Catégorie : Voyaaages !

Un voyage en Asie* Rêver Angkor…

Je n’ai jamais réellement rêvé d’Angkor. Je ne fais pas partie de ces gens qui ont fantasmé cette découverte, le nez dans les livres ou sur les atlas.

C’est quelqu’un qui m’a dit…

Puis, je suis venue vivre en Asie et j’en ai entendu parler. Un peu, beaucoup, passionnément, au gré de mes rencontres avec des gens qui y sont passés. Puis j’ai planifié mon voyage, et une halte en ce lieu s’est bien sûr imposée. Et j’étais heureuse d’avoir une imagination assez vierge, jusqu’à ce que, inévitablement, je commence à la polluer à la lecture de blogs et de sites internet.

Ces quelques lignes lues dans le superbe Road Book attisent aussi mes émotions – la réalité peut-elle vraiment être à cette hauteur?

Puis le Bayon, les têtes de pierre qui me souriaient, des sourires par centaines. J’en ai pleuré d’émotion, jamais je n’aurai cru pleurer à cause d’une chose autre que l’humain – il est vrai que ces pierres sont vivantes.

Une fois à Phnom Penh, la visite du Musée National du Cambodge pique définitivement ma curiosité sur les Temples d’Angkor. Ce musée recèle de sublimes collections pour un visiteur qui n’a pas encore été dans ces temples. Plus de 14.000 pièces de l’époque préhistorique et de l’empire khmer, dont beaucoup de statues de bronze et de pierre. Vishnu, Shiva, Ganesg et Bouddha sont à la fête! Le bâtiment qui l’abrite est également de toute beauté, rafraîchissant avec son superbe patio. Douceur, sagesse, éveil, émerveillement, mais aussi patience, immortalité et stabilité émanent de cet endroit.
Mes doutes rôdent encore: comment une civilisation si avancée a-t-elle pu se laisser ensevelir sous un manteau végétal pendant cinq siècles? et surtout comment un peuple issu de cette civilisation a-t-il pu tomber si bas?… Les Khmers d’aujourd’hui sont-ils les héritiers de cette histoire, ou est-elle à jamais ensevelie?

Il me tarde de découvrir Angkor, de me laisser envahir par ces charmes éteints, de l’imaginer vivante, aussi bouillonnante que nos cités médiévales, si ce n’est plus.

Un livre accompagne ma douce rêveriesur les routes: il s’agit des extraits d’Un pèlerin d’Angkor, de Pierre Loti. On est dans un monde éteint, celui de l’Indochine française du début du 20ème Siècle, et l’auteur livre un regard très personnel sur ce paradis imaginaire qu’il a du mal à atteindre, et qui n’est pas à la hauteur de ses attentes… d’une vie. Il a en effet rêvé cet endroit depuis son enfance. Tendre, poétique, touchant, parfois en colère, c’est une magnifique mise en bouche littéraire avant la découverte…

Quelques extraits qui ne parlent pas d’Angkor même, mais qui sont fidèles à l’ambiance du livre…

A première vue, on croirait qu’il est inhabité ce pays, à mieux regarder cependant, on s’aperçoit combien son opulent manteau vert est déjà sournoisement travaillé en dessous par le microbe humain.

Et à propos de Phnom Penh:

On croirait l’une de ces colonies anciennes, dont le charme est fait de désuétude et de silence.

Et sur la découverte du Bayon:

Voici les portes; des racines, comme des veilles chevelures, les drapent de mille franges; à cette heure déjà tardive, dans l’obscurité qui descend des arbres et du ciel pluvieux, elles sont de profonds trous d’ombre devant lesquels on hésite. A l’entrée la plus proche, des singes qui étaient venus s’abriter, assis en rond pour tenir quelques conseils, s’échappent sans hâte et sans cris; il semble qu’en ce lieu le silence s’impose. On n’entent que de furtifs bruissements d’eau: les feuillages et les pierres qui s’égouttent après l’averse.

Tout ce que j’ai bien pu lire ou voir m’imprégna, mais assez légèrement pour que mon expérience diffère de tout ce que je m’étais imaginé. La surprise n’en fut que plus belle !

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Un Voyage en Asie* Cambodge, S-21 ou dire l’indicible

Je visite le centre S-21.

Comment dire l’indicible?

