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Lilongs – Shanghai, un livre à ne pas manquer !

Vous rappelez-vous de mon intérêt pour les Lilong de Shanghai? En février dernier, quand j’écrivais cet article, j’avais eu beaucoup de mal à rassembler des informations. Si je devais le faire aujourd’hui, ce serait plus facile : j’ai récemment découvert Lilongs – Shanghai, un petit livre qui m’a beaucoup appris! J’ai eu le grand plaisir de rencontrer Jérémy Cheval, architecte et co-auteur de cet opus.

L’auteur-architecte côtoie la Chine depuis la fin de ses études en 2006, et est aujourd’hui professeur d’architecture dans cette université de Shanghai. Dans le cadre d’un partenariat avec un programme de recherche de l’école d’architecture de Montpellier, il organise un workshop de quatre semaines. Six classes sont concernées et 150 étudiants prennent par au projet.
Au départ, le professeur présente une grande carte de Shanghai et divise la ville en blocs. Le but du workshop ? ratisser la ville, trouver des Lilongs intéressants, les répertorier et présenter un dossier complet interrogeant par l’image ce patrimoine architectural unique et en péril.
Du workshop au livre, il n’y a qu’un pas : plus de 60 Lilongs sont documentés suite au travail des étudiants. Les auteurs, Jérémy Cheval et Christine Estève, doivent alors vérifier tous les lieux et répertorier les lieux non investis. 20 Lilongs sont sélectionnés et constituent ce livre.

 

Lilong est un terme urbain qui représente un groupe d’habitats organisés autour de ruelles. Ces entités sont issues d’un métissage entre la Chine et l’Occident. La fusion entre architecture chinoise et urbanisme Occidental constitue pour la Chine un véritable miroir de ce qu’est Shanghai. (Extraits de Lilongs – Shanghai).

Lilongs – Shanghai se voue à présenter les différents styles d’architecture et d’organisation des Lilongs. Construits entre 1840 et 1940, et ils représentaient alors 80% de l’habitat de Shanghai. Six styles bien identifiables sont répertoriés ici, et c’est au cœur de 20 Lilongs que ce livre nous invite à nous balader.
Pas de photo dans cet ouvrage, seulement des dessins et aquarelles. « Nous avons choisi de ne pas mettre de photo pour susciter le désir d’aller voir un lieu » nous explique Jérémy Cheval.
Par réussi :Lilongs – Shanghai est une superbe invitation à la découverte de Shanghai sous un œil neuf !

Où le trouver à Shanghai ? à l’Arbre du Voyageur
Ailleurs, contacter l’éditeur: email hidden; JavaScript is required

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Envie de livres à Shanghai?

Aujourd’hui, nous partons à la découverte d’un de mes endroits préférés à Shanghai, l’Arbre du Voyageur, endroit qui gagne à être connu par tous les francophones résidant ou de passage : un endroit où on peut voir, sentir, toucher, feuilleter des livres en français, et bien sûr les acheter…

Qu’est-ce que l’Arbre du Voyageur ?
C’est un club de lecture qui fournit des livres à ses membres, c’est un service de l’Ambassade de France, mais qui est ouvert à tous.

Comment fonctionne ce club ?
L’Arbre du Voyageur existe depuis février 2008, nous avons beaucoup de références et des nouveautés toutes les semaines. On peut aussi commander les livres que l’on souhaite. De temps en temps, nous faisons des évènements avec des auteurs autour de la sortie de leur livre (souvent sur la Chine)…
Pour être membre du club, il suffit de s’inscrire, moyennant 30 yuans, et on crédite ensuite sa carte par tranche de 100 yuans en espèce. L’inscription est valable pour une famille et n’a pas de limite dans le temps. L’argent restant sur la carte peut être utilisé pour la fois suivante.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur l’Arbre du Voyageur ?
Il y a 2.000 adhérents au club à ce jour, et nous avons environ 20.000 références disponibles.

Quels sont les types de livres que l’on peut retrouver ici ?
De la littérature française, de la littérature étrangère traduite en français, un rayon policier, des livres sur l’Aise, sur la Chine (essais…), des beaux livres, un rayon jeunesse, des guides touristiques, des livres de cuisine, des BD, un rayon sciences humaines, un autre sciences économiques, mais aussi des dictionnaires et quelques méthodes françaises pour apprendre le chinois.

Qu’est-ce qui marche le mieux ?
Les nouveautés littéraires surtout, comme Houellebecq et Beigbeder, les livres sur Shanghai aussi, comme la Promesse de Shanghai de Stéphane Fière.

