Suite et fin de mon journal de bord lapon, du côté de Rovaniemi…
Si vous l’avez raté, retrouvez ici le début de mon récit de voyage en Laponie…
De belles rencontres sámis
Irène nous reçoit chez elle. Irène est une artisane sámi traditionnelle. Elle sait qu’elle doit être filmée (j’accompagne ici un voyage de presse) et se prête volontiers au jeu de la caméra. Malgré les directives précises de la journaliste, sa générosité déborde. Elle veut tout expliquer, tout partager. S’inquiète de chacun, même s’il est hors-champs.
La caméra est bientôt éteinte, nous avons encore le temps. Ravie, Irène nous invite à dîner. Refuser serait lui faire un affront je crois.
Gentillesse, chaleur, mais aussi une immense envie de partager et une générosité hors-norme… Irène nous fait goûter la culture lapone dans ce qu’elle a de meilleur à ses yeux je crois. Elle parle beaucoup de la nature, de l’harmonie entre l’homme et ce qui l’entoure. Irène nous régale d’un goûter, puis d’un dîner de rennes. Elle s’amuse beaucoup de et avec son mari.
Irène est une belle dame, une belle âme, ai-je envie d’écrire.
Rencontrer mes premiers rennes, de nuit. Avoir peur de l’un d’eux: un de ses bois est tombé, l’autre est sanguinolant. Le renne est albinos. J’en rêverai !
L’autre semble moins intéressé par nos personnes. Ses bois sont plus beaux.
Vesku, l’éleveur de ces rennes, est sámi. Il n’est jamais sorti de Laponie et n’a jamais été à plus de 200 kilomètres de sa ferme. Il nous invite à une cérémonie d’invocation des esprits, en l’honneur de notre premier franchissement du Cercle Polaire. (Mise à jour : je vous invite à lire le commentaire de Léon, juste en bas de cet article à ce propos, cette cérémonie, non traditionnelle, n’est visiblement pas appréciée des autochtones)
Vesku joue du tambour autour du feu, dans une yourte. Il appelle un esprit d’une jeune fille, puis d’un vieil homme. Il sent des ondes négatives, qu’il conjure en nous mettant de la suie au front, après avoir jeté je ne sais quelle poudre au feu. « C’est bon, le sort est conjuré… »
Vesku nous raconte aussi la belle légende des quatre vents. Il y a fort longtemps la Laponie était inhabitée, car quatre vents soufflaient en tout sens. Un jour, un chaman réussit à les dompter en les invitant dans sa hutte chaude. Il les enferma dans son chapeau et finit par les relâcher à une seule condition: les vents ne devaient plus souffler ensemble, mais les uns après les autres. Depuis, la Laponie est habitée et les Sámis portent des chapeaux aux quatre vents en souvenir de cette légende. Si cette légende vous intéresse, cet article en anglais vous en dira plus…
Vesku nous invite ensuite chez lui et nous raconte sa vie d’éleveur autour d’un café bien chaud. Surtout, surtout, s’il vous arrive de rencontrer un éleveur de rennes, ne faites pas la même erreur que moi: ne lui demander pas combien de rennes il possède, c’est aussi tabou que de demander son salaire chez nous !
A Rovaniemi, j’ai aussi rencontré le Père Noël… le vrai : il existe ! Mais vu la foule qui souhaitait le voir, nous n’avons eu le temps d’échanger que quelques mots.
J’ai tout de même appris qu’il parle 18 langues !
Ainsi s’achève le récit de cette bien trop courte rencontre avec la Laponie. Comme je disais précédemment, ce ne fut qu’une mise en bouche… mais quelle mise en bouche ! J’espère de tout mon coeur y revenir un jour…
Si une expérience similaire vous tente, Mickaël pourra vous aider à l’organiser…
Cette région du monde vous attire-t-elle chers lecteurs ? Dites moi tout dans les commentaires !
Bonjour Aurélie, je suis un peu dubitatif après la lecture de cet article, notamment concernant la cérémonie spirituelle du franchissement du Cercle Polaire. Cet exemple est en fait souvent utilisé pour montrer les aspects négatifs du tourisme autochtone à Rovaniemi. Il a été critiqué maintes fois par les autochtones. Cette cérémonie a été inventée de A à Z pour les touristes et elle ne représente rien au niveau historique pour les Sames. Je ne connais pas un seul Same qui de nos jours effectuerait ce genre de pratiques et je trouve que cette cérémonie ne sert qu’à créer plus de clichés et plus de stéréotypes envers la population autochtone. Je suis même surpris de voir qu’elle est encore en vente. La citation suivante, provenant d’un article canadien après une manifestation Same à Rovaniemi arrivera peut être à mieux transmettre ce que j’essaye de dire ici : « and finally, an Arctic Circle-crossing ceremony is marketed to tourists as an ancient “Lappish” tradition, but in reality has no precedents in Sami culture… » Désolé du ton un peu direct de ce commentaire, mais je tenais à apporter cette information importante à mes yeux. A bientôt, Léon.
Bonjour Léon,
merci pour ton commentaire.
Aucun souci pour le ton « direct » comme tu dis, tant que tu restes poli, cet espace est fait pour accueillir les avis & opinions, et en tant que spécialiste, ton opinion est plus que bienvenu 🙂
J’avoue ne pas avoir su ce que tu mentionnes ici. Comme tu sais, je suis une toute novice dans la découverte de cette région.
Je précise juste un point qui a son importance je crois: Vesku ne nous a pas « vendu » cette cérémonie comme une cérémonie traditionnelle ancienne, et je ne pense pas l’avoir vécue comme tel (à vrai dire je ne me suis pas posée la question).
Mais si comme tu le dis cette activité a été critiquée par les autochtones à plusieurs reprises, c’est qu’elle contribue à diffuser une image de leur culture qui n’est pas la bonne. J’ajoute une ligne en ce sens à mon article.
A bientôt (au détour d’un nouveau commentaire ou ailleurs)!
Aurélie
Merci pour ta réponse Aurélie, et merci aussi pour le petit tweet. Ta précision est en effet intéressante : c’est une bonne chose que Vesku n’ait pas présenté cette cérémonie du passage du Cercle Polaire comme authentique, traditionnelle ou historique. C’est tout à son honneur. Ce que je voulais dire avec mon commentaire, c’est que l’inverse peut toutefois exister autour de Rovaniemi, et certaines entreprises n’hésitent pas à utiliser la carte autochtone pour attirer les touristes, et cette cérémonie est souvent (ou a été) au coeur du problème… A bientôt là-haut, donc, si tu veux en savoir encore plus sur la région 🙂 Léon.