Avant tout le lieu: aujourd’hui à mi-chemin entre un musée et un mémorial, c’est finalement ni l’un ni l’autre. Pas assez explicite pour être un musée, pas assez bien conservé pour être un mémorial. Le lieu a été nettoyé, mais pas entièrement. La pelouse est belle, les arbres en fleurs, et les instruments de torture sont encore là.

Car il est question ici d’un ancien lycée qui a été transformé par les Khmers rouges en centre de détention, de torture et d’exécution entre 1975 et 1979. Le lycée avait alors comme nom secret prison de Sécurité 21 ou S-21. Les Khmers rouges enfermaient ici tous les opposants supposés au régime, sur n’importe quel motif. Les personnes enfermées étaient aussi bien des jeunes que des personnes plus âgées. Il y avait des femmes, des enfants, et parfois des familles entières (bébés y compris) d’ouvriers, d’intellectuels, de ministres et de diplomates cambodgiens, mais aussi des étrangers. Le simple fait de porter des lunettes (y compris pour les enfants) était suffisant pour être considéré comme intellectuel et donc « à exterminer ».

La page wikipédia dédiée vous en dira plus sur cet endroit.

Je ne souhaite partager ici que mes émotions, notées à vif et à peine retravaillées depuis…

Des photos, beaucoup. De (tous?) les détenus passés par là, répertoriés, minutieusement. Leurs grands yeux me hantent. Pour longtemps encore. Surprise, effroi, fatigue. Souffrance déjà pour certains. Arrivés ici par surprise, beaucoup ne savaient pas ce qui les attendaient. Certains sourient même sur ces preuves du décompte administratif de l’horreur.

Et les photos de l’horreur justement. Notamment deux, où l’on voit les prisonniers au crâne défoncé. Au delà de l’horreur. Au delà de ce qui peut être dit, et peut-être vu.

Puis les témoignages de trois des sept survivants.
Et les peintures qui illustrent plus d’horreur encore.

20.000 victimes. Un staff de 1.684 personnes. Où sont-ils ces barbares? Ces inhumains qu’une idéologie malsaine a permis de lâcher leur pire bestialité… Sont-ils dans les rues de Phnom Penh? Sont-ils déjà morts au fond d’un lit confortable? Comment peut-on aujourd’hui encore accepter tant d’injustice au nom de l’unité nationale? Les proches des victimes ou les survivants eux-mêmes ne recroisent-ils pas ces bourreaux? Et notre humanité toute entière, comment vit-elle avec cela? Quand on sait que cela se produit encore aujourd’hui dans des provinces qui n’intéressent personne?

Des questions, pas de réponse.

Et comment reprendre une vie normale, une fois la porte de ce « musée » dépassée? On referme ces souvenirs pas si lointains, on les coince derrière les excuses de l’éloignement, de la différence de culture, et on continue à vivre? On bien on rouvre les yeux, sur ces images, on pleure et on se sent révoltés, impuissants, imbéciles?

Je vous conseille deux lectures, qui pourront vous aider à comprendre mieux ces lignes et surtout le drame de ce pays. Je vous en parlerai peut-être un jour plus en détails, peut-être pas. Ces deux livres aident à comprendre l’horreur incarnée, dans deux styles différents, et qui se complètent et sont précieux.

D’abord ils ont tué mon père, où Ung Loung témoigne de son expérience de petite fille pendant ce drame, et Le Portail, de François Bizot où il décrit Duch au début des années 1970, avant qu’il ne devienne dirigeant de Tuol Sleng.

Acheter en ligne: D’abord ils ont tué mon père & Le Portail.

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Un Voyage en Asie* Phnom Penh, doutes et espoir retrouvé…

Phnom Penh est une charmante capitale, dans laquelle j’ai eu envie de poser un peu mon sac…

Au premier regard, je suis conquise: l’architecture est belle et harmonieuse, pas de hauts buildings, mais des maisons et immeubles de style colonial au charme désuet. Je me demande encore comment une bonne partie d’entre eux tient debout! Le Mékong est aménagé d’une belle promenade. Un endroit idéal pour se dégourdir les jambes et prendre un verre. Bon, un point négatif sur la ville en elle-même: les odeurs sont (très) fortes en cette saison chaude.

Et bien vite, autre chose me gêne, me met mal à l’aise, rend ma position de touriste insupportable… tant d’enfants travaillent dans les rues, chiffonniers ou petits vendeurs de tout et de rien. Leurs yeux sont tellement tristes, vides et fatigués. J’en perds tous mes moyens à chaque fois que j’en croise un. Tant d’impuissance, d’injustice. Ils seraient 20.000 dans les rues de Phnom Penh.

