Les impressionnantes splendeurs de la Haute-Egypte
Août 14, 2023 Egypte No responses

Voici enfin les pages du journal de bord de mon dernier voyage. Je suis partie en Egypte le printemps dernier, pour une nouvelle mission pour les guides Petit Futé. Ce journal sera partagé ici en quatre parties…


Mardi 15 mai, pont du bateau Nil premium.

Lundi, j’arrive enfin en Égypte. Je quitte la France et l’épreuve que je traverse où tout est à l’envers, cul par-dessus tête, inversé, injuste, injustifiable. Je souhaite au contraire me souvenir pour toujours de ma première rencontre avec les pierres de l’Égypte antique.

Au temple de Karnak, tout me paraît si grand. Impressionnant, ce mot semble créé pour l’occasion. La série de sphinx à tête de bélier, parfaitement conservés, me laisse songeuse. Impressionnant, je le répéterai tout l’après-midi. La forêt de si hautes colonnes (134 en tout) le détail des bas-reliefs, toute l’histoire, les croyances, la vision du monde enfermée en cette pierre depuis trois millénaires. Je suis sous le choc.
Il fait chaud, il y a beaucoup de gens et pourtant je suis impressionnée comme jamais. Je suis parfaitement accompagnée par Guirguis, mon guide natif de Louxor et francophone qui me décrypte ces pierres pour moi seule. Je mesure ma chance et en profite à chaque instant.

Je découvre le temple de Louxor dans la chaleur plus tiède du soleil descendant. De l’extérieur, il paraît moins imposant. Et pourtant. La majesté se décline en nombre ici aussi. Ramsès II représenté en plusieurs colosses semble veiller éternellement sur l’endroit. Les décors sont plus superbes les uns que les autres.
Puis je la vois, cette statue avec qui je crois avoir rendez-vous : Ramsès II, en colosse encore, en position de paix avec un visage parfaitement conservé. Un visage si paisible, un léger sourire dessiné sur ses lèvres au tracé admirable. Une telle sérénité émane de lui. Elle semble m’apaiser à sa simple vue. J’en ai tant besoin de paix et de sérénité.

Ce matin, direction la Vallée des Rois. Mythique haut lieu de mythiques découvertes, dont le tombeau de Toutankhamon est la pièce la plus célèbre… L’air est brûlant. Il y a du monde, vraiment beaucoup parfois. Pourtant c’est magique. La conservation des couleurs, les milles et une histoires qui nous atteignent aujourd’hui par la puissance de leur art. Je ne sais rien ou presque et je suis pourtant subjuguée. Guirguis me partage les grandes lignes des quelques tombes que je pénètre, j’imagine un brin du reste.
Majesté, majesté, majesté.
Je conspue les touristes impolis qui braillent dans ces lieux de repos éternel. Mais la magie ne peut que me toucher malgré tout.
Le temps d’un café, je m’adosse à une roche moins fréquentée de touristes irrespectueux. J’appelle l’esprit ou plutôt les esprits de la montagne pour parvenir à réparer mon cœur et mon corps brisés, à l’image de ce Kintsugu japonais dont l’idée m’a tant marquée. Et ça marche, je me sens tellement mieux après, comme réunie, apaisée.
La Vallée des Reines ensuite, dont je verrai deux tombes. Celle de Titi, où je me retrouve entièrement seule. Je médite encore au milieu de ces images de dieux. Puis vient la tombe du Prince. Je suis touchée par le souvenir de cet homme mort trop jeune, que son père accompagne dans son voyage vers l’au-delà…
Je partage avec Guirguis un très bon déjeuner avec vue sur Nil à l’Africa et déjà nous embarquons. Notre croisière démarre.


Mercredi 17 mai, pont du bateau Nil premium.

Enfin, je décroche et je sens mes soucis à distance. Enfin, je me reconnecte à moi-même et à mon énergie de vie.
Sur le bateau, la croisière vogue depuis plus de 24 heures. Qu’il est agréable de voir le Nil et ses berges filer et défiler devant moi ! Le rythme de la navigation est tellement doux, moi qui ai tant et tant besoin de douceur.
Ce matin, nous partons en calèche pour le temple d’Horus. Superbissime, il est pratiquement conservé dans son ensemble, je suis fascinée par sa magnificence. On peut voir près de 18000 hiéroglyphes, m’apprend Guirguis. Leur conservation est quasiment intacte, je pourrais passer des heures à les contempler et à essayer de percer la beauté de leur mystère.

