La scène se passe au Mali. Le responsable d’un centre culturel est harcelé par des fonctionnaires corrompus et idiots. Une jeune vendeuse tombe sous le charme d’un garçon des rues qui, muet, a la danse pour seul (et magnifique) moyen d’expression. Une mama passe des grigris traditionnels aux dieux chinois sans oublier le dieu marketing.
J’ai ri et j’ai été touchée par ce spectacle hors norme, hors cadre. Jusqu’alors, je connaissais et étais fan de la danse du Mali et de sa musique, mais du théâtre malien, je n’en avais jamais entendu parler. Je peux maintenant dire que je l’apprécie!
Théâtre, danse et rap font de Ala Te Sunogo une farce savoureuse et drôle, une critique acerbe contre un Mali corrompu dont la jeunesse ne veut plus. Sur scène, les fonctionnaires en prennent pour leur grade. On voit un Mali qui va mal. Mais on voit aussi et surtout une énergie, une créativité et une force qui rendent optimistes et nous disent, à nous public, et espérons le bientôt à la face du monde, qu’un autre Mali est possible…
En faisant des recherches pour cet article, j’ai appris que cette pièce fut malheureusement prémonitoire pour la compagnie Blonba qui porte ce spectacle. Basée à Bamako, elle a dû cesser ses activités à la suite du coup d’État de mars 2012… Pour en savoir plus sur ses actions, rendez-vous sur le site de la compagnie Blonba.
J’ai aussi appris de quel genre était inspiré cette pièce de théâtre: le Koteba. Il s’agit de farces burlesques de critique sociale jouées dans les villages reprises dans les années 1980 par les comédiens du théâtre national du Mali, adaptés à la scène puis à la télé. Ils créèrent notamment un spectacle intitulé Bougouniéré. Le rôle titre, une bonne rurale et drolatique, fut interprété par Diarrah Sanogo, qui devint une célébrité nationale. En 1999, la compagnie BlonBa redonne vie au personnage dans « Le retour de Bougouniéré » qui connaitra un grand succès. Cette actrice est un personnage central de Ala Te Sunogo.
Pour voir le Mali différemment, mais aussi et surtout pour passer un beau moment entre humour et réflexion, entre poésie et franc engagement, ne manquez pas Ala Te Sunogo.
Mise à jour du 9 mars 2014: cette pièce est rejouée jusqu’au 30 mars 2014 au Grand Parquet à Paris.
Pour prolonger le voyage, lisez sur Rue 89 la lettre du directeur de la compagnie Blonba au moment de la fermeture du centre culturel à Bamako.
Je crois que c’est un trait de caractère que l’on retrouve chez tous les maliens, de l’humour et de la revendication. J’avais des amis maliens à la fac qui étaient très critiques envers leur pays, mais d’un autre côté ils lui portaient un amour infini. Cette représentation devait en tout cas très plaisante à voir 🙂
C’est bien de nous communiquer la culture de l’autre. Vous m’avez donné l’envie de voir ce spectacle. Merci pour le partage 🙂
C’est génial de parler des pièces de théâtre confidentielles comme celles-ci, particulièrement quand elles portent un vrai message.
Très beau pays et un peuple formidable. Nous avons eu la chance de passer quelques jours à Bamako, il y a 3 ans. L’accueil fut génial et nous avons pu partager un peu du quotidien d’un famille malienne.
Dommage que nous soyons en province car nous aurions volontiers été voir cette pièce. Tant pis….
@ Frédéric: humour et revendication… je n’avais pas vu ça sous cet angle comme trait de caractère général. Intéressant!
@ kaizen: avec plaisir!
@ Nathalie: le message était vraiment intéressant ici!
@ coralie: je n’y ai pas encore été pour ma part, mais c’est tout en haut de ma liste, dès qu’un accalmie politique pointera son nez…
Merci pour ce super article ! J’ai vécu au Mali quelques mois et c’est vraiment un pays que je recommande, les gens sont vraiment très accueillants et c’est toujours un plaisir de lire de tels articles sur ce si beau pays.
Merci Anne!
Je pense que le Mali, les Maliens et la culture malienne auront de plus en plus de place en ces colonnes 🙂