Un nouveau type de billets débute aujourd’hui: des compte-rendus de films chinois… Epouses et concubines de Zhang Yimou est un des premiers films marquants que j’ai vu sur la Chine, il y a quelques années de cela. Plongée dans la Chine impériale avec une question cruciale: quelle place pour les femmes dans une société traditionnelle centrée autour de l’homme ?
Chine du Nord, années 1920. Une jeune femme accepte de devenir la quatrième épouse d’un homme riche. Le réalisateur suit l’évolution de cette jeune fille de 19 ans pendant quatre saisons. Les épouses vivent recluses dans une demeure, isolées du reste du monde. L’année est rythmée par les intrigues, les mensonges et les trahisons des femmes entre elles ; leur but principal étant d’attirer les faveurs nocturnes du maître afin de régner sur la maison le jour.
Jusqu’où cette course aux faveurs peut-elle aller ? au-delà de l’imaginable… Ici, les apparences et le respect des traditions comptent plus que l’être humain.
Toute la poésie du film de Zhang Yimou est basée sur la symétrie. Nous assistons à un spectacle de la beauté sous tous ses angles : beauté architecturale dans une Chine impériale comme on n’ose même plus la rêver, raffinement des habits et des drapés, parallélisme des plans, choix parfait des couleurs… La beauté humaine est aussi présente : celle des visages, la grâce des épouses, la douceur des chants.
Pourtant, la plus grande des laideurs est aussi là, dans le for intérieur de certains personnages. Grâce, horreur, harmonie et désespoir se côtoient.
Le point fort de ce film est la force de son message : la dénonciation de la place de la femme dans ces sociétés traditionnelles patriarcales est parfaite.
J’ai découvert avec ce film le magnifique esthétisme de Zhang Yimou, que j’ai senti parfois un peu artificiel, mais que j’ai retrouvé de manière plus fine dans ses films suivants...
Epouses et concubines, réalisé en 1991, est le quatrième de la quinzaine de films aujourd’hui à l’actif de Zhang Yimou. Il est alors sorti depuis moins de dix ans de son école de cinéma, la Beijing Film Academy. Né en 1950, Zhang Yimou a en effet arrêté ses études pendant 10 ans à cause de la Révolution Culturelle.
C’est avec ce très beau film que Zhang Yimou atteint la reconnaissance internationale en recevant le Lion d’Argent au festival de Venise.
J’avais moi aussi beaucoup aimé, même si j’y voyais aussi une critique de la chine d’aujourd’hui et des nombreuses concubines modernes, les maîtresses.
A ce propos, je vous conseille un très bon article du Courrier International du 11/09: « Les puissants renouent avec les beautés vénéneuses ».