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Lecture: Les cygnes sauvages

 

Les cygnes sauvages de Jung Chang est un livre dont on m’avait parlé depuis longtemps.

Sa taille – plus de 600 pages – m’avait un peu refroidie, mais je me suis enfin décidée à le lire et je ne le regrette pas.

cygnes-sauvagesLa 4ème de couverture résume assez bien l’histoire :

« Petite-fille d’une concubine et d’un « seigneur de guerre », fille de hauts responsables communistes, Jung Chang vivra dans un « cocon de privilèges » jusqu’en 1965. La Révolution Culturelle, son cortège de dénonciations et de persécutions, place alors la Chine sous le règne de la terreur. Jung voit ses parents internés dans un camp de rééducation tandis qu’elle est déportée à la campagne où elle sera paysanne, « médecin aux pieds nus », ouvrière… »

J’ai lu ce livre d’une traite et l’ai beaucoup apprécié. C’est avant tout l’histoire de trois générations de femmes d’une même famille – l’auteur, sa mère et sa grand-mère. C’est aussi une fresque de l’Histoire de la Chine du 20ème siècle vue par ceux qui l’ont vécue. C’est enfin et surtout un réquisitoire sans concession contre Mao et les dirigeants de la Chine communiste de 1949 à 1976.

L’ensemble des Cygnes sauvages est assez noir. Jung Chang nous fait beaucoup partager la peur ressentie à cette époque : c’est le sentiment que partagent alors tous les Chinois, et c’est surtout l’outil majeur de la politique de Mao.

Mais Jung Chang dresse aussi un très beau portrait de sa mère et sa grand-mère, les cygnes sauvages, véritables battantes et héroïnes de ce livre.

 

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Lecture: Oasis interdites

Ella Maillart est la voyageuse romancière que je préfère. Suissesse passionnée d’Asie, exploratrice, photographe, écrivain et journaliste, elle est reconnue pour ses multiples exploits sportifs, ses voyages et ses livres.

oasisMaillartOasis interdites est un récit de voyage hors du commun. Ella Maillart raconte son aventure exceptionnelle : elle part de janvier à septembre 1935 sur la route de Pékin à Kachgar. Elle parcourt l’Asie centrale du Koukou Nor, du plateau de Tsaidam, du désert de Takla Makan en sa bordure méridionale, du bassin de Tarim, de Kachgar et des cols de Hounza, une route tellement malaisée que le gouvernement chinois n’a pas pensé à la fermer !
C’est son deuxième voyage dans cette région : trois ans plus tôt, elle parcourt le Turkestan soviétique que les révolutionnaires tentent d’occidentaliser (Des Monts célestes aux sables rouges en est le récit).

En 1935, son souhait se réalise : elle revient sur ces terres qui lui sont chères. Elle veut savoir ce qui se passe dans cette région interdite au reste du monde. La Chine est alors en plein bouleversement entre Nationalistes et Communistes et le Turkestan chinois est en plein soulèvement.
Les centaines de kilomètres sont effectués de manière clandestine, entre train, bus et longues caravanes… L’aventurière voyage avec Peter Fleming, correspondant du Times. Leur vision du voyage diverse. Lui souhaite rentrer au plus vite à Londres, alors qu’elle se sent chez elle, sur ces routes inhospitalières mais magnifiques.

Ce récit qui a fait rêver de nombreux voyageurs est intemporel : les descriptions des paysages et des peuples rencontrés sont poétiques sans pour autant être utopiques. Ella Maillart est consciente de sa situation de voyageuse, elle est critique sur elle même et ne se pose jamais en conquérante ou supérieure.
C’est au contraire un regard plein de curiosité, dans la recherche de la compréhension de soi même et de ce qu’il l’entoure qu’elle nous livre. Une philosophie et un questionnement sur le voyage toujours d’actualité.

Le bonheur, le voilà : cette ivresse que crée un instant d’équilibre entre un passé qui nous satisfait et un avenir immédiat riche de promesses.

