Catégorie : Voyaaages !

Lilong & Shikumen #2

Comme je vous le disais hier, il existe plusieurs sortes de shikumen et de lilong à Shanghai. Petit aperçu en images…

Ci-dessous, la lilong où je vis; ce bâtiment est d’influence britannique je pense:

L’ambiance dans mon quartier est très conviviale. Peuplé par beaucoup de personnes âgées, il n’est pas rare que je les croise en train de faire leur exercice, ou de papoter sur une chaise posée sur les pavés. Tout le monde se connait ici – je ne passe pas vraiment inaperçu… Ci-dessus un message incitant à « construire » un quartier plus sûr. Je n’ai pourtant noté aucun souci de ce côté, le gardien a sa loge à l’entrée de la lilong et ne la quitte pratiquement jamais…

Dans un tout autre style, on devinera une influence française pour la Cité Bourgogne (dans l’ancienne concession au croisement Shaanxi Nan Lu et Yongjia Lu):

Et enfin, les shikumen rénovées les plus connues: Xintiandi, le fameux quartier branché de Shanghai. Ce pâté de maison a été totalement rénové et est aujourd’hui occupé par de grandes enseignes du luxe et de la restauration…

2 dernières images – xintiandi.com

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Lilong & shikumen de Shanghai

Aujourd’hui, je vais vous parler de l’endroit où je vis: un shikumen, au cœur d’une lilong de Shanghai…

Ceux qui connaissent Shanghai comprendront peut-être les termes lilong et shikumen, pour les autres, quelques explications s’imposent. Le shikumen 石库门 est la maison standard de Shanghai construite en série au début du 20ème siècle. Les shikumen – littéralement portail de pierre – ont généralement deux niveaux et une petite cour intérieure, avec un toit en forte pente et des lucarnes en bois rouge foncé. Les shikumen s’ouvrent sur des lilong 里弄, des petites ruelles où il est facile de se perdre et délimitées aux extrémités par deux grandes avenues parallèles. Les shikumen occupaient jadis une grande partie de Shanghai. Les maisons, conçues comme résidences de la classe moyenne, étaient caractérisées par des portes en bois noires placées dans un portail en pierre donnant sur une petite cour intérieure.

Aujourd’hui, ce patrimoine est en sursis et résiste difficilement aux bulldozers. Plus de 100 ans d’histoire s’éteignent à tout jamais dans ces gravas. Car ces bâtiments sont le reflet d’une histoire unique, il est bon de se pencher un peu plus sur l’histoire de ces lilong…

L’origine des lilong remonterait à 1853 quand une révolte détruisit la moitié de la ville et obligea la cour impériale à demander de l’aide aux étrangers pour la reconstruction de la ville. Une occasion inespérée pour ceux-ci de développer leur territoire. La révolte des Taiping entre 1860 & 1863 accentua ce phénomène avec la venue massive de Chinois à l’intérieur des concessions de Shanghai. Les étrangers rationalisent alors les constructions pour optimiser les capacités d’accueil: interdiction du bois et imposition de la brique pour éviter les incendies, contigüité, répétition et alignement: la lilong est née…

Le développement industriel, l’accroissement du capital et de la population permettront une très forte croissance de ce modèle urbain jusqu’en 1949. 80% des Shanghaïens y vivaient dans les années 1940. Au fur et à mesure de leur développement les lilong seront influencées par la présence des Anglais, Américains, Français ou Japonais, d’où les différents types d’architectures qui se cachent au cœur de ces ruelles, à la croisée de l’Orient et de l’Occident.

Ces habitations ont mal vieilli pendant les années endormies de Shanghai, entre 1950 et 1990, avant que la ville ne devienne pour la deuxième fois de son histoire la Perle de l’Orient. Ces habitats sont aujourd’hui vétustes; avec un extérieur parfois restauré mais des intérieurs souvent précaires et délabrés.

Dans ma lilong, la plupart des habitants sont des personnes âgées ou des ouvriers modestes, s’entassant à 4 dans chaque pièce, dans des conditions sanitaires très limites. Et Shanghai, ne prenant pas le temps d’apprécier son histoire, préfère détruire plutôt que restaurer ce magnifique patrimoine et l’histoire unique qu’il détient…

La suite demain, en images !

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Résister encore et toujours face à…

Chaque matin, quand je prends la route pour aller au travail, je me demande si elle aura la même apparence que la veille ou si elle sera détruite et reconstruite, à l’image de l’immense chantier qu’est Shanghai.