Après quelque temps en bateau, nouvelle escale à Kôm Ombo et son temple dédié au dieu crocodile. Il est moins bien conservé, mais son aspect en partie détruit me touche, m’émeut.
Là encore, les hiéroglyphes me parlent, m’appellent presque malgré une chaleur écrasante.
Et c’est là que je comprends. Les hiéroglyphes me touchent tant, car ils incarnent ce rêve qui me tient plus que tout à cœur : que mes écrits atteignent le plus grand nombre… ici certains écrits parlent depuis trois millénaires…


Vendredi 19 mai, pont du bateau Nil premium.

Mercredi, nous voguons longuement sur le Nil et arrivons à Assouan au moment du dîner. Je m’offre une balade nocturne sur le Nil, une des balades les plus agréables qui soient.
Jeudi, nous partons sur un plus petit bateau sur le Nil. Les bords du fleuve sont plus sauvages. Je vois beaucoup d’oiseaux au fil des flots.
Lors de la création du barrage d’Assouan et de la mise en eau du lac Nasser, des Nubiens ont été relogés ici, ces habitants de la Nubie, la région de Haute-Égypte autrefois frontalière du Soudan. Je me balade dans l’un des villages peu touristiques en bord de Nil. Les Nubiens qui vivent ici semblent mener une vie tranquille. Je leur demande s’ils apprécient leur nouveau quotidien ici, délocalisé si loin de leurs villages d’origine, aujourd’hui submergés par les eaux du lac Nasser, la réponse est limpide : ils se sentent même mieux que dans leurs anciennes habitations, plus vétustes, plus pauvres et plus éloignées du Nil aussi.
Départ pour une petite plage de sable où je pique une tête, première fois que mon corps foule l’eau du Nil. L’onde est tellement douce. C’est un bonheur immense que d’y tremper longuement…

Je passe ensuite un délicieux moment en terrasse de l’hôtel Old Cataracte. L’endroit est à tomber : un bar digne d’un film des années 1930 et surtout une terrasse avec vue sur Nil, tout simplement idéale pour regarder le disque solaire plonger dans le fleuve. Car oui, ici le soleil est un rond parfait au coucher et je comprends tellement mieux les représentations de Râ et des autres dieux sur les sculptures ou peintures des temples.

Je pars ce jour pour le haut barrage d’Assouan et le lac Nasser et ses dimensions impressionnantes, c’est le lac artificiel le plus grand au monde. Ces immenses infrastructures ont été construites pour maîtriser les crues du Nil. Je découvre ensuite le temple de Philae, dédié à Isis et Osiris. Il a été déménagé dans son ensemble en 1974, alors que l’île de Philae risquait d’être submergée par les eaux du lac Nasser. Travail pharaonique, qui a nécessité, comme pour d’autres sites de la région du concours de l’Unesco et de plusieurs pays. À Philae encore, les hiéroglyphes me parlent comme jamais. Au point d’avoir même envie de m’initier à leurs études un jour, peut-être.


Samedi 20 mai, depuis un fast food du Caire.

Grosse, grosse fatigue. Je suis partie épuisée de Paris, je ne dors guère que trois à quatre heures par nuit depuis le début de mon séjour égyptien et la dernière nuit dans le train entre Assouan et Le Caire a eu raison de ce qu’il me restait d’énergie. À moins que ce ne soit le changement de rythme, passer de la Haute-Égypte sur mon bateau à la capitale me demande de m’adapter et je sens que l’énergie manque…
Je passe donc une nuit mouvementée dans un train plutôt sale, vieux et qui remue beaucoup. J’apprécie tout de même les paysages superbes : coucher de soleil puis aurore avec vue sur le Nil. Splendide.

Ce matin je rejoins Maggie, ma nouvelle guide francophone. Une femme dans une cinquantaine rayonnante, dynamique, je me sens bien en sa compagnie.
Nous visitons une partie du Caire copte, une partie du Caire islamique, ça change radicalement de l’Égypte des pharaons…
Dans l’église Saint-Serge, je découvre que Jésus, Marie et Joseph ont vécu trois ans en Égypte et trois mois précisément dans cette église-ci. Le sacré de l’endroit m’émeut.
Calme et sérénité m’assaillent dans la plus grande mosquée du Caire, il y a si peu de monde, la lumière y est si forte, je me sens bien.
La fin de cette journée belle et dense fait ressortir toute ma fatigue.

La suite de ce journal de bord arrive très bientôt…

***
Un immense choukran à Cherif de Cheops Travel qui m’a aidée dans l’organisation de ce voyage – sans lui, rien n’aurait été possible ! Je vous recommande chaleureusement les services de cette agence, si vous aussi vous souhaitez arpenter l’Egypte…

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