Catégorie : Asie

Portrait d’Ailleurs* Lat, spécialiste forêt à Luang Nam Tha

Les Portraits de Chine risquent d’être en stand-bye pour un moment, par la force des choses, mais l’exercice de l’interview-portrait me plait trop pour être laissé au placard, je continuerai donc à faire ma curieuse et à questionner les gens qui me plaisent.
Pour ce premier Portrait d’Ailleurs, c’est Lat, notre soigneur du Laos que nous rencontrons!


Qui es-tu?

Je m’appelle Lat, je suis Lao. J’ai étudié l’anglais pendant trois ans, puis j’ai étudié le domaine de la forêt. J’ai voulu continuer mais je n’avais pas assez d’argent… Les études coûtent environ 2.500 Kips par jour pour le matériel.
Avant je travaillais pour le gouvernement, mais ils n’ont pas été très justes envers moi, donc je suis parti. Je suis venu à Luang Nam Tha car mon frère travaillait déjà ici, et il m’a aidé à  trouver ce travail. J’ai cinq frères en tout, je suis originaire d’un village près de Luang Pabrang.
J’ai 26 ans et je suis marié depuis deux ans, ma femme travaille aussi ici.

Comment se déroulent tes journées?

Je travaille pour la Zuela Gesthouse, je m’occupe des treks et de l’agence de voyage. En extra, parfois je suis guide. Je me lève tous les matins à 6h30 au plus tard, et je commence en général à 7h ici. Je termine ma journée vers minuit et demi. Je gagne un million de Kips par mois, et parfois plus si je suis guide.
J’aime mon travail, ça me permet d’améliorer mon anglais. Ca fait deux ans que je travaille ici.

Que penses-tu de Luang Nam Tha?

Il y a eu une évolution depuis deux ans. Il y a moins de touristes, à cause des problèmes politiques en Thaïlande.
Et avant, il y avait moins de Chinois aussi. On avait notre propre manière de vivre (Lao-style dit-il). Maintenant les Chinois louent beaucoup de terres, ont de gros contrats, construisent de grands bâtiments… Et ils ne travaillent pas proprement. Par exemple, ils laissent des sacs plastiques sur place… Et surtout les Chinois défôrestent beaucoup, ils coupent les arbres originaux et les remplacent par des caoutchoucs. Une fois en trekking, j’ai vu que des bois avaient été coupés. J’ai écrit au gouvernement pour les prévenir, mais ils n’ont vu personne, une fois sur place. Ce n’est pas un problème facile à gérer. Et c’est un gros problème pour la région car les touristes viennent ici pour cela…

Que penses-tu des touristes à Luang Nam Tha?

Ils viennent ici pour voir la nature, et aussi pour voir les locaux. Je trouve ça bien! Les touristes peuvent aider, souvent ils amènent des stylos, des livres dans les villages. Et s’ils partent en trek, il y a une somme reversée pour la protection de la forêt. S’il n’y avait pas de tourisme, il n’y aurait aucun moyen pour la sauvegarder.

Et par rapport aux traditions, le tourisme est-il un bien ou un mal?

C’est bien aussi: les touristes ils aiment le Lao-style, ils veulent qu’on le garde. Les Chinois, eux, quand ils viennent ils donnent de l’argent pour les plantations de caoutchouc et ils transforment les habitats, les manières de s’habiller, et ça c’est pas bon pour le tourisme. En plus les Chinois, ils concluent des contrats très avantageux pour eux et sur plusieurs années… A Luang Nam Tha, c’est vraiment un problème car pour beaucoup d’ethnies, le développement se fait trop rapidement. Et elles ne savent pas conserver leurs traditions…

Et toi? peux-tu conserver certaines traditions?

Oui, par exemple mes grands-parents m’ont transmis la médecine traditionnelle. En plus, je l’ai apprise à l’université pour la forêt. On y apprend comment survivre dans la jungle… (il rigole)

Quel serait ton rêve?

