Catégorie : Voyages en Chine

Radio France: le triplé, interviewée sur France Info !

Après Le Mouv’ & France Inter, nouveau très beau cadeau radiophonique autour de mon livre: Ingrid Pohu de France Info m’a interviewée pour sa très sympathique émission Voyage et Découvertes.

C’était en direct mercredi dernier, et pour me réécouter vous raconter Shanghai en cinq minutes, c’est ici:

A bientôt !

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Un été à l’ombre de lectures de Chine…

L’été a pointé son nez la semaine dernière… Je cède à un des marronniers médiatiques et vous propose aujourd’hui une liste de lectures chinoises à emporter sur la route de vos vacances !

La société vue par les auteurs chinois

– Yu Hua, un de mes auteurs chinois préférés, avec Le vendeur de Sang, 1986, et l’excellentissime Brothers, dont je vous parlais il y a peu.

– Jung Chang et Les cygnes sauvages, une fresque familiale sur fond du tourmenté 20e siècle chinois

– Lisa See et son magnifique Fleur de Neige, un voyage dans la Chine féminine du 19e siècle

– Mo Yan avec le très court et bon Maître a de plus en plus d’humour et peut-être Le Pays de l’alcool

La Chine contemporaine par le prisme du polar

– Qiu Xialong, qui excelle dans ce style avec les enquêtes de l’inspecteur Chen dans Mort d’une héroïne rouge, De soie et de sang, et Encres de Chine.

– Peter May, découvert il y a peu et ses Meurtres à Pékin

Des livres pour voyager

Passagère du silence, de Fabienne Verdier, où l’initiation d’une Française à la calligraphie et à la Chine dans la Chine des années 1980

– Ella Maillart avec Oasis Interdites, le récit d’une traversée de l’Asie hors du commun… en 1935 !

– Le très bon Road Book, pour trouver l’inspiration pour ses prochains voyages, en Chine ou ailleurs !

Ou encore…

– un portrait de la société chinoise avec Jean-Luc Domenach et La Chine m’inquiète

– Rachel Delcourt et Shanghai l’ambitieuse, ou un portrait économique de la ville

– une BD pour les amateurs du genre avec l’excellent Une vie chinoise

– et pour finir, un petit hors-sujet avec la magnifique Chronique Japonaise de Nicolas Bouvier

Bonnes lectures et bel été à vous !

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Portrait de Chine (12), Hu Mi, chauffeur à Lanzhou

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Vous souvenez-vous de mon dernier voyage en Chine, du côté de Lanzhou ?
Nous avions fait la route de Lanzhou à Xiahe avec un chauffeur de taxi, avec qui j’avais bien accroché. Les trois heures de route avaient semblé moins longues… et il avait accepté que je l’interviewe !

Qui es-tu ?
Je m’appelle Hu Mi, j’ai 31 ans, je suis de Lanzhou. Mes parents sont aussi d’ici.

As-tu déjà eu envie de partir d’ici pour une autre ville ?
Oui, je me suis déjà dit que ce serait bien, pour le travail surtout… mais c’est trop difficile, surtout pour trouver un endroit où vivre…

Pourquoi as-tu choisi d’être taxi ? as-tu fait des études pour cela ?
J’ai été pendant 8 ou 10 ans à l’école. Et après j’ai suivi deux ans de formation pour être taxi. Je fais ce métier pour gagner ma vie, et aussi car mon père était taxi, lui aussi. J’ai commencé à travailler à 18 ans, et à 21 ans je me suis mis à mon compte.

Comment se passent tes journées ?
Je travaille tous les jours, entre huit et dix heures par jour. Je gagne entre 3.000 et 4.000 rmb par mois.

Es-tu marié, as-tu des enfants ?
Je suis marié et j’ai un garçon de deux ans ! j’ai connu ma femme par le travail : je conduisais pour ses parents. Elle est professeur d’anglais. Elle m’a appris quelques mots, comme ça je peux parler si j’ai des clients étrangers.

Que penses-tu de ta vie ?
Je trouve qu’elle est plutôt bien. Je peux faire des économies. Quand j’ai de l’argent je fais un peu plus de choses, quand j’en ai moins, j’en fais moins…

As-tu un rêve ?
J’aimerai avoir une grande maison… un travail toujours régulier et je souhaite que mon enfant aille bien. C’est ça, mon rêve ! J’aimerai que mon fils puisse étudier, qu’il ait un bon travail… c’est tout : plus on a de grandes attentes, plus la chute est dure…

Quel message souhaites-tu passer aux personnes qui lisent ce blog ?
Mener au mieux votre propre vie…

Retrouvez les précédents Portraits de Chine : Juanjuan, Abby, Catherine, Woody, Wang Qing, Ye Shilan, Tony ,Yani, Tian Jingyang, Rosalyn et Zhou Xiao Liang.

