Les belles heures au fil de l’eau à Tofino
Déc 02, 2014 Canada 4

La dernière étape de ma belle journée à Tofino commence à 18h30. Je pars pour deux heures de canoë, en version traditionnelle, au cœur de la zone naturelle préservée de Claoyoquot Sound. La T’ashii Padle School a créé ici une offre culturelle d’excellente qualité : à six personnes maximum, on part sur un canoë traditionnel arpenter les alentours de Tofino, avec une guide racontant les liens entre ces terres (et ces eaux) et le peuple amérindien Tla-o-qui-aht.

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Notre guide Nathalie a une énergie contagieuse. Tant mieux, car avec l’activité de la journée, je dois puiser au fond de moi l’énergie pour pagayer. Mais vu la beauté à laquelle je goûte en retour, je pourrais puiser plus encore…
Le canoë est de cèdre. Je n’en avais vu que dans des musées jusqu’alors. Taillé d’un seul morceau dans cet « arbre de la vie ». Il glisse en finesse sur l’eau. Je découvre la manière la plus parfaite qu’il soit de découvrir la région, en silence, en osmose totale avec la nature. Le ciel est d’une clarté limpide, le soir le plus long de l’année commence. Je ressens une intense harmonie avec la nature…

Nathalie nous raconte son peuple.

Comment avant l’arrivée des Blancs il y avait au moins trois villages comptant chacun 10.000 habitants dans les environs. Comment les Tla-o-qui-aht partaient dans l’océan chasser la baleine sur ce type de canoë. Comment ils échangeaient l’huile de baleine à travers toute l’Europe du nord.
Comment dans le village face à nous, la population passa de 10.000 à 129 en deux années une fois que les Blancs y eurent amené la variole. Nathalie nous raconte à quel point des pans entiers de sa culture furent perdus à jamais. Comment les écoles résidentielles furent une sordide histoire, qui dura jusqu’à 1993. Quelles expériences furent menées sur les enfants amérindiens (combien de temps peut tenir cet enfant sans manger ? et celui-ci résister à cette maladie ? et celui-là si on lui casse les os?). Et Nathalie nous raconte aussi comment la culture existe encore de nos jours…

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La soirée la plus longue de l’année se prolonge à Tofino…

Le ciel est clair, la lumière de cette fin du jour chaleureuse. Nous glissons sur l’eau dans une infinie douceur. Nathalie chante alors pour nous en Tla-o-qui-aht. Il est question d’hommes qui partent à la guerre et à qui on souhaite de bien s’en retourner. Cette chanson fut « offerte » aux disparues de l’Highway Tears de Vancouver. Les superbes syllabes ancestrales fendent l’eau, nous donnant le rythme pour pagayer, le pied de Nathalie bat la mesure, tous mes sens palpitent.

Je viens de vivre ici une de mes plus belles expériences en Colombie Britannique…

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Le lendemain…

… je le réalise : je suis sous le charme entier de Tofino. La ville en elle-même n’est pas extraordinaire, un village de 2.000 âmes hors saison. Mais les alentours et sa situation géographique sont à couper le souffle.

Je pars ce matin pour le Botanical Garden de Tofino (merci Ann pour l’info!). Je découvre un petit coin de paradis. Le jardin se situe en bordure d’océan et au cœur de la zone préservée de Claoyoquot Sound. La forêt « temperate humid rainforest » est ici à l’honneur. Le Darwin’s café m’accueille. Dès les premiers abords, je me sens à l’aise, comme à la maison. L’ambiance est familiale simple saine et accueillante.

Je déambule à travers les différents univers botaniques. Ici un jardin chilien, là un japonais, plus loin les espèces locales sont bien sûr mises à l’honneur…

Au bout d’un chemin de bois, je me retrouve face à l’océan.
Je souhaite graver cet endroit en ma mémoire à jamais.

La dense forêt tombe dans des eaux calmes. Une chaîne de montagnes, des petites îles emplies de denses sapins. Partout la forêt, au milieu l’océan. Les oiseaux chantent, célébrant gaiement le plus long jour de l’année. Les corbeaux teintent ces joyeux piaillements de leurs austères croassements. Je savoure chaque instant. Un aigle me sort de ma méditation : il plonge à vive allure dans un bruyant éclat d’eau. Repique haut dans le ciel et plonge à nouveau. Sa proie attrapée, il vole à ras de l’eau et pointe vers la forêt. La forêt craquelle derrière moi, l’eau clapote à son tour. Je ne suis que bonheur. Serait-ce ici le point d’orgue de mon voyage, orgie sensorielle, prolongeant parfaitement ma sortie océanne de la veille ?

Je reviens du côté de Darwin. Le temps s’y étire, au-dessus d’une assiette du jour, au détour d’une carte postale ou de quelques pages de mon livre.

Je m’approche à nouveau de cet indécent panorama qui m’a tant marquée il y a une paire d’heures. A ma surprise, tout a changé. L’eau s’est retirée de nombreux mètres, laissant place à une boue mêlée d’algues, les mud flats. Les teintes tirent plus vers le vert et la terre. Une beauté nouvelle émane de l’endroit.

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Retour en ville. Je m’arrête à la seule Long house de Tofino, la galerie abritant les œuvres de Roy Henry Vickers. C’est un artiste « natif », ses œuvres me touchent. Des dessins naïfs colorés et profonds à la fois, toujours proches de la nature. Les histoires expliquant la genèse de chacune des œuvres sont presqu’aussi intéressantes que les tableaux eux-mêmes.

Le soir arrive. Je profite de la clarté de ce second jour le plus long de l’année et mesure le bonheur vécu ces deux dernières journées…

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Retrouvez les articles de mes 4 semaines en Colombie Britannique (le premier est celui tout en bas!)

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4 comments on “Les belles heures au fil de l’eau à Tofino

  1. Les images du Canada sont toujours très belles, les lacs, les sapins… mais je ne peux pas m’empêcher aux moustiques furieux qui m’avaient attaquée sur la French River 😉
    Une bien belle expérience pour toi en tout cas!

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