Je longe Wuding Lu, dans le quartier de Jing’An et un pan de cette rue m’inquiète particulièrement. Vous rappelez-vous des premières lignes des Astérix de notre enfance: quelque chose du genre, toute la Gaule est occupée, mais un petit village résiste encore et toujours face à l’envahisseur? Et bien, ce pâté de maison semble résister encore et toujours face aux bulldozers…

L’ensemble est carrément insalubre avec son toit fait de bric et de broc qui semble s’enfoncer un peu plus chaque jour…

Et les maisons alentour sont déjà condamnées avec le trop célèbre caractère 拆 (chai), qui annonce la destruction imminente de tout endroit sur lequel il est apposé en peinture rouge:

Ce caractère est parfois recouvert de peinture blanche, montrant l’opposition des gens du quartier.

Mais, sur ce pan de rue encore préservé, la vie continue malgré tout, dans une ambiance très conviviale…

Je ne dis pas que ces quartiers devraient être conservés tel quel pour plaire aux Laowai en mal d’authenticité… Mais, vu le poids de l’immobilier à Shanghai, je me demande où vont aller ses habitants, souvent âgés, et quelle sera l’âme de ce quartier quand il ne restera que des hautes tours…

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Jing’An, temple(s)

Temple Jing’An à Shanghai, la semaine dernière. A l’origine, ce temple est un temple bouddhiste vieux de plus de 2000 ans – enfin 800 ans pour ce site, car avant le 13ème siècle, il était situé à un autre endroit à Shanghai. J’avoue que je ne suis jamais entrée à l’intérieur, mais ce temple est très connu car il a donné son nom au quartier et à une station de métro éponymes. Je vis et travaille d’ailleurs à Jing’An, comme pas mal d’expats à Shanghai. Face au temple fraîchement rénové, on trouve aussi un très grand centre commercial, peut-être plus réputé que le temple lui-même aujourd’hui – et dans lequel je suis déjà rentrée, je sais il faudrait que je revois parfois mes priorités, mais pour ma défense, il y a en sous-sol un large rayon de produits importés…

Quelle fut ma surprise de voir cette immense publicité pour une certaine marque: une sorte de grand kiosque tout illuminé avec une paire de chevaux (faux, bien sûr) en son centre. J’avais vraiment l’impression d’être au seuil d’un temple de la consommation beaucoup plus qu’au seuil d’un lieu de culte bouddhiste…

Ici nous tournons le dos au temple. Ces charmants éclairages ne sont pas des lumières de Noël qui auraient été oubliées mais bien une immense publicité sur la façade du centre commercial. Peut-être une des plus grandes que je n’ai jamais croisées… En général, je préfère les villes chinoises de nuit, en partie pour leurs éclairages justement. Cette fois-ci, c’était beaucoup trop pour moi !

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Manif virtuelle sur twitter

Je m’interrogeais dernièrement sur les usages de twitter… Je me doutais que c’était une bonne plateforme d’expression pour les Chinois en Chine, car le site propose de nombreuses applications qui permettent de publier des tweets – ou courts messages – depuis d’autres sites qui eux ne sont pas email hidden; JavaScript is required. J’utilise par exemple une extension qui me permet de twitter depuis mon interface blog.

Même si les tweets chinois ne sont peut-être pas beaucoup lus en Chine, mais sans doute plus lus à l’étranger, je trouve que c’est une superbe vitrine d’idées et un espace de liberté d’expression comme il y en a encore trop peu en Chine.

Et hier ça a bien bougé dans ce sens sur la toile: une manifestation virtuelle a eu lieu sur le site, pour protester contre la email hidden; JavaScript is required du Web en Chine, et elle a bien été visible.

L’idée était la suivante (source Rue 89):

En multipliant les tweets (messages de 140 caractères maximum) comportant le « hashtag » (mot-clé) GFW, les cyber-manifestants ont pu faire monter ce mot-clé jusqu’à la deuxième place mondiale des « Trending Topics », c’est-à-dire le top 10 des sujets du moment. A l’heure de pointe de la « manif », les tweets portant le #GFW tombaient au rythme de 800 par minute.
Le numéro un, #nowplaying, étant un robot, les Chinois ont donc revendiqué le rang de premier Trending Topic humain pendant un moment, une manière neuve et résolument moderne de faire entendre sa voix.

Je n’ai malheureusement pas pu y participer depuis mon espace twitter, car j’utilise un proxy actif seulement sur PC et j’ai un Mac à la maison… mais l’idée est vraiment chouette, ne trouvez-vous pas?

Vous en saurez plus sur cette manif en lisant cet article.

Au plaisir de vous lire !

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Learn something every day

Apprendre quelque chose chaque jour: tel est le projet ambitieux du site Learn something every day, que je vous conseille chaleureusement. Le site met chaque jour en image une courte info envoyée par un internaute du type Le mensonge le plus répandu est je vais bien, Les vaches peuvent monter les escaliers mais pas les descendre, Les humains partagent 50% de leur ADN avec les bananes…

Le ton est souvent léger, toujours ludique et décalé mais l’information est surtout inattendue ! De quoi briller lors de vos soirées mondaines… Seul bémol : les sources ne sont pas mentionnées, il faut éventuellement aller vérifier la véracité de ces propos par soi même.

