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La Chine à fleur de peau est dans les bacs (et c’est mon livre)!

J’en ai un peu parlé ici, mes proches sont pas mal au courant et j’y ai beaucoup pensé ces derniers jours: mon premier livre vient juste de sortir !

La Chine à fleur de peau

Il est disponible via le site internet de mon éditeur (rien qu’à dire « mon » éditeur, je frétille).

La Chine à fleur de peau, qu’est-ce donc?

La Chine à fleur de peau reprend mes récits de Chine. Mes quatre premiers voyages, entre 2005 et 2007, puis mes deux années de vie quotidienne entre Changzhou, Shanghai et les nombreux voyages qui m’ont emmenée au quatre coins du pays. Et la dernière partie du livre est consacrée à une série de portraits de Chinois.

Les très fidèles lecteurs de ce blog n’y découvriront pas des voyages « cachés » ou de grandes nouveautés. A ceci près que j’ai réécrit mes premiers récits, dont le ton n’était pas à la hauteur des derniers, et tous les textes ont été retravaillés pour que l’ensemble soit homogène. Et surtout, pour les lecteurs assidus de Curieuse Voyageuse comme pour ceux de passage, ce livre propose une vision de la Chine et l’évolution de cette vision sur une période de six années: comment le regard sur un pays se transforme, évolue avec le temps. De mes premiers étonnement naïfs à des réflexions plus affinées et plus approfondies que seuls le temps, l’expérience et la patience permettent.

Alors, allez-y, foncez: rendez-vous sur cette page!

Et puis si vous êtes sûr de déjà tout connaître sur le bout du clavier, La Chine à fleur de peau sera un excellent cadeau de Noël pour cette tante passionnée de thés, ce petit frère qui rêve de partir voir le monde, ou votre belle-soeur pour qui vous n’avez pas encore d’idée !

(N’hésitez surtout pas à faire circuler cette petite nouvelle dans tous vos réseaux: usez donc des petits onglets juste en dessous de ces lignes…)

Merci !

Petite précision (de taille pour certains): mon éditeur peut livrer à l’étranger sans frais supplémentaires !

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Comment vous dire?…

 

… à quel point je suis heureuse, excitée, reconnaissante:

Je publie mon premier livre !

Je n’ai pas voulu en parler avant, tant cette nouvelle est précieuse, fragile, immense à mes yeux – et pourtant les premières lignes de cet article datent du 27 septembre (et l’envie de les écrire de bien plus tôt encore)…

Et cela a été possible grâce à ce blog, et ce blog ne peut exister que parce qu’il y a quelqu’un de l’autre côté de l’écran: donc merci à toi, lecteur fidèle ou curieux de passage !

Retour sur une histoire que je n’aurai pas crue si on me l’avait racontée il y a à peine quelques mois: en cette fin de mois d’août, alors que je me débattais dans ma phase de retour / installation / réadaptation, je reçois un message d’un éditeur dans ma boîte aux mails. J’ai du le relire trois fois pour être sûre que ce n’était pas une blague. Une longue conversation téléphonique plus tard, je le sais: c’est sérieux, il veut publier quelques uns de mes récits de voyage. Avec un vrai contrat d’auteur. Ce qui veut techniquement dire que je suis à ce jour officiellement Auteure… et que j’aurai le plaisir sans borne d’avoir mon nom sur la couverture d’un livre!

Bon ce ne sont pas (encore) les éditions Picquiers ou Gallimard, il s’agit des éditions Jacques Flament, du nom de son fondateur, un éditeur basé à Quimper et qui diffuse uniquement via via son site internet, que je vous encourage bien sûr à visiter…

Et ce qui est magique c’est que le but qui sous-tend ce blog se concrétise. Si j’ai au départ tenu ce blog, c’était par passion pour les voyages, et cette passion a rapidement été égalée par la passion de l’écriture. L’écriture fait aujourd’hui partie intégrante de mon quotidien, il ne se passe pas une journée sans que j’y consacre au moins une heure. Depuis quelques mois, je m’emploie à la rédaction d’un roman (toute autre chose, et cela je vous en reparlerai sans doute un jour), et c’est un nouveau projet qu’on m’a proposé sur un plateau…
Je m’estime chanceuse. Que ce livre se vende bien ou non, c’est déjà en soi un aboutissement. Et c’est aussi la reconnaissance d’un travail prenant et passionnant, et qui n’est pas prêt de toucher à sa fin…

Et ne vous inquiétez pas, je vous livre couverture, titre et sujet dès qu’il sort de l’impression!

A très bientôt !

