Un mois au Sénégal – De mangrove, d’âme et de baobabs
Avr 07, 2025 Sénégal No responses

Voici la seconde partie de mon journal de bord…
Je suis au Sénégal, le stage de danse est terminé et je m’apprête à partir vers le Sine-Saloum…

23 juillet

Je traverse encore tant de troubles… la période est si intense pour moi depuis longtemps déjà…
La seule et unique option : revenir en mon cœur encore et encore. Avec douceur, sans urgence, sans radicalité. Mais je ressens l’absolue nécessité de revenir en mon cœur. De rester le centre de ma vie. D’être le personnage principal de ma vie. Et si l’enseignement était là ? Quoi que je ressente, observer et rester dans le centre de mon cœur. Toujours. À chaque instant.
« Incarner la femme sacrée et libre que je suis » doit rester le centre de ma vie – comme tout un chacun pourrait le faire, devrait le faire.
Rien d’autre n’est à précipiter.

Je quitte Dakar sur ces réflexions…

26 juillet, depuis l’hôtel La source aux lamantins

Perfection de l’instant. Perfection absolue même. Assise sur le ponton de l’hôtel, face au fleuve, seule, devant cette table en bois brut. Le clapotis de quelques vagues, des oiseaux qui plongent pour pêcher, le bruissement des insectes dans la mangrove, le chant plus perçant de certains oiseaux.
Les petits oiseaux blancs ou argentés, les moyens, proches des canards, les cormorans, les cigognes, les papillons majestueux aussi. Les palétuviers vert vif, les palmiers. Les cieux emplis de nuages. Dégradés de blanc, gris et bleu délavé qui se perdent dans le miroir de l’eau. Ponton tout en bois, légère brise et supportable chaleur. Instant divin. Instant parfait, profonde gratitude.
Merci mon âme. Honneur que de t’accueillir en ma personne. Grande âme, grande dame, grandeur d’âme. Rester dans le cœur. Le cœur de mon être, de mon âme, de Dieu, de la Vie.
N’agir qu’à partir de là. Y rester en méditation, contemplation aussi souvent que possible. Être dans la réceptivité, l’accueil de ce qui est. Tout en ayant conscience de ma valeur. Rester dans ma totale verticalité, en lien avec Dieu.
Simplement revenir en mon cœur et me souvenir de qui je suis, de qui est mon âme, de son infinie étendue. Simplement me souvenir que tout est là. Que la vérité ne peut être que dans le cœur, le cœur de mon âme, le cœur de Dieu. Tout le reste n’est que théâtre d’ombres. Occasion d’apprentissage et de croissance vers cet infini qui nous définit.

Toubab Dialo : la mer superbe, banc de sable beige sous eau translucide. Hôtel Sobo Dabé où je me sens si bien. L’orage imminent observé le soir depuis la terrasse, le bain de mer dans une piscine au cœur des rochers, y chanter des mantras avec tant de joie… Le déjeuner excellent dans le magnifique cadre du restaurant la « Cabane » trouvé par hasard. Cher et superbe.
Puis retrouver mon ami et agent de voyage Abou Ba. Bien bien discuter avec lui. Du tourisme beaucoup, de nos vies un peu…

Plus tard

Face au fleuve devenu bleu. Calme encore et encore. Les cieux se sont dégagés, l’eau semble si pure, si douce. Bleu sur bleu. La rumeur de quelques habitations, la discussion des rares clients de l’hôtel et surtout, surtout, le son de la nature encore. Oiseaux en tout sens, moins d’insectes maintenant. Des oiseaux surtout.

Cet après-midi je me baigne dans la mangrove. L’eau est douce en température et puissante en courant. À peine entrée dans l’eau, je suis déportée. Le courant est invisible, mais puissant. Juste avant je cherche une source ou des eaux « précieuses » ou sacrées. Un serveur de l’hôtel me dit « la source est sous le ponton. À l’époque, il y avait des lamantins. Ils sont partis à cause du bruit. Mais l’an dernier, un lamantin et son bébé sont apparus dans la source ».
Je demande si l’eau est sacrée. Elle l’est, des gens viennent de loin pour s’y baigner, surtout le vendredi. J’ai trouvé l’eau précieuse dans laquelle me laver de tout ce qui doit l’être. Gratitude. Et joie de sentir le courant onduler sur ma peau. J’accroche mes pieds à la corde et laisse l’eau précieuse glisser sur tout mon corps. Joie. Perfection. Grâce. Harmonie. Des gens arrivent à « mon » ponton. Je sors et vais me baigner plus loin. Je chanterai un mantra pour la Terre sur un nouveau ponton après une dernière planche baignade détente absolue.

