Episode 2 de mon journal de bord en Haïti.
Les Haïtiens ne sortent pas quand il pleut.
Je suis au départ surprise par cette phrase d’Abner, mais je comprends finalement bien vite pourquoi.
Aujourd’hui nous avons droit à des pluies torrentielles qui perturbent notre programme. Les infrastructures ne sont pas du tout à la hauteur des pluies tropicales et routes en « dur » et chemins de terre se transforment en coulées de boue et patinoires… Qu’importe notre journée n’en sera pas gâchée pour autant, loin de là…
Un petit déjeuner énorme nous est servi. Une série de longues et passionnantes discussions commencent ici, nous parlons histoire et politique pendant que je me délecte d’akassan (maïs bouilli) et de mangue fraîche (miam et encore miam). Phrase après phrase, j’essaie de comprendre le contexte de ce pays aux antipodes de tout ce que je connais.
Nous partons à la rencontre de l’Association des Paysans de Vallue (APV). Nous avons une discussion étonnamment éclairée, réaliste et constructive sur les associations, les services publics, les ONG internationales et le tourisme. Là encore, j’essaie de décoder. Ce sont ces discussions, entre autres, qui m’aideront à essayer de mettre les mots justes sur Haïti.
Dans les rues de Vallue
La visite du village de Vallue nous attend ensuite. Le village a été durement touché par le cyclone Matthew d’octobre 2016, et le toit de l’école a été arraché.
Vallue est une terre qui semble dynamique. Nous voyons son amphithéâtre où se déroule le festival de la montagne, sa place de marché, etc. La peinture est présente partout dans le village et égaye les constructions. L’art est ici un bien public. Maisons et structures sont éparpillées dans une superbe nature luxuriante.
Abner nous fait remarquer certains arbres : des légendes y sont attachées. Ces trois manguiers, ce sont la famille Jérémy, cet arbre suspendu, si tu y passes la nuit, l’esprit « Damabala », le dieu serpent, viendra te dire où les esclaves d’antan ont caché leur trésor…
Nous rentrons déjeuner au Ban-Yen. Une sieste me confond dans mon « déclaquage » horaire, mais je parviens à me réveiller pour une nouvelle balade. Notre thé dans une famille villageoise est annulé : la route est totalement impraticable.
Notre plan B est tout de même sympathique. Immersion dans la superbe nature des alentours. Allez, je pardonne bien au ciel toute cette pluie si c’est pour arroser une si belle végétation… Les manguiers sont en nombre. Je vois aussi des mapou, ces superbes arbres endémiques que je ne connaissais pas et qui rappellent un peu les fromagers du Sénégal.
Pour la soirée, notre programme est incertain. Une animation musique et danse est prévue, mais il n’est pas sûr que les villageois parviennent à nous avec la pluie. Ils arrivent avec vingt minutes de retard, je suis aux anges.
Paysans ou ouvriers la journée, ils sont musiciens et danseurs la nuit. Ils jouent pour nous de la musique « Racine », la musique traditionnelle. Quatre percussionnistes, et quatre danseurs nous font face. Tous chantent. Trois percussions du type djembé allongé. Ils jouent pour nous deux très longs morceaux totalement endiablés, près d’une heure de musique avec une seule courte pause. Au bout de vingt minutes je n’y tiens plus, la musique me démange trop. Je cale mes pas sur la danseuse que je trouve la plus talentueuse et en fais ma professeure improvisée. Mes collègues de voyage se joignent finalement à moi et nous dansons tous, sans protocole ni ambages, juste pour le plaisir pur de danser.
C’est un moment simple et intense, qui clôt à ravir cette superbe journée…
A suivre…
Pour prolonger le voyage :
– l’article de Vallue sur Babel Voyages
– le site de la Villa Ban-Yen
Cliquez par ici pour connaître le contexte de mon voyage en Haïti.
C’est formidable de suivre tes pas et ton regard ici.
Ah, la danse n’a pas besoin de langue!
Bonjour Anne,
merci pour ta fidélité de lecture et pour tes lignes, un petit commentaire, ça fait toujours plaisir 🙂
Merci pour votre Information!
J’aime bien Haiti!
Bonne continuation!
merci pour ce témoignage ! Je pars en Haîti dimanche avec ma fille pour 10 jours et nous avons justement l’intention de nous arrêter à Vallue en descendant sur Jacmel .Ton témoignage me donne encore plus envie de découvrir cet endroit et je pense même qu’on y restera plus longtemps que prévu ( si ce n’est pas trop touristique ….)
Bonjour Françoise,
n’hésite pas à repasser par ici partager ton avis à ton retour !