*Jeudi (suite)
Première véritable halte dans le Sahara. Il doit être 15h, et nous sommes dans un village qui 40 ans auparavant était encore habité. Aujourd’hui, il y a plus d’un mètre de sable dans la mosquée.
Je m’éloigne un peu de mes collègues et me pose à flanc de dunes. J’observe l’immensité, encore et encore. Je sais que le désert ne me laissera pas indifférente.
Nous reprenons la route. C’est une course contre le soleil. Nous n’arrivons finalement pas au campement avant qu’il ne se couche. Que cela ne tienne, nous ferons une pause pour admirer la descente du majestueux.
Le sable se marie à merveille aux lueurs du soir. Je sens aussi le sable refroidir sous mes pieds nus. Etrange, le froid me fait plus encore prendre conscience de sa douceur.
Arrivée sur le lieu de camp. Au cœur des dunes, cinq ou six tentes plantées autour du feu de camp. Une table dressée tout près.
Je grimpe la première dune venue.
Je suis égoïste face au désert, je ne le veux que pour moi.
Je veux me gorger de son immensité, étancher ma soif de calme, de silence, d’absolu.
Egoïste, pas totalement finalement : je pense aux êtres qui me sont chers et qui traversent des périodes difficiles. Que la force du désert soit avec eux. Que le désert me donne assez de force pour les soutenir…
Plus tard, je descends voir le groupe de Bédouins qui nous accompagnent installés autour du feu. Ils m’invitent à les rejoindre. J’aime la manière dont ils sont assis près des flammes. Elle me rappelle curieusement celle des dromadaires, chacun se reposant sur les jambes de son voisin.
Le thé est fort et sucré. Délicieux.
Les regards autour du feu me fascinent.
La discussion est parfois légère, d’autres fois profonde. Toujours douce et respectueuse.
« Ce qui se dit autour du feu reste autour du feu » me dit Mohamed, organisateur de notre campement.
Je peux seulement dire qu’il y a eu beaucoup de questions, de leur côté, comme du mien. Beaucoup d’écoute aussi. Une grande soif de partage…
Je rejoins « mon » groupe. Une observation stellaire s’en suit. Longuement. Mes collègues vont se coucher les uns après les autres. Je veille longtemps, la tête dans les étoiles et les pieds dans le sable.
Le réveil dans le désert est sublime. Les étoiles sont encore là. Puis, de la lumière, beaucoup de lumière. Et enfin, plus tard, les premiers rayons. Magnificence.
Et le trajet retour vers la civilisation. Trop tôt. Mais avec une certitude : je reviendrai.
A partir de là, une partie de mon être ne sera plus avec moi, mais demeurée quelque part là-bas, entre dunes et étoiles.
Les Bédouins m’ont dit se repérer dans le désert avec les points d’eau, la végétation, la couleur du sable, les étoiles et les grandes dunes. Quels nouveaux repères me mèneront, moi, vers le désert ? je ne le sais, mais la certitude est là : je recroiserai son chemin.
La suite, c’est une journée road-trip dans le sud tunisien avec de magnifiques paysages. Les noms des villes traversées invitent plus que jamais au voyage : Matmata, Tataouine… Les vues sont superbes. Je vois aussi plus de femmes sur le bord des routes qu’au début du voyage. Comme si le sud du pays était plus détendu vis à vis des relations hommes-femmes.
En ligne de mire, Djerba, où nous nous poserons pour digérer ces extraordinaires journées.
Rhââââ… la photo de nuit des dunes sur fond de constellation d’Orion!!! Superbe!
Merci, j’avoue que c’est la première fois que je « réussis » une photo d’étoiles et j’en suis trèèès heureuse!
Ta description du ciel, des dunes et de tes relations me parait vraiment apaisante. Une visite dans le désert semble définitivement être une bonne occasion pour se ressourcer!
Enfin, je me demandais, les bédouins, les avez-vous rencontrés par hasard ou faisaient-ils partie de votre groupe?
Merci Gabrielle – c’est vraiment le cas!
Les Bédouins étaient nos accompagnateurs et chauffeurs!
Wow, cela devait être un gros plus d’être accompagné par de vrais locaux, plutôt que par des guides français ou que par des marocains qui ont l’habitude du centre-ville…
@Gabrielle: en l’occurrence on était en Tunisie, donc il y aurait difficilement eu des Marocains 🙂
Mais oui, clairement, être en compagnie de « locaux » changeait tout !
Oh c’est magnifique (le texte, les photos, l’expérience, tout…). J’espère de tout coeur que tu pourras y retourner…
Avec un peu de retard: merci Lucie.
J’espère que le dieu des voyages t’entendra et que j’y repartirai très prochainement !!!
Ralala, tu me donnes envie d’y retourner ! Moi aussi le désert me rend tout chose. C’est le seul endroit au monde où j’arrive à me réveiller avant le soleil pour assister à son lever.
Et tes photos sont superbes !
Tu me fais rire Letieou: le désert comme remède aux « lève-tard »… Moi ça me fait le même effet, mais je me lève souvent aux aurores en voyage 🙂
Et merci pour le compliment !