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Un été à l’ombre de lectures de Chine…

L’été a pointé son nez la semaine dernière… Je cède à un des marronniers médiatiques et vous propose aujourd’hui une liste de lectures chinoises à emporter sur la route de vos vacances !

La société vue par les auteurs chinois

– Yu Hua, un de mes auteurs chinois préférés, avec Le vendeur de Sang, 1986, et l’excellentissime Brothers, dont je vous parlais il y a peu.

– Jung Chang et Les cygnes sauvages, une fresque familiale sur fond du tourmenté 20e siècle chinois

– Lisa See et son magnifique Fleur de Neige, un voyage dans la Chine féminine du 19e siècle

– Mo Yan avec le très court et bon Maître a de plus en plus d’humour et peut-être Le Pays de l’alcool

La Chine contemporaine par le prisme du polar

– Qiu Xialong, qui excelle dans ce style avec les enquêtes de l’inspecteur Chen dans Mort d’une héroïne rouge, De soie et de sang, et Encres de Chine.

– Peter May, découvert il y a peu et ses Meurtres à Pékin

Des livres pour voyager

Passagère du silence, de Fabienne Verdier, où l’initiation d’une Française à la calligraphie et à la Chine dans la Chine des années 1980

– Ella Maillart avec Oasis Interdites, le récit d’une traversée de l’Asie hors du commun… en 1935 !

– Le très bon Road Book, pour trouver l’inspiration pour ses prochains voyages, en Chine ou ailleurs !

Ou encore…

– un portrait de la société chinoise avec Jean-Luc Domenach et La Chine m’inquiète

– Rachel Delcourt et Shanghai l’ambitieuse, ou un portrait économique de la ville

– une BD pour les amateurs du genre avec l’excellent Une vie chinoise

– et pour finir, un petit hors-sujet avec la magnifique Chronique Japonaise de Nicolas Bouvier

Bonnes lectures et bel été à vous !

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Lecture: Encres de Chine

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Je termine un nouveau roman de mon auteur policier chinois favori, Qiu Xiaolong. Il s’agit d’Encres de Chine, le troisième épisode où l’on retrouve l’inspecteur Chen et son adjoint Yu dans les rues de Shanghai, après Mort d’une héroïne rouge, que j’avais adoré et Visa pour Shanghai – que je n’ai pas encore lu. Bon, je sais, j’avais dit que j’essaierai de les lire dans l’ordre, j’avais découvert cet auteur et ses personnages fétiches par De soie et de sang, alors que ce n’était pas le premier de la série. Mais on m’a prêté Encres de Chine et, une fois que je l’avais en main, je n’ai pas pu résister à l’envie de le lire!

C’est donc une nouvelle enquête de l’inspecteur Chen, l’inspecteur de police passionné de littérature, de cuisine et lassé des pressions politiques qui sévissent dans ce Shanghai des années 1990. Une fois de plus, j’ai énormément apprécié la description de tous les personnages, et la narration de leurs difficultés à s’adapter à un monde qui change extrèmement vite. Dans ce livre-ci, c’est aussi la manière de représenter Shanghai qui m’a beaucoup marquée. On est ici à la croisée de deux mondes, avec la vie traditionnelle dans les Shikumen d’un côté, et de l’autre, la génèse d’un des symboles de la nouvelle Shanghai, le complexe New Word (on reconnait facilement Xintiandi) – ou comment faire de l’argent avec de vieilles architectures vidées de leur substance et tournées à des fins capitalistes.
J’ai malheureusement trouvé l’enquête au cœur du roman assez peu palpitante… On suit ici l’enquête autour du meurtre d’une auteure dissidente et j’ai trouvé cette affaire assez longue, et sans assez de suspense à mon goût…
Le retour sur le passé mouvementé de la victime pendant la Révolution Culturelle, période difficile qui est aussi en filigrane du roman, est par contre très fin et édifiant.

De mon point de vue, Encres de Chine vaut tout de même le coût d’être lu. Si l’histoire en elle-même n’est donc pas très prenante, tout le décor qui l’entoure, que ce soit les personnages principaux et secondaires ou la ville en elle-même, sont tellement bien décrits, que ce serait dommage de passer à côté!

Ce qu’en dit la quatrième de couverture:

Une ex-garde rouge devenue dissidente est retrouvée assassinée. Une enquête délicate à mener pour l’inspecteur Chen et son adjoint Yu… Le gouvernement souhaite en effet étouffer l’affaire et fait pression sur la police pour qu’un coupable soit rapidement arrêté. Chercheraient-ils à faire croire que l’affaire n’a rien de politique, en dépit du lourd passé de la victime?
Après Mort d’une héroïne rouge et Visa pour Shanghai, voici de nouveau nos deux enquêteurs plongés dans les secrets de la Chine rouge.