Quel type de membres vient le plus souvent à l’Arbre du Voyageur ?
Surtout des familles ; et en ce moment nous avons une nouvelle tendance : de plus en plus de jeunes et de touristes viennent ici.

Quelles seraient vos recommandations du moment ?
La Finlandaise Sofi Oksanen et Purge dans le rayon nouveauté, Lilongs – Shanghai de Christine Estève et Jérémy Cheval pour redécouvrir Shanghai, dans le rayon jeunesse, ce serait le Maître des Estampes de Dedieu et Shenshan de Didier Lévy et Fabien Laurent, une sorte de Où est Charlie chinoise.

Un grand merci à Inès Breton, responsable du lieu, pour son accueil dans ce lieu unique et incontournable à Shanghai.

L’Arbre du Voyageur
155 Wu Yi Lu – 4F
Tel: 62255723 – email hidden; JavaScript is required
Ouvert du mardi au dimanche de 10h a 18h30

Article écrit initialement pour lepetitjournal.com.

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上海人家, Shanghai Living réédité !

Il y a quelques mois, je me lamentais de ne pas pouvoir mettre la main sur le très bon livre 上海人家, Shanghai Living (Shanghai ren jia) de Hu Yang (voir ici). Un lecteur « G », m’a récemment laissé un commentaire, s’étonnant que le livre ne soit plus édité. Je me suis remis à sa recherche, et avec l’aide de mes collègues chinoises, je l’ai trouvé, le plus facilement du monde, sur le site dangdang.com, une sorte d’Amazon chinois. Les personnes vivant en Chine peuvent donc se le procurer en cliquant sur cette page.

Il s’agit d’un réédition, mais le contenu est le même, je suis ravie !

Aux chanceux qui se le procureront : bonne lecture !

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Shanghai l’ambitieuse

Lors de mon retour en France en juin, j’ai fait le plein de livres pour quelques mois, et particulièrement de livres sur la Chine, que j’ai du mal à trouver ici… Parmi eux se trouve Shanghai l’ambitieuse de Rachel Delcourt. Le sous-titre du livre Portrait de la capitale économique de la Chine annonce clairement le propos: il s’agit de livrer un portrait de la ville, et précisément à l’aube de l’Exposition Universelle – le livre est paru en avril 2010, et au rythme où évolue cette ville, c’est un point important. Cet essai condense en une centaine de pages des traits caractéristiques de Shanghai: après un rappel de l’histoire particulière de la ville, différents aspects de la ville et de ses habitants sont dépeints – relation avec gouvernement central, éducation, ambitions sociales et personnelles, us & coutumes plus ou moins policées, et bien sûr place prépondérante de l’argent…

Shanghai l’ambitieuse se lit facilement et intéressera particulièrement ceux qui connaissent peu ou pas la ville, ça les aidera à décoder plus rapidement les attitudes des gens de Shanghai. Pour ceux qui connaissent la ville, vous pouvez y apprendre des choses, mais cela ne révolutionnera ce que vous avez déjà pu observer au quotidien…

Détail très intéressant appris à la lecture de ces pages: Shanghai s’affaisse littéralement dans son sol, à cause d’une exploitation trop importante de ses eaux souterraines depuis les années 1930 et de la construction des tours et gratte-ciels: dans certaines zones, le niveau du sol a diminué jusqu’à 3 mètres!

Certaines personnes l’ont-elles lu? Au plaisir de lire vos avis à ce propos!

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Une vie chinoise, mànhuà à ne pas manquer

J’ai fini récemment la lecture de ma première bande dessinée chinoise (genre encore assez marginal ici), ou mànhuà 漫画, suite au retour très élogieux découvert sur ce blog. Pour le petit point linguistique, le manga japonais et sa version chinoise s’écrivent de la même façon, 漫画 donc, le chinois ayant emprunté ce mot au japonais, mais signifie images enchaînées en chinois. Intéressant retour linguistique, car comme vous le savez peut-être, historiquement ce sont les Japonais qui ont emprunté les Kanji (caractères identiques à ceux utilisés en Chine) à leurs voisins…

Pour en revenir à notre lecture, je suis totalement enthousiaste suite à cette lecture: Une vie chinoise, de P. Ôtié et Li Kunwu est tout simplement bluffant.

