Finir un voyage en Egypte : la grâce du Sinaï et la gratitude du Caire…
Sep 05, 2023 Egypte No responses

Je suis partie en Egypte le printemps dernier, pour une mission pour les guides Petit Futé. Mon journal de bord est partagé en quatre parties, le début du récit est ici, la deuxième partie est ici, la troisième est là et voici le dernier épisode.

Samedi 27 mai, Nuweiba, Sinaï

Nous voici, Estelle, Hesham et moi, face à la mer Rouge, dans une guest house ambiance baba cool en bord de mer donc – le changement d’atmosphère est radical.

J’ai profondément dormi cette nuit, au pied des montagnes de Sainte-Catherine. Ce matin, nous prenons tous les trois le petit déjeuner dans le village, chez Ramadan où nous avions dîné la veille. Mohammed mon guide-loup qui a dormi chez lui la veille, nous fait le plaisir de revenir auprès de nous quelques instants.

Je l’observe en détail dans la lumière du matin. Je note ses traits pour ne jamais les oublier, ils sont tellement doux. Le teint caramel, des yeux si fins, noisettes effilées, des yeux de loup, un visage longiligne qui m’inspire tant la sérénité. Nous parlons peu, comme lors des dernières heures passées ensemble. Il remarque pourtant mes nouvelles boucles d’oreilles : ça me touche, car je lui ai dit la veille que j’en avais perdu une d’une autre paire sur la montagne. Il en a déjà parlé à un ami bédouin, ils vont la chercher. S’il retrouve ma minuscule boucle orpheline, je lui promets, je viens la récupérer. Je comprends ici sa finesse d’observation : il converse peu et observe tant – une toute autre lecture du monde.

Nous arrivons au monastère Sainte-Catherine. Souleymane sera notre guide pour visiter ce lieu sacré. Il est Bédoin lui aussi. Il nous invite à grimper sur la montagne face au monastère et nous raconte l’histoire de Sainte-Catherine.
Il commence par le tout début : l’histoire de Moïse, celle de Sainte-Catherine elle-même puis nous détaille l’importance de telle partie du monastère… Souleymane est passionnant et passionné, il me livre exactement ce qui me manquait de compréhension de ces lieux sacrés depuis les quelques jours que je m’y promène.

Le pied à peine posé dans l’église Sainte-Catherine, je sens la puissance, le sacré, la spiritualité, la force de Dieu en ce lieu. Quelques minutes plus tôt, Souleymane m’a expliqué l’importance de la Mosaïque de la Transfiguration. Elle est face à moi, je m’agenouille, les larmes coulent, un torrent de larmes me lave, l’amour déborde. Je réalise le pardon nécessaire, ressens un profond amour pour toutes celles et ceux que je connais. Les larmes coulent encore.
Je sors voir l’arbre qui serait le véritable buisson ardent et trouve l’endroit bondé de touristes.
Je reviens prier devant l’église, les larmes continuent de couler. Je suis touchée par la Transfiguration. Je le ressens si nettement : que chaque être aime, puisse laisser paraître sa face divine, que chaque être humain puisse être transfiguré. Je prie, je pleure, je prie, je pleure. Longtemps. Je le réalise plus tard : j’ai été touchée par la grâce de Sainte-Catherine.
Oui, c’est bien cela un instant de grâce…

La journée continue pourtant. Je remercie du fond du cœur Souleymane et nous prenons une route extraordinaire qui nous mène de Sainte-Catherine à Nuweiba : rouge, ocre, sable blanc, ambiance d’autres mondes.

Lundi 29 mai, Dahab, Sinaï

Ces deux derniers jours dans le Sinaï côté mer Rouge ont été si différents des journées dans le Sinaï côté montagnes bibliques…
Nuweiba est plantée en bord de mer : belles plages, fonds marins à tomber, ambiance chill comme on dit ici pour parler de détente… Au camp Darya, je découvre les touristes égyptiens en mode vacances : des femmes voilées, d’autres en habits si courts – ce mélange fait du bien. Le lendemain matin, je m’offre une session travail avec vue sur mer. Vers 13 h, des dauphins sautent à quelques dizaines de mètres du bord de plage à peine. Estelle et moi empruntons un bateau qui se dirige vers eux avec deux Égyptiennes. Nous verrons les cétacés d’assez près, sans pour autant les gêner : ils viennent et repartent à leur guise… Que ce contact avec l’élément marin fait du bien !
Nous arrivons ensuite à l’écolodge Basata. J’ai un si bel échange avec Chérif, le fondateur du lieu et pionnier du tourisme responsable au Sinaï et en Égypte. Passionné et visionnaire, il m’inspire grandement, nous partageons un bon moment.