C’est par ici pour acheter Encres de Chine en ligne !

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Road Book, l’invitation au voyage en 300 pages

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Le livre Road Book nous a été offert à Noël dernier: une très belle intention, quelque peu encombrante avec ses trois cents pages grand format qu’il a fallu ramener dans nos bagages vers Shanghai. Je l’ai laissé trainer quelques semaines sur la table de mon salon ne sachant pas par quel bout l’aborder.
Puis j’ai commencé à le feuilleter: j’ai été charmée par ces courts textes, qui loin de faire une description exhaustive des lieux, sont des moments de poésie, des petits plaisirs, des instantanés de voyage d’une voyageuse hors du commun.
Et je me suis finalement plongée dedans et n’ai pas pu le lâcher avant de l’avoir entièrement parcouru. Je le rouvre depuis régulièrement, en pensant à mes futurs voyages…

Véronique Durruty nous livre dans cette œuvre 80 pays à travers 1.000 photographies et carnets récoltés au gré de vingt ans de voyages. Mais qui est-elle ? L’auteur se présente comme une artiste travaillant autour du voyage par les sens et les sensations. Elle dit que son travail est « une approche tactile, à la fois instinctive et rigoureuse, de la photographie, et aime métisser les genres : exposer dans la rue, faire une photo de mode comme un reportage de voyage, ou l’inverse, confronter l’œil au nez, l’œil à l’oreille… »

C’est exactement cette ambiance que je retrouve au fil des pages; chaque texte, chaque carnet, chaque photo est une invitation au voyage, à la découverte, au respect de l’autre…

Véronique Durruty présente ainsi cette ouvrage:

Ce livre est un voyage réel ou rêvé, celui qui reste, une fois les images et les souvenirs passés au laminoir, un tour du monde subjectif. Vingt ans sur les routes de quatre-vingts pays, seule, en couple, avec un ami, avec ma petite fille du vent, ou à trois comme une petite famille nomade, concentrés pour tenir dans un livre de plus de trois cents pages, afin de rendre ce voyage plus authentique. En contrepoint de ce voyage ressenti, vingt articles de référence des plus grands journalistes du monde entier, publiés par le magazine Courrier international, donnent un regard d’expert et, aux approches multiples sur les pays traversés, un certain « état du monde ».

Bien sûr, je m’attarde sur les pays que je m’apprête à découvrir, les textes simples sont pleins de promesse. Extraits:

Cambodge, à propos d’Angkor:

Puis le Bayon, les têtes de pierre qui me souriaient, des sourires par centaines. J’en ai pleuré d’émotion, jamais je n’aurai cru pleurer à cause d’une chose autre que l’humain – il est vrai que ces pierres sont vivantes.

Laos:

Il y a ici une indicible douceur. (…) Ensuite tout s’enchaîne. Douceur des routes qui sont de l’eau, rivière Nam ou fleuve Mékong. (…) Douceur des rituels bouddhistes, mille statues qui nous sourient, lentes processions des moines au petit matin, gestes des femmes agenouillées qui offrent le riz, prières psalmodiées à peine audibles. Douceur des parfums de frangipanier. Douceur des gens qui exhalent la paix, enfin et surtout.

Envie d’inspiration pour un voyage? de dépaysement ou simplement d’un regard plus humain sur notre monde? Je ne peux que vous conseiller ce magnifique ouvrage, à lire et feuilleter sans modération et à mettre entre toutes les mains!

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Meurtres à Pékin (par un auteur écossais féru de Chine vivant dans le Lot)

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Vous souvenez-vous de ma superbe rencontre avec Wang, un de mes fournisseurs? Il m’avait particulièrement recommandé un auteur, Peter May et m’avait prêté un de ses livres, Meurtres à Pékin.
Je viens de l’achever et ne peut qu’aller dans son sens: c’est un superbe bouquin, et Peter May est un auteur qui gagne à être connu!

Il s’agit d’un roman policier, où un médecin américain, Margareth Campbell, fraîchement appelé pour enseigner en Chine, se retrouve mêlée à une sordide histoire de triple meurtre dont l’enquête est menée par Li Yan, tout juste promu commissaire.
L’enquête est très bien ficelée et nous tient en haleine jusqu’à la fin où un terrible secret d’envergure internationale sera finalement découvert.
On ne cesse de se demander: quel est le sens de ces meurtres? que se trame-t-il en toile de fond politique? Car la capitale chinoise, avec ses affaires d’état, est aussi l’un des héros de ce roman. On se délecte à accompagner les deux héros au fil des rues pékinoises, et de nombreux portraits chinois, toujours fins et réalistes ponctuent l’histoire.
La relation entre l’Américaine et le Chinois est aussi un petit bijou littéraire: on suit leur évolution, de l’incompréhension à l’attirance, du choc culturel à la complicité… Les deux héros seront repris par l’auteur pour une série d’enquêtes, c’est donc par cet opus-ci qu’il faut commencer!

