Le Musée d’Anthropologie de Vancouver, ou ma première plongée dans le monde amérindien
Juil 08, 2014 CanadaVoyaaages ! 14

J’arrive au Musée d’Anthropologie de Vancouver vers 16h. Le musée se situe dans « l’UBC », l’University of British Colombia. Une visite guidée a lieu à 18h, je repousse la visite du musée d’une paire d’heures : je veux comprendre les histoires des Natives,comme on appelle ici les Amérindiens, et je préfère attendre. Ce sera ma meilleure décision du jour.

Musée d'Anthropologie de Vancouver

D’ici là, je pars prendre l’air dans le parc du musée aménagé. J’y vois des maisons Haida, une des Premières Nations du Canada. Les maisons sont grandes, autour des totems de bois. Je ne comprends rien à cette symbolique. Malgré cela, les totems en imposent dans cet environnement, naturel et d’apparence authentique. D’eux émanent force et puissance… Je descends ensuite à la plage la plus proche, Wreck Beach. On me met en garde, c’est une optional clothing beach (plage avec habits en option). Tout est dans la formule. Sur la plage, peu de personnes, et moins nombreux encore sont ceux qui ont pris l’option sans habit. A peine verrai-je quelques lunes.

C’est la nature qui m’absorbe alors…

xxx Humer le plus pur des airs jamais aspiré. Inspirée par cette ville hors norme où la norme se nomme nature. La nature au cœur de la ville, la nature en centre-ville. Oublier les vieilles pierres, ici les monuments se nomment mers, lacs et forêts. Voir la vie en vert, voir la ville verte, voir le bleu du ciel sur le verre des tours de rêve, voir le bleu laver la terre au pied de la mer. Vancouver, rêve d’azur et de verdure. L’écologie trouve ici son logis, nouvelle école de la vie. Le sable gris git sous de gros rochers. Grisant roulis pacifique. Derrière la dense forêt, devant moi danse l’océan. Océan tu me pacifies. Pacifique tu es magnifique. xxx

Musée d'Anthropologie de Vancouver

Je repense aux Amérindiens.

Mes premiers pas sur le sol canadien m’ont permis de réaliser à quel point la situation est tendue entre Canadiens d’origine européenne et amérindienne. Je ne le sais pas encore, mais je tiens le bout d’une immense pelote qui m’occupera l’esprit pendant tout mon voyage.

La visite du musée est inestimable…

J’arrive au musée et j’ai devant moi un homme d’un âge avancé qui a passé sa vie au service de sa passion. Ses yeux brillent, il a beaucoup d’esprit et sensibilise son public à la difficile situation des Amérindiens d’aujourd’hui grâce à des allusions au passé bien placées.

Musée d'Anthropologie de Vancouver

Ce que j’apprends en ce beau jour de juin sur les Amérindiens de la côte Pacifique du Canada ?

