La Crète au coeur… et au carrefour des civilisations !
Avr 17, 2019 Europe 6

Je rentre de 5 jours en Crète.
5 jours de beau voyage, pour une première rencontre avec cette île (comme avec la Grèce). 5 jours pour deviner à peine les richesses que la Crète a à offrir.
Je vous propose aujourd’hui la lecture de l’ensemble de mon journal de bord – j’espère qu’il vous plaira !

NB : ce voyage a été organisé par Chryssa, agente partenaire d’Evaneos pour qui je travaille, les salarié.e.s ayant la chance d’avoir une « cagnotte voyage » pour tester les services de cette belle marque…

Entre ciel et mer, entre Paris et la Crète – jeudi

Très appréciable impression d’être attendus par une amie. Chryssa, notre agente de voyage basée à Héraklion, m’a envoyé hier un petit message sur WhatsApp : « Tout va bien vous êtes prêts ? » Comme une chère amie m’accueillant chez elle s’en inquiéterait !
C’est la première fois que nous partons à deux, depuis plus de deux ans et demi, la dernière fois, c’était en Namibie ! Il était temps ! Partir en famille est bien sûr génial, surtout quand c’est pour aller voir sa deuxième terre natale, mais partir en amoureux est je crois vital pour entretenir la flamme, surtout quand il s’agit d’un couple de baroudeurs comme nous.
Les trois enfants très turbulents assis sur les sièges juste devant nous me rappellent à quel point il est bon de n’avoir que sa propre personne à gérer…
Mon esprit s’évade par le hublot de notre avion… Aucune image de la Crète avant ce voyage. Ni de la Grèce. Du bleu je suppose, des bleus sans doute même, ceux des cieux et ceux de la mer. Du blanc en guise de murs peut-être. De la nature version XXL ? De la bonne et saine nourriture sans doute ?

Depuis la Dia taverne, Héraklion – vendredi

A peine quelques heures que je suis en Crète et le charme opère…
Voir la mer… Voir la mer depuis notre hôtel, depuis le café, la voir par surprise… Petit bonheur aussi simple que dépaysant !
Rencontre avec Chryssa hier. Nous passons à peine une heure ensemble mais d’avoir échangé tant de fois avec elle, de la voir si passionnée, souriante et accueillante me touche…
Deux heures à peine après avoir atterri sur le sol crétois, nous nous lançons dans une incroyable immersion culturelle, autour de l’huile d’olive menée par Giorgos et sa mère.
Giorgos a 39 ans et il est passionné par la gastronomie crétoise. Il a beaucoup voyagé, et de retour en Crète, il s’est demandé ce qu’il pourrait faire, surtout avec la crise. Les food tours commençaient à être populaires dans d’autres pays. Il a commencé à en développer à Héraklion, avant d’ouvrir il y a un mois le lieu où nous nous trouvons. Sa maman est aux fourneaux, elle ne se joindra à nous que plus tard dans la soirée.
Tous les trois, puis quatre, nous passons un incroyable moment. Plus qu’un cours de cuisine, c’est un superbe échange. Nous apprenons bien des choses sur les Crétois, et Giorgos, de formation anthropologue, est aussi curieux en retour sur mon malien de mari et sur notre vie à Paris.
La rencontre est là. Avant la fin de la soirée, Giorgos et sa maman nous aurons répété quatre fois que nous sommes invités à son mariage, en septembre prochain.
Parmi les nombreuses choses apprises ce soir-là : les Crétois consomment 40 litres d’huile d’olive par an ! Ils cultivent leurs champs d’oliviers et procèdent à la cueillette eux-mêmes, ou en famille, tous les ans en novembre. L’an dernier, Giorgos et son meilleur ami ont cueilli en deux jours toutes les olives nécessaires à leur consommation annuelle.
J’ai aussi appris à déguster une huile d’olive et à en apprécier ses qualités, amère, poivrée ou citronnée. Et grande surprise l’huile d’olive se marie à merveille avec une cuillère de mousse au chocolat…