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Last Train Home, une plongée dans le quotidien des migrants chinois

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Last Train Home est un film documentaire chinois de Lixin Fan sorti en 2009.
Il relate l’histoire d’un couple de travailleurs textile originaire du Sichuan et travaillant à Canton, des migrants comme il y en a des millions dans les banlieues industrielles de toutes les grandes villes chinoises.

Pendant une heure trente, on suit trois années de vie de ce couple, de 2006 à 2008 : leur quotidien à Canton mais aussi et surtout leur unique retour annuel à la maison pour le Nouvel An Chinois. On y est témoin de leurs difficultés face à l’éducation de leurs deux enfants, laissés à la campagne avec leurs grands-parents. La relation avec leur fille aînée devient le sujet central du film : contrairement à ce que souhaitent ses parents, elle abandonne trop rapidement l’école pour travailler elle-même en usine. Si c’est pour elle la fuite d’une vie qu’elle n’aime pas et l’espoir de lendemains meilleurs, pour son père c’est la réalisation de sa plus grande peur : que sa fille « finisse comme eux ».

Ce film est extrêmement touchant. On mesure la distance entre deux générations qui ne se comprennent pas : l’envie de rêves qui animent les uns, la pression incroyable qu’exercent les autres et qu’ils pensent justifiée… On vit de l’intérieur le quotidien contemporain du Laobaixing, le petit peuple chinois, avec ses espoirs et ses destins déçus…

Les scènes filmées dans les gares au moment des migrations pour le retour du Nouvel An Chinois sont incroyables. Le cameraman semble se retrouver lui-même coincé dans l’ahurissante marée humaine, où des milliers de personnes s’entassent pendant des jours dans les gares avec un espoir qui les fait tenir des mois durant : rentrer au plus tôt passer les fêtes en famille. Pour une fois, on mesure l’humain qui se cache derrière les nombres anonymes.

Par ailleurs, certains passages du film semblent cousus de fil blanc, je me suis même demandé si c’était une fiction ou un documentaire. Mais d’autres passages sont tellement réalistes qu’on se demande même si l’irruption de la caméra dans la vie de ces gens ne change pas le cours des choses : la langue de l’aînée se serait-elle tant déliée si la caméra n’était pas là ?
Dernier point fort de ce film, les magnifiques images des campagnes chinoises. Peut-être même trop belles : comment filmer tant de beautés après avoir témoigné du drame quotidien que vivent les gens qui la peuplent ?…

Et vous, avez-vous vu Last Train Home ?
Au plaisir de vous lire à ce propos !

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Découverte: La Maison de thé Song Fang à Shanghai

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

La Maison de thé Song Fang renoue avec les traditions chinoises du thé, et nous invite à découvrir toute sorte de grands crus: sur place avec une pâtisserie, à l’achat ou lors de dégustations organisée par la directrice, Florence Samson. Cette dernière nous ouvre les portes d’un endroit unique à Shanghai !


Qui êtes-vous ?

Je suis la directrice de la Maison de thé Song Fang, je vis depuis 12 ans en Chine, mon mari est chinois, je l’ai rencontré à Harvard. J’ai vécu pendant 10 ans en Russie en travaillant pour LVMH et j’ai continué à travailler pour ce groupe en Chine.

J’ai créé Song Fang Maison de thé il y a trois ans et demi.

Quelle est la spécificité de ce lieu ?
J’ai voulu une approche ludique avec mes clients : en plus du thé, je veux partager la culture chinoise et l’histoire de Chine. Pendant les dégustations, j’explique par exemple qu’il y a un lien entre le thé et les concessions de Shanghai. C’était d’ailleurs une volonté de s’implanter au cœur de la Concession. C’est un endroit où rien n’a changé depuis 80 ans…

Comment se passe une dégustation ?
La session dure une heure et demie, on déguste trois grands crus, un thé vert, un wulong et un thé noir, accompagnés d’un financier au thé. Les différentes préparations sont expliquées : quelle eau choisir, quelle théière, le temps d’infusion… Puis nous parlons des bienfaits du thé, de son histoire…

Quel type de thés vendez-vous ici, et comment le choisissez-vous ?
Je me forme auprès d’une Maître de thé qui a plus de 50 ans d’expérience. Je vais moi-même choisir les thés dans des petites plantations, où le savoir du thé se transmet depuis cinq générations au moins. Nous avons ici 70 thés : une soixantaine de thés chinois, blancs, verts, wulong, noir ou Pu’er… Nous avons aussi une vingtaine de thés français : il s’agit de thés chinois, mélangés avec des arômes naturels, en France, avec un savoir-faire français. Des arômes de vanille, de banane ou de bergamote sont par exemple ajoutés. Vous pouvez aussi déguster des pâtisseries maison sur place faites avec des produits importés.