Je vois aussi des handicapés, victimes des mines anti-personnelles, mais pour le coup, moins nombreux que ce à quoi je m’attendais, même s’ils sont salement amochés. Peut-être est-ce le fait d’être hors saison touristique? Ne serait-ce qu’écrire ces lignes est plus que bizarre, mais je pense qu’il y a pourtant un lien. A mon arrivée ici, je ne sais comment aborder ces laissés pour compte, ni même comment les regarder. Et puis, il y a ces chauffeurs de tuk-tuk aux demandes incessantes, « tuk-tuk sir? » « please give me a job! »…, dont la survie semble dépendre directement de nos bourses.

Et puis, par bonheur, je trouve de l’espoir au milieu-même de ces doutes…

Il y a au Cambodge de nombreuses associations & ONG. Friends en est l’une d’elle, et j’ai la chance de rencontrer un de ses responsables qui me l’a présentée en détails. Depuis sa création en 1994, Friends a aidé plus de 18.000 enfants des rues de Phnom Penh. Ils ne les aident que si leur famille est d’accord. Que font-ils? Ils proposent de former ces enfants et de leur trouver un travail, au sein d’une de leur structure d’abord, puis ils sont placés dans la « vraie vie ». Friends a cinq lieux à Phnom Penh, restaurants, magasin, salon de beauté. Les jeunes gens sont au minimum formés pendant six mois à un an avant d’y travailler.

Cette personne répond aussi à une de mes questions « comment réagir face à un enfant travaillant dans la rue? ». Réponse simple: avant tout, leur sourire. Tout bonnement redonner un peu d’humanité. Et bien sûr, ne rien leur acheter, ce qui justifie leur activité et celles des monstres qui sont derrière. Si la deuxième partie de la réponse est pour moi évidente, la première ne l’était pas tant que ça… Face à l’horreur de la situation, j’ai pu en perdre le sens commun…

Je ne peux que vous encourager à aller jeter un oeil sur leur site, et surtout, surtout, de devenir de fidèles clients de leurs restaurants et activités. La qualité de leurs services et produits est excellente, le cadre idyllique, le rapport qualité-prix est très bon et surtout, vous y verrez sincères sourires et dignités retrouvées pour ces anciens parias.

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La belle idée mélomane…

La musique adoucit les moeurs, n’est-ce pas?!

J’ai mis cet adage en application, et ce, à plusieurs reprises, grâce à un jeune homme qui a eu l’idée la plus brillante qui m’a été donnée de voir depuis mon retour en France : installer un piano au beau milieu d’une rue d’un quartier parisien extrêmement passant et jouer pour le plaisir des badauds mélomanes d’un jour.

La musique dans la rue, c’est assez commun, mais un instrument aussi majestueux qu’un piano, c’est plus rare, et dans un quartier aussi anonyme, stressé et parisien pur jus que celui des Grands Magasins, ça tient carrément du miracle !

La scène se passe au croisement rue Joubert et rue de Caumartin. La rue Joubert est condamnée aux voitures en journée, et ce qui devrait être un slalom permanent entre anonymes pressés se transforme alors en pause magnifique.
Je travaille dans le quartier, mes journées sont en ce moment longues, chargées, et parfois stressantes, et les quelques fois où ce talentueux pianiste a rencontré ma pause sandwich, ce n’ont été que de pures minutes de bonheur, de relaxation, de voyage dans une autre dimension, très très éloignée de ma réalité.

Je ne peux que vous souhaiter de croiser au hasard de vos passages dans le 9ème arrondissement parisien, Steve Villa-Massone, ce pianiste de rue, embellisseur du quotidien…

Et n’hésitez pas à aller sur www.stevevillamassone.fr, vous pourrez y goûter à quelques unes de ses notes…

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Un Voyage en Asie* Les 4000 îles…

Je continue ma route toujours plus vers le Sud du Laos. Ma destination: Don Khong, la plus grande des 4000 îles. Cette région est située à l’extrême sud du pays, juste avant la frontière avec le Cambodge, là où le Mékong est le plus large. Il y aurait en effet 4000 îles en cet endroit, mais les plus petites ne feraient pas quelques mètres carrés…

J’ai un gros coup de coeur pour l’île de Don Khong! Calme, verte, c’est une petite perle au coeur du Mékong. Le rythme est très « pépère », la population y est aimable au possible.