Les Amérindiens de la côté Pacifique du Canada sont sédentaires, ou semi-sédentaires, et contrairement aux Amérindiens des plaines (ceux qui chassent le bison), ils ont de quoi se nourrir sans se déplacer, grâce à l’océan. Ils vivent donc dans des maisons de bois (et non des tentes). Ces maisons sont immenses et accueillent des dizaines de personnes. Les Amérindiens de la côté Pacifique du Canada se composent en trois groupes : les Salish, les Haida, les Kwakwaka’wakw, ils existent ensuite de très nombreuses ethnies (300 dans la province). Ils n’ont pas d’alphabet et l’apprentissage se fait par la transmission de la mémoire des anciens. Les totems… ne sont pas des totems mais des pôles. Les totems sont liés à une religion, ces pôles-ci sont le symbole de la personne à qui ils appartiennent. Ils montrent quels sont l’histoire et le statut du propriétaire. La personne créant son pôle ne peut sculpter que ce qu’elle a vraiment fait. Notre guide les compare aux médailles de guerre, elles sont trop respectées pour être portées « pour de faux ». Il en est de même pour ces pôles, si vous sculptez quelque chose c’est que c’est vraiment lié à vous. Ce peut être l’animal de votre famille (un ours, une grenouille, un loup) ou celui de votre compagne, ou le symbole d’un mérite réalisé pour quelqu’un. Plus il y a d’animaux sur le pôle plus grande est votre personne. Le guide nous parle ensuite des Potlatch. Ce sont des réunions permettant d’annoncer une nouvelle importante (par exemple quand on nomme un nouveau chef). La personne organisant le Potlatch invite chez elle des jours durant tous ses convives. Ont alors lieu des discussions, des danses, des cérémonies. Les Européens n’ont pas aimé cette tradition, ont essayé de l’interdire, n’y sont pas arrivés, alors pour éradiquer cette culture, ils ont tout simplement emmené les enfants amérindiens dans des « écoles résidentielles » pour les couper totalement de leur culture. Ainsi plus de Potlatch (et plus de transmission de culture). Ces écoles ont fonctionné jusque dans les années 1980… Le guide n’en parle pas ici, mais Monica, mon hôtesse de quelques nuits, m’en parlait, en version très succincte: les Amérindiens ont ensuite été envoyés dans les réserves, sans aucun soutien psychologique. Et ont du élever leurs enfants, avec leurs traumatismes, comme ils ont pu. Et ces mêmes enfants sont parfois devenus les marginaux tant mis au ban par les autres Canadiens… Notre guide nous dit aussi qu’une immense partie de la population amérindienne a été décimée par les maladies apportées par les Européens. Il nous parle aussi du respect de leur environnement qu’ont ces populations. Elles n’avaient pas de religion, si ce n’est le respect de la nature.

Je suis dans un autre monde…

Nous arrivons ensuite dans une pièce présentant des objets du quotidien. 40.000 pièces en tout dans ce musée. Qu’on peut retrouver intégralement sur internet… J’erre dans le musée. Tant de couleurs, de gaieté, de raffinement. Quelle tristesse de voir ces objets derrière des vitrines et se dire que leur utilisation est pour beaucoup perdue à jamais. Transmise uniquement oralement, si la culture est « coupée » pendant une génération ou plus, comment faire subsister savoirs et savoir-faire ? Pourtant que de beautés étalées sous mes yeux. Je sors du musée avec une seule envie. Mieux comprendre cette culture…

Musée d'Anthropologie de Vancouver

Musée d'Anthropologie de Vancouver

Musée d'Anthropologie de Vancouver

En pratique
Tarif : 16$75
Le site du Musée d’Anthropologie de Vancouver
Pour accéder aux collections du musée en ligne

Retrouvez les articles de mes 4 semaines en Colombie Britannique (le premier est celui tout en bas!).

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14 comments on “Le Musée d’Anthropologie de Vancouver, ou ma première plongée dans le monde amérindien

  1. Belle « rencontre » dis donc ! Ce n’est pas tout à fait la même culture, mais l’exposition sur les indiens des plaines du musée du quai Branly vaut également le détour. certains objets sont subjuguants de beauté.
    Et à propos de la relation des Indiens avec la nature, j’ai lu des choses assez contradictoires (ma prof de civilisation américaine à la fac était une spécialiste de la question). Il y a un mythe tenace de l’indien écolo qui qui servait la cause des écolos américains des 70’s mais qui n’est pas le reflet de la réalité.

    1. Merci pour le conseil de l’expo au Quai Branly. La culturelle y est-elle présentée comme une culture vivante? Ce n’est pas toujours le cas et ça peut vraiment donner un sentiment bizarre parfois, on te présente la culture de personnes encore en vie comme s’ils étaient tous disparus…
      Et pour le coup ce mythe de « l’indien écolo qui qui servait la cause des écolos américains des 70′s  » ça ne me dit rien.