Quelle est la clientèle de Song Fang Maison de thé ?
Le salon accueille environ 70% d’Asiatiques, et le reste d’Occidentaux. A l’achat, il y a plutôt 40% d’Occidentaux.

D’où vient le nom Song Fang ?
C’est mon nom chinois. Song est une dynastie liée au thé et à son expansion, Fang a une connotation paysanne. Je voulais rester près des origines de la culture chinoise avec ce nom !

Vous l’aurez compris, amateurs de thés, sinophiles ou curieux, ce lieu gagne à être connu !

En pratique: Song Fang Maison de Thé – 227 Yongjia Lu, Shanghai – 6433 8283

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Parlez-vous shanghaien ?

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Toute personne non shanghaienne vivant à Shanghai, Laowai ou Chinois, réalise rapidement que maîtriser le mandarin ne suffit pas pour comprendre tout ce qui se dit dans les conversations locales, que ce soit dans la rue ou au bureau… une bonne part des échanges entre locaux se passant souvent en shanghaien.

Une langue à part entière…

 

Le dialecte parlé à Shanghai est une forme du Wu septentrionale, et c’est la forme la plus répandue au sein de ce groupe linguistique. Si on considère la langue Wu dans son ensemble, il faut noter qu’il est encore parlé dans une grande partie de la province du Zhejiang, le sud de la province du Jiangsu, ainsi que dans des petites parties des provinces de l’Anhui, du Jiangxi et du Fujian. En 1991, plus de 87 millions de locuteurs étaient recensés, plaçant cette langue comme la dixième langue parlée au monde ! A l’échelle de la Chine, même avec quatorze millions de personnes parlant le Shanghaien et près de cent millions parlant le Wu, on parle encore de dialecte !

Le shanghaien est donc une langue bien identifiée, et a seulement deux tons – haut et bas, à la différence du mandarin – quatre tons, et du cantonais – neuf tons…
A Shanghai peu d’étrangers sont capables de maîtriser le shanghaien, l’apprentissage du mandarin demandant à lui seul assez d’énergie pour occuper quelques années l’étudiant motivé – comme c’est par exemple mon cas… Mais la maitrise de quelques termes basiques de ce « dialecte » peut considérablement simplifier beaucoup de situations quotidiennes et épatera tout ami shanghaien.

Quelques mots de base

bonjour : nón hô
vous allez bien ?: Non-hôva? / ça va bien, merci Ngû mhehô, jâja.
au revoir : tzêwe
s’il te plaît : chîn / merci : jâja
désolé : têveqchi
celui-ci : êtzaq
ici : êtaq / là : êmitaq
quoi : sâ / combien?: Cîdi?
Oui : ê / non : véqzy, mmeq ou vio
Où sont les toilettes? : tsŷsuke leqla ralitaq?
je ne sais pas : tgû veq-xiôteq
anglais : inven / parlez-vous Anglais? : nón Ínven wêteq kân vá?
je t’aime : ngû ê-nón.

1 iq / 2 liân / 3 se / 4 sŷ / 5 nĝ / 6 loq / 7 chiq / 8 paq / 9 cioê / 10 zeq / 20 gniê / 30 sezeq / 40 sŷzeq / 100 iqpaq.

Tzêwe !

Vous voulez en savoir plus ? Wikipedia vous apportera des précisions.

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Portrait de Chine (11), Zhou, le cordonnier

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Nous rencontrons aujourd’hui le cordonnier du coin de ma rue : son visage ouvert et souriant m’a donné envie de l’interviewer la dernière fois que je lui ai amené des chaussures à réparer. Je ne m’étais pas trompée : il a des choses à partager…


Qui es-tu ?

Je m’appelle Zhou Xiao Liang, je viens d’un petit village du Zhejiang.

Quand et pourquoi es-tu venu à Shanghai ?
Je suis venu en 1998, pour faire du commerce. Avant j’étais paysan et je ne gagnais pas beaucoup d’argent… je suis venu pour ça. Maintenant je vis seul.

As-tu une femme et des enfants ?
Oui, j’ai deux enfants : une fille de 19 ans et un garçon de 14 ans, ils vont à l’école dans le Zhejiang. Au début, je suis venue avec ma femme et mes enfants à Shanghai, mais c’était trop compliqué pour l’éducation, leur école n’était pas bien. Et finalement, le niveau était meilleur pour eux chez nous, donc ils sont repartis tous les trois.