Je loge dans la belle villa Khang Khong, qui date de 1946, toute de bois et de verdure, et dont le propriétaire parle français.

Je ne reste que quelques jours et j’ai pourtant déjà mes habitudes: je ne fréquente par exemple qu’un seul restaurant, où les serveurs sont aimables et avenants, et où des chatons me prennent en affection…

Je pars pour une journée de bateau. Les vues sur le Mékong sont magnifiques, je fais le tour d’une autre ville en vélo, mais je ne vois pas les fameux dauphins de l’Irrawaddy, connus pour leur aspect original avec leur « nez » écrasé. Qu’importe, cette journée pleine eau et plein soleil est magnifique.

Le lendemain, on se fait une belle balade: plus de vingts kilomètres à pied pour parcourir toute la moitié sud de l’île. D’un calme…

Les nuages et cieux qu’on peut voir sur ces îles sont éclatants, surtout ceux juste avant ou juste après l’orage…

Puis vendredi 13 arrive… Initialement, dix heures de voyage nous attendait pour rejoindre Phnom Penh, déjà un petit morceau en soi. On y ajoutera finalement quatre longues heures de panne et quelques dollars de racket à la douane pour conclure une journée bien à la hauteur de sa réputation!

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Un Voyage en Asie* Ban Kiet Ngong, plateau de lune & éléphants

Une courte pause à Paksé plus loin, notre monture nous mène sur la route de Ban Phapho: on devrait y trouver des éléphants, car c’est un des rares villages laotiens à avoir encore des cornacs et des pachydermes en nombre.

Mais c’est une nouvelle piste. Hostile.

En cherchant un eco-resort qui sera finalement fermé, on tombe sur le village de Ban Kiet Ngong, le second village aux éléphants dont j’avais entendu parler mais que je n’avais pas réussi à localiser sur la carte. Heureux hasard, on n’aura pas besoin de se confronter aux nombreux cahots qui nous séparent de Ban Phapho.

Il est 16 heures et c’est trop tard pour une balade en éléphants. On prend rendez-vous pour le jour suivant. On revient vers la grande route et on trouve une guesthouse familiale pour passer la nuit. Ne pipant pas un mot d’anglais, nos hôtes sont adorables et réussissent à contenter notre appétit. La nuit sera juste un peu trop animée: dans ce coin-ci du Laos aussi, ils sont de sacrés noceurs!

La balade à dos de pachyderme est extra: près de deux heures qui nous mènent au mont Pha Asso, plaque volcanique perdue au coeur d’une superbe forêt. On croirait qu’un morceau de lune est venu s’échouer ici. Les origines de ce plateau sont inconnues, et des cultes traditionnels lui ont longtemps été voués!

Les éléphants élevés ici servaient avant d’animaux de trait. Ils sont aujourd’hui reconvertis pour le tourisme. Je ne peux qu’espérer qu’ils sont bien traités et n’ai aucun moyen pour le vérifier. Les cornacs semblent tout de même voués corps et âme à leur cause.

Sur le retour, on fait une pause à Oum Muang, petites ruines d’époque khmère. Si le site est magnifique, les ruines sont laissés en friche et si mon imagination gambade, la réalité reste maigre.

Je rentre à Paksé le coeur encore battant pour ces grands animaux qui n’en finissent pas de me faire vibrer!

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Mariage post-Erasmus, Helsinki et les (très) gentils Finnois…

Nouveau saut spatio-temporel: on passe à nouveau de l’Asie à l’Europe… même si le récit de mes Asian Adventures n’est pas fini pour autant !

J’ai eu la chance de participer au programme Erasmus pendant mes études. Pour ceux qui viendraient d’une autre planète n’en auraient pas entendu parler, Erasmus est un programme d’échange d’étudiants et d’enseignants entre les universités et les grandes écoles européennes. Pour ma part, ce fut un semestre à Wernigerode, petite bourgade au centre de l’Allemagne. J’en garde un souvenir pleinement heureux, d’échanges permanents, de découvertes, de voyages, et de beaucoup de rires. C’était une toute petite fac, et du coup on n’était même pas 30 étrangers, parfaitement intégrés à la communauté universitaire locale et très très liés entre nous…

Et cela fait déjà sept ans.
Bigre, quand j’ai compté les années la semaine dernière, je n’en revenais pas…

Mes meilleurs amies étaient l’une Espagnole, l’autre Finlandaise: une belle diagonale d’Europe à nous trois. Et l’année suivante, c’est naturellement que nous nous sommes retrouvées toutes les trois, en Espagne, histoire de varier un peu les plaisirs. Là où les choses se rapprochent du titre de ce blog, c’est que Virpi, la Finlandaise, est tombée amoureuse d’un bel Espagnol pendant ce petit périple.