Peter May?

Peter May est né en 1951 à Glasgow. Il a commencé sa carrière en tant que journaliste puis s’est fait connaître comme scénariste pour la télévision écossaise.
Il quitte bientôt la télévision et l’Écosse pour s’installer dans notre Lot national et retourner à ses premières amours: l’écriture de romans.
Très vite il part en Chine, un pays qui le fascine depuis longtemps, dans le but de se faire ouvrir les portes de la police chinoise. Il y retourne chaque année, y séjournant chaque fois plusieurs mois.
Grâce à un réseau de contacts qu’on peut bien imaginer extraordinaire, il parvient à se faire introduire dans les services de police chargés des homicides, et ceux des experts légistes, à Shanghai comme à Pékin.
Très méticuleux sur ses recherches, il fait une étude exhaustive des méthodes utilisées par les inspecteurs, la police scientifique, et les médecins légistes chinois.
En reconnaissance de son travail, il a été nommé membre honoraire de l’association des écrivains de romans policiers chinois à la section de Pékin… Et pour ça aussi, ça vaut le coup de le découvrir!

Cliquez ici pour lire un extrait de Meurtres à Pékin (emprunté du site de l’auteur).
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Brothers (ou le condensé de 50 années d’histoire de Chine)

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Je viens de tourner la dernière page de Brothers le dernier opus de Yu Hua. Lors de mon dernier retour en France, j’ai été impressionnée par la taille du pavé (près de 1.000 pages), n’étant pas habituée à ce genre de longueurs.
Et j’ai fait confiance en cet auteur chinois contemporain que j’affectionne particulièrement – j’avais déjà aimé la lecture de 1986, du Vendeur de sang mais aussi d‘Un monde évanoui ou encore Vivre, adapté par Zhang Yimou au cinéma.
Eh bien, je peux vous dire que je ne le regrette pas: je le conseille à tous ceux qui veulent (ou essaient) de comprendre la société chinoise d’aujourd’hui.

On suit la vie de deux frères, Li Guantou et Song Gang, nés dans les années 1950, jusqu’aux années 2000 (jusqu’en 2005 pour être précise).
C’est tout simplement prodigieux ! Les portraits, descriptions, et récits sont justes et criants de vérité… Yu Hua réussit à passer de l’humour à la tristesse, du lyrisme à la  description d’horreurs sans nom, d’une page à l’autre, et même d’un paragraphe à l’autre…

Je ne connaissais rien de l’histoire avant de le lire et ne voudrais pas vous la déflorer, car vraiment, j’ai été heureuse d’aller de surprise en surprise, et j’ai eu du mal à lâcher le livre. J’ai aussi reconnu la Chine qui m’entoure, loin des descriptions stériles ou au contraire enchanteresses qu’on peut lire trop souvent de nos jours…

La (courte) postface de l’auteur est édifiante, je vous en livre quelques lignes:

Ce roman est né de la rencontre de deux époques. La première partie de l’histoire se déroule pendant la Révolution Culturelle: une époque de fanatisme, de répression morale et de tragédies, analogue au Moyen- Âge européen. La seconde partie se passe à l’heure actuelle: une époque de subversion de la morale, de légèreté et de permissivité, l’ère de tous les possibles, plus encore que dans l’Europe d’aujourd’hui.
Seul un Occidental qui aurait vécu quatre cents ans aurait pu vivre deux époques aussi dissemblables, quand il n’aura fallu aux Chinois que quarante ans pour les connaître toutes les deux.
Quatre cents ans de bouleversements en quarante années, l’expérience n’a pas d’équivalent. C’est donc un couple de frères qui fait le lien entre les deux époques; leurs existences se fissurent dans un monde qui se fissure, leurs joies et leurs peines explosent dans un monde qui explose, leurs destins sont emportés dans les bouleversements de ces deux époques, et finalement, ils sont contraints de récolter ce qu’ils ont semé, dans un mélange d’amour et de haine.

Je vous le redis: pour comprendre et décoder la société chinoise d’aujourd’hui, lisez Brothers !

L’avez-vous lu? qu’en avez-vous pensé?

Au plaisir de vous lire à ce propos !

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Chronique Japonaise, LE livre d’un voyage au Kansai !