Tu les vois souvent ?
On se voit tous les deux ou trois mois. Ma femme vient de temps en temps, et là, par exemple, je rentre pour le Nouvel An Chinois.

Tu penses rester longtemps à Shanghai ?
Non, je veux revenir dans le Zhejiang, les conditions de vie sont meilleures là-bas, ici c’est pollué…

Tu gagnes beaucoup d’argent ?
Pas tant que ça : je gagne 4.000 yuans par mois, parfois 5.000. Ma femme gagne 2.500 yuans : la différence n’est pas si grande. Avant c’était vraiment intéressant de travailler à Shanghai, maintenant ça l’est moins.

Aimes-tu ton travail ?
Que je l’aime ou pas, je n’ai pas le choix… en plus c’est pas bon pour la santé de travailler ici avec ces machines toute la journée. J’ai 45 ans, je ne pense pas travailler encore très longtemps, même pas cinq ans…

Quel serait ton rêve ?
Ce qui compte, c’est que j’ai plus de revenus, peu m’importe si je travaille beaucoup…

Que penses-tu de Shanghai ?
Ça va encore. C’est mieux qu’avant. En 1998, les conditions étaient vraiment dures pour les paysans venus en ville, maintenant ça va mieux. Il y a beaucoup de paysans qui vivent et travaillent à Shanghai, des millions…

Et que penses-tu de la société chinoise d’aujourd’hui ?
La société chinoise n’existe pas encore, elle est en train de se créer. La Chine se développe, c’est mieux qu’avant. Mais les gens, le petit peuple comme moi (le fameux Lao Bai Xing 老百姓), ne profitent pas de ce développement, de cette abondance. La richesse n’est pas pour eux… Ce n’est plus le « socialisme » comme au temps de Mao. Malgré ce qu’a dit Deng Xiaoping, la richesse ne s’est pas encore propagée jusqu’au petit peuple

Que dirais-tu aux Français qui ne connaissent pas la Chine ?
Venez voir par vous-même, la Chine, venez voir Shanghai… on est un pays avec de nombreuses nationalités, il faut venir.
Il faut du temps pour que le pays se développe. Ça ira mieux un jour, mais maintenant c’est encore dur pour nous. Il termine sur ces phrases, mais avec un grand sourire…

Et si vous voulez faire marcher son petit commerce, allez lui rendre visite: il est situé sur Wulumuqi Bei lu, entre la Yan’an lu et Nanjing lu !

Retrouvez les précédents Portraits de Chine : Juanjuan, Abby, Catherine, Woody, Wang Qing, Ye Shilan, Tony ,Yani, Tian Jingyang et Rosalyn.

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Adresse gourmande (5): le New Heights

Je suis sur les routes d’Asie d’avril à juillet ; ce billet a été écrit au mois de mars avant mon départ de Shanghai…

Je ne suis pas particulièrement fan des restaurants et bars le long du Bund, l’ambiance y étant vraiment trop « bling-bling » à mon goût. Pourtant avec le retour des beaux jours et lors d’une petite balade dans ce quartier, ce serait dommage de se priver d’un déjeuner en terrasse avec une des plus belles vues de Shanghai…

Mon choix s’est donc porté vers le New Heights et c’est un choix que je ne peux que vous recommandez et ce pour plusieurs raisons:

– la vue est superbe (jugez avec ces photos !)

– l’ambiance est loin d’y être jet-setteuse (même si c’est parfois le cas, on est très loin du Bar Rouge)

– la nouvelle chef, Florence Dalia, a de l’or au bout des doigts. Sans exagérer, j’ai mangé au New Heights le meilleur poisson de Shanghai. Quand on lui demande quel type de cuisine elle prépare et si c’est français, elle éclate de rire et vous répond « non, non, ce n’est pas français, c’est la cuisine de Florence! »… Et je vous invite vraiment à découvrir ce style!

Les prix ne sont pas donnés, sans être tout de même excessif (entrée + plat à 148 rmb les midis du week-end, plat à la carte autour de 200 rmb le soir), on est quand même dans un des quartiers les plus chics de Shanghai.
Un seul bémol: le service n’est pas à la hauteur du lieu. J’espère que ce point sera bientôt amélioré!

Ecoutez mon conseil: courez-y! Et n’hésitez pas à dire que vous venez de la part de Lili de Vues de Chine, Florence vous racontera la suite…

Infos: 3 on the Bund (entrée au 17 Guangdon Lu) – 6321 0909 & sur le site

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