Ce matin, je pratique mon type de tourisme préféré : déambuler au hasard des rues dans une ville inconnue à la recherche du café idéal avec vue.
Héraklion n’est pas réputé pour sa beauté mais j’apprécie ses charmes : la mer que l’on voit beaucoup, ses vieilles pierres souvent laissées en chantier, où la nature essaie de reprendre ses droits, les arbres bien présents dans le centre-ville, les visages des Crétois qui s’ouvre au premier Yassas venu…

Depuis le Phileas hôtel, Hania – vendredi

Ma journée crétoise s’achève sous un ciel qui pleure. Bien au contraire de ma bonne humeur…
Moins de trois heures de bus nous emmènent de Héraklion à la Canée, appelée Hania par les Crétois (prononcez Rrrania !). Trois heures entre mer et montagne ponctuées par des troupeaux d’ovidés.
Pénélope la collaboratrice de Chryssa, et pour deux jours notre guide, nous attend à la gare. Nous passons avec elle notre fin de journée. Aussi passionnée que passionnante, elle nous transmet son amour pour sa terre.
Hania fut un temps la capitale de la Crète et porte dans sa chair dans ses pierres la géographie bien vivante de plusieurs siècles d’histoire tourmentée. Romain, grec, vénitien, ottoman, les influences et envahisseurs furent variés. Sans parler de l’époque préhistorique de Hania. Quand nous étions à l’âge de bronze sur notre terre française, la Crète connaissait la riche civilisation des Minoen dont il nous reste si peu de traces aujourd’hui.
Dans les entrelacs de Hania, dans une cour ou sur une porte, c’est tel ou tel morceau de sa riche histoire qui palpite encore. Pénélope nous invite à sauter d’une période à l’autre au fil des ruelles de cette ville qui restera pour moi un heureux labyrinthe.

Nous continuons la soirée au-dessus de délicieux mezzés, et c’est de la Crète d’aujourd’hui dont nous discutons. Des conditions de vie si difficiles, pour ne pas dire insoutenables, depuis la crise. De cette violence moins visible mais non moins présente, qui déchire la population aux positions politiques exacerbées.

– Ça sent la guerre, nous dit plusieurs fois Pénélope…
– Te sens-tu européenne ?
– Tu sais nous sommes dans le sud et dans l’Est de la Méditerranée. Je me sens plus proche des cultures arabe et musulmane qu’européenne.

Je suis surprise, Pénélope m’explique : c’est par sa culture du quotidien qu’elle se sent plus proche de ce qui nous paraît si lointain à nous les Français – l’hospitalité, la solidarité, le vivre ensemble…
Et mon malien de mari de confirmer « C’est exactement ce que je me suis dit hier, en arrivant : les gens d’ici me font penser aux gens de chez moi au Mali ! »

Depuis le café près de chez Maria, Hania – samedi

21h40, je suis assise dans un café sans charme particulier, quelque part dans un quartier résidentiel de Hania. De la pop grecque plein les oreilles, de lourds nuages de fumée flottant dans l’air, et deux tables très animées par des jeux de cartes. Samedi soir sur la Terre, quelque part en Crète.
Cette heure à écrire au-dessus d’un café frappé typiquement grec clôt à merveille ma journée crétoise. La pluie est aujourd’hui bien plus présente qu’hier. Je ne le sais pas en ce samedi matin, mais ce sera pour moi une bénédiction.
Le programme du jour : le lagon de Balos. Un des plus beaux de Crète, et même de Grèce me dit-on.
« Je ne sais pas si on pourra monter en voiture », me dit Pénélope qui me guide aujourd’hui encore. Je ne m’inquiète pas. Si ce n’est pas au lagon que nous irons une autre sympathique escapade nous attendra ailleurs.
La nationale est plus ou moins pluvieuse, mais toujours belle en ce mois d’avril, elle est bordée de mimosas qui déversent leurs gerbes d’or sur les bas-côtés.
La nationale se fait route puis sentier. Deux voitures descendent.
« On doit pouvoir monter ».
On s’arrête observer la riche endémique flore ça et là.
La route patine. Pas tant que ça, on continue. On aperçoit la dernière cabane avant le parking.
Il nous a fallu près d’une heure pour parcourir moins de 10 kilomètres d’une route éprouvée par les diluviennes pluies qui s’abattent sur la région depuis trois mois.