Bande dessinée en 3 tomes, je n’en ai pour l’instant lu que le premier Le temps du père. Comme son nom l’indique tout à fait, ce livre raconte une vie chinoise, mais à une époque souvent peu abordée ou déformée: celle de avènement de la email hidden; JavaScript is required dans les années 1950. Avez-vous déjà essayé d’aborder cette période avec un Chinois de Chine? pas vraiment facile n’est-ce pas… Le dessinateur-narrateur éponyme (Li Kunwu) est né en 1955 et raconte l’histoire de sa vie, en commençant par la rencontre de ses parents, fervents défenseurs de la email hidden; JavaScript is required. Dans ce premier tome, on suit l’enfance de ce Chinois parmi des milliers d’autres, enfant formé, modelé et déformé par les politiques de Mao: email hidden; JavaScript is required pour ne citer que les plus connues. Les premiers mots du petit Xiao Li furent Que notre président email hidden; JavaScript is required

Que vous connaissiez cette histoire de Chine ou non, c’est une fascinante description réaliste, vue avec les yeux d’un enfant, sans concession aussi, dont les indescriptibles détails restent soutenables par le vecteur du dessin. C’est d’ailleurs un dessin assez particulier, qui plaira ou non, mais auquel je me suis finalement fait.

Point fort supplémentaire de la BD: beaucoup de slogans et autres expressions sont laissées en caractères chinois, puis traduites. Les sinologues en herbes ou confirmés apprécieront; et les lecteurs mesurent mieux encore la email hidden; JavaScript is required de l’époque.

Lu en une journée, il  me tarde que de ma procurer le tome 2, déjà sorti… Vous l’aurez compris: Une vie chinoise est à mettre dans toutes les mains!!! Vous pouvez d’ailleurs en lire les premières pages ici.

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Mort d’une héroïne rouge, Qiu Xiaolong

Comme promis, je me suis remis à la lecture de Qiu Xiaolong, dont j’avais beaucoup aimé De Soie et de Sang. Sur le conseil d’un lecteur de Vues de Chine, j’ai lu Mort d’une héroïne rouge, roman écrit bien avant De Soie et de Sang car c’est le premier de l’auteur. Publié en 2000, il a été très bien accueilli par la critique américaine – l’auteur, ayant fui aux Etats-Unis après 1989, écrit en anglais.

C’est donc la première enquête de l’inspecteur Chen, héros qui deviendra fétiche à Qiu Xiaolong. L’histoire porte sur l’enquête du corps d’une femme retrouvé dans un canal de Shanghai. C’est l’inspecteur Chen et son adjoint Yu qui sont chargés de l’enquête. Très vite, ils découvrent la victime: Guan était une travailleuse modèle de la nation, une Héroïne rouge, et l’enquête prend rapidement une envergure politique…

L’histoire est à mon avis un peu moins haletante que celle de De soie et de Sang, mais tout l’intérêt de ce roman est qu’il est le premier d’une série. Il campe à merveille les personnages: on découvre l’origine et le milieu de l’inspecteur Chen, de son adjoint Yu et sa femme Peiqin, de l’ami Lu Chinois d’outre mer… avec une galerie de descriptions fascinantes. Le poids de la politique de l’époque et tous les changements qui ont lieu à Shanghai sont aussi très finement dépeints. En plus d’une histoire à laquelle on se laisse tout de même bien prendre, c’est à mes yeux un portrait juste de la vie de Shanghai au début des années 1990. Années si importantes dans la construction de la mégalopole internationale qu’est aujourd’hui devenue Shanghai.

Ce qu’en dit Elle sur la quatrième de couverture:

Des livres comme celui-ci, fins, érudits, on n’en a pas lu cinquante sur le Chine d’aujourd’hui. En y ajoutant l’excellent suspense, on obtient de quoi passer deux ou trois soirées passionnantes.

Je n’ai qu’un regret : j’aurai préféré lire les histoires de l’inspecteur Chen dans l’ordre… Si vous ne connaissez pas encore Qiu Xiaolong, je vous conseille donc de commencer par ce livre-ci!

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Lecture: 上海人家, Shanghai Living

On m’a récemment prêté un livre extraordinaire, un des premiers que je lis en chinois, car il est d’une part doublé d’anglais et surtout fait la part belle aux photos: 上海人家, Shanghai Living (Shanghai ren jia) de Hu Yang.

Tout a commencé en 2004 quand Hu Yang a décidé d’aller rendre visite à une centaine de familles Shanghaiennes pour voir comment elles vivaient. Pourquoi? car il trouvait que les gens avaient malheureusement perdu l’habitude de se rendre visite, d’aller les uns chez les autres, et que finalement personne ne connaissait ses voisins. Un ami étranger lui a aussi fait part de son envie d’entrer dans une maison chinoise. Il a alors voulu réaliser ce travail documentaire pour comprendre qui vit dans cette métropole internationale si attractive qu’est Shanghai.

