Timbuktu, la poésie au-delà de l’horreur par Abderrahmane Sissako
Jan 29, 2015 AfriqueArtVoyaaages ! 9

J’avais prévu de ne pas vous parler de Timbuktu d’Abderrahmane Sissako.
Non que le film ne m’ait pas plu, loin, très loin de là, mais plutôt par absence d’actualité: j’avais vu cette oeuvre bien longtemps après sa sortie et je n’étais pas sûre que vous puissiez le voir à votre tour. Et puis…

timbuktu-film-affiche

Et puis il y a eu le drame de Charlie Hebdo… Et puis Timbuktu est revenu à la une de l’actualité, quand un maire d’une quelconque commune du Val-de-Marne a déprogrammé cette oeuvre du festival de sa ville par «peur que ce film ne fasse l’apologie du terrorisme».
Qu’il ait depuis changé d’avis et reprogrammé le film n’a rien changé pour moi: mon sang n’avait fait qu’un tour face à tant d’âneries et je me suis promis de partager ici mon ressenti.

(Note du 21/02/15: je suis très heureuse de voir que Timbuktu a reçu 7 Césars hier soir… vous aurez sans doute plus de facilité à voir le film après cet événement!)

Voici donc mon avis sur Timbuktu d’Abderrahmane Sissako.

Beauté et poésie…

… sont paradoxalement les deux mots qui me viennent en tête quand je pense à ce film. Paradoxalement? Oui, car il est question d’islamisme et d’oppression de la population dans la ville de Tombouctou, située au Nord du Mali et depuis trop longtemps aux mains d’AQMI et d’Ansar Dine…
Abderrahmane Sissako a réussi un pari incroyable: sans tomber dans le cliché, le malsain ou l’insoutenable (alors que ces trois travers seraient compréhensibles vu le sujet), il donne à voir et à comprendre l’horreur… dans un cadre sublime !

Je me souviens par exemple de ces deux scènes d’une incroyable beauté:
*une partie de football jouée sans ballon, filmée en toute poésie – je ne pensais jamais écrire football et poésie dans la même phrase – ou comment montrer que l’homme peut s’adapter à toutes les situations tant que son mental ne cède pas…
*la lapidation d’un couple « adultère » filmée en toute pudeur et retenue et qui évoque pourtant le pire de tous les pires.

J’ai aimé entendre plusieurs langues (français, bambara, tamacheq ou arabe), illustration du carrefour culturel que fut longtemps la cité de Tombouctou.
J’ai aussi aimé la présence de la talentueuse Fatoumata Diawara, dans le film comme dans la vraie vie toujours engagée.

Ce synopsis vous en dira plus sur l’histoire…

Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…

Ce sublime film doit d’autant plus être diffusé depuis un certain 7 janvier 2015: Timbuktu aidera certainement le monde occidental à comprendre que les premières victimes de la barbarie islamiste sont les musulmans eux-mêmes.
En plus d’être beau, poétique et inspirant, Timbuktu est un superbe moyen de lutter contre l’islamalgame. Courez-y ! 

Et pour finir, retrouvez Abderrahmane Sissako présenter son film sur France Inter, le matin de sa sortie en France…


Plus d’infos sur la page facebook du film & dans l’émission On aura tout vu dédiée à Timbuktu.

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9 comments on “Timbuktu, la poésie au-delà de l’horreur par Abderrahmane Sissako

  1. Je l’ai vu cette semaine, après avoir reculé plusieurs fois… et je n’ai pas regretté 🙂 C’est un très beau film, extrêmement touchant. J’avais entendu Peter Brook en parler, de sa mise en scène et de la beauté des plans, des acteurs, ça m’a poussée à y aller.

  2. Ça fait quelques temps que je pense à le voir, c’est un sujet qui me touche beaucoup. J’ai passé pas mal de temps en Afrique de l’Ouest et au Moyen Orient, la thématique du film est déjà très présente dans ma tête, alors j’ai hâte de la voir traité, à priori avec brio !

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