la si curieuse langue.
Je bats le pavé pour rentrer à l’hôtel, en enjambant une fois de plus les eaux qui m’en séparent. J’admire pour la dernière fois les belles maisons: jaunes, roses ou blanches, les charmantes et simples façades se répètent le long des berges dans une ensemble harmonieux et reposant.
Je sens déjà que la douce fraîcheur de Stockholm va me manquer…