Il n’y a que cinq voitures au parking de ce qui est normalement l’un des trois sites les plus visités de Crète. Nous aurons le sable de Balos pour nous seuls et ne croiserons que deux couples de randonneurs.
« C’est unique, tu as de la chance ! »
D’autant plus que les cieux se calment les deux heures de notre balade. Point de pluie et même des éclaircies.
20 minutes d’un sentier de pierres nous mènent à l’imprenable vue sur le lagon. On se croirait aux Caraïbes – nous sommes bien au cœur de la Méditerranée.
Pénélope commente pour moi : « Ici on comprend que la Méditerranée était un lac… Il y a des millions d’années. L’eau de ce lac s’est évaporée 30 fois et a laissé ce superbe phénomène naturel. »
Blanc, turquoise, bleu profond se mêlent sous mes yeux, le tout cerclé par des îles ou par la côte crétoise aussi sauvage que déchiquetée.
Ma guide continue : « Ce lagon fut pendant des siècles un repaire pour pirates et corsaires. »
En ce premier samedi d’avril, j’ai la plage et cette beauté forgée par les forces de la nature pendant des millions d’années pour moi seule.
On arpente le lagon en marchant dans l’eau fraîche et transparente. L’écume ride les fonds marins. Le sable se fait rose par endroits, poussières de coquillage.
Pénélope est une excellente compagne. On parle tout aussi bien d’histoire, de géologie, que de littérature…
Il est déjà temps de reprendre la route. Dans un port voisin, nous nous régalons de tarama fait maison, d’herbes sauvages et de fritures, avant de nous retrouver sous des ondées à l’approche de Hania.

Mon cher et tendre tenait à se faire masser. Pénélope nous conseille les services de son amie Maria. On se décide finalement pour un massage à son domicile.
Maria vient nous chercher à notre hôtel. Tout en sourire, elle nous reçoit avec humilité : « Je n’ai pas encore de salon officiel. »
Dans son petit appartement, je goûte un des meilleurs massages à l’huile depuis des lustres. Une pure heure de détente.
Je laisse ensuite ma si bonne place à mon mari et vais patienter dans le café du coin, en ce très heureux samedi sur la Terre.

Depuis un café à Hania – lundi

Il est 9h49 et je suis assise dans un café, sur la place où une église est chaussée d’un minaret, incarnation des si nombreuses influences que la région a connues.
Ce café me faisait de l’œil depuis hier, j’y ai élu domicile quelques temps pour y écrire ma journée d’hier, mais je ne peux m’empêcher de d’abord croquer en mots la scène qui m’entoure.
Un large café, tout en baies vitrées donnant sur la place. Chaises de paille, tables en fer ou ornées d’un plateau de marbre pour accueillir les joueurs de cartes.
La salle est sur deux niveaux. En bas, le bar et sa tenancière pas particulièrement avenante à mon égard. Sept hommes sont les clients du lieu. Kalimera – un huitième entre à l’instant. Ils se connaissent, cheveux blancs ou grisonnants pour tous, lunettes et couvre-chefs pour certains. On lit le journal, on joue aux cartes, on s’interpelle avec plus ou moins d’intensité, on câline un chat, on sirote le café grec comme il se doit, avec bruit, pour ne pas avaler le marc. Pas un téléphone portable sur une table.
Il n’est pas 10h en ce lundi matin d’une des plus d’une des villes les plus touristiques de Crète, et je suis la témoin d’une scène qui semble aussi banale qu’immémoriale.

Retour sur ma journée de dimanche.
Direction le sud et Sfakia. La Crète ne fait que 40 kilomètres du nord au sud. On passe donc du niveau de la mer à des sommets de plus de 2000 mètres en 20 kilomètres seulement.
C’est la route qui nous attend ce matin : sinueuse, aux paysages variés – surprenante donc. Au détour d’un virage, un paysage inouï me fait face : un village, derrière une bande verte de pré-montagnes, et juste derrière encore les hauts monts coiffés de neige. Bluffant !