Plus tôt, très chouette visite du musée MAHICAO. Surprise inattendue et très belle valorisation de culture d’Afrique de l’Ouest dans ce petit musée privé. De très belles discussions avec la guide Juliette, passionnée de culture, d’histoire et de géopolitique.
Plus tôt encore, longue session d’écriture ici même, sur mon ponton si calme. Regarder le jour décliner en toute douceur. Guetter le moindre son de la nature, reconnaître la pêche des oiseaux au son qu’ils font en fendant l’eau calme. Apprécier chaque seconde qui coule en ce somptueux décor.

27 juillet

Même endroit qu’hier, sur le si calme ponton. À mon arrivée à 9h, le soleil tape fort déjà, eaux limpides, ciel d’azur. Les nuages sortent alors que je discute avec les deux seules autres et sympathiques clientes de l’hôtel. Cieux parsemés de boules de nuages, cotonneux, air un peu plus frais. Ambiance parfaite pour écrire. Et le même fond sonore extraordinaire qu’hier… Et le même paysage extraordinaire. Laisser les douces heures ici s’écouler. Se fondre dans les sons, les sens en alerte. Apprécier l’instant présent intensément.

Chants, cris, ou peut-être appels des oiseaux
Qui volent ou plongent sur ces somptueuses eaux.
Les nuages se déclinent en palettes infinies
Ô mangrove, abondante source de Vie.

Les palétuviers de vos cris bruissent
Flots fendus de becs pêcheurs
Si près des cieux vos chants s’unissent
Précieux oiseaux de la mangrove êtes le cœur

Plus tard, depuis le campement de Faoye

Je voulais revoir des baobabs depuis avant-hier. Depuis que je les ai croisés sur la route entre Dakar et Toubab Dialo. Aperçus de loin, sauf sur la route depuis Mbour où je peux en voir quelques-uns de plus près, enfin, enfin. Je m’arrête un peu avec Abou auprès de l’un d’eux, puis, en sa compagnie toujours, je prends le temps autour du baobab le plus ancien du Sénégal.
Un baobab de 850 ans. On peut y entrer. L’espace de passage est contigu, mais je m’y glisse. Dedans c’est vaste, sombre, mais pas inquiétant. Je prie. Je termine mes vœux et entends une voisine près de moi dans le tronc : une chauve-souris ! Mon vœu sera sans doute exaucé.

Le plus vieux baobab du Sénégal

Mais je n’avais pas encore eu tout le loisir que je souhaitais avec ces arbres. C’est chose faite ce soir.
Arrivée en solo à Faoye, parachutée par le taxi recommandé par La source aux lamentins. L’endroit me plaît d’emblée : simple, à même le fleuve, rustique, sans fioriture. Des enfants et des touristes s’y baignent sous « ma » terrasse, je me joins à eux. Me laisse flotter encore, portée par la douceur du moment.
J’ai un peu de temps avant dîner, je pars en balade, sans attente ni objectif. Je longe le fleuve et j’aperçois les premiers au loin – il y a des baobabs autour du village. Joie, joie. Je me dirige vers un premier, en vois d’autres plus loin. Je continue encore. J’en vois trois qui m’attirent particulièrement. Le troisième du petit groupe sera celui où je m’arrête, je rebrousserai ensuite chemin pour en saluer deux autres qui m’ont tapé dans l’œil.
Je prends mon temps pour ce premier contact tant attendu. Je le contourne en l’effleurant. À l’arrière je ne suis que joie : une forme-évidence me saute aux yeux, le tronc de l’arbre forme une yoni, un sexe féminin. Comme à Madagascar 18 mois plus tôt, la magie se reproduit. C’est inouï. Ici aussi, le premier baobab qui m’attire, me magnétise même, porte le symbole du féminin. Je caresse cette part plus sacrée encore du tronc. Mon corps vibre. Je prie pour lui, avec lui, auprès de lui. Que j’incarne toujours plus mon âme. Que je reste à chaque instant dans le cœur. Que je m’ouvre à recevoir. Inouï. Vraiment, un moment inouï.
Merci mon Dieu, merci la Vie.
Un autre baobab m’a attirée. Une porte semble dessinée en son écorce. Porte vers l’autre monde. Porte vers le monde à l’endroit. Autre monde, monde sacré, je te pénètre et t’honore… Un dernier baobab encore. Je comprends, ou sens, à son abord qu’il ne faut pas que je le touche. Trop chargé peut-être ! Je rebrousse chemin.
Âme je t’entends. Je suis joie et gratitude pour ce signe inouï. Merci la Vie…