Ce site tenu par des Anglais n’est pas spécialisé sur la Chine, mais le post d’aujourd’hui me permet de trouver un rapport avec mon blog…

Pour découvrir ce site, cliquez par ici : Learn something every day

Bonne lecture !

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Bicoque, ou l’insoutenable immobilier à Shanghai

Censurez cette série que les Chinois ne sauraient voir: c’est le titre donné à l’article du Courrier International dedié à l’arrêt de la diffusion de la série Bicoque en Chine. Je n’en avais pas entendu parler jusqu’alors et c’est bien dommage!

Extraits de l’article en question:

Ce serait à la suite d’une réclamation de promoteurs immobiliers que la diffusion de la série télévisée Bicoque a été suspendue. Le 18 ­no­vembre, après avoir diffusé dix épisodes de la série sur une période de cinq jours, la télévision de Pékin a en effet décidé de mettre brutalement un terme à la diffusion de ce programme. […]

Bicoque est sans conteste l’une des séries les plus controversées de ces dernières années. L’arrêt de sa diffusion n’a fait qu’accroître sa notoriété. Certaines personnes ont passé la série au crible pour tenter d’y retrouver la trace de faits réels, d’autres se sont montrées très sensibles à la façon dont la série expose ouvertement les problèmes de la vie quotidienne et s’intéresse à ceux que l’on appelle désormais les “esclaves du logement” [condamnés à voir une grande partie de leur salaire engloutie par des crédits exorbitants]. Pourtant, à mon avis, il y a peu de chances que la suspension de la série soit liée à la mobilisation des promoteurs immobiliers. Il ne s’agit là que d’une rumeur.

On apprend sur les rapports entre le peuple et les fameux promoteurs immobiliers qui font que les villes chinoises sont des chantiers permanents:

La tendance actuelle veut que nous rejetions le blâme sur les promoteurs immobiliers. Ils forment l’un des groupes les plus diabolisés par la société et chacun prend plaisir à les insulter. Dans les journaux comme à la télévision, les injures à leur égard sont permanentes et il arrive même que, dans la rue, ils soient agressés par des passants, verbalement et physiquement. Croyez-vous vraiment qu’ils puissent être à l’origine de tous les problèmes de logement actuels, responsables des innombrables maux qui frappent aujourd’hui la société chinoise ? De toute évidence, la réponse est non. Si les promoteurs immobiliers étaient si puissants, ils n’auraient pas besoin de faire agir leurs relations, ils seraient confortablement installés derrière leur bureau, en attendant que d’autres s’en chargent.

Le personnage principal de la série clôt l’article en ces termes:

Dès que j’ouvre les yeux apparaît une colonne de chiffres : 6 000 yuans [600 euros] pour le crédit immobilier, 2 500 pour la nourriture et les vêtements, 1 500 pour la crèche de Ranran, 600 d’argent de poche, 580 pour le transport, 250 de portable, et encore 200 pour le gaz et l’électricité… Cela veut dire qu’à la première inspiration je dois rentrer au moins 400 yuans dans la journée. C’est le capital nécessaire à ma vie dans cette ville.

Extrait du (très bon) n° 1000 de Courrier International, par Qiao Zhifeng

Je n’ai malheureusement pas vu la série Bicoque et ne pourrait vous en parler plus. Mais que ce soit par volonté politique ou par lobby des promoteurs, cette censure aura permis de donner un écho à cette série et surtout au triste constat social dont elle est le reflet: Shanghai, comme les villes chinoises en général, appartient de moins en moins à ses habitants historiques… Je vous reparle de ce point dans un prochain article.

Avez-vous vu cette série, en avez-vous entendu parlé? vos avis seront les bienvenus.

Mise à jour du 2 février

Je viens de voir le 1er épisode, sur youku, le youtube chinois. Je n’ai pas encore le réflexe, mais Florent y a pensé. Je vous conseille donc de la regarder si vous comprenez un peu le chinois, l’épisode pilote m’a bien enthousiasmé, je vous en reparlerai quand j’aurai un peu plus avancé dans la série…

Pour la visionner, c’est donc par ici.

Au plaisir de vous lire!

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Shanghai, tai-chi matinal

Il a fait un peu moins froid ces temps-ci à Shanghai. J’ai pu sortir les mains de mes gants et photographier un peu mes balades matinales dont je vous parlai il y a peu…

En voici un premier opus avec le tai-chi que j’affectionne tant, depuis ce premier cours au Temple du Ciel il y a quelques années déjà…

Cette trentaine de personnes âgées se réunit à ce carrefour tous les matins, nonobstant le bruit du trafic routier ou des travaux tout proche. Tai-chi; danse de l’éventail, du sabre ou danse tout cours, il y en a pour tous les goûts dans une joyeuse cacophonie. Rien que de les croiser chaque matin, ça me donne déjà de l’énergie !

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