*Article préparé avant mon départ pour Taiwan…*
Dans un des livres qui traînaient sur mes étagères depuis pas mal de temps, Anthologie africaine d’expression française de Jacques Chevrier, je suis tombée sur le magnifique poème « La nuit tombe sur Soweto » d’Oswald Mbuyiseni Mtshali…
Je vous en propose aujourd’hui une lecture orale, par mon ami Mohamed.
En faisant quelques recherches pour cet article, je me suis rendue compte que peu d’information existait en français à propos de ce talentueux Oswald, dommage! Oswald Mbuyiseni Mtshali est un auteur Sud-africain contemporain, né en 1940 qui a beaucoup écrit sur l’Apartheid. (Pour ceux qui lisent l’anglais, voir ici)
Et, pour bien comprendre ce poème, il est utile de savoir que Soweto est une « banlieue noire » de Johannesburg. Dans les années 1980, ce township devint le symbole de la résistance noire à l’apartheid.
A propos de l’auteur, je suis tout de même tombée sur cette extraordinaire citation :
L’enfer c’est la haine qui luit dans ton oeil.
–
La nuit tombe sur Soweto
Comme une maladie redoutée
Qui s’infiltre par les pores d’un corps sain
Et le dévaste incurablement
La main d’un assassin
Tapi dans l’ombre
Se crispe sur le poignard,
Abat la victime sans défense.
Cette victime, c’est moi.
Chaque nuit, c’est moi
Qu’on massacre dans les rues.
Je suis traqué par la peur
Qui ronge mon cœur timide ;
Dans ma faiblesse je me morfonds.
L’homme n’est plus un bomme,
Il est devenu une bête fauve,
Il est devenu une proie.
Cette proie, c’est moi ;
Je suis le gibier mis aux abois
Par le prédateur à l’affût
Que la nuit cruelle a lâché
Hors de sa cage de mort,
Où trouver refuge ?
Où suis-je en sécurité ?
En tous cas pas dans la boîte d’allumettes
Qui me tient lieu de maison
Et où je me barricade pour fuir le crépuscule.
Je tremble au bruit de ses pas qui craquent,
Je tressaille lorsqu’il frappe sur la porte des coups assourdissants.
Il aboie « ouvrez ! » comme un chien enragé
Assoiffé de mon sang.
Nuit ! Nuit qui tombe !
Tu es ma mortelle ennemie
Pourquoi donc as-tu été créée ?
Pourquoi n’est-il pas possible qu’l fasse jour,
Qu’il fasse jour,
Toujours d’avantage ?
–
Connaissiez-vous cet auteur? et pour ceux qui connaissent l’Afrique du Sud, ce poème fait-il écho à votre séjour là-bas?
Au plaisir de vous lire à ce propos !
Très très belle lecture, bravo !
Merci Sébastien, c’est chouette, surtout venant de toi! Je transmets au principal intéressé 🙂
Cru et touchant à la fois… Merci de partager.
Merci à Mohamed pour sa voix et son timbre qui fait vibrer ce poème !
Très touchant poème, bravo !
@ Fred: j’ai ete etonnee qu’il soit inconnu en France, je suis heureuse de le faire connaitre ici…
@ Christophe: je transmettrai aussi!
@ Aurelie: on est bien d’accord, a chaque fois que je le lis, il me touche…
Je me suis replongé dans le répertoire de Gil Scott Heron il y a quelques jours. J’ai réécouté le titre « Johannesburg » (sortit en 1975) où il dénonce l’apartheid et me suis aperçu qu’il mentionne déjà les rebellions au sein des mines. Extrait:
« Well I hate it when the blood starts flowin’ / but I’m glad to see resistance growin’ / Somebody tell me what’s the word? / Tell me brother, have you heard from Johannesburg?
They tell me that our brothers over there refuse to work in the mines. »
37 ans après, rien ne semble avoir réellement changé…
Fred, tu as bien raison malheureusement, c’est edifiant…
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, voir ici http://www.lemonde.fr/international/article/2012/08/17/bain-de-sang-dans-une-mine-en-afrique-du-sud_1747071_3210.html…