Étiquette : Coup de gueule

Les « migrants » et le colibri…

Ami lecteur, voyageur d’un jour ou au long cours, ce texte t’est destiné.
Je ne sais par quel bout le prendre, je ne sais comment me faire entendre.
J’ai une énorme envie de faire bouger les choses, très peu de moyens pour y parvenir, à peine ces quelques colonnes. Mais les gouttes d’eau font les océans. Et le colibri ne se désespère pas.
Je porte ma pierre à l’édifice par ces mots, j’espère par ces lignes qu’il y ait un tout petit peu moins de maux.

Je suis scandalisée par la manière dont on traite les « migrants ».
Je suis scandalisée par la manière dont on parle des « migrants ».

migrants-c-Joshua-Earle

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Après Charlie…

Porter la plume dans la plaie
Comme Albert Londres le disait
Aujourd’hui manier la plume
Pour alléger en moi cette enclume.

Quand le drame est trop fort
On ne sait plus comment penser
Partout, autour, la mort
Et tant de plaies à panser

A ces amoureux de la liberté
Morts aujourd’hui pour leurs idées
A ces talentueux manieurs de crayons
Ces brillants empêcheurs de tourner en rond,
Votre mort ne sera pas vaine
Nous ne retiendrons pas que la haine

Face au péril, la décadence,
Je crie l’urgence d’inventer une résistance
J’ai mal à la France, je crains qu’elle ne devienne rance

Gare aux amalgames
Musulmans, jihadistes, ce n’est pas une seule gamme
Dits ici terroristes
Là-bas infidèles
Tout comme aux chrétiens, juifs ou bouddhistes
Je souhaite aux musulmans des heures plus belles

Que ces journées soient porteuses
Que plus de fraternité s’éveille
Loin des communautarismes qui dépareillent
Une humanité unique et chaleureuse

Que d’un monde nouveau
Ces funestes journées soient le terreau
Qu’ensemble tous nous construisons
Des lendemains qui nous enchanteront

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Downtown Eastside, la face cachée de Vancouver

Les lignes que je vous propose aujourd’hui sont très personnelles… Je les ai écrites à Vancouver, sur plusieurs journées, au fil de mes découvertes de la situation unique du quartier Downtown Eastside. Un très triste sujet, pas toujours raconté par les voyageurs de passage à Vancouver, mais qui m’a tellement marquée que je ne pouvais le passer sous silence ici…

Le premier matin

Je plonge dans Les Disparues de Vancouver que m’a conseillé une amie. Après la lecture de ce livre ma vision sur Vancouver ne sera plus la même. Je le finis dans la journée. Il est question de curieuses disparitions de « Natives », ces femmes amérindiennes. Tout en bas de l’échelle sociale, et prostituées. J’apprends à la fin du livre (fidèle à la réalité) que c’est un sordide serial killer éleveur porcin qui les transformait en viande… et je comprends surtout au fil des pages à quel point les Natives ne sont pas intégrés à la société canadienne…

Sur les murs de Downtown East Side Vancouver

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De l’humilité en voyage…

Je me permets rarement de philosopher autour du voyage en ces colonnes. Loin de moi l’idée de me sentir légitime pour apprendre à qui que ce soit « comment voyager ». Aux grands discours et idées abstraites, je préfère les récits fidèles de mes expériences, et j’essaie de vous proposer à travers cet ailleurs concret un peu d’évasion inspirante

Mais depuis quelques jours des idées voguent en ma caboche et je cède à la tentation : je vous livre aujourd’hui quelques réflexions désordonnées autour du voyage, de l’égo et de l’humilité…
Bon, j’espère juste qu’avec ces lignes je ne tomberai pas dans le travers de l’anti-humilité ou du « gonflage » d’ego !

humilité en voyage

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Un autre tourisme est-il possible ?

Mener une réflexion de fond sur le tourisme (et les voyages) altertnatif. Voilà la belle invitation lancée par un site collaboratif sur la blogosphère il y a quelques mois, mais que je découvre tardivement, 2 jours avant la fin de l’opération…

autre_tourisme

(première photo pour la recherche tourisme © C. Bellevegue)

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Saisir ou broyer le monde ?

Aperçu dans les rues de Nantes…

Je trouve la première partie de la phrase très juste « Quand il croit saisir un monde, le touriste le broie ».

Et je me sens particulièrement concernée, car autant « voyageuse » que j’essaie d’être, je suis souvent (malgré moi) surtout et avant tout touriste…
C’est parfois dû à une contrainte liée temps: simplement de passage il est difficile de créer les vrais liens qui sont pour moi synonyme de rencontre et par extension de voyage.
Je me sens d’autres fois touriste, car mise dans cette case par le regard de l’autre, l’étranger dont la terre m’accueille, ou même l’Occidental qui connaît mieux ledit pays que moi.
Une petite précision linguistique s’impose, pour l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but de loisirs, un but professionnel ou un but sanitaire.
La plupart des voyageurs que je rencontre essaient de se distancier des touristes. Alors que, sous d’autres cieux, dans l’oeil de l’autochtone il n’y a pas toujours de différence: nous sommes Occidentaux, de passage et de potentiels consommateurs. Et nous sommes plus ou moins sensibles à la folklorisation des coutumes locales avec toute les adaptations et transformations que cela peut entraîner.

Par notre simple présence, nous transformons donc l’endroit où nous passons. D’après cette affiche, pour le pire. J’ai encore bon espoir que l’échange, l’ouverture d’esprit et la bonne volonté peuvent aussi laisser place au meilleur…

Cela vous inspire-t-il, amis lecteurs (que vous soyez voyageurs, ou sédentaires, ou même simples touristes)?

