*Article préparé avant mon départ pour Taiwan…*
Je finis à peine le roman de Xinran Baguettes Chinoises et regrette déjà d’être arrivée à la fin. Xinran est une des auteures chinoises contemporaines que je préfère (je me rends compte à regret que c’est la première fois que j’en parle ici, mais promis, ce ne sera pas la dernière!). Xinran parle des femmes chinoises comme personne d’autre ne le fait.
Dans ce roman-ci, on suit le destin de trois soeurs, très basiquement nommées par leur ordre de naissance, Trois, Cinq & Six. Elles viennent d’un petit village de l’Anhui et tentent leur chance dans la ville de Nankin. On suit leur évolution, leurs tribulations mais aussi les espoirs que nourrit chacune d’elles.
A travers ces espoirs, ce sont autant de facettes des conséquences d’une modernisation très (trop?) rapide de la Chine, qui se fait impitoyablement à deux vitesses: ceux qui en profitent et ceux qui la subissent. On devine de quel côté se place ces villageois(e)s venus des campagnes tentés leur chance en ville…
Et pourtant Baguettes Chinoises est loin d’être un roman triste ou pessimiste. Le thème m’a fait penser à Brothers, le superbe roman fleuve de Yu Hua où l’on suit le destin de deux frères pendant 50 ans, mais le traitement est ici beaucoup plus gai. Même si le décor reste le même, cette Chine qui poursuit son développement quel qu’en soit le coût, et même si le constat de la vie dans les campagnes chinoises est aussi triste, la fratrie dont on parle ici voit ses efforts récompensés et réussit à se faire une place.
J’aime beaucoup le ton de Xinran: ses descriptions de la Chine contemporaine, de ses us et coutumes, des habitudes du peuple chinois sont très fines et sont amenées avec grande pédagogie. Elle nous aide vraiment à comprendre l’envers du décor de ce qui pourrait être n’importe quelle ville de Chine.
Elle est aussi très juste envers les filles et les femmes de Chine. Le titre renvoie à ce qui se dit dans le village de ces soeurs: les femmes ne seront jamais que des baguettes, inutiles et fragiles, alors que les hommes sont les poutres sur lesquelles on peut construire un foyer.
Xinran s’emploie à démontrer l’inverse dans ce beau roman peut-être trop joyeux pour être vraiment réaliste. Mais l’épilogue, qui raconte comment est née l’idée de ces soeurs et quelle fut leur réelle destinée, tempère cet optimisme.
Vous l’aurez compris: en vacances ou non, je vous recommande chaudement la lecture de Baguettes Chinoises!
Connaissez-vous ce livre? au plaisir de vous lire votre avis dans les commentaires!
Je recommande également ce livre. J’avais lu précédemment « Chinoises », autre témoignage très dur mais tout aussi instructif sur la condition des femmes en Chine. A lire absolument pour une découverte de l’envers du décor.
C’est justement grace a Chinoises que j’avais decouvert Xinran. J’en parlerai sans doute un jour ici!
Bonjour,
Ce livre dont vous nous parlez à aiguisé ma curiosité, j’aime beaucoup la Chine et je n’ai pas encore eu l’occasion de découvrir sa littérature moderne, ce que je vais donc pouvoir faire maintenant 🙂 Je prends note aussi pour « Chinoises », mais ce livre est- il aussi de Xinran?
Tout à fait, « Chinoises » est le premier livre de Xinran !
Très intéressant comme descriptif… cela me donne envie de l’acheter.