Quand je pars en voyage, j’aime bien avoir un livre dans mes valises, pour l’avion, pour une pause à l’hôtel. Le choix de ce livre est toujours crucial car il donnera un accent particulier à mon voyage. Voilà quelques mois j’avais offert Chronique Japonaise de Nicolas Bouvier à mon conjoint, passionné du Japon. Une valeur sûre, Nicolas Bouvier, l’auteur du très fameux Usage du Monde, sur lequel je reviendrai prochainement.

Je l’ai donc embarqué dans mes valises, sans trop savoir à quoi m’attendre: mon conjoint ne m’en avait rien dit!

J’ai commencé la lecture dans l’avion entre Shanghai et Osaka. Et par la suite, même si j’étais extrêmement absorbée par mon voyage, j’ai éprouvé un immense plaisir à revenir le soir à l’hôtel prolonger le voyage au fil des pages. Nicolas Bouvier mêle plusieurs histoires en parallèle: l’histoire du Japon, des origines aux années 1970 (rien que ça!) et ses propres voyages, en 1955-1956, 1964-1966 et 1970.
C’était un réel plaisir de lire ces pages tout en découvrant la région du Kansai, place où se déroule d’une bonne partie de cette histoire!

D’un ton léger et amusant l’auteur nous explique l’origine du Japon, sa rencontre avec la Chine, son évolution de Kyoto à Tokyo, sa période de fermeture au monde et sa réouverture éclair, à partir de 1854.
J’avoue que je m’étais juste penchée sur l’histoire de l’archipel via les guides de voyage: lire ce condensé d’histoire sous la plume de Nicolas Bouvier fut un pur plaisir qui m’a permis de mieux décoder de qui m’entourait. Petit délice culturel:

Depuis quinze siècles qu’ils coexistent, jamais le Bouddha et le Shinto n’ont été en conflit ouvert, et, dans le jardin d’un temple bouddhique, vous trouverez toujours, …, un petit sanctuaire shinto décoré de fleurs encore fraîches, signe que l’Ancien propriétaire n’a jamais véritablement quitté les lieux.

Ou encore:

Je n’ai pas été bien studieux : ce que je sais du Zen aujourd’hui me permet tout juste de mesure à quel point j’en manque, et combien ce manque est douloureux. Je me console en me disant que, dans le vieux Zen chinois, c’était la tradition de préférer, pour succéder au maître, le jardinier qui ne savait rien au prieur qui en savait trop.
J’ai conservé mes chances intactes.

J’ai aussi apprécié ses récits de Tokyo et Kyoto, parfois surannés et très souvent poétiques, mais aussi la description de ses galères quand il arrive à Tokyo sans un sous en poche et où il cherche éperdument un travail en tant que journaliste, ou de son retour en famille, dix ans plus tard et qui ne se passera pas aussi bien qu’espéré.
Les derniers chapitres racontent ses voyages dans les contrées du nord du Japon, longtemps restées hostiles. J’ai trouvé cette partie un peu longue, et moins passionnante, mais l’auteur accepte lui même que finalement, il n’a plus l’œil assez curieux pour rester en ce pays…
Mais le livre, du début à la fin, est peuplé de petites histoires et de portraits passionnants, parfois drôles et toujours émouvants…

La description de ses difficultés de compréhension avec les Japonais est excellente. Difficultés, si elles sont parfois amoindries, beaucoup restent d’actualité:

Il y a dans ce décor – comme d’ailleurs dans la nourriture – une immatérialité qui répète sans cesse : faites-vous petits, ne blessez pas l’air, ne blessez pas notre oeil avec vos affreux blousons de couleur, ne soyez pas si remuants et n’offensez pas cette perfection un peu exsangue que nous jardinons depuis huit cents ans.

Au lieu d’être une racine, la tradition est un couvercle, qui ferme bien. Je vis dans une grande collection de merveilles qu’un respect empoisonné a tuées.

Son regard sur le monde me plait vraiment, un vrai modèle pour moi…

L’antipathie n’a jamais remplacé l’information, et l’on saisit un peuple que dans ses qualités, même lorsqu’elles sont en éclipse.

Je terminerai cette chronique sur cette description d’une universitaire occidentale dépêchée pour comprendre les Japonais. Plus qu’un modèle inspirant à mes yeux, c’est tout simplement une marche à suivre dans la découverte culturelle !

Elle a cette vertu des bons enquêteurs, la patience, et sait suspendre son jugement jusqu’à ce que les observations réunies s’organisent d’elles-même selon leur logique propre, et que les pièces du puzzle prennent spontanément leur place.

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