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Incendie de Shanghai – impuissante…

Lundi après-midi, j’ai été témoin de l’incendie à Shanghai qui a coûté la vie à des dizaines de personnes. Vous en avez sans doute entendu parler, la nouvelle s’étant diffusée jusqu’en Europe. Depuis, je me sens désarmée, en colère, et surtout impuissante…

Impuissante, quand on voit, 3 heures durant, une épaisse fumée noire, sans comprendre d’abord, même si on voit que quelque chose de grave se passe tout près, à moins de 500 mètres des fenêtres de mon bureau.

Impuissante, quand, pendant ces 3 mêmes heures, on fait le décompte macabre des camions de pompiers qui passent sous ses fenêtres, puis de celui des ambulances.

Impuissante, quand on réalise l’ampleur de ce que qui se passe grâce à des sites non officiels, se demandant si on saura un jour ce qui c’est exactement passé.

Impuissante, quand on pense aux grands brûlés et aux hôpitaux chinois, où il faut payer une caution très élevée pour se faire soigner et où les conditions sont si précaires.

Impuissante, quand on se dit que les coupables ne seront pas punis et que de pauvres gens, en l’occurrence des ouvriers du bâtiment illégaux, seront condamnés.

Pas de photo pour illustrer cet article, je ne veux en aucun cas faire dans le voyeurisme. J’ai suivi ce drame via le très bon site Shanghaiist, site en anglais, vous y aurez plus d’infos sur l’incendie en lui même… Pour finir sur une note un brin plus optimiste, notez que la croix rouge de Shanghai organise cet événement de soutien le samedi 20 novembre:


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Billet d’humeur noire…

Depuis que je côtoie la Chine et d’autant plus depuis que j’y vis, j’essaie de comprendre ce pays complexe sans jugement hâtif et en me détachant autant que possible de ma grille de lecture occidentale. Et ce n’est pas tous les jours facile, surtout pour les questions sociales.

La Chine est un pays communiste. Officiellement. Dans les faits, c’est le pays le plus capitaliste que je n’ai jamais vu de mes propres yeux. L’argent est la loi suprême (comme dans beaucoup de pays, c’est certain), mais ici, c’est vécu avec si peu de pudeur, et sans aucun souci des dégâts collatéraux. Quand mon conjoint a demandé à un de ses collègues ce que c’était le communisme à ses yeux, la réponse était « chacun a le droit de s’enrichir »… Cette prépondérance de l’argent roi est si présente qu’il semble que toutes les autres règles sont secondaires, voire inexistantes. Avec de l’argent, tout est possible ici. TOUT. Tous les accidents dus à des mauvaises conditions de travail impensables en témoignent trop régulièrement.

Autre point qui me touche beaucoup ici: les inégalités au quotidien. Il y a deux classes sociales en Chine. Ceux qui sont bien nés et les autres. Parole de masseur, il y a à peine quelques heures: nous parlions alors de salaires et de niveaux de vie, et à ses yeux son salaire (350€ – plutôt dans la fourchette basse pour la région) était bas mais « pas trop mal, puisque je suis paysan ». Comme si le fait d’être paysan, et donc pauvre, était une donnée immuable. Une sorte de caste?

En pleine réflexion sur ces propos, je rentrai chez moi à pied en me disant « quel froid, vivement que je retrouve mon chauffage » (il fait 5°C en ce moment), et là, je croise un campement de Mingong à même la rue – les Mingong sont des ouvriers venus des campagnes, corvéables à merci, mal payés et travaillant dans la majorité des chantiers urbains; c’est grâce à eux que s’est produit le « miracle chinois ». Les nuits flirtent avec 0°C en ce moment, et ces ouvriers dorment dehors, sur le trottoir, sur une planche en bois posée à même le sol, sous une bâche… Beaucoup d’ouvriers (peut être tous?) des chantiers de Chine vivent dans ces conditions… dans l’indifférence générale.

Et oui, car la vie de tous les Chinois n’a pas la même valeur. L’indifférence est générale ici entre les Chinois qui ne se connaissent pas. Soit on fait partie du groupe (d’amis, de la famille, etc…), soit on est un étranger, qui peut mourir de froid dans la rue. Cela arrive chez nous aussi, bien sûr, mais ici c’est tellement plus courant et flagrant… et accepté dans l’indifférence générale, avec le credo sous-entendu ou clairement énoncé « de toute façon, on est trop nombreux ». En cas d’accident de la circulation, les badauds regarderont ce qui se passe ou passeront leur chemin, mais jamais ne porteront d’aide à la personne au sol…

Dernier point, qui ne fait qu’amplifier les précédents. Une autre classe existe en Chine. La classe politique, qui est forcément en position de plein pouvoir car unique, mais aussi en pleine possession des pouvoirs économiques. Une sorte d’oligarchie capitaliste au sein du gouvernement communiste. Car ceux qui détiennent les pleins pouvoirs politiques sont ceux qui détiennent les rennes de l’économie (avec la privatisation des entreprises d’état…). Et cela ne fait qu’amplifier tout ce dont je viens de parler.

Je n’ai qu’un regard subjectif et partiel évidemment. Au bout de 6 mois passés ici, je ne prétends pas tout savoir ni tout comprendre. Mais je ne suis témoin que de plus d’injustices jour après jour…

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Mise à jour du 22 novembre:

En parlant des mauvaises conditions de travail, je ne pensai pas coller de si près à l’actualité: un coup de grisou a fait des dizaines de morts dans la mine de Xinxing, dans le Nord de la Chine en ce samedi 21 novembre… Nous ne sommes pas dans une reprise de Germinal, mais bien au cœur de la seconde puissance mondiale.

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