Damoulis sera notre capitaine d’un jour. On a le luxe d’avoir un bateau pour nous seuls…
Damoulis nous explique : « A partir d’ici il n’y a plus de route, que des lieux accessibles en bateau. Vous voyez cette plage, et cette grotte ? Elles sont reliées à des tunnels qui permettent à la neige des montagnes de se fondre dans la mer. C’est pour ça qu’il y a de si belles teintes de bleu dans l’eau. Cette eau douce alimente bien des villes crétoises. »
Nous arrivons devant un paysage de carte postale, Loutro nous fait face. Des petites villas bleues et blanches perchées entre montagne et eau turquoise.
Ces maisons ont été construites pour les touristes, mais ce lieu a pourtant une histoire.
« À l’époque romaine et byzantine, il y a eu jusqu’à 11 000 habitants entre ce village et celui des montagnes, juste au-dessus, derrière les nuages. » nous explique notre guide capitaine.
Difficile d’imaginer ici une zone d’activité commerciale…
Nous continuons notre croisière et reviendrons plus tard pour déjeuner ici.

Cap sur la plage de Marmara. « Pour le 15 août et en été en général, ce lieu est très prisé, c’est bondé. »
Aujourd’hui il n’y a que trois Crétois qui remettent l’unique cafétéria en état. Balade sur les falaises aiguisées, détours au cœur d’une gorge profonde, et trempotage marin, nous coulons une heure heureuse. Nous dégustons ensuite un excellent café frappé avec une vue inouïe – café qui nous sera offert par la maison… La saison n’a vraiment pas commencé !

Retour à Loutro. Ici aussi on nettoie on répare on remet en état. Sur tout le front marin, une seule taverne accueille les huit touristes du jour.
Nous partons en balade dans les collines au-dessus du front de mer. Au bout d’un chemin d’une vingtaine de minutes, nous sommes en surplomb de la mer. Des ruines ponctuent toute l’étendue naturelle, entre roches, oliviers et paysages de bruyère. La mer encercle ces avancées de terre. Il n’y a ni âme qui vive, ni aucun emménagement récent. Devant les ruines, la pente ponctuée de dizaines d’arbustes vert chlorophylle court vers la mer. J’imagine mieux les milliers de personnes de l’époque. Point de fantôme, mais nous ne sommes pas seuls pour autant : des dizaines de chèvres broutent et gambadent, le son de leur cloche rythmant ce moment unique…
Je suis très loin de la carte postale créée en contrebas pour les touristes.
Je suis dans ce qui restera pour moi un de mes plus beaux souvenirs crétois…

Un peu de poésie venue de Crète

Quelques mots d’un poète crétois pour terminer ce récit qui, je l’espère, vous aura plu…
Ces si belles lignes reflètent tout à fait mon humeur lors de cette superbe découverte de la Crète !

Visiter la terre, regarder
– regarder, sans se rassasier –
des terres nouvelles et des mers
et des gens et des idées,
regarder tout comme si c’était la première fois,
regarder tout comme si c’était la dernière fois…
-N. Kazantzaki

Connaissez-vous la Crète amis lecteurs ?
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6 comments on “La Crète au coeur… et au carrefour des civilisations !

  1. Oui, j’ai passé une semaine dans le village de Bali (et visité le nord de l’île en bus depuis ce point). J’avais adoré la douceur de vivre et la gentillesse des habitants. Sans parler de la cuisine si bonne…

  2. Très intéressant carnet de voyage. J’aime cette façon de raconter simplement sans en rajouter, si loin des blogs qui prétendent donner des conseils sur des pays qu’ils ne font que découvrir.
    Je suis sensible aussi à la réponse de Pénélope à ta question « Te sens-tu européenne ? ». Et bien sûr, pour moi qui ait passé quinze ans de ma vie au Maroc, aux valeurs de l’hospitalité et de la solidarité que vous avez (re)trouvées là-bas !
    Cela me donne grande envie d’aller voir !

    1. Merci beaucoup Alain pour ton commentaire…
      Je ne me reconnais pas non plus dans certains récits de blogueurs – mais la toile est vaste, il y a de la place pour tous !
      Ravie que ces lignes te parlent… et oui, si mon mari malien y a ressenti des notes africaines (il adore le Maroc d’ailleurs), cela risque de vous parlez aussi !

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