Une fois n’est pas coutume: je nous mets en avant, mes proches et moi, sur les photos de cet article pour cette belle diagonale d’Europe… 7 ans plus tard !

La vie reprenant sa course, m’amenant plus du côté de l’Asie que des capitales européennes, je n’ai pas revu mes amies, sans pour autant jamais les perdre de vue.
Jusqu’à ce petit e-mail de Virpi: « J’ai quelque chose à te dire… Je me marie… Et c’est grâce à notre époque Erasmus et au temps passé ensemble que je connais mon mari, alors ce serait extra si tu pouvais venir… ».

Ni une, ni deux, tous mes bons souvenirs de jeunesse (soupir) me sont revenus. Et j’y suis donc allée à ce mariage, à Helsinki. Et ça faisait déjà six ans que je n’avais pas vu ces amies…

J’ai d’abord retrouvé Ancira, mon amie espagnole, la veille du mariage. Le plus drôle c’est que ça ne m’a même pas fait bizarre. C’était comme si on s’était quittés quelques semaines à peine avant. Bon il y a quand même eu des réglages linguistiques à faire: en Allemagne, on se parlait en allemand, et là, forcément le chinois et la vie à Shanghai étant passés par là, l’anglais est venu plus facilement. Et ça fait drôle de changer de langue avec un ami, c’est comme regarder un film en une version mal doublée. Finalement, au bout de quelques heures de discussions, on est revenus à notre spécialité, notre Erasmus-sprache, un melting pot linguistique dominé par l’allemand, agrémenté d’anglais et d’espagnol…

J’ai revu Virpi le lendemain, matin même du plus beau jour de sa vie. Elle était déjà maquillée et à moitié parée de sa somptueuse coiffure. Sans l’avoir vu pendant six ans, ça surprend. J’étais sur le point de pleurer, mais je me suis retournée et j’ai resserré illico les vannes: je ne pouvais pas lui faire ça dès 10 heures du matin, sachant que sa journée allait être très chargée en émotions et qu’elle est aussi mauvaise que moi dans la gestion des sentiments.

Le reste de la journée a été superbe, romantique, joyeux et international comme tout, entre finnois et espagnol. Et surtout très très romantique en fait, juste comme l’aime mon côté gnan-gnan. Avec une belle spécificité finlandaise: après l’église, on passe direct à table, vers 17h donc. Et puis on commence à danser vers 20h et on remange un morceau plus tard.
Pour être honnête, je dois préciser une autre spécificité finlandaise: l’excellence du saumon… je dois en avoir mangé un bon demi-kilo à moi seule…

Après une belle partie de danse digne de mes 22 ans (nécessaire entre autres pour la digestion du vertébré aquatique sus-cité), direction l’hôtel. Et c’est là que l’aventure a commencé: on avait réservé un hôtel sans réception (le moins cher possible: www.omenahotels.com), où tout se fait en ligne, et bien figurez-vous que malgré un sms de confirmation, la chambre n’a pas été retenue car la CB de mon amie n’aurait pas marché (d’après les dire du Monsieur qui faisait office de réceptionniste à l’autre bout du fil, et qui nous a demandé de rappeler après 8h pour de plus amples informations et qui non, ne pouvait rien pour deux étrangères perdues dans Helsinki). Sauf que la mienne de CB n’avait pas marché non plus juste avant, qu’il était 4h30 du matin, que nous n’avions que les coordonnées des mariés pendant leur nuit de noce, et qu’on était donc à Helsinki. En été, heureusement.

