Suite de mon récit de voyage à l’Île Maurice…

Mardi matin, je pars à la découverte de la vie sur l’île Maurice. Non pas que la vie à l’hôtel soit désagréable, loin de là, mais je trouve cela dommage d’être à des milliers de kilomètres de chez soi pour vivre des journées entièrement cadrées, sans aucune place laissée à l’imprévu… J’essaie pour autant (avec difficulté avouons-le) de ne pas juger mes congénères. Ah, qu’il est facile de se sentir supérieur aux touristes en se qualifiant soi-même de « voyageur ».

8h45, je suis à la porte de l’hôtel. Les chauffeurs de taxis sont décontenancés que je veuille attendre le bus plutôt que de profiter de leurs services. Ils sont loin d’être désagréables pour autant et me renseignent avec plaisir. 9h15, mon bus arrive.
Je regarde les gens autour de moi et suis marquée par les profils indiens qui m’entourent. Si l’île Maurice est géographiquement en Afrique, les Mauriciens de Goodlands sont principalement d’ascendance indienne… je marche dans les rues de la ville. Je me suis trompée : il y a bien un marché en ce mardi, mais un marché d’habits et non de nourriture comme je pensais. Qu’importe, je quitte le marché en question et pars arpenter les rues de la ville.
Goodlands se compose en fait d’une artère unique, bordée de boutiques. Les femmes sont pour beaucoup drapées de sari, le vêtement traditionnel indien, et certaines ont entre les yeux un point rouge surmonté d’un trait de la peinture de la même couleur. Je comprendrai plus tard que les femmes mariées portent cette parure.
Je sors de la grande rue : j’ai envie de voir des maisons et deviner comment les gens y vivent…

Je souhaite prendre en photo un « reste » de ce que je devine être une cérémonie. J’apprendrai par la suite qu’il s’agit d’un kanwar, un temple hindouiste miniature, décoré de papiers colorés. Par politesse, je m’adresse à un homme à proximité. Je ne le sais pas encore, mais je viens de faire le premier pas vers une amitié nouvelle.
Ashok accepte avec joie que je prenne ma photo. Nous commençons à discuter. Ashok a une cinquantaine d’années et vit à Paris depuis 32 ans. Il est de retour à l’Île Maurice pour quelques mois pour suivre la construction d’une maison ici. Je suis étonnée de sa disponibilité, et plus étonnée encore quand il me propose d’aller visiter ladite maison. Je n’ai aucun programme particulier à part essayer de comprendre comment les gens vivent ici – voici donc qui tombe à pic. Ashok me mène d’abord chez sa sœur, avec qui il vit. Elle m’embrasse joyeusement quand je passe sa porte, comme si j’étais une vieille amie. Elle part vaquer à ses occupations et me laisse seule dans le salon, Ashok ayant aussi à faire. Je suis dans une famille mauricienne hindouiste. J’ai à ce moment là l’impression d’être en Inde : Bollywood en fond télévisuel, autel de prières, décoration – tout m’emporte dans le sous-continent…
Ashok passe une bonne partie de la journée en ma compagnie. Il m’invite à déjeuner à la gargote du coin, avant de passer au chantier de sa maison. Il me propose ensuite de dîner chez sa sœur le lendemain soir. Je suis enchantée par l’idée et accepte avec joie…

De retour à l’hôtel, je pars pour une heure de snorkelling. Vingt minutes de bateau et nous voici au niveau de la barrière de corail.
L’Île Maurice est entourée d’un lagon protégé par cette barrière. En-deçà l’eau est calme, en-delà c’est la grande mer… Le ciel est dégagé et les eaux sont claires. Les coraux sont de teintes blanche, beige et marron. Les poissons nombreux. Certes, ce n’est pas le corail multicolore des Philippines, mais c’est déjà beau et le silence subaquatique m’absorbe. Ici, comme sur l’île de Popolototan ou à El Gouna en Egypte, c’est un monde en suspens, hors du temps que j’admire. Je prends plaisir à suivre un poisson ou un autre…

Déjà, le dîner, je reprends alors la lecture de mon auteur haïtien préféré qui m’accompagnera pendant quelques repas encore. « Je suis un écrivain japonais » écrit par le Caribéen Dany Laferrière me paraît tout à fait approprié pour ce non-voyage en Namibie devenu découverte d’une île de l’Océan Indien… Comme à chaque lecture de Dany Laferrière, je me régale de son style et de ses aventures !

Je m’apprête à rejoindre ma chambre après cette journée bien remplie, et je croise un concert en plein air, où musiciens et chanteur sont installés à proximité d’un brasero. Un énorme coussin me tend les bras, que ce « luxe authentique » de l’hôtel est plaisant…
J’écoute mes premiers morceaux de Séga, mais aussi de Seggae – mix de Séga et Reggae – et me régale de ce moment précieux. Le Séga, je vous en reparle très bientôt…
J’apprends à la fin du concert que le groupe se nomme Lively Up, et que Lionel Permal, le chanteur, est réputé à Maurice.

Je vous laisse en musique avec le morceau Angela de Lively Up…