Rencontre avec Stéphanie Ledoux : « le dessin comme prétexte à la rencontre »
Nov 10, 2014 Art 14

Stéphanie Ledoux, il y a de fortes chances que vous la connaissiez déjà et que vous appréciez son travail. Si vous ne la connaissez pas encore, ce manque dans votre « panthéon de carnettistes de voyage vivants » sera bientôt comblé.
Je suis le travail de Stéphanie depuis des années. Il y a quelques mois, nous avons commencé à échanger virtuellement, c’est notamment grâce à elle que j’aurai la chance de partir en Namibie. Mais l’occasion de la rencontrer « dans la vraie vie » ne s’était pas encore présentée. Voilà qui a été réparé à l’occasion du très bon festival le Grand Bivouac. Ce genre de rencontres, il faut les partager… Je vous souhaite donc une bonne lecture et une bonne découverte !

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Comment as-tu commencé à dessiner ?

J’ai commencé à la maternelle. D’aussi loin que je me souvienne, on me disait « tu dessines bien ». Je me rappelle que j’étais particulièrement forte en chats tigrés, ils avaient un grand succès. Du coup, on m’a toujours donné une image positive à ce propos, alors j’ai continué. Grâce à ça, je ne me suis jamais ennuyée.

Comment t’es-tu mise à voyager et dessiner en même temps ?

J’ai commencé avec un journal de bord, à titre personnel. Il y avait des petits collages. Petit à petit, il y a eu de plus en plus de matières. Le portrait est venu très tard. J’avais peur de déranger, que les gens jugent ce que je faisais. Quand j’ai un peu pris confiance en moi, j’ai commencé les portraits, j’avais 18 ou 20 ans. J’ai alors réalisé que le dessin déclenchait des rencontres. En dessinant, on est plus qu’un simple touriste de passage. Du coup, je me suis servie du dessin comme prétexte à la rencontre.

Dessines-tu tout sur place ?

La plus grande partie de mes dessins est faite sur place. Je retravaille certains détails à mon retour – elle feuillette un de ses carnet original. Le but de mes carnets est de ramener un livre sensoriel, une sorte de boîte à trésors. Quand je vois un des personnages dont j’ai tiré le portrait, là où toi, tu vois une simple aquarelle, moi je revis toute une scène, avec les personnes que j’ai rencontrées, les sons, les odeurs, c’est un raccourci vers un souvenir précis. Je dessine pour moi avant tout.

(Elle commence à me parler d’un des carnets posés devant nous)

Pour celui-ci, j’étais en Inde, où je suis partie quinze jours en voyage pour tourner un petit rôle dans un film. Mais les moments de tournage étaient très courts. Nous vivions en immersion dans une forêt à éléphants sauvages, mais j’avais interdiction de me balader en forêt, car les éléphants sauvages sont dangereux. Je me suis vite ennuyée, du coup j’ai énormément dessiné. Ce n’était pas prévu, mais de là est né mon dernier livre.

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On dit parfois que ton travail semble influencé par Titouan Lamazou, qu’en penses-tu ?

Titouan Lamazou m’a fait réaliser qu’on pouvait faire de belles choses à partir de portraits réalisés en voyage. Mais c’est surtout car il est populaire que les gens font le raccourci, qu’on pense facilement à lui. Il n’est pas le seul artiste qui m’a influencée, et ce n’est pas mon carnettiste préféré. Je lui préfère la délicatesse du travail de Nicolas Jolivot par exemple, avec sa manière d’utiliser des matériaux et papiers trouvés en voyage. Ou encore la spontanéité enlevée du trait de Benjamin Flao ou Reno Marca…

Vis-tu aujourd’hui de ton art ?

En additionnant plusieurs activités mises bout à bout, oui ! Il y a mes peintures, les expositions qui vont avec, les ateliers que j’anime, les interventions scolaires, les commandes d’illustrations, et mes livres…

Quels sont tes projets ?

J’ai un projet de longue haleine en cours, avec Eric Lafforgue, un photographe voyageur hyper talentueux. Tous les deux, on est beaucoup partis en Afrique cette année, en Ethiopie, en Namibie et au Kenya, et nous avons encore d’autres voyages prévus. Le projet est de réaliser un très grand et très beau livre sur les peuples, un carnet de voyage à quatre mains mêlant photos et dessins. J’espère que ce sera un livre marquant. Il nous faudra plusieurs années pour le réaliser, mais nous n’avons pas d’impératif de temps. Je choisis mes projets en privilégiant le plaisir et la découverte… Vu que j’autofinance la plupart de mes voyages, je garde la liberté de me faire plaisir…

Aurais-tu un dernier message à passer aux lecteurs de ce blog ?

La vie est courte ! Si vous rêvez d’une destination lointaine ou inaccessible, passez à l’acte. C’est une expérience dont on garde le souvenir toute une vie. Sur le festival, j’ai croisé beaucoup de personnes qui m’ont dit « oh, vous êtes allée au Vanuatu, quelle chance, j’en rêve » ou des phrases de ce type. La chance, ça se provoque… Sautez le pas !

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Un immense merci à Stéphanie pour le temps accordé à cet entretien !
Vous pouvez la retrouver sur son blog, sur sa page facebook, ou retrouver ces livres par ici.

NB: Toutes les illustrations de cet article sont la propriété de Stéphanie Ledoux, stephanie-ledoux.blogspot.fr.
Et le site du Festival du Grand Bivouac, c’est par là !

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14 comments on “Rencontre avec Stéphanie Ledoux : « le dessin comme prétexte à la rencontre »

  1. J’ai découvert le travail de Stéphanie via la blogroll de Piotr (comme quoi, ça sert parfois les blogrolls). Moi qui dessine à peu près aussi bien qu’un gamin de 3 ans, forcément, je suis assez admiratif de son art. Ca me semble magique. Evidemment, il n’y a pas que de la magie, mais comme partout, beaucoup de travail j’imagine.
    Le coté vraiment sympa du dessin en voyage, c’est que c’est un art peu intrusif. Tirer le portrait avec un crayon est toujours considéré comme beaucoup moins « agressif » que de prendre une photo, et à raison d’ailleurs.
    J’ai malheureusement raté l’expo qu’elle avait fait il y a peu à Paris. On appelle ça un manque d’organisation, ou plus prosaïquement, être un boulet qui n’a pas pris note de la date au bon endroit 🙁

    1. Merci pour ton comm’ Laurent… tu es dur avec toi quand même !
      Et je suis bien d’accord avec toi, tirer un portrait dessin est toujours mieux accueilli que de tirer un portrait photo 🙂

  2. Je ne sais plus comment j’ai connu le travail de Stéphanie mais il me plait beaucoup et je la suis avec intérêt sur sa page FB (comme toi d’ailleurs !) Les carnets de voyage sont des livres que j’aime et dont je ne me lasse pas; les voyages aussi
    d’ailleurs et la Namibie semble en haut de la liste pour l’instant… à étudier… Merci de cette belle interview,

  3. Le travail est superbe ! Moi qui ne dessine que très rarement, cela donne envie ! Vraiment différent des photos, et tout aussi marquant. De belles rencontres grâce au dessin.

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