Sixième (et dernier) épisode de mon journal de bord en Haïti.
Ma dernière journée en Haïti se déroule à nouveau dans sa capitale. Nous avons rendez-vous avec Gary Pierre-Charles, un artiste hors du commun.
Les parents de Gary sont des Haïtiens intellectuels qui ont dû fuir le régime des Duvalier. Gary est né et a passé une partie de sa vie au Mexique. Après 1986 et la fin de la terreur imposée par Duvalier Fils, Gary est revenu régulièrement en Haïti.
Un « concours de circonstances », comme il le dit lui-même, lui a permis de s’installer définitivement à Port au Prince.
Gary s’est intéressé aux pneus de voiture. C’est un sujet en Haïti : Port au Prince reçoit du monde entier des pneus de seconde main et ils s’entassent dans toutes les rues. Gary a eu l’idée de leur trouver une seconde vie. En s’en servant comme matériel de construction – les pneus sont construits pour être résistants à toute sorte d’intempéries. Mais aussi en créant des oiseaux à partir des pneus inutilisables. Ils les découpent au ciseau et les peint de couleurs très colorées.
Les oiseaux de Gary sont d’une immense poésie…
Notre petit groupe rejoint Gary sur les hauteurs de Port au Prince, dans un bidonville dont j’ai égaré le nom. Il s’est investi sur un projet d’une grande humanité.
Une association de femmes du bidonville a décidé de créer une aire de jeux pour enfants dans ce quartier défavorisé. Aidées d’une ONG internationale, elles ont pu mener à bien ce projet et Gary a pris en charge la construction. 1.200 pneus usagés ont été utilisés sur le site pour créer la base de l’installation. Ces pneus servent aussi à créer les attractions pour les enfants.
Nous voyons le site encore en chantier, mais pouvons tout à fait imaginer le résultat une fois terminé, car nous partons ensuite découvrir l’atelier de création de l’artiste. L’atelier est basé dans la demeure de sa mère. Un immense parc entière la maison et les animaux et créations en pneu sont ici maîtres du territoire…
Gary Pierre-Charles est une personne généreuse. Quand il parle de ses projets, ses yeux s’illuminent.
Je sens tout son investissement et toute son humanité dans chacune de ses paroles… Aucun misérabilisme quand il décrit les difficultés qu’il surmonte au quotidien pour mener ses projets à bout – opposition initiale des habitants quand ils le voient débarquer avec ses pneus en nombre, vol de matériel en tout genre, difficulté à former des personnes de confiance…
Une leçon d’humanité…
La journée avance – nous grimpons à l’Observatoire pour notre dernier coucher de soleil haïtien.
Depuis trois jours la météo n’est pas au beau fixe et nous arrivons au milieu des nuages pour tenter d’observer le couchant. La chance du débutant opère et un spectacle s’étend devant nous.
L’Observatoire surplombe Port au Prince et j’embrasse la capitale dans son ensemble. Les bidonvilles, nombreux, sont facilement reconnaissables – un enchevêtrement de bâti, sans verdure, c’est un bidonville. S’il y a des arbres ou du vert, c’est un quartier chic…
Ma découverte de Port au Prince se termine par des rendez-vous avec des professionnels du tourisme, de potentiels partenaires pour Evaneos.
Les discussions sont passionnantes et j’aimerais rester plus longtemps pour mieux comprendre cet étrange ailleurs, qui a soulevé en moi tant de questions…
Ainsi s’achève mon récit de voyage en Haïti.
Qu’en pensez-vous amis lecteurs ? Avez-vous envie désormais de poser vos pieds sur le sol haïtien ?
Je serai heureuse de lire vos commentaires à ce propos !
Vous pouvez retrouver l’ensemble de mes récits de voyage en Haïti derrière ces liens: arriver en Haïti, une journée à Vallue, sur les traces de Dany Laferrière, Bassin Bleu et Jacmel, Port au Prince.
Cliquez par ici pour connaître le contexte de mon voyage en Haïti.
A lire : l’interview de Gary Pierre-Charles sur le site Babel Voyages.
Ton récit m’a passionnée et touchée. J’adore ce dernier épisode, ces créations superbes, ces vues sur Port au Prince, je suis marquée par le contraste des couleurs, du vert et (hélas…) de la misère… Je suis curieuse de voir ce que vous allez proposer avec Evaneos, comment concilier tourisme et sécurité, le fait de faire avancer l’île, de lui donner sa chance, et de protéger vos clients. J’imagine que c’est un défi pour vous. Je suis curieuse et heureuse de voir ça !
Bonjour Ariane, merci de tes mots ici, c’est toujours un grand plaisir de me savoir lu avec tant d’attention…
Et oui, vivement la suite avec Evaneos: les discussions avec les potentiels agents partenaires sont toujours en cours, mais j’espère que le partenariat verra le jour, car c’est une destination qui gagne à être connue… par un public averti et ouvert, et je sais que ce public existe 🙂
De toute évidence, ce n’est pas un pays qui s’offre facilement, il faut y aller progressivement et être guidé…
Oui, il faut surtout être bien accompagné 🙂