28 juillet

Table de mon petit-déjeuner, meilleur endroit pour prendre la plume. Les oiseaux piaillent tant et tant. Les stars de mon voyage… Lors de mon plouf de post-réveil, je peux en observer de près. Deux types me ravissent les yeux. Des tout petits à peine la taille de ma main. L’un aux plumes jaunes et l’autre aux plumes rouge bordeaux. Superbe, ça piaille, papote, chante, crie, appelle, invective sans fin !
Vue sur le ponton de bois, à deux pas de l’espace repas en plein air du campement. C’est le ponton du village, il est bien animé. Hier, alors que le jour tombe, plusieurs jeunes hommes à cheval y viennent tour à tour pour rafraîchir ou laver leur monture. L’homme comme la bête y prennent un plaisir évident. Ils montent à cru, avec grande facilité. Complicité, puissance et fluidité émanent de ce moment de quasi-intimité. Ce matin, le ponton est animé encore, une pirogue est remplie de matériel qui servira à « construire un jardin » me dit-on. Ça s’anime, s’interpelle, ça charge, ça se repose. Ça me regarde un peu, mais pas trop, je suis la seule Toubab qui reste attablée …

Retour sur ma méditation ce matin. Je retrouve « mon » baobab féminin. Je m’assois près de la yoni. Et chante le mantra « Om Ma Wa ».
Méditation yeux fermés, puis ouverts. Je vois alors un varan dans le champ face à moi. Il furète, grignote, prend son temps. Semble me voir. Viens vers moi. « Tu es un varan » ces mots prononcés par une amie pleine de spiritualité quelques semaines plus tôt résonnent étrangement. Que le varan apparaisse au cœur de ma méditation où je suis si centrée n’est pas un hasard. Image de ma propre puissance. Un signe s’il en fallait un. Instant plus que sacré. Magnificence de l’instant.

29 juillet

8h45
Hier, je médite sur la gratitude. Puis je m’offre un petit tour dans le village. C’est gai et simple. Autour, des champs parsemés d’arbres. Dans le village, quelques rues de sable rouge. Tout est calme en cette fin de journée. « Toubab Toubab ! » Je ne passe jamais aperçu. Je croise un puits puis en second « il y a de l’eau partout ici » me dit-on. Retour au campement.

Je suis inspirée par les baobabs…

Baobabs sacrés. Anciens. Troncs tordus. Écorce rugueuse. Silhouettes uniques. Porteurs de tant de vie. Messagers de tant d’esprits, de tant d’espoirs.
Baobabs sacrés. Recherchés, aspirés, adorés, vénérés, tant aimés, tant priés. Baobabs recherchés. Baobabs trouvés, retrouvés, priés, magnétisés, écoutés, caressés. Baobabs porte vers mon âme, porte vers l’ailleurs, vers l’ici-bas, vers l’au-delà, vers le très haut, vers le très bas, vers moi. Baobabs tant aimés.
Baobab de Mada qui m’a tant appris sur moi. Grâce à toi, j’ai remis mon monde à l’endroit, j’ai mis un terme à la mascarade de mon passé.
Baobab de Faoye, tu as aussi su me parler. Tu m’as appelée. Tu m’as montré un similaire signe. Une yoni sacrée. Baobab principe féminin sacré. La suite de l’histoire s’écrit ici et maintenant. Ton tronc s’est noué en une vulve sacrée. Je t’ai caressée. Contre toi, je me suis lovée. Je t’ai cajolée. Comme j’ai aimé être caressée et cajolée. Je suis revenue chanter et méditer devant la faille sacrée. Et un varan, animal totem – miroir de mon âme sacrée, est venu me saluer. Baobab de Faoye, principe du féminin sacré, tu as su me révéler.
Je suis venue me présenter, te vénérer et me révéler à tes pieds.

Baobab, arbre sacré
là-bas mère de la forêt
ici porteur d’esprit vénéré.
Baobab, devant ton tronc adoré,
je suis venue me révéler.

Messager des esprits, porteur d’espoir
Baobab sacré, ton âme a su me voir
aimé, caressé, cajolé, toi mon miroir
Baobab sacré, à ton pied s’écrit mon histoire.

