« Karnaval » de Corentin Fohlen, une ode à l’imaginaire et au merveilleux haïtien
Sep 13, 2017 ArtHaiti 2

Amis lecteurs, vous connaissez mon grand intérêt pour la culture haïtienne. Un grand intérêt pour sa très riche littérature avant tout, mais plus largement pour tous ses arts… Je vous propose aujourd’hui de découvrir (et de soutenir) un superbe projet photographique!

Une chère amie blogueuse (elle!) m’a fait découvrir Corentin Fohlen il y a quelques temps de cela. Comme il se définit dans sa bio, Corentin est photoreporter indépendant depuis 13 ans, et il a couvert les conséquences du tremblement de terre en Haïti en 2010. Après être tombé amoureux du pays (tiens tiens, ça me rappelle quelqu’une !), il s’est lancé en 2012 dans un travail au long cours sur cette île des Caraïbes pour montrer une autre image du pays, loin des poncifs misérabilistes qui lui sont souvent associés. Après 19 séjours dans le pays, ce travail a abouti au livre HAÏTI, sorti en janvier 2017.
C’est pour soutenir son second livre, Karnaval, que je lui ouvre aujourd’hui mes colonnes…

Après le succès de son premier livre, Corentin Fohlen poursuit l’exploration de l’île Haïti. C’est sur Jacmel qu’il a braqué ses projecteurs.
Vous vous souvenez de Jacmel ? Je vous en parlais ici et , et j’avais eu un gros coup de coeur pour cette ville où l’art se niche à tous les coins de rue. J’ai entendu parler de son carnaval, le plus réputé du pays, mais je n’ai pas eu la chance d’y assister (un jour peut-être, chance, si tu m’entends!).

Corentin Fohlen décrit cet événement unique en ces mots :

Chaque année dans la petite ville de bord de mer de Jacmel, au sud d’Haïti, a lieu le plus important carnaval du pays, durant la période des Gras (janvier à février). D’origine européenne, le carnaval est introduit en Haïti avec l’arrivée des colons espagnols puis français aux XVIe et XVIIe siècles. Il a perduré après l’indépendance du pays en 1804 et a été repris par les anciens esclaves venus d’Afrique – devenus Haïtiens. Certains déguisements sont influencés par les personnages que l’on retrouve dans le carnaval européen du Moyen-Âge.
A Jacmel sont célébrés la création artistique, l’imaginaire, le merveilleux, l’esthétique du beau et du laid, l’insolite… une créativité mêlée de messages parfois politiques ou sociaux. La ville a d’ailleurs été nommée Cité Créative à l’UNESCO en 2014. Près de 3000 personnages costumés défilent chaque année. De nombreux artisans, artistes ou simples citoyens y participent en le préparant tout au long de l’année.

Corentin Fohlen a accepté de nous en dire un peu plus sur son projet et sur sa relation à Haïti… Voici donc une interview exclusive pour vous, chers lecteurs !

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Comment sont venues l’idée et l’envie de ce second livre sur Haïti ?

Dès ma première série de portraits réalisées lors du carnaval de Jacmel en 2016, la réaction de la presse française et étrangère était enthousiaste, et j’ai tout de suite compris le potentiel d’en faire un livre de beaux portraits.

Cet ouvrage est une série de portrait des personnages fantastiques rencontrés lors du carnaval de Jacmel. Comment les Jacméliens t’ont-ils accueilli avec ton appareil photo et ton studio photo de rue ? Plus largement, comment les Haïtiens accueillent-ils ton travail ?

Il n’est pas évident de travailler dans la rue en Haïti. C’est devenu beaucoup plus difficile qu’en 2010. Un ras-le-bol de la population de se sentir épiée par des étrangers dont ils ne comprennent ni la raison de leur présence, et ne voient aucun impact ni changement dans leur vie malgré toutes les promesses. En expliquant la raison de mon travail à la population , la plupart du temps je parviens à travailler tranquillement. Durant la séance des portraits, certains Haïtiens m’ont demandé de l’argent, ce que je refuse systématiquement. beaucoup d’étrangers, photographes ou pas, acceptent de payer pour faire des images. Je trouve cela scandaleux, cela pervertit la relation de confiance que l’on peut avoir la plupart du temps. Notre métier n’est pas un business comme les autres, il est l’enregistrement d’une mémoire visuelle collective. Ce travail privé devient automatiquement un bien public, une trace dans l’Histoire, un témoignage essentiel. La plupart des Haïtiens étaient d’ailleurs heureux de m’entendre parler de ma démarche: celle de montrer une autre image du pays, plus riche, plus complexe, plus réaliste, moins caricaturale.

Tu écris « Avec le livre « KARNAVAL » je poursuis mon désir de présenter l’énergie créatrice haïtienne ».  Cette énergie m’a beaucoup touché également, si tu devais la décrire en quelques mots, qu’en dirais-tu ?

Une énergie folle, vitale, aussi créatrice que destructrice.

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Le moins que je puisse dire, c’est que ce projet me donne plus envie encore de découvrir ce carnaval… En attendant que ce rêve devienne réalité, je pourrais toujours m’y projeter grâce à ce livre. Le livre Karnaval ne pourra voir le jour que si le financement participatif du projet réussi !
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Cerise sur le gâteau : les photos seront accompagnées par des textes inédits du grand écrivain haïtien René Depestre (prix Renaudot en 1988)… écrivain dont je vous reparle très bientôt dans une bibliographie pour découvrir Haïti autrement…

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