Avoir un petit restaurant, une agence de trek et une voiture, comme ça je pourrai mettre à profit mon expérience. Et avoir une famille aussi…

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Un Voyage en Asie* Premiers pas au Laos

Alors que la cicatrisation du pied de mon cavalier pointe son nez, on se décide pour une excursion d’une journée aux alentours de Muang Sin. Thème de la journée: visite de villages ethniques. Je ne suis toujours pas fan de ce type de visite, mais c’est le seul que le pied blessé nous permet. Et nous partons avec un guide d’une des minorités en question, alors bon…
On visite finalement un marché et sept villages, et si les minorités ne sont plus si facilement différenciables que cela, c’est tout de même agréable de se balader avec un « local » qui nous en explique les différences historiques. C’est aussi l’occasion de m’exercer au « pola » pour la première fois – j’y reviens bientôt…

Mais le repos obligé de mon cavalier nous apporte une bien belle surprise…

En expliquant ses malheurs à Lat, un de nos hôtes, ce dernier me propose de l’aider à coup de plantes médicinales. S’ensuivent deux séances quotidiennes d’au moins une heure chacune où des plantes chauffées sont appliquées sur la partie endommagée… Le tout pendant près d’une semaine, bénévolement et avec une extrême bonne attention.

Les heures en trio s’enchaînent et nous parlons beaucoup.

Nous apprenons à nous connaître et on sent naître une belle amitié.

La veille de notre départ de Luang Nam Tha, Lat nous invite à dîner chez lui, et nous avons droit à une cérémonie du « retour de l’âme » pour s’assurer que nous n’aurons pas de nouvel accident de la route…

La cérémonie se dit Sukwan ou Baxi en lao. Nous (Lat, sa famille, le chaman, mon conjoint et moi) sommes tous en rond autour de la table. Nous portons nos mains en prière. Le chaman récite des incantations. Il demande nos noms puis récite encore ces drôles de paroles. On met tous nos mains autour du plat central, il continue sa litanie. Je tiens alors une assiette et tous mettent des offrandes alimentaires dedans. Je dois manger du riz, du poulet, boire un verre d’alcool de riz. Il psalmodie encore. On tient à nouveau tous le plat. Nos hôtes viennent alors à nous pour nous attacher des bracelets de coton blanc que nous devrons garder trois jours avant de jeter dans un endroit apprécié. On retient tous le plat. Les paroles s’égrainent sur un ton monocorde et ininterrompu. On boit à nouveau de l’alcool. Le repas commence…

C’est un bel et unique moment.

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Un Voyage en Asie* Scratch et lao-conséquences…

Nous nous sommes donc retrouvés au travers de la route… Petite remise en situation: nous sommes au Nord de la Thaïlande, du côté de Mae Hong Son, à quelques centaines de mètres d’altitude, et précisément à une bonne centaine de kilomètres de Chiang Rai, où se situent notre guest house, et notre kit de survie…

Dans notre (petit) malheur, nous avons la chance de croiser la route d’un Luxembourgeois quelques minutes après nous être gamellés. Il est justement loueur de deux roues et se propose de vérifier notre monture. Tout va bien, elle est encore en bon état. Il me raccompagne en haut de la montagne, le temps que mon conjoint reprenne confiance. Entre temps, on fait un check de nos corps, tout est ok si ce n’est de belles égratignures d’un côté comme de l’autre.

Une paire d’heures plus tard, nous voici rentrés. La nuit se passe à peu près bien de mon côté, mais mon cavalier réalise au réveil que son poignet ne va pas fort.

Une visite à l’hôpital s’impose… et c’est une bonne surprise: nous sommes très bien reçus, et parfaitement pris en main. Bon il y a de l’attente, mais en quatre heures on réussit à voir deux spécialistes et à faire les radios appropriées. Bilan: cartilage du poignet cassé et une belle plaie au pied pour lui, pour moi ce ne seront bien que des égratignures.

Il nous faut tout de même poursuivre la route: même si on a quelques semaines sur ce bout de continent, on ne veut pas s’arrêter en si bon chemin.
On repart pour le nord du Laos, et Luang Nam Tha, dont les récits de Sandro m’avaient bien fait rêver. C’était un des trajets où je m’étais le plus projetée pendant ma phase pré-voyage.