Je rejoins Dahab en fin d’après-midi et la première impression sur cette ville me laisse mitigée. J’y retrouve trop de touristes en mode backpacker qui paraissent des clones les uns des autres, je me sens dans une sorte de Chiangmai égyptienne. Cette première impression sera défaite le lendemain : la ville est certes internationale, mais elle n’a pas perdu son âme. Elle est en réalité à la fois tournée vers la mer Rouge, vers les montagnes et vers l’international. Les habitants de Dahab que je rencontre sont charmants et accueillants, les Bédouins sont nombreux, ils semblent fiers de leur culture aussi. Par le vent de liberté et d’ouverture sur le monde qui y souffle, Dahab me fait l’effet d’une exception, une parenthèse en Égypte.

Ce matin, le réveil sonne à 5h15 – une session rock climbing nous attend. Ce n’est qu’en bas de la falaise de granit que je réalise ma peur : je m’apprête à escalader 12 à 15 mètres de cette paroi d’une vingtaine de mètres. Le moment est hors norme, le silence est absolu, Hesham est un excellent passeur, il cite même le Coran pour nous connecter au sacré de l’instant présent. Je monte, mieux que je n’aurais cru, je tombe une fois pour mieux remonter.
J’aime la sensation de poussée mêlée au corps à corps nécessaire avec le granit… Après avoir arpenté avec effort les deux parois prévues pour nous en cette matinée, je tente une escalade pieds nus. L’impression de regarder la roche du bout du pied est délicieuse. Hesham m’offre ici une connexion inattendue et délicieuse avec les montagnes qui parlent tant à mon âme… Quel cadeau…


Mercredi 31 mai, quelque part au-dessus de l’Afrique

Il semblerait que cette fois-ci ce soit la bonne : j’ai quitté l’Égypte après les 48 incroyables dernières heures…

Je laisse le Sinaï le cœur gros. Il s’est passé tellement de choses sur ce territoire : j’en repars littéralement différente de comment j’y suis arrivée. J’en repars régénérée, marquée profondément par ses roches de granit, ces lieux sacrés, mes compagnons de route, mon guide-loup en tête. Gratitude immense.

J’arrive tard au Caire. Mardi matin débute ma dernière journée de mission. Je rencontre une nouvelle guide francophone Fafi et je le réalise très vite, devant les beautés du Musée égyptien que j’arpente pour la seconde fois : Fafi est reliée à son cœur et a une grande pratique spirituelle. La connexion est immédiate entre nous…
À midi, Cherif de l’agence Cheops Travel nous rejoint pour déjeuner, je ressens une immense gratitude pour sa si belle personne. Il est tellement généreux, tellement droit, tellement fiable. Je suis heureuse de le connaître, d’autant plus que c’est grâce à lui que j’ai pu honorer cette mission Petit Futé car il m’a soutenue dans l’organisation de la majeure partie de ce voyage. Merci à toi, cher Cherif, que cette générosité te soit rendue…

Je repars pour une petite balade en felouque au fil du Nil. De longues et profondes discussions avec Fafi et c’est déjà l’heure de prendre mon vol pour Paris… que je ne prendrai finalement pas en ce mardi soir : cinq heures d’attente à l’aéroport pour apprendre que l’appareil est défaillant et finir dans un très bel hôtel où je m’endors comme une pierre à une heure du matin.

Le lendemain, j’appelle Fafi au réveil : je sais qu’elle n’habite pas si loin de ce quartier. Elle me rejoint en honneur d’une amitié que nous ressentons déjà l’une pour l’autre… Nous partageons un café et une si belle discussion.
Je repars déjà à l’aéroport et l’Égypte, qui n’a pas fini de me surprendre, m’offre un dernier cadeau : au comptoir d’enregistrement, je tombe nez à nez avec Salomé, l’amie franco-égyptienne malvoyante de mon père croisée, quelque temps plus tôt à Paris. Elle est aussi naufragée aérienne. Je ne l’ai vue qu’une fois en France auparavant, mais nous passons deux heures et demie à discuter sans discontinuer. Elle est copte pratiquante, cette tradition qui m’a tant marquée ici. Salomé a surtout une belle pratique spirituelle et nous échangeons tant et tant. Une merveilleuse rencontre bonus pour clore un merveilleux voyage…

***
A nouveau, un immense choukran à Cherif de Cheops Travel qui m’a aidée dans l’organisation de ce voyage. Je vous recommande les services de cette agence, si vous aussi vous souhaitez arpenter l’Egypte…
Merci aussi à à Hesham et à Estelle dont les services et amitiés furent tout aussi précieux…

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