Une si belle balade en pirogue ce matin. Nous partons filer sur le fleuve Sine ou peut-être Saloum.
9h30, il fait chaud déjà. Le ciel et l’eau laiteux et l’eau l’est tout autant. La pirogue et de bois bleu, blanc rouge. Le pilote est discret, il ne prononcera pas cinq phrases en près de trois heures. L’heure est à la contemplation. Je veux me laisser absorber par le paysage.
Le ciel et le fleuve sont laiteux cotonneux. Nulle âme à part notre pirogue, poissons et oiseaux. Le fleuve est vaste. Au loin les berges, vertes, sableuses ou arborées. Elles servent parfois de ligne de démarcation – horizon entre eaux et cieux. D’autres fois, les berges et l’horizon s’estompent, nous plongeant dans l’infini laiteux – cotonneux. Mouettes, cormorans, cigognes et tant d’oiseaux non nommés. Ici aussi les flots se fendent de becs pêcheurs. À deux moments, des bancs de petits poissons argentés sautent hors de l’eau et voguent dans les flots de notre pirogue.

Des papillons piquent vers nous avant de nous éviter de quelques centimètres à de nombreuses reprises. Grands comme trois doigts, leurs ailes jaunes et noires sont majestueuses. Ils égayent notre épopée marine. La marée est forte sur le fleuve, magie de la mangrove, le retour se fera là, entre les bancs de sable.

Tout s’incarne ici, au pied de la yoni sacrée du baobab de Faoye. Ma pleine puissance s’incarne ici. De toutes mes vies passées, de ma vie présente. De chaque instant. De chaque seconde où j’ai été consciente sur le chemin, où j’ai cheminé en conscience. Âme je t’entends, je t’honore, je m’honore et je continue de grandir. D’être. Je suis.

Femme – arbre
Conductrice de l’énergie, de l’énergie de la Terre vers l’Homme, de la conscience des Hommes vers la Terre-Mère.

31 juillet

De riches moments vécus à Faoye. La nature, cadre idéal de ce séjour. Le fleuve, les oiseaux, les baobabs. Le calme si puissant, si présent. Je m’y suis sentie bien. Tellement à l’aise. Chez moi. Tout simplement. Surtout au contact de ce baobab féminin. Les méditations. Les contemplations. La planche. L’instant présent…

1er août, depuis l’avion au-dessus de l’Europe

7h55
J’ai quitté le Sénégal. Incroyable sentiment de bien-être, de sérénité, d’amour…
Quel voyage, quel chemin, que d’apprentissages, que d’émotions vécues…

Gravons cet instant en quelques mots. Mon cœur est plein de joie, plein d’espoir possible, plein d’envie, de gratitude. Gratitude envers moi-même. Envers la Vie. Envers mon âme. Tellement heureuse de tous les apprentissages, dont le plus grand serait « rester au cœur de ma vie », de toutes les rencontres et découvertes voyageuses, de mon apprentissage artistique, de mon lien avec les baobabs, de mes méditations et recherches de présence absolue….

Lundi 29 au soir.
Profonde connexion avec le baobab sacré de Faoye. J’ancre la force et la puissance ressenties. Je fais des réserves pour plus tard. Me vient cette superbe image de ruban de GRS, comme notre destin serait entre nos mains… Ce destin, ce serait à nous de le diriger d’un coup de poignet sur la baguette pour qu’il se déroule au mieux. L’impulsion peut et doit venir de nous, tout en laissant voguer le ruban avec le flot de la vie. Et pour un couple, à nous de mettre une commune impulsion, intention, énergie. Quelle belle image. Le ruban peut rester dans notre main fermé et non déroulé – passe-t-on alors à côté de son destin ? Tout est entre nos mains…

Mardi 30 matin.
Dernière matinée dans le Sine Saloum. C’est doux, simple au présent. Retour au pied de « mon » baobab. Je flâne entre discussions et contemplation. Après le déjeuner, je reprends la route pour Dakar. Deux dernières visites, entre le consternant zoo de Dakar et un petit passage express sur l’île de N’Gor et me voici de retour chez Mamadou. La paire d’heures qu’il me faut pour me préparer, saluer les amis musiciens qu’on entend répéter, dîner et partir.

Le séjour fut si beau, pas de place pour la tristesse ou la nostalgie. Juste pour la joie et la gratitude pour chaque aspect de ce voyage.
Je retrouve enfin mes fils qui m’ont tant manqué dans quelques heures, meilleure motivation pour rentrer, émotions emmêlées aussi.
Nous verrons… À suivre. À vivre.

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