On a du improviser, enfin moi surtout, Ancira étant un peu trop éméchée. Première étape: je demande de l’aide à un couple ayant l’air gentil. Air rapidement confirmé… après un bref brief de notre situation, ça a donné un échange du genre:
« Pensez-vous que vous pourriez peut-être payer notre chambre avec votre carte et je vous rembourse?
– ok !
– ah mince, je n’ai pas de liquide sur moi, bon tant pis…
– pas de problème, il y a un ATM par là-bas… »

On va donc retirer (il est 5h du matin, et leur air gentil est vraiment plus que confirmé !). Vingt minutes plus tard, retour au fameux hôtel: mauvais surprise, il n’y a plus de chambre disponible… Et pas d’autre hôtel abordable aux alentours…

Je libère nos presque-sauveurs, il nous reste qu’à attendre quelques heures pour appeler des proches des mariés dont nous avons également les coordonnées. Je décide donc d’aller nous poser dans les couloirs de l’hôtel car nos jambes sont très lourdes après cette journée.
On s’y endort plus ou moins. Par terre, donc.

Jusqu’à ce que j’ai une des meilleures idées du week-end, ou sans doute même du mois.

J’entends un bruit de porte, et je cours après une personne sur le point de faire son check-out (il est 7h du matin et les clés ici ne sont que des codes), lui explique notre situation, lui propose de l’argent et lui demande si on peut « finir » sa chambre jusqu’à midi, heure limite pour rendre la chambre.

Ce nouveau gentil Finnois m’ouvre immédiatement la porte. Je lui tends 20€, il les refuse et me dit « C’est mon entreprise qui paie, je ne parle pas anglais, je n’ai pas vraiment compris ce que vous m’avez dit », et il continue sa route. Le bon Dieu lui rendra, ou du moins je l’espère…

Ancira et moi nous affalons sur son lit dont les draps sont à peine froissés. On profite à fond de nos quatre heures de sommeil tant attendues…

Les deux jours suivants se partageront entre (beaucoup beaucoup de longues et animées) discussions et balades dans les rues d’Helsinki.

La ville ne m’a pas paru particulièrement splendide, notamment car elle n’a pas beaucoup de bâtiments historiques. Mais une très bonne ambiance s’en dégage, et en plus d’imaginer que les Helsinkiens sont tous aussi sympas que nos trois Finnois de la nuit passée, c’est particulièrement agréable de toujours se sentir à proximité d’eau et de verdures. Je n’ai pas eu le temps de tester le sauna et de faire une escapade hors-ville, ce sera pour la prochaine fois… Et du coup, je conseillerai bien Helsinki pour un week-end !

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Un Voyage en Asie* Bolavens, mon amour…

Après notre sympathique matinée balado-photographique, on se dirige vers notre première folie du voyage: la Lodge de Tad Lo, avec bungalows, pelouse rasée et magnifique salle de séjour en bord de rivière. En plus, trois paisibles éléphants complètent ce décor de rêve.

On passe toute l’après-midi à la Lodge, appréciant l’agréable terrasse privée de la chambre bien meublée, de la rivière ou de nombreux gamins font l’animation.

La rivière est encore plus belle dans les lumières du soleil descendant et en remontant la cascade à pieds, on en apprécie toute la fraîcheur.

La soirée est particulièrement agréable: la grande salle a un immense plafond et est meublée avec goût. La nuit est aussi belle.

Le lendemain matin, on quitte ce petit bout de paradis pour visiter une nouvelle cascade en haut du village. Il n’y a plus d’eau – retenue pour un barrage qui n’alimente pas la vallée mais la ville voisine – mais la vue est démente… On s’y exerce encore au pola…

Une très longue route nous attend par la suite, dont 74 kilomètres sur une piste hostile. Mon cavalier gère très bien, mais ça ne m’empêche pas de belles frayeurs. Le traumatisme de l’accident n’est pas loin.

La route difficile reste magnifique: elle coupe le Plateau des Bolavens en passant par un col. On assiste à une bataille rangée de nuages: les bleus-blancs contre les gris. Ces derniers perdent et on évite finalement la pluie.

Au bout de la longue piste nous attend un charmant hôtel à Paksong, perché en haut d’une colline de forêts. On y arrive couverts de poussières de piste, je suis une vrai Peau-Rouge!

Le soir, on rencontre des deux uniques autres convives: deux jeunes Américains tout dévoués à leur cause: une ONG qui concrétise son premier projet, amener de l’eau à 300 écoliers!

Après une nuit bien retapante, on repart pour Paksé, terminant ainsi notre chemin sur les Bolavens, mais notre road trip ne prend pas pour autant fin…

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