Sauf que… selon mon planning, nous étions censés partir en trek dans la jungle, et avions une petite dizaine de jours prévus dans les environs. Or, ce fut précisément le temps nécessaire au pied de mon cavalier pour cicatriser. Avant cela, impossible d’enfiler une chaussure de randonnée ou même une tong, et en taille 47, pas évident de trouver d’autres modèles plus appropriés…

Heureusement, nous sommes logés dans un excellentissime endroit, que je vous recommande chaleureusement, la Zuela Guesthouse (voir sur le Lonely Planet ou voir ici).

En balançant mes plans de voyage dans mes oubliettes mentales, je profite de ces jours-là pour me balader autour de Luang Nam Tha, et je ne suis pas déçue. C’est un tout petit village et les alentours sont magnifiques. Les gens sont très agréables, souriants, et toujours prêts à aider la Blanche égarée rougie par le soleil… Ajoutez à cela chants de coq, d’oiseaux, beaucoup de verdure, pas mal de buffles et la pluie qui bat très fort au moins une fois par jour et vous avez une idée de mon quotidien du moment…

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Instant décisif (ou presque) #9: Un matin sur le Gange

Ablutions matinales à Bénarès, Inde

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Un voyage en Asie* Chiang Rai, sur et… au travers de la route!

Située dans l’extrême nord de la Thaïlande, Chiang Rai est une étape classique pour les voyageurs passant de Chiang Mai au nord du Laos. Mais ce peut être plus qu’une étape, et la douceur de la ville et la beauté de ses alentours en font un endroit très agréable pour y passer quelques jours…

Après trois heures et demi de bus depuis Chiang Mai, on y arrive en milieu de journée. J’arpente les rues de Chiang Rai et je découvre avec plaisir que la ville est bien moins touristique que notre étape précédente. Le marché de nuit ne gâche en rien le plaisir.

Le lendemain, on loue une nouvelle monture à deux roues motorisée, et on se décide pour un petit itinéraire d’une journée: visite du Temple Blanc le matin, route pour Mae Salong et visite de sa région pour le reste de la journée.
Le Temple Blanc est un des édifices les plus originaux qui m’a été donné de voir: je conseille!

Il nous faut pas mal de temps pour sortir du tissu urbain et prendre la direction de Mae Salong, mais ça vaut le détour: les montagnes sont douces et belles, la petite ville nichée au détour de champs de thé me plaît. En plus je rencontre des Chinois installés ici depuis le passage de l’armée du Kuomintang avec qui boire le thé… (Plus d’infos sur cette ville par ici).

Comme au nord de Chiang Mai, la route est belle, la route zig-zague…

Et c’est sur le chemin du retour que les choses se gâtent: mon cavalier de conjoint a du mal sur un changement de vitesse, la monture se cabre et on se retrouve au travers de la route! Sauf que… en bons touristes peu expérimentés aux routes asiatiques que nous sommes, nous ne portons que tongs, débardeurs et shorts.

Cet accident, même s’il se produit à faible allure, nous laisse de belles marques et influencera fortement le programme de notre voyage à venir…

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Instant décisif (ou presque) #8: Beauté fluviale

Sur le fleuve Mékong, à Luang Prabang, Laos

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Un Voyage en Asie* Erreur touristique & éléphanteries…

Dix jours après le début de notre périple asiatique, on se décide pour une journée « trekking » organisée par une guesthouse de Chiang Mai. C’est une toute première, se joindre à une journée organisée spéciale touristes occidentaux, je n’avais pas encore fait…

Je suis sans doute trop naïve, et même si je savais que nous étions en groupe de touristes, je pensais que le moment pouvait être sympathique et nous permettre de grouper plusieurs activités originales sur notre dernière journée dans la région.

Erreur, erreur… ce fut tout simplement un désastre: on se fait balader de lieu artificiel en lieu artificiel, village « ethnique » en tête, suivi de près par la ferme aux orchidées et celle aux papillons.

Bon, j’aurais au moins de beaux clichés de fleurs pour ma botaniste de mère…

Une mini-balade en forêt plus tard – deux heures de rando pouvant difficilement justifier le nom de trekking, le niveau général de la journée est heureusement relevé par ma première rencontre avec les éléphants d’Asie.

Dire que je suis retombée en enfance au contact des pachydermes est une pâle comparaison…

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Instant décisif (ou presque) #7: L’amour végétal

Où le végétal fait l’amour au minéral – Angkor, Cambodge

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