Saisir ou broyer le monde ?
Déc 20, 2011 Voyaaages ! 14

Aperçu dans les rues de Nantes…

Je trouve la première partie de la phrase très juste « Quand il croit saisir un monde, le touriste le broie ».

Et je me sens particulièrement concernée, car autant « voyageuse » que j’essaie d’être, je suis souvent (malgré moi) surtout et avant tout touriste…
C’est parfois dû à une contrainte liée temps: simplement de passage il est difficile de créer les vrais liens qui sont pour moi synonyme de rencontre et par extension de voyage.
Je me sens d’autres fois touriste, car mise dans cette case par le regard de l’autre, l’étranger dont la terre m’accueille, ou même l’Occidental qui connaît mieux ledit pays que moi.
Une petite précision linguistique s’impose, pour l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but de loisirs, un but professionnel ou un but sanitaire.
La plupart des voyageurs que je rencontre essaient de se distancier des touristes. Alors que, sous d’autres cieux, dans l’oeil de l’autochtone il n’y a pas toujours de différence: nous sommes Occidentaux, de passage et de potentiels consommateurs. Et nous sommes plus ou moins sensibles à la folklorisation des coutumes locales avec toute les adaptations et transformations que cela peut entraîner.

Par notre simple présence, nous transformons donc l’endroit où nous passons. D’après cette affiche, pour le pire. J’ai encore bon espoir que l’échange, l’ouverture d’esprit et la bonne volonté peuvent aussi laisser place au meilleur…

Cela vous inspire-t-il, amis lecteurs (que vous soyez voyageurs, ou sédentaires, ou même simples touristes)?

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14 comments on “Saisir ou broyer le monde ?

  1. Voyager, c’est aussi observer le monde sous un autre angle, essayer de comprendre d’autres points de vue, d’autres façons de vivre et apprendre, échanger… Mieux comprendre d’autres cultures permet d’évoluer, de faire évoluer notre monde.
    Les occidentaux touristes ou voyageurs ne broient pas tout !

  2. C’est étrange cette aversion que le voyageur nourrit pour le mot « touriste ». Il le déteste presque autant que le mot « vacance ».
    S’éloigner du cliché touristique c’est vouloir se croire différent, s’imaginer en marge. Pour le voyageur il y a « lui » et puis les autres, tous les autres.

    Alors, le touriste devient la cible de toutes les critiques, le porteur de tous les maux. Il est la cause de tous les problèmes.

    Pourtant ce que le voyageur semble oublier c’est son rôle dans tout cela. Le risque qu’il y a à vouloir s’éloigner de « la masse », a vouloir toujours ouvrir de nouvelles pistes. Tracer un nouveau chemin c’est aussi être sûr qu’il sera emprunté ensuite, encore et encore jusqu’à l’excès. Le voyageur, aussi différent qu’il se veuille du simple touriste abime tout autant si ce n’est plus : en découvrant des endroits, des chemins, il ouvre la voie et condamne chaque lieu a ne plus jamais être « inexploré ».

  3. C’est clair que pour les locaux, il n’y a aucune différence entre voyageur et touriste.

    Après, dans les faits, c’est peut-être différent. Le tourisme est l’une des sources de revenu les plus importantes pour bien des endroits – c’est même la « première économie » au monde, devant toutes les industries de pointe. Je ne pense pas que ça broie le monde, mais plutôt, que ça le transforme – pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, on peut le trouver en Birmanie par exemple, où la présence d’étrangers permettent à la population locale de respirer un peu et d’avoir une fenêtre de liberté à travers les yeux des Occidentaux. Le pire … Pas trop besoin d’exemples, hein ?

    Sinon, elle était pour quoi cette affiche ?

  4. @ Sylvie: je suis bien sûr d’accord avec toi, mais je ne pense que ce soit QUE cela malheureusement…

    @ Gaspard: je te rejoins sur le côté bouc émissaire du touriste du point de vue du voyageur. Mais dire que l’explorateur est celui qui abîme le plus c’est rude. On vit dans un monde ouvert et on ne peut pas aller contre cela non plus. Si on pousse à l’extrême, on arrive à l’autarcie…

    @ Chris: d’acc avec toi…
    Et l’affiche je ne sais d’où elle venait, juste placardée sur une cabine de téléphone comme ça. Et ça ne m’a pas laissée indifférente !

  5. @Ye lili
    Non, bien sûr que ce n’est pas l’explorateur qui abime le plus. Mais c’est la recherche à tout prix de vierge et d’inexploré qui précipite la chute de chaque destination. Le voyageur ne supporte pas le touriste, sa présence signifie « la fin » d’un endroit, alors il se déplace et tout le monde le suit. C’est un cercle vicieux : la recherche d’un endroit vierge que notre seule présence suffit à profaner.
    Il faut savoir faire la part des choses, accepter les autres et ne pas forcement se lancer dans cette quête d’absolue qui n’aboutira que sur une chose : une terre ou plus rien n’est à découvrir.

    @Chris
    Je crois que les locaux préfèrent même de loin le touriste « classique » qui, avec sa petite famille dépense en deux ou trois semaines ce qu’un backpacker claque en six mois de voyage.

  6. Si c’est pour le pire… alors le voyage ne serait qu’une consommation de souvenirs monayés et non aussi de véritables rencontres.
    C’est sans doute parce que ces dernières sont rares qu’elles ont tant de valeurs.
    Sur la route, on ne reçoit pas de belles leçons de vie tous les jours, on ne garde pas en mémoire quelques conseils dont la portée ne nous touche que bien des mois après.
    Si on ère d’hôtels en hôtels alors on ne voyage pas… si on use ses yeux, sa peau et ses pieds… alors on est un être curieux des beautés dont le monde regorge.

    L’argent peut aussi préserver ce qui aurait été détruit par le passage du temps. Vaste débat en somme…

  7. Bonjour,
    Je gère avec d’autres un collectif artistique dans la Drôme et un exemplaire de cette affiche s’est retrouvé, sans qu’on sache comment et par qui, dans notre hall d’entrée. Parmi la source de questionnement qu’elle représente et qu’elle a généré (et c’est déjà un bon point), une question déjà se trouve sans réponse. D’où vient-elle ? Qui l’a édité ?
    Qq’un sait-il ?

  8. Oui, « jolie » affiche.
    J’arrive après la guerre mais j’ajoute ma pierre (un peu hors sujet) à l’édifice : l’image est du photographe Martin Parr (http://www.martinparr.com/) qui a travaillé sur le tourisme de masse. Cette série de photos a fait l’objet d’expos mais aussi d’un numéro de Reporter sans Frontières, pour la liberté de la presse, illustrant le tourisme de masse à travers ses pires clichés…
    Je crois qu’il y avait eu un reportage dans la revue Polka aussi. ça faisait réfléchir…

  9. Bonsoir,
    Mais quelle blague, vous êtes une touriste, ce n’est pas plus grave.
    Je trouve gonflé puis risible de vouloir faire une distinction (que seuls vous comprenez) entre « voyageur » et « touriste ».
    Pour « nous » et pour « eux », c’est la même.
    Bises.

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