Les éclairages géopolitiques d’une Asie centrale méconnue sont aussi pertinents. Les régions traversées sont ici décrites et commentées comme elles le sont trop rarement. Oasis interdites est avant tout une invitation au voyage qui influencera encore beaucoup de voyageurs…

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Lecture: 1986

1986 de Yu Hua est un livre difficile : il aborde un des sujets les plus sensibles de l’histoire chinoise contemporaine, la Révolution Culturelle.

1986

Un enseignant est enlevé par les Gardes Rouges en 1966. Sa femme et sa fille ne le reverront plus. Elles reconstruisent alors leur vie avec un autre homme.
20 ans plus tard, l’ombre de ce premier père plane sur la ville : un étrange inconnu rôde en ville, des indices de plus en plus précis confirment qu’il s’agit de l’enseignant disparu. Cet homme aujourd’hui fou imagine des tortures sur les hommes qui l’entourent et il finit par se les appliquer à lui même. Comment accepter ce retour du passé ? La femme n’y parvient, elle se mure dans la peur et le silence.

Ce roman est très dur : la description des tortures est très précise, parfois insoutenable. Sans doute une manière d’évoquer les souffrances subies pendant la Révolution Culturelle, souffrances peut être plus indescriptibles encore.
Une question primordiale est au centre de ce roman : comment se reconstruire après de telles épreuves ? Reste-t-il alors une place pour un retour éventuel du passé ? Pour Yu Hua, ce n’est pas le cas : le roman est une succession de contrastes saisissants entre la folie des uns et la volonté des autres à vivre dans la légèreté de l’instant et du bonheur retrouvé.

Comme dans Vivre ou le Vendeur de sang dont je vous ai parlé la semaine dernière, Yu Hua aborde à nouveau un thème de la sombre histoire de la Chine. Comme l’écrit son éditeur français : « réécriture visionnaire de la révolution Culturelle, 1986 a d’emblée trouvé sa place parmi les grands classiques ».

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Lecture: Le vendeur de sang

Je commence aujourd’hui un nouveau type d’articles, et partage avec vous quelques-unes de mes lectures sur la Chine. Un livre d’Yu Hua pour débuter, un auteur contemporain que j’apprécie beaucoup.

vendeurLe vendeur de sang est un livre pédagogique et touchant à la fois.
Comme dans beaucoup d’autres romans de Yu Hua, il s’agit d’une histoire familiale mouvementée sur fond d’une histoire chinoise tourmentée. La toile de fond du Vendeur de sang est la même période que celle de Vivre, qui a été porté à l’écran par Zhang Yimou et primé au festival de Cannes. La République Populaire de Chine vient de naître, les hommes ne sont que des petites pièces qui comptent peu dans le grand puzzle qui les domine.

La vente du sang est le fil rouge de l’histoire. C’est grâce à ce procédé alors lucratif mais dangereux (nous sommes entre les années cinquante et soixante) que Xu Sanguan, le chef de famille, arrive à sortir sa femme et ses enfants de situations critiques. Entre le Grand bond en avant et la Révolution culturelle, aucun tourment ne leur est épargné. Famines, répudiations publiques ou au sein même des familles, exil forcé ponctuent la trentaine d’années que le lecteur passe en leur compagnie.
La mort fait partie du triste quotidien dépeint. Même si on tremble à plusieurs reprises pour Xu Sanguan, sa femme et leurs trois enfants – nommés, pour le plus grand paradoxe, Premier, Deuxième et Troisième Plaisir – ils arrivent malgré tout à survivre. L’énergie et l’acharnement à vivre animent en effet le personnage principal.

Comme dans Vivre, l’auteur nous fait côtoyer de l’intérieur ces sombres heures de l’histoire chinoise. On comprend mieux ce que des milliers de familles ont vécu pendant des décennies où l’ouverture et l’individualisme étaient alors loin d’être les maîtres mot en Chine.

A propos de littérature chinoise, un article intéressant sur le site de Rue 89.
Bonnes lectures !

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