Son travail photographique a alors commencé: il a démarché les familles qui lui paraissaient intéressantes, une à une, et a finalement photographié 500 intérieurs. De ce travail documentaire unique a été tiré une exposition et ce livre. Les photos y sont accompagnés d’un court témoignage, en chinois et en anglais, où les personnes photographiées parlent de leur vie, et de leurs conditions de vie.

Je trouve ces photos et témoignages admirables: c’est un travail documentaire donc, mais d’une grande humanité aussi. On comprend un peu mieux les Chinois, les petits bonheurs ou grandes difficultés qui remplissent leur quotidien. C’est un travail artistique fait de portraits singuliers, touchants et d’une sensibilité unique.

Morceaux choisis, extraits du site de la galerie Shanghart où l’exposition a eu lieu il y a plusieurs années, et où je n’étais malheureusement pas…

Petite coïncidence, la dernière photo est celle de Jin Xing, cette danseuse unique qui m’a tant touchée il y a quelques semaines…

A mon grand regret le livre 上海人家, Shanghai Living n’est plus édité… par chance, vous pouvez aller voir sur le site de la galerie Shanghart, toutes les photos et leurs très touchant témoignages sont encore en ligne. Elles ne le sont plus non plus…

Connaissez-vous cette œuvre de Hu Yang? qu’en pensez-vous?

Au plaisir de vous lire !

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Lecture: De soie et de sang, Qiu Xiaolong

De soie et de sang est le premier roman que je lis de Qiu Xiaolong (sur le judicieux conseil d’Alain, aimable lecteur de vuesdechine), et par la même occasion un des premiers romans policiers que j’apprécie. J’ai tout simplement beaucoup aimé ce livre que je n’ai pu lâcher jusqu’à la dernière page.

L’histoire, de meurtre comme il se doit dans ce genre, se passe dans le Shanghai des années 1990: un mystérieux tueur en série s’attaque à des jeunes femmes et met leur mort en scène dans des lieux publics, les victimes étant exhibées avec pour seul habit un qipao rouge… Le suspense tient en haleine du début à la fin, et on suit l’inspecteur Chen dans ses réflexions et interrogations, Chen est un héros récurrent de Qiu Xialong, à la fois inspecteur et poète, il a un regard perspicace sur la société chinoise.

Cette histoire m’a surtout plu car elle met en valeur les changements incroyables qu’a vécu la Chine de Deng Xiaoping et ces 20 dernières années, changements que l’on mesure encore chaque jour. C’est un portrait réussi et sans concession de la mutation de la société chinoise avec tous ses avantages et inconvénients, et peut-être surtout ces derniers.

Ce qu’en dit la quatrième de couverture:

Un psychopathe libère ses pulsions dans le meurtre rituel et laisse la robe rouge comme signature.

Impossible d’étouffer l’affaire: la deuxième victime a été trouvée ce matin, en plein centre-ville. Même mise en scène que pour la première: robe se soie rouge, pieds nus, jupe relevée, pas de sous-vêtement. Le tueur signe son oeuvre avec audace et la presse s’en régale. C’est ce qui inquiète l’inspecteur Chen: pour s’exposer si dangereusement, le coupable doit avoir un plan diabolique…

Quelques mots sur Qiu Xiaolong: c’est donc un auteur chinois de romans policiers, poète et amateur de taï chi.
Il est né à Shanghai en 1953. Son père, professeur, est victime des gardes rouges pendant la Révolution culturelle vers 1966. Qiu Xiaolong émigre aux États-Unis après les événements de 1989, il y vit aujourd’hui et enseigne à l’université de Saint-Louis, il a soutenu une thèse en poésie – cela l’inspire sûrement pour décrire les dissertations poétiques de son héros.

Ses romans sont connus pour décrire par le menu la vie à Shanghai sous le régime de Deng Xiaoping en mêlant intimement politique, vie courante et intrigue policière : la cuisine et la gastronomie, la crise du logement, les difficultés de transports, la corruption, la politique et l’omni-présence du Parti, les bouleversements de la Chine moderne, … tout cela vient enrichir de manière pittoresque les enquêtes de l’inspecteur Chen.

Vous l’aurez deviné, je compte bien refaire un bout de chemin avec Qiu Xiaolong et son inspecteur très bientôt… Et vous, vous connaissez?

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