Portrait de Chine (6): Ye Shilan
Sep 13, 2010 La Chine au quotidien 5

Aujourd’hui nous partons à la rencontre de Ye Shilan (叶世兰), vendeuse de thés à Shanghai. Vous souvenez vous de la Tea City dont je vous parlais il y a quelques mois? et bien j’y viens de manière quasi religieuse tous les mois, surtout depuis que j’ai bien rencontré Ye Shilan… et cette-fois ci celle qui est devenue « ma » vendeuse exclusive a accepté de se dévoiler pour nous!

Qui es-tu?

Je suis Ye Shilan. Je suis moi-même… c’est tout!

D’où es-tu?

Je viens du Fujian.

Pourquoi es-tu venue à Shanghai? à quel moment?

Je suis arrivée en 2004, j’avais 18 ans. Je suis venue à Shanghai car j’avais l’impression que c’était mieux que chez moi, je suis venue pour gagner de l’argent, comme tout le monde qui vient ici vous le dira! Je suis venue avec ma grande sœur. J’ai commencé par travailler dans une boutique d’habits à Qipu lu, je suis entrée là-bas grâce à une connaissance. Mais j’étais jeune, je sortais à peine de l’école, je ne savais pas comment faire, je vendais peu, et mon patron n’était jamais content…

En 2006, par l’intermédiaire d’un de mes cousins, j’ai rencontré mon mari; je suis alors venue travailler ici. Mon mari vient aussi du Fujian et sa famille travaille dans le thé.

En quoi consiste ton travail?

Je vends du thé toute la journée, je commence à 9h et je termine vers 20h30, sept jours sur sept. J’aime bien mon travail: c’est très ouvert, je rencontre beaucoup de gens et j’aime boire du thé. Boire du thé, ça permet d’embellir, d’avoir une belle peau, de ne pas grossir… Je suis bien occupée tous les jours, et j’ai 2 enfants, de 4 ans et 18 mois, ce n’est pas toujours facile. Ils restent dans le boutique avec leur père et leur tante (le mari tient une boutique dans le même immeuble, un peu plus loin).

Comment as-tu appris ton métier?

Au début je ne savais rien, je me sentais très bête. Et puis j’ai observé mon mari et sa sœur, ils m’ont formée, m’ont aidée. Deux mois plus tard ça allait mieux. J’ai aussi pas mal appris dans les livres, comme ça je peux répondre aux questions de mes clients. J’ai beaucoup de clients étrangers, j’aime bien ça, je peux échanger avec eux. S’ils ne me posent pas de questions, ce n’est pas moi qui leur en pose, mais s’ils sont ouverts, on discute pas mal. Il y beaucoup de Japonais, et pas mal de Français aussi!

Souhaites-tu rentrer un jour dans le Fujian?

Non, je préfère Shanghai, c’est plus animé, plus développé. Chez moi l’économie ne marche pas bien, la vie n’est pas géniale.

Tes parents ne sont-ils pas tristes à cette idée?

Non, ils se sont habitués… Ce sont des paysans, ils ont une vie dure, ils travaillent encore. Pour eux, mes frères et sœurs et moi on a déjà réussi, on a une vie plus facile que la leur. Mon père a surtout eu une histoire difficile: il avait 10 ans pendant la Révolution Culturelle; il a perdu sa mère très jeune, il a vraiment eu beaucoup de problèmes à ce moment là… Pour nous c’était plus facile, même si c’était aussi dur: quand j’étais petite j’aidais mes parents dans les champs. J’ai été 9 ans à l’école, mais je n’étais pas douée. Je n’ai pas bien appris l’anglais et je n’écris pas très bien le chinois non plus…

Tu envoies de l’argent à tes parents chaque mois?

Non, ils ne veulent pas de notre argent. Quand on rentre pour le Nouvel An on leur fait des cadeaux. Et puis moi, en tant que fille, je m’occupe maintenant des parents de mon mari, et mon frère s’occupe de mes parents….

Quel est ton rêve?

Gagner beaucoup d’argent! Faire de plus en plus d’affaires et acheter une maison à Shanghai. Quand j’étais plus jeune, mon rêve c’était d’être ma propre patronne, maintenant c’est fait, alors je n’ai pas d’autre rêve pour le futur (elle rigole!).

Que penses-tu de la Chine d’aujourd’hui?

La Chine ne va pas très bien… Il y a beaucoup de choses à améliorer… Même s’il y a déjà eu beaucoup de progrès… Par exemple dans mon cas ma vie est vraiment mieux qu’avant, mais tout ne va pas bien… Il y a des inégalités d’une région à l’autre, beaucoup de pauvreté, certains n’ont même pas de quoi se nourrir… je n’ai pas d’exemples précis, mais il y a beaucoup de choses à changer.

Qu’aimerais-tu dire aux lecteurs de ce blog?

La Chine se développe et s’améliore très rapidement, les progrès sont énormes: venez en Chine voir par vous-mêmes!

Si jamais vous passez par la Tea City, 天山茶成 tiānshāncháchéng au 520, Zhongshanxi Lu (près de Wuyi lu), rendez-vous au stand 1063 pour rencontrer cette jeune femme fort sympathique, et ne ratez pas le Languiren, un thé Wulong aux notes de réglisse, un régal!

Les précédents portraits de Chine se trouvent ici: Juanjuan, Abby, Catherine, Woody & Wang Qing.

 

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5 comments on “Portrait de Chine (6): Ye Shilan

  1. Merci pour ce beau portrait! De passage à Shanghai le mois dernier, j’ai justement découvert la Tea City grâce à ton précédent billet et j’en ai ramené un délicieux Wulong aux notes de réglisse… 🙂

  2. Merci beaucoup pour ce portrait, et pour cette super adresse. On peut dire que cette adresse a sauve mon premier jour a Shanghai, et m`a donne envie de passer outre ma premniere impression tres negative de la vile et de ses habitants (ce n`est pourtant pas ma premiere fois en Chine). Ye Shilan est super, elle m`a fait gouter pleins de the, elle prend son temps, elle m`a propose de gouter tel autre the en fonction de ce que j`ai aime. J`ai beaucoup aime le Languiren aussi, et je suis repartie les bras charges de the et prete a affronter la ville le lendemain. Encore merci pour cette super adresse.

  3. Noémie, je suis heureuse que tu aies eu une belle expérience avec Ye Shilan. Je l’ai vue cet été et elle m’a dit que pas mal de personnes venaient de ma part – si c’est pour avoir une expérience aussi bonne que la tienne, tant mieux 🙂

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