Je n’ai jamais réellement rêvé d’Angkor. Je ne fais pas partie de ces gens qui ont fantasmé cette découverte, le nez dans les livres ou sur les atlas.
C’est quelqu’un qui m’a dit…
Puis, je suis venue vivre en Asie et j’en ai entendu parler. Un peu, beaucoup, passionnément, au gré de mes rencontres avec des gens qui y sont passés. Puis j’ai planifié mon voyage, et une halte en ce lieu s’est bien sûr imposée. Et j’étais heureuse d’avoir une imagination assez vierge, jusqu’à ce que, inévitablement, je commence à la polluer à la lecture de blogs et de sites internet.
Ces quelques lignes lues dans le superbe Road Book attisent aussi mes émotions – la réalité peut-elle vraiment être à cette hauteur?
Puis le Bayon, les têtes de pierre qui me souriaient, des sourires par centaines. J’en ai pleuré d’émotion, jamais je n’aurai cru pleurer à cause d’une chose autre que l’humain – il est vrai que ces pierres sont vivantes.

Une fois à Phnom Penh, la visite du Musée National du Cambodge pique définitivement ma curiosité sur les Temples d’Angkor. Ce musée recèle de sublimes collections pour un visiteur qui n’a pas encore été dans ces temples. Plus de 14.000 pièces de l’époque préhistorique et de l’empire khmer, dont beaucoup de statues de bronze et de pierre. Vishnu, Shiva, Ganesg et Bouddha sont à la fête! Le bâtiment qui l’abrite est également de toute beauté, rafraîchissant avec son superbe patio. Douceur, sagesse, éveil, émerveillement, mais aussi patience, immortalité et stabilité émanent de cet endroit.
Mes doutes rôdent encore: comment une civilisation si avancée a-t-elle pu se laisser ensevelir sous un manteau végétal pendant cinq siècles? et surtout comment un peuple issu de cette civilisation a-t-il pu tomber si bas?… Les Khmers d’aujourd’hui sont-ils les héritiers de cette histoire, ou est-elle à jamais ensevelie?
Il me tarde de découvrir Angkor, de me laisser envahir par ces charmes éteints, de l’imaginer vivante, aussi bouillonnante que nos cités médiévales, si ce n’est plus.
Un livre accompagne ma douce rêveriesur les routes: il s’agit des extraits d’Un pèlerin d’Angkor, de Pierre Loti. On est dans un monde éteint, celui de l’Indochine française du début du 20ème Siècle, et l’auteur livre un regard très personnel sur ce paradis imaginaire qu’il a du mal à atteindre, et qui n’est pas à la hauteur de ses attentes… d’une vie. Il a en effet rêvé cet endroit depuis son enfance. Tendre, poétique, touchant, parfois en colère, c’est une magnifique mise en bouche littéraire avant la découverte…
Quelques extraits qui ne parlent pas d’Angkor même, mais qui sont fidèles à l’ambiance du livre…
A première vue, on croirait qu’il est inhabité ce pays, à mieux regarder cependant, on s’aperçoit combien son opulent manteau vert est déjà sournoisement travaillé en dessous par le microbe humain.
Et à propos de Phnom Penh:
On croirait l’une de ces colonies anciennes, dont le charme est fait de désuétude et de silence.
Et sur la découverte du Bayon:
Voici les portes; des racines, comme des veilles chevelures, les drapent de mille franges; à cette heure déjà tardive, dans l’obscurité qui descend des arbres et du ciel pluvieux, elles sont de profonds trous d’ombre devant lesquels on hésite. A l’entrée la plus proche, des singes qui étaient venus s’abriter, assis en rond pour tenir quelques conseils, s’échappent sans hâte et sans cris; il semble qu’en ce lieu le silence s’impose. On n’entent que de furtifs bruissements d’eau: les feuillages et les pierres qui s’égouttent après l’averse.
Tout ce que j’ai bien pu lire ou voir m’imprégna, mais assez légèrement pour que mon expérience diffère de tout ce que je m’étais imaginé. La surprise n’en fut que plus belle !
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