Une vie bouleversée d’Ettie Hillesum m’a émue et touché en plein cœur.
Depuis que je l’ai lu, mon regard sur notre situation actuelle a changé. Ce livre devrait être enseigné dans toutes les écoles, tant Etty Hillesum nous donne une superbe leçon de vie. J’ai adoré Une vie bouleversée et conseille à chacun de vous qui lisez ces lignes de vous le procurer.
Si vous n’en avez jamais entendu parler, voici ce qu’en dit la quatrième de couverture : « De 1941 à 1943, à Amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal. Le résultat : un document extraordinaire, tant par la qualité littéraire que par la foi qui en émane. Une foi indéfectible en l’homme alors qu’il accomplit ses plus noirs méfaits. Partie le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d’où elle envoie d’admirables lettres à ses amis, Etty Hillesum meurt à Auschwitz le 30 novembre de la même année. »
Alors que l’autrice vit ce qui s’avère être un des pires calvaires que l’humanité a connus, elle arrive à trouver en elle des ressources pour vivre cette situation en femme intègre, mais aussi dans la joie. J’y ai trouvé beaucoup d’espoir, pour la vie en général et aussi pour relativiser notre situation présente. Si une personne a réussi à vivre ces pires épreuves avec tant de grâce grâce, je peux aussi moi-même faire face aux petits désagréments du moment – chômage partiel, port du masque ou arrêt de mes activités chéries en ce qui concerne très directement mon quotidien – ainsi qu’aux plus grands qui suivront peut-être.
J’ai aussi particulièrement aimé cette lecture car c’est un journal intime, qu’elle ne pensait pas publier, et elle se livre en toute simplicité. On suit son évolution intérieure, à partir de sa rencontre décisive avec Julius Spier, qui pratiquait la psychochirologie, une forme de thérapie que Gustav Jung, dont il a été l’élève puis le collègue, lui a recommandé de développer.
Etty Hillesum a réellement su bâtir un art de la joie au milieu du chaos. Mes mots ne pourront pas rendre justice à ce témoignage porteur d’une telle joie et d’un tel espoir. Je préfère partager quelques-unes des très nombreuses citations que j’ai relevées pendant la lecture :
« L’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ; regarder la mort en face et l’accepter comme partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie. A l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée, méritant à peine le nom de vie. Cela semble un paradoxe : en excluant la mort de sa vie, on se prive d’une vie complète, et en l’accueillant on élargit et on enrichit sa vie. »
« On est chez soi. Partout où s’étend le ciel on est chez soi. En tout lieu de cette terre on est chez soi, lorsqu’on porte tout en soi. »
« Penser, c’est (…) retrouver le contact avec un petit morceau d’éternité. »
« Les pires souffrances de l’homme sont celles qu’il redoute. (…) Car le grand obstacle c’est toujours la représentation et non la réalité. La réalité on la prend en charge avec toute la souffrance, toutes les difficultés qui s’y attachent – on la prend en charge, on la hisse sur ses épaules et c’est en la portant que l’on accroît son endurance. »
« Notre unique obligation morale, c’est de défricher en nous-même de vastes clairières de paix et de les étendre de proche en proche, jusqu’à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y aura de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition. »
« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. »
« Cet après-midi, regardé des estampes japonaises (…) c’est ainsi que je veux écrire. Avec autant d’espace autour de peu de mots. »
« Pour humilier, il faut être deux. Celui qui humilie et celui qu’on veut humilier, mais surtout : celui qui veut bien se laisser humilier. »
« Les instruments de la souffrance importent peu, ce qui compte c’est la façon de porter, de supporter, d’assumer une souffrance consubstantielle à la vie et de conserver intact à travers les épreuves un petit morceau de son âme. »
« Utilise à bon escient chaque minute de ce jour, fais-en une journée fructueuse, une forte pierre dans les fondations où s’appuieront les jours de misère et d’angoisse qui nous attendent. »
« Cette vie s’accomplit sur un théâtre intérieur : le décor a de moins en moins d’importance. »
« Ce qui importe ce n’est pas de rester en vie coûte que coûte, mais comment on reste en vie. Toute situation nouvelle comporte en soi la possibilité d’enrichir l’homme de nouvelles intuitions. »
Je ne peux que vous conseiller la lecture de l’ensemble de ce livre : un vrai baume à l’âme dont nous avons tous besoin !
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