      1. Les deux. Certains des objets montrés datent d’un peu plus d’un siècle, mais une partie de l’expo aborde aussi la renaissance de l’identité indienne, l’art contemporain indien… Le mieux, c’est d’y aller pour se faire une idée 😉
        Ma remarque sur l »indien écolo fait référence à ton texte : « Il nous parle aussi du respect de leur environnement qu’ont ces populations. Elles n’avaient pas de religion, si ce n’est le respect de la nature. » Beaucoup de ce mythe repose sur le discours du chef Seattle, qui est un très beau plaidoyer pour la nature… et une très belle imposture. Si le sujet t’intéresse, fais une recherche sur Google, il y a pas mal de choses.
        Ils en parlent aussi un peu dans l’expo du quai Branly.

  2. Encore un musée que j’aimerais découvrir !
    A Gatineau (tout à côté de la capitale Ottawa), j’avais beaucoup aimé le musée des civilisations, qui raconte l’histoire du Canada, des premiers peuples à aujourd’hui.

  3. Hello !
    Très intéressant, les pièces exposées ont l’air superbes ! Tu as eu raison de faire la visite, sans ça c’est quand même très compliqué à comprendre, et c’est par l’échange qu’on augmente gentiment notre compréhension…
    Du coup, je sais quoi faire à mon passage à Vancouver !
    Merci !

    1. Coucou!

      et elles le sont…
      Pour le coup, la question des Amérindiens m’a beaucoup occupée pendant tout mon séjour au Canada, j’y reviendrai en détails ici. Et oui, il n’y a que la communication & surtout l’échange qui aident à comprendre le monde 😀

  4. Un souvenir extra que ce musée ! Clairement pour moi, c’est limite le seul truc à visiter à Vancouver si on a peu de temps, en plus le campus est juste magique, je me serai bien vu y faire mes études tiens…
    Pour les Premières Nations, on connait tellement rien en Europe en fait sur leurs cultures. J’ai appris tellement de choses en 14 mois au Canada et il y a tellement de disparité entre les provinces. Je n’ai jamais écrit sur le blog tout ce que nous avons appris et ressenti à ce sujet, vraiment complexe ce sujet de société, je me sens pas capable de pouvoir vraiment en parler.

    1. Coucou Anne,
      tout à fait d’accord avec toi, un MUST que cette visite…
      Sur les Premières Nations, j’ai choisi d’en parler comme je l’ai vécu, au fil de mes découvertes, et de mon tout petit point de vue.
      Ma vision a pas mal évolué au fil des semaines, et a fini en « apothéose » à Tofino. Stay tuned et tu verras 😉
      Dommage que tu n’aies pas essayé d’écrire à ce propos, ça en aurait intéressé plus d’un je crois !

  5. Très belle découverte ce musée, avec une œuvre pour laquelle je pourrais rester des heures à tourner autour et observer, comme l’Homme en mouvement de Boccioni au MoMA. Je parle ici de Raven and the First Men de Bill Reid, sous son puits de lumière, qui symbolise la naissance du monde. Grandiose.

  6. Je découvre ce « vieil » article, car pour janvier, ma fille veut découvrir les Etats-Unis et je prépare donc un petit dossier avec de la culture amérindienne dedans. à la base je cherche le terme français pour dire « plankhouse », les maisons dont tu parles.
    Du coup j’en profite : pour le totem, en français on dit « mat totémique » à distinguer des totems que l’on trouve en Afrique par exemple.

    1. Coucou
      bonnes recherches !
      Je crois qu’on dit Totem dans ce cas aussi…
      « Totem (Amérindiens), toute sculpture symbolique évoquant les totems indiens, faite sur un tronc d’arbre planté dans le sol », d’après https://fr.wikipedia.org/wiki/Totem
      Mais je ne suis pas spécialiste. Nos amis québécois en sauront plus, je